mardi 15 août 2017

Morceau de Montréal: le restaurant Le Toit rouge

À la fin des années 60 la rue Sherbrooke, dans l'est, comptait une petite brochette de restaurants populaires et bien établis. Ainsi on retrouvait le Réveillon, doublé du lounge Le boudoir. Puis il y avait le A&W avec son service au volant (dont je vous ai parlé ici). Tout juste passé le boulevard de l'Assomption c'était l'Aiglon, à même le Sheraton Fontainebleau. Tout juste avant le rue Dickson c'était le fameux Sambo, auquel j'ai également consacré un article ici. Et un peu plus loin à l'est se trouvaient le Kiwi, Dominic Sous-Marins, le Go Go Curb et le Tic Toc. 

En 1970 il s'en ouvre un nouveau, au coin sud-ouest de l'intersection des rues Sherbrooke et du boulevard de l'Assomption: Le Toit rouge. Il est simplement nommé ainsi en raison de la couleur de sa toiture. Le voici, tel qu'il apparaissait peu de temps après son ouverture.

(Source: Collection personnelle de cartes postales)

Le toit rouge s'inscrivait en genre et en nombre dans le style des restaurants du temps. Ainsi, on offrait une cuisine dite «canadienne française» qui incluait des grillades sur charbon de bois, du poulet rôti et quelques mets italiens. Le menu était conçu pour pouvoir plaire à tous les membres de la famille, peu importe l'âge. Quant au décor, il était des plus classiques; dessus de tables en «arborite» simili-bois, banquettes de vinyle rouge ainsi qu'une fenestration abondante avec des rideaux rouges (bien entendu). Heureusement on n'avait pas poussé jusqu'à l'extravagance du rococo mexicain que l'on retrouvait dans plusieurs restaurants. Et pas de mini juke-box à chaque table non plus. On comptait aussi, comme c'était la tradition, une salle de réception pour tous les événements à célébrer avec invités nombreux. Autres petits, et tout aussi charmants éléments traditionnels; la distributrice de cigarettes à l'entrée, le gros bol de menthes à prendre avec une cuillère près de la caisse, cartons d'allumettes et cure-dents, aussi à la menthe. 

Une enseigne qui ne manquait pas d'attirer l'attention.
(Photo: Archives de la ville de Montréal)

À cette époque, à peu près tous les restaurants comportaient un bar salon. Si le Réveillon avait son Boudoir et que le Sambo avait son Mirage, le Toit rouge avait aussi le sien, mais ne portait pas de nom particulier. Cette situation va changer quelques années plus tard lorsque le Toit Rouge va inaugurer son nouveau bar salon aménagé en-dessous du restaurant et qui va porter le nom de La Cachette. Pour y accéder, il suffisait d'emprunter une entrée à part qui se trouvait à même le stationnement et sur laquelle se trouvait l'enseigne au néon affichant le nom du bar. Les gens descendaient un escalier et se retrouvaient carrément en-dessous du restaurant. Voici d'ailleurs quelques petits souvenirs de l'endroit, pigés à même ma petite collection personnelle; un bâton mélangeur pour les boissons (swizzle stick, j'en ai un bon petit paquet et je vous reparlerai dans un article subséquent), un carton d'allumettes, chacun faisant la promotion du restaurant et du bar et le verso de la carte postale dont le recto se trouve plus haut. 


Ces petits outils de promotion étaient ingénieux car ils ne coûtaient pas cher à faire produire et tout le monde s'en servaient. De nos jours c'est là quelque chose qui ne se voit à peu près plus, surtout les cartes postales. Certains restaurants offraient encore plus, comme des ballons pour enfants et des stylos, tous au nom de l'établissement. 

Le Toit rouge a connu de bien belles années, enfin, jusqu'au début des années 2000. Le restaurant et le terrain sur lequel il se trouvait ont été vendus au Groupe Maurice, qui a démoli le bâtiment pour y ériger une résidence pour personnes retraitées. Il s'agissait du dernier restaurant parmi ceux mentionnés plus haut, les autres ayant tous disparu bien avant, même ceux qui sont apparus après comme le Dallas BBQ, le Jardin Tiki et le Joli moulin. Il existe toutefois un autre restaurant Le Toit rouge, lequel se trouve non loin de l'ancien, plus à l'ouest et à même l'Hôtel Universel, sans qu'il n'y ait de lien entre les deux cependant. Son menu semble néanmoins assez semblable au Toit rouge original. 




Le saviez-vous? Le plus vieux restaurant à Montréal est le Montreal Pool Room, lequel a été ouvert en 1912. Toutefois, le record pour un restaurant toujours en opération revient au Sobrino de Botín à Madrid et qui a été inauguré... en 1725.

10 commentaires:

  1. Cest vraiment ton coin denfance :-) Tu connais bien. Bon "La cachette" ca fait un peu le gars qui a une maitresse et qui veut la discrétion ou qui s'est chicané avec sa femme et qui va prendre une bière pour se calmer :-)

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    1. En fait e n'est pas exactement mon coin d'enfance mais c'est un coin que je connais bien parce qu'on passait souvent par là. Le nom du bar était cependant plus en relation avec le fait qu'il se trouvait sous le restaurant et que l'on n'y avait accès que par l'entrée séparée qui se trouvait dehors. Durant les derniers temps le bar était surtout connu pour être un lieu de rencontre pour les célibataires dans la quarantaine et plus.

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  2. '' Les meilleurs steak grillés sur charbon bois '' LOL car mon frère qui y travaillait comme aide cook à l'été '76 me raconta l'anecdocte suivante . Peu après que le grill intérieur fut nettoyer à une hre approchant la fermeture , un client se pointa pour commander un steak .Le cook en chef ne voulant pas renettoyer , ben il fut griller dans le parking sur un feu improvisé . Je salut également ma mère qui termina sa vit chez élogia ...maintenant juste au dessus .

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    1. Grillé dans le stationnement? Ha ha, ça c'est vraiment le genre d'anecdote marrante qui me plaît. Faut oser!

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  3. Après la fermeture du Toit Rouge, c'est devenu pour quelques temps un Da Giovanni avant d'être démoli pour faire place à une tour pour personnes âgés... J'ai travaillé au Toit Rouge comme buss-boy dans les années 90, un passage souterrain nous permettait de se rendre à La Cachette. Le proprio du Toit Rouge possédait également le Poulet Doré sur Ste-Catherine Est (en bas de La Calèche du Sexe!), maintenant occupé par un A&W.

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    1. Vous avez raison, j'ai complètement oublié le Da Giovanni. Merci beaucoup pour ces renseignements!

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  4. Wow, merci beaucoup de raviver ces souvenirs de ma jeunesse vécue dans l'est de Montréal. J'ai moi aussi travaillé au Toit Rouge comme busboy pendant quelques mois, vers 1986-1987. Je me rappelle des deux énormes aquariums à homards à l'entrée, des "surf and turf" et des préparations faites par les serveurs sur un guéridon, à la table devant les clients: salades césar, crêpes suzette flambées ... Avant de commencer notre shift, nous descendions à La Cachette, fermée à cette heure, pour avaler notre "staff meal". C'était un endroit qui me semblait très mystérieux, avec son plancher de danse en métal et ses spots mobiles, alors éteints, très disco. Le Toit Rouge appartenait aux frères Nakis, une famille grecque qui possédait (et possède encore aujourd'hui) aussi Da Giovanni et Chez Parée. Nous ne les voyions pas souvent mais quand ils étaient là nous avions peur d'eux ...

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    1. Merci beaucoup d'avoir partagé ces beaux souvenirs avec nous!

      Noa
      Éditrice par intérim

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  5. On peut y voir Le Restaurant LE TOIT ROUGE aussi (1975-1976) ici: https://archivesdemontreal.ica-atom.org/vm94-b171-001

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