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samedi 15 mai 2010

Photographica 5: Pentax K-1000

1985. J'ai une belle p'tite job d'été pile poil dans le centre-ville. Horaire agréable. Travail extérieur. Ambiance relax. Et, en prime, de belle p'tites rencontres qui finissaient souvent dans des cafés avoisinants. 

De temps à autres y'avait ce type qui venait battre de la semelle sur mon lieu de travail de façon quasi-régulière. Un photographe qui venait y faire des clichés. Et pis, comme ça, on a commencé non seulement à se saluer mais à jaser. Puis, à papoter. Et nos conversations ont rapidement versé dans la photographie. 

Ah non. J'suis pas un pro, de loin s'en faut. Je serais un bien drôle de pro avec comme appareil un Kodak Disc... Non, c'est ma mère grand qui me l'a offert en cadeau. Médusée tout à fait par les belles pub, et pis elle a cru bien faire parce qu'elle était un peu tannée de me voir traîner un Instamatic X-15 dont même le chien de la famille ne voulait plus. Ah mais oui, j'aimerais bien ça pouvoir faire de la photo avec un bon appareil, mais pour le moment, pas de sous. Ou plutôt, pas assez. Enfin, pour l'instant. 

Au bout d'un mois et demi, ou dans les environs, nous sommes allés prendre une bière pas loin du travail. Parle parle, jase jase, il m'invite du coup à venir faire un tour chez lui. Ça fait un moment qu'il me parle de sa collection d'appareils photo et il aimerait bien que je puisse voir ça. 

Un bout de métro plus tard on se retrouve chez lui, au rez-de-chaussé d'un triplex niché quelque part sur le Plateau, pas trop loin du parc Lafontaine. Il me présente son épouse, charmante au demeurant. L'endroit est typique des habitations de ce coin; vitraux au-dessus des fenêtres, plafonds hauts, et planchers un peu croches. Et là, dans le salon, des appareils photo de tous les genres, de toutes les époques et de tous les styles. Pour les fous, les fins, pis les pas fins. Il m'en montre quelques uns. Sa femme, top bohème dans son look mais gentille comme dix, m'offre un café. Son époux continue de m'expliquer les tenants et aboutissants de sa collection. 

Ma femme pis moi on pense tout redécorer la maison. Je vais vendre une grosse partie de ma collection parce que le nouveau projet n'inclus pas des tablettes pleines d'appareils poussiéreux. Y'a pas de regrets. Ça été ben l'fun de tout collectionner ça, mais maintenant on passe à autre chose. Ah, pis j'ai quelque chose pour toi. 

Et là, il me met entre les mains la chose: 


Un Pentax K-1000. Ça l'air solide. Un fichu de bel appareil. Et après l'avoir regardé et manipulé avec infinie précautions, je lui redonne. Mais il veut pas. Je. Oui. Mais. Non. C'est que. Ouf. M'enfin. Erm. Euh. Très bel appareil. Si, si. Magnifique 35mm, mais j'ai toujours pas les sous pour payer ça moi! 

Pas b'soin. C'est un cadeau que je te fais. Non, j'insiste. Le gros de mes appareils va être vendu à d'autres photographes ou des collectionneurs. Qu'importe. Mais tu vois, je préfères donner çui-là à quelqu'un qui est en voie de se passionner pour la photo, et qui va en faire bon usage, que de le vendre à quelqu'un qui va fort probablement le mettre sur une tablette et où il va continuer d'amasser de la poussière. Faque prend. Et amuses-toi! Ah et comme l'appareil risque d'avoir un peu faim, prend donc un peu de nourriture.

Et c'est comme ça que je me suis retrouvé avec un quasi rutilant appareil 35mm réputé terriblement solide et une généreuse poignée de rouleaux de films noir et blanc. Paraît que c'est l'appareil de choix pour les ceuzes qui prennent des cours de photo. 

Évidemment, un appareil comme çui-là c'est pas fait pour prendre des photos à l'improviste durant les épluchettes de bananes et autres party de piscine. T'emporte ça avec toi quand tu vas quelque part de tranquille, là où tu peux prendre le temps de bien choisir tes sujets, ajuster les réglages comme du monde, et prendre de belles photos. 

Cette molette permet à la fois d'ajuster l'appareil selon la sensibilité du film calculé en ASA, un terme qui a changé pour ISO en 1987. Plus le ASA ou ISO est élevé, plus le film est sensible à la lumière. Les appareils numériques d'aujourd'hui utilisent aussi ce système. L'écran de droite est le compteur qui permet de savoir le nombre de photos prises. Le trou au milieu ben c'est le déclencheur. On voit aussi le levier pour faire avancer le film. 

Détail de la lentille Pentax 50mm. Comme il s'agit d'une lentille fixe, on ne peut pas rapprocher. On peut toutefois d'ajuster l'ouverture du diaphragme, ce qui nous permet de contrôler la quantité de lumière qui passe pas la lentille. À son plus bas, f2 y'a beaucoup de lumière qui entre, alors qu'à f22, c'est pas mal le contraire. Couplé à la vitesse d'obturation, ça nous donne le plein contrôle sur le type de photo que l'on veut faire. 


Détail de la lentille vue de devant. Le terme SMC veut dire "Super Multi Coating". C'est un traitement qu'a subi le verre de la lentille pour empêcher des artefacts indésirables de se manifester sur le film en prenant une photo. Le 1:2 quant à lui désigne l'ouverture focale soit f2.0 ou f2. 50mm est la taille de l'objectif. On a souvent dit qu'une lentille 50mm couplée à un appareil 35mm (la taille du film), est l'ouverture focale dite "standard". C'est ce qui se rapproche le plus de l’œil humain. si vous vous retrouvez à faire du portrait, 50mm est pas mal le "gold standard". 

Ça m'arrivait souvent comme ça, quand j'étais pas éa déconner avec les copains, à partir à vélo pour prendre des photos à plein d'endroits. L'ami photographe m'avait même donné les coordonnées d'un type qui faisait le développement des photos chez lui avec son propre équipement. Ça va te revenir moins cher qu'au labo, et en plus, tu vas pouvoir assister et apprendre le processus. 

De dire que j'ai apprécié c'te cadeau est un euphémisme. Si l'Instamatic X-15 a créé l'étincelle, c'est véritablement le K-1000 qui a enflammé ma passion pour la photographie. Et là, y'a ce drame. Gros comme ça. C'est celui qui raconte c'te fois où j'ai perdu, fort probablement dans un déménagement, ma boîte où se trouvait toutes mes photos prises avec cet appareil. C'est comme par un hasard comme il s'en fait pas souvent que j'ai trouvé y'a de cela quelques années, le seul vestige de cette époque; une photo. Une seule, où j'avais "embauché" une fille que je connaissais bien et qui avait accepté de poser pour moi. Je l'ai un peu renipée avec Photoshop car elle était un brin abîmée. 






Le saviez-vous? Bien que Asahi existe depuis 1919, c'est en 1957 que le nom Pentax a fait son apparition et qui un portemanteau de "Pentaprism" et "Contax".  




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