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samedi 7 juin 2025

Les espadrilles de mon enfance

 

Être gamin durant les années 70 signifiait que l'on passait l'essentiel de notre temps dehors, du matin jusqu'au soir. Dans le temps, les parents, dans mon cas mes grands-parents, ne nous demandaient pas de se rapporter. Ou vas-tu? nous demandait-on. Dans la ruelle, que l'on répondait alors que l'on était déjà en train de disparaître dans ladite ruelle en question. Ok, nous lançait-on, oublie pas de revenir pour le dîner! Mais nous étions déjà hors de portée de voix. 

Dans les quartiers ouvriers populaires, comme celui d'Hochelaga où j'ai grandi, l'on jouait à toutes sortes de choses; au ballon, au policiers et voleurs, ou aux cowboys. L'on grimpait sur le toit des garages pour récupérer nos balles et y'avait aussi cette maison abandonnée et partiellement détruite sur Aylwin où l'on allait s'amuser. Toutes ces activités usaient nos espadrilles, surtout les miennes et l'on se désolait de les voir toutes abîmées parfois quelques semaines seulement après les avoir achetées. Mais voilà, les espadrilles que j'usais comme ça étaient généralement soit des North Stars, (surnommées les Adidas des pauvres) ou des marques bon marché que l'on m'achetait durant les jours à $1,44 chez Woolco. On ne les payaient pas ce prix, certes, mais durant ces jours d'aubaines il se trouvaient beaucoup d'articles à prix réduits. Des Adidas? On ne voulait pas m'en procurer. Tu vas les détruire, me disait-on, d'où l'habitude de m'en acheter de moins bonne qualité, mais l'on me faisais les gros yeux parce que passais au travers.  


Mais alors, me demandait-on, parfois avec un sincère ton de découragement, comment fais-tu pour les abîmer de cette façon et aussi rapidement. Tes amis se font-ils acheter des espadrilles aussi souvent que toi? me demandait ma grand-mère. En fait, non. Mes amis Alain et Patrick eux ne portaient pas de North Stars ou de marques génériques, non, eux ce qu'ils portaient était bien différent alors j'ai demandé à ma grand-mère de m'acheter la même sorte que celles portées par mes amis. 


Ta-Daaam! Ça mes amis c'étaient de vraies espadrilles pour les enfants actifs, super-actifs et même turbo-actifs! L'on s'est donc rendu au même Woolco, dans le même département de chaussures où l'on m'achetait les North Stars et autres godasseries, mais cette fois pour sélectionner une belle paire de Converse noirs. Et ces galoches ne coûtaient pourtant pas plus cher que les autres. Fabriquées de toile solide et de caoutchouc breveté BF Goodrich, ces espadrilles, sans être indestructibles, étaient un peu comme de véritables Tonka pour les pieds (d'autres diront que c'étaient des limousines). Chose surprenante, ou pas, il s'est avéré, tout d'un coup, que l'on n'avait plus besoin de m'acheter des espadrilles aux trois semaines. Ma grand-mère n'en revenait pas. Ses yeux n'en croyaient pas ses oreilles! En fait, la seule raison pour laquelle on devait m'en acheter d'autres c'est parce que je grandissais. 


Aujourd'hui le modèle classique Chuck Taylor existe encore bien que la production ait été déménagées des États Unis au Vietnam mais le charme et le bon vieux confort sont toujours au rendez-vous. Je possède deux paires de Converse que j'ai depuis maintenant presque une dizaine d'années. Une paire a nécessité une réparation mineure chez mon cordonnier. Elles sont sales? Hop! un petit tous dans la laveuse et puis suspendues pour qu'elles sèchent à l'air. 
 
Si les Converse Chuck Taylor sont toujours vendus aujourd'hui dans nos magasins on ne peut en dire autant de North Star. Bien que la compagnie existe toujours, les espadrilles qu'elle fabrique ne semblent qu'être disponible que dans certaines régions du monde mais qui n'inclut pas le Canada, tout comme les États Unis, la France et plusieurs autres pays. 


 

Le saviez-vous? Les espadrilles Converse classiques ont vu le jour en 1917 et destinées aux joueurs de basketball. Chuck Taylor a rejoint la compagnie en 1921 et son influence a fait de cette chaussure en une icône culturelle que l'on retrouve encore dans les commerces. L'espadrille a été renommée Chuck Taylor en 1932.  

 

 

Sous mes yeux:  L'étranger, d'Albert Camus. Un classique que j'avais lu à l'adolescence et que j'avais relu au cégep alors que c'était une lecture obligatoire.

Dans mes oreilles: L'album Keep me Fed du groupe rock mexicain The Warning. Trois frangines originaires de Monterrey qui jouent un rock puissant et décapant. La relève rock est assurée