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mercredi 28 novembre 2012

nudus XVII

Canon 40D + 50mm

"Ne regardez pas ça, ce n'est pas beau."

Ce n'est pas moi qui a dit ça. Une dame plutôt, au Musée des Beaux-Arts du Canada. Elle accompagnait un petit groupe de mômes qui devaient peut-être avoir neuf ou dix ans. 

Allez, qu'elle a répété sur un ton réitératif, c'est pas beau que j'ai dit, mettant l'emphase sur «pas beau». On regarde pas et on s'en va par là, s'activant à faire passer les enfants plus loin rapidement comme un agent de circulation qui fait passer des piétons sur la jaune.

J'ai eu envie. J'ai vraiment eu cette envie, celle d'aller la voir et, à défaut de lui mettre mon pied où je pense, lui demander pourquoi elle mettait autant d'efforts à «inculquer» aux enfants que le corps humain «ce n'est pas beau». Maudite belle perception qu'ils vont avoir du leur en grandissant. 

Je fais des photos de nu depuis un bon bout et durant toutes ces années j'ai vu passer devant ma lentille toute une abondance de corps différents. J'y ai vu des corps athlétiques, d'autres ayant enfanté et certains portant les blessures de guerres livrées à la maladie. Des corps qui avaient tous en commun cette beauté: celle de la vie et de ses passages obligés; ceux de l'amour, de la souffrance et du bonheur, aussi. 

Moments émouvants également, surtout en voyant une naissance. Naissance au figuré, où, en apercevant ses photos une dame plus âgée que moi a pleuré. Émue. Pour la première fois elle s'aimait telle qu'elle était. Elle avait grandi avec cette perception que son corps n'était pas beau. On a refait une autre session durant laquelle elle m'a confié ne jamais s'être sentie aussi forte que lorsque qu'elle était nue devant la caméra. Et le miroir aussi. J'aurais aimé, a t-elle dit, que l'on me montre l'aspect positif du corps lorsque j'étais plus jeune. Jessie, le modèle d'aujourd'hui, a eu le bonheur d'avoir grandie dans un environnement où on lui a appris que tous les corps sont beaux. 

Ça m'a rappelé une certaine personne qui trimballait des enfants dans un musée.




Le saviez-vous? Chez la femme, le sein gauche et le sein droit ne jamais tout à fait de la même taille. La science médicale n'est pas fixée sur la raison de ce phénomène biologique, mais une chose est certaine: c'est tout à fait normal. 

samedi 24 novembre 2012

Filopat et Patafil

Si vous avez été gamin durant les années 70 (et c'est dommage si vous ne l'avez pas été) y'avait cette émission pour les gamins qui passait à la télévision, souvent durant Les P'tits Bonhommes, au canal 10 le midi. Filopat et Patafil c'étaient deux personnages: Filopat le court et Patafil le grand. Le premier essayait de faire plein de trucs et le deuxième, un peu tapon s'arrangeait toujours pour tout faire foirer.

Cette série origine de l'Allemagne des années 60. Günter Raetz, un ancien maçon, se passionnait pour les marionnettes et un jour il décida de tout laisser là pour se consacrer à ce qu'il aimait faire. Pour concevoir les marionnettes Günter ne s'est pas trop cassé la tête; il a simplement utilisé ce qui ressemble à du fil électrique, deux boules de bois et quelques autres matériaux. Puis les deux personnages étaient animés en mode image par image, un truc qui requiert beaucoup de temps et de patience.

Série tout à fait simpliste et innocente mais qui ne passerait probablement pas aujourd'hui à la télé. Pourquoi? Tout simplement parce que Filopat et Patafil aimaient bien picoler cigarettes et boisson. Le format a bien sûr pas mal vieilli mais ça se regarde quand même assez bien, surtout si l'on considère que c'était fait avec les moyens du bord, comme on dit.


mercredi 21 novembre 2012

Ford en 1953

 Qu'avons-nous ici dans cette publicité de 1953? Ah, mais c'est la Ford Sedan Customline équipée du fameux moteur V8! Ce moteur-là, que l'on a aussi connu sous le nom de Ford Flathead, a été introduit en 1932 et fut à ce moment-là le premier moteur à 8 cylindres à être produit en quantité suffisante à l'usine pour équiper les voitures fabriquées en série. Ce développement fut aussi l'un des plus importants pour la compagnie. Ce moteur a connu un succès phénoménal et est rapidement devenu le moteur de choix pour ceux qui aimaient bizouner là-dedans et que l'on appelait «hot rodders». On pourrait presque dire que le Flathead a donné naissance au hot-rodding.



Dans la pub on prend bien soin de mentionner la facilité de roulement et la docilité du moteur et c'est bien beau mais c'est quand même curieux que l'on ne fasse pas mention de ces grandes nouveauté pour les modèles Ford en 1953: freins et direction assistés, des particularités qui avaient réservées aux modèles plus luxueux Lincoln et Mercury. On dit aussi au milieu à gauche, en peut-être un peu trop petit malheureusement, que l'on fête ici les cinquante ans de Ford. On néglige aussi de préciser que toutes les Ford 53 sont livrées avec un volant spécial commémoratif marquant justement le 50è anniversaire de la compagnie.


*                         *                         *
Maintenant que se passe t-il en 1953 par chez-nous? Il y en a bien des choses mais celle qui retient pas mal l'attention est la fameuse affaire Coffin où trois américains, venus chasser l'ours en Gaspésie, sont retrouvés morts. Dans cette sinistre histoire on en viendra à accuser leur guide, Wilbert Coffin,  de les avoir tué tous les trois et, dans un procès qui sera très médiatisé Coffin sera trouvé coupable. L'affaire est très controversée, au point où même encore aujourd'hui les opinions sont fortement divisés quant à la culpabilité de Coffin, lequel fut pendu en 1956. Le procès eut d'importantes répercussions dans le monde judiciaire du pays puisqu'il fut en grande partie responsable de l'abolition de la peine de mort en 1976.

dimanche 18 novembre 2012

Pour ces dimanches-là

Autre dimanche où l'on se sent mi-aventurier mi-vague à l'âme. Lumière qui entre paresseusement à travers la fenêtre. Chat qui ronronne sans raison, calé où il ne faut pas, évidemment. Dans le sofa je réécoute de vieilles galettes de vinyle à travers des haut-parleurs qui auraient besoin d'être remplacés. Aujourd'hui je vous propose une autre petite brochette de ces pochettes dégottées directement des fifties, un peu des sixties aussi. Époque où le design était roi. L'aspirateur pourra attendre. Les chats sont d'accords.















mardi 13 novembre 2012

vestigium


Il y avait cette émission qui passait sur le câble au début des années 80 que j'aimais bien où un vieux professeur trapu aux lunettes rondes expliquait les origines de l'Homme (si quelqu'un se souvient du nom de ce monsieur ainsi que l'émission ce serait chouette). Un jour, lors de l'une de ces émissions, il se trouvait dans une caverne et expliquait comment nos ancêtres en étaient venus à laisser des traces de leurs passage en plaçant leur main enduite de peinture primitive sur les murs de grottes. 

Lorsque j'ai aperçu cette empreinte au hasard lors d'une promenade le souvenir de cette vieille émission m'est revenu en tête. Quelqu'un, à un certain moment, il y a peut-être dix, vingt ou même trente ans, a posé la main dans du ciment frais, imitant ainsi sans peut-être trop le savoir, un geste profondément séculaire et qui, dans un certain sens, nous rappelle que nous et nos ancêtres ne sommes pas si différents. Nous voulons laisser une trace de notre passage. Dire aux autres qui suivront: j'ai existé et j'étais là.

samedi 10 novembre 2012

Le vrai Tintin


Hergé a toujours été méticuleux dans la rédaction de ses textes, n'hésitant pas à faire tout un tas de recherches pour que tout soit conforme à l'Histoire. Il en faisait tout autant concernant l'apparence des immeubles, bateaux, voitures, décors et objets étaient tous méticuleusement dessinés selon ce qu'observait Hergé. Les aventures de Tintin me fascinaient au plus haut point. Je n'avais pas encore commencé ma troisième année que j'avais toute la collection et que je connaissais les dialogues par cœur.

Tintin et le Mystère de la Toison d'Or était un album différent parce qu'au lieu d'une bande dessinée c'était des photos tirées d'un film que je n'avais pas vu à l'époque. Chose certaine la ressemblance des différents acteurs avec les personnages était incroyable.

On avait évidemment prit soin de choisir des acteurs ressemblant le plus possible aux personnages de la série et je crois qu'ils ont fait un très bon boulot de casting mais ils se sont carrément surpassés avec celui qui jouait Tintin. L'équipe responsable a eu beau faire passer tout un tas d'auditions on ne parvenait tout simplement pas à trouver le bon acteur pour personnifier le légendaire reporter. Et puis ils se sont dit que si Tintin ne venait pas à eux c'est eux qui iraient à lui. C'est comme ça qu'on a repéré un certain Jean-Pierre Talbot sur une plage d'Ostende alors qu'il s'occupait d'un groupe d'enfant. La ressemblance était presque irréelle.

Quand on a présenté Jean-Pierre à Hergé ce dernier l'a regardé pendant ce qui a semblé une éternité puis, a posé la main sur l'épaule du jeune homme de 17 ans pour ensuite dire: c'est lui! Le maître venait de parler. Jean-Pierre Talbot ne se destinait pas à une carrière d'acteur mais plutôt à celle d'enseignant, chose qui le passionnait mais il a quand même bien voulu jouer le rôle du célèbre reporter.



Jean-Pierre Talbot a joué, à mon avis, un Tintin extraordinairement juste qui correspondait parfaitement au personnage. Pour d'autres comme pour moi Jean-Pierre Talbot était l'incarnation même de Tintin. Essayez maintenant d'imaginer mon euphorie lorsque j'ai appris l'été dernier que le monsieur s'en venait à Montréal pour quelques jours. Impossible pour moi de passer à côté de cette opportunité.

Pour l'occasion j'ai emporté avec moi mon album vintage de Tintin et le Mystère de la Toison d'Or que j'espérais faire dédicacer. C'est devant un Jean-Pierre Talbot incroyablement sympathique et affable que je me retrouvé. L'émotion était là, bien présente; je rencontrais Jean-Pierre Talbot, bien entendu, mais aussi Tintin. LE Tintin. Lui serrer la pince a été comme serrer la pince de celui qui a parcouru le monde et même marché sur la Lune.

Tintin et «Haddock». Ha ha! 


Durant la conversation je lui ai avoué tout de go que quand j'étais gamin je souhaitais ressembler à Tintin quand je serais grand mais que ça n'avait pas exactement marché. Sa réponse fut vite comme l'éclair; ce n'est pas si mal puisque vous ressemblez énormément au capitaine Haddock!

Et un peu sourd comme Tournesol, aies-je rajouté.

Je vous dis pas le fou rire.

Jean-Pierre Talbot a bien voulu autographier mon album qu'il a signé «Tintin» et j'en ai profité pour lui acheter une copie de son livre J'étais Tintin au cinéma dans lequel il relate son expérience cinématographique ainsi que sa vie après. Un livre très intéressant, qu'il m'a aussi dédicacé, et que j'ai entièrement dévoré le jour suivant.

La dédicace dans l'album Tintin et le mystère de la Toison d'Or. Remarquez, il signe «Tintin» d'abord, puis sa propre signature. 

 Dédicace dans son livre J'étais Tintin au cinéma.

mercredi 7 novembre 2012

cumulus


Je me trouvais dans un sentier pédestre, calé au milieu d’une forêt lorsque l’orage a éclaté. Un gros, un vrai. Du genre qui vous fait hérisser le poil sur les bras. Des gouttes de pluie grosses comme ça ont martelé le feuillage des arbres pendant un bon moment avec ce son si caractéristique mais si agréable. J’ai pris refuge dans un abri et attendu que tout ce brouhaha céleste s’arrête. Fort heureusement j’avais emporté un bon bouquin parce qu’avec mère nature, on ne sait jamais. Tout a cessé deux chapitres et demi plus loin et peu de temps après avoir repris ma promenade les nuages sombres se sont ouverts, comme les rideaux d’une scène, et ce spectacle s’est offert à moi. 



Saviez-vous ça vous autres? Les oiseaux ont mal aux oreilles en pas pour rire quand la pression d’air descend faque quand vous voyez les ti n’oiseaux qui volent bas c’est qu’un orage s’en vient.

samedi 3 novembre 2012

Día de los Muertos por favor

Si vous venez faire votre tour par ici une fois le temps vous aurez remarqué qu'un certain nombre de mes photos en noir et blanc ont été prises dans des cimetières. J'aime bien les cimetières parce que d'abord c'est reposant et puis, comme disait Félix Leclerc, la mort, c'est plein de vie là-dedans.

Mais y'a un truc qui m'a toujours étonné durant ces promenades; l'omniprésence du dramatique, du lugubre voire même du désespoir. Combien de pierres tombales sont ornées d'anges en plein dépression, apitoyés sur eux-même en pleurant ou encore d'autres avec le visage crispé de désespoir. La Toussaint, longtemps fêtée au Québec durant le règne de l'Église Catholique, était toujours empreinte de solénnité. C'était du très sérieux. Descendez un peu plus au sud, au pays des sombreros et des quesadillas, c'est tout le contraire. La mort, elle se fête. Et en grand à part ça!!




Pendant trois jours au Mexique, du 1er au 3 novembre les trépassés sont au coeur d'une grande célébration qui comprend le Jour des Innocents (Día de los Inocentes), le Jour des Petits Anges (Día de los Angelitos) et finalement le Jour des Morts lui-même (Día de los Muertos). Durant toute cette période les gens se rendent dans les cimetières et décorent les pierres tombales d'ornements colorés, emportent de la nourriture comme le pain des morts (pan de muerto), des crânes en sucre ainsi que des choses à boire comme du atol. On récite des prières, on chante, on danse et on raconte aussi plein d'histoires et anecdotes amusantes sur les défunts. Pour les enfants décédés on emporte des jouets et les adultes se voient offrir des bouteilles de tequila, de mezcal ou de pulque. Tout ça s'inscrit dans la croyance qui veut que durant tout ce temps les défunts reviennent pour rendre visite à leur parenté et amis, on leur laisse même des oreillers et des couvertures. De la tristesse?

Absolutamente no!

Il y a de celà une douzaine d'années je suis tombé sur un jeu vidéo publié par LucasArts, qui était alors la division de jeux de George Lucas et dont le concepteur Tim Schafer avait habilement mêlé le folklore aztèque de la mort avec des éléments de film noir incluant plusieurs références au Faucon Maltais et Casablanca, entre autres. Le jeu mettait en vedette des personages visiblement calqués sur les fameux calacas mexicains, ces figurines squelettiques finement décorées.

Les deux protagonistes; Manuel Calavera et Mercedes «Meche» Colomar.


On y découvre un monde où les mort «vivent», si je peux me permettre cette expression, dans un monde identique au nôtre. Ils ont des emplois et vaguent à différentes occupations comme si de rien n'était. Tous ces gens doivent, selon la croyance aztèque,  doivent accomplir un périple de quatre ans avant de joindre [généralement] le Mitclan sauf qu'il s'en trouvent pleins qui ont décidé de ne pas le faire et de rester.

 Art Déco et art Aztèque s'entremêlent.
 Une station de train. Observez les murales.

 Une inspiration très film noir dans une scène étonnante.

 Le bar Blue Casket est évidemment une référence à Blue Angel avec Marlene Dietrich.

 Casablanca est ici bien mis en évidence.

 Des patrons caractériels, même dans l'au-delà...

Le personnage principal, contrôlé par le joueur, est un certain Manuel Calavera lequel travaille comme agent de voyage. Afin de payer sa dette aux «pouvoirs qui sont» il doit vendre aux âmes récemment décédées des forfaits qui leur permettent d'accéder au Mitclan plus ou moins rapidement selon la vie qu'ils ont vécu. Ainsi, les âmes pures peuvent donc accéder à leur destination en quatre minutes en empruntant un train spécial appelé le numéro 9. Pour les autres il y a le bateau de croisière ou la voiture sport. Manny découvrira toute une entourloupette où les billets de trains se faufilent pratiquement tous entre les mains du crime organisé qui en tirent largement profit (ça vous rappelle quelque chose?). Et affronter ce monde-là n'est pas sans risque car même si les gens sont théoriquement «morts» ils peuvent mourir de nouveau en se faisant tirer dessus par des pistolets à darts qui font pousser rapidement des plantes sur les os. Et tout le jeu est orienté à la résolution de cette sinistre affaire.

Toutefois, c'est la la direction artistique et la qualité de production de ce jeu qui m'a laissé pantois. Les environnements dans lesquels les personnes évoluaient s'inspirent de l'Art Déco et Aztèque/Maya, incroyablement bien conçus. La musique signée Peter McConnell va puiser dans le be-bop, le blues et le jazz tout comme des compositeurs comme Max Steiner et Adolph Deutsch. La musique fut d'ailleurs disponible en version CD. Quant aux personnages LucasArts est allé chercher des acteurs et actrices de talent comme Tony Plana, Maria Canals, Alan Blumenfeld, Jack Angel, Patrick Dollaghan et tout plein d'autres aussi talentueux les uns que les autres.



De façon assez ironique, il existe un immeuble à San Fransisco, situé au 450 Sutter et qui marie, tel qu'on le voit dans le jeu, l'architecture Art Déco et Aztèque. Il ne serait probablement pas étonnant que l'équipe de production s'en soit inspiré pour concevoir les décors du jeu.
 


 






Pour terminer, voici un apperçu du jeu Grim Fandango qu'un type a joué et enregistré, on y voit ici une courte partie de la première année (le jeu en compte quatre) celà vous permettra d'apprécier l'extaordinaire qualité de production dont celle des acteurs qui ont fourni les voix des personnages. Vous pourrez aussi vous délecter des dialogues aux répliques assez amusantes.Visiblement, le type a déj`joué plusieurs fois et complète les puzzles rapidement et sans hésitation ce qui fait qu'on regarde le tout comme un film. Bon visionnement!