Pages

jeudi 28 avril 2011

Space Invaders


Space Invaders, comme je l'ai mentionné brièvement dans un article précédant portant sur les arcades, est un jeu qui fit son apparition en 1978. On le doit à Tomohiro Nishikado, alors à l'emploi du développeur Taito au Japon. Le jeu, initialement nommé Space Monsters, eut plusieurs inspirations dont Breakout, tout en y apportant des modifications. Ainsi, plutôt que d'envoyer une balle sur des objets statiques, le joueur tirerait des projectiles sur des cibles mobiles. Au début, Nishikado ne savait trop quelle forme donner aux ennemis. Il passa de tanks à des avions de combat puis des destroyers mais n'arrêta pas son choix sur aucun d'entre eux. Ce n'est qu'après avoir lu un article sur Star Wars que Nishikado décida d'utiliser un thème spatial. Il créa certains envahisseurs d'après les monstres de La Guerre des Mondes de H.G. Wells puis d'autres variations basées sur des pieuvres et des crabes. 

La carte-maîtresse, le processeur vidéo, la mémoire, bref, toute la technologie rudimentaire derrière le jeu.

Tout ça était bien beau sur papier mais transposer tout ça en un jeu électronique n'était pas aussi facile et Nishikado se rendit compte qu'il aucun processeur assez puissant au Japon pour pouvoir concevoir et programmer Space Invaders. Il a donc dû tout créer lui-même, des composantes électroniques aux outils de programmation. Il put toutefois construire le panneau électronique du jeu en utilisant de tout nouveaux processeurs en provenance des États-Unis.

La publicité pour la version "cocktail table".

Le jeu utilisa un processeur Intel 8080 et le bruitage fut généré par des circuits analogue. Nishikado ne put toutefois programmer le jeu tel qu'il le voulait parce que le processeur, aussi récent et puissant pouvait-il être, n'était pas assez puissant pour faire bouger tous les extra-terrestres avec la rapidité qu'il le souhaitait. Nishikado remarqua cependant que moins il y avait de bibittes sur l'écran plus le processeur pouvait les faire bouger rapidement. Plutôt que de compenser, Nishikado conserva cette particularité en tant que mécanique de jeu.

 Le mécanisme de perception des trente sous (ou des jetons).

Ironiquement, le design sur le côté de la machine nous montre des monstres qui ne figurent nulle part dans le jeu. C'est tout simplement parce que l'artiste s'est inspiré du nom du jeu (alors en développement) et qui était Space Monsters.  

Le panneau de contrôle.

Space Invaders ne fut certainement pas le premier jeu vidéo à faire son entrée dans les arcades de jeu, de loin s'en faut, mais il fut celui qui révolutionna l'industrie de par son concept. Je me souviens d'ailleurs du jour où la machine est arrivée à l'arcade des Galeries d'Anjou. L'attroupement autour, j'vous dis pas!



 Le fond d'écran sur lequel reposait la vitre-miroir à 45 degrés.

Le jeu a évidemment été copié plus d'une fois dans son concept. Outre les version d'arcade renommées (bootleg) on a retrouvé des variantes chez Texas Instruments avec son TI Invaders, Intellivision avec Space Armada et Cosmic Invaders sur les ordinateurs TRS-80 entre autres.

La version de l'Atari 2600.

La version de Mattel Electronics pour l'Intellivision.

 La version de Texas Instruments pour l'ordinateur TI 99/4a.



Le saviez-vous? Quand le jeu fut introduit au Japon il fut si populaire qu'il provoqua une pénurie de pièces de 100 yen et depuis ce jour le jeu a permis à Taito d'engranger plus de $500 millions en profits.

mardi 26 avril 2011

virgo

Statue de la Vierge ornant un monument funéraire au cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Journée étrange côté météo. De gros nuages gris foncé s'entremêlaient de perçées de soleil très vives. Dès que je sentais qu'il se mettrait à pleuvoir, pouf, Galarneau se pointait pour disparaître quelques minutes plus tard. Le ciel ressemblait à un sorte de damier vu dans un miroir déformant.





Le saviez-vous? Dans le cimetière adjacent à l'église St-Peter, dans la ville de Liverpool où John Lennon et Paul McCartney se sont rencontrés, il se trouve une pierre tombale portant le nom de... Eleanor Rigby. 

lundi 25 avril 2011

Des outils à profusion pour 1953


Quel homme n'aime pas pas bricoler toutes sortes de choses avec ses mains? Et pour ceux qui affectionnent particulièrement travailler le bois voilà que la compagnie américaine Cummins leur offre en 1953 cet atelier d'ébéniste d'une longueur de 3 ½ pieds qui contient sept outils en un. Évidemment à presque cent dollars ce n'était pas exactement donné mais les outils de ce genre avaient à l'époque une qualité indéniable qui valait certainement l'investissement: la durabilité.

Cummins-Chicago Corp, le fabricant de cet outil, n'avait pas d'usine à Montréal ni même de bureau. Cette compagnie, fondée en 1887, existe toujours et possède aujourd'hui des bureaux et usines au Canada, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.

La publicité d'aujourd'hui est relativement complexe et représente dans sa conception tout un tour de force si l'on prend en considération tous les éléments devant s'y retrouver; du logo de la compagnie, à la description de l'outil, enfin bref. On y a utilisé la photo pour le produit que l'on a subtilement retouché, le reste étant des illustration à la plume au demeurant très bien exécutées. Tous les éléments de cette publicité ont été habilement agençés sans alourdir inutilement et ma foi, ça donne presque l'envie de se procurer cet outil qui semble très pratique.


Quant au coût, la somme de $99,95 représente aujourd'hui $835,00. 



Le 25 avril en 1953 tombe un samedi et quelle est la nouvelle qui fait jaser? Probablement l'accident qui a coûté la vie à Henri-Paul Mitchell, un entrepreneur de construction de Pointe-Claire qui roulait dans le secteur de Dorval et qui a malheureusement traversé une voie ferrée au mauvais moment. Son véhicule a été frappé de plein fouet par un convoi ferroviaire. Le choc a été épouvantable et le train a mis plusieurs milliers de pieds avant de pouvoir s'arrêter complètement.





Le saviez-vous? Il existe au Kenya un site archéologique nommé  Lomekwi 3. On y a trouvé des outils en pierre datant de 3,3 millions d'années, en faisant ainsi les plus vieux outils au monde (jusqu'à ce jour). 

samedi 23 avril 2011

nebulosus


Promenade au Jardin Botanique par journée brumeuse à souhait. A peine une heure plus tôt on n'y voyait rien à cinq mètres.Il n'y avait cependant pas un chat. Pas un bruit. Comme si la brume avait jeté sur le jardin et ses environs une couverture silencieuse ou seul le bruit de mes pas se faisait entendre. J'aime ce genre de moments où j'ai l'impression d'être, l'espace de quelques minutes, parfaitement seul au monde.

Appareil utilisé: Canon Rebel XT. 





Le saviez-vous? En tant qu'organisme vivant, l'arbre ne pousse pas uniformément. Ainsi, le feuillage pousse au printemps, le tronc durant l'été, et les racines durant le printemps/hiver. 

jeudi 21 avril 2011

Un peu de Yogi

Yogi c'est un de mes personnages préférés. En fait, je devrais dire la première version de Yogi au début des années 60. Y'a pas si longtemps j'ai décidé de scribouiller quelques feuilles de papier cheap avec Yogi. Voilà le résultat. C'est encore et toujours du 2B, en passant.











Le saviez-vous? Créé en 1958, on a basé les maniérismes de Yogi sur l'émission The Honeymooners. Yogi a aussi fait une apparition dans un épisode des Pierrafeu.

Ecole Ste-Jeanne d'Arc

L'autre jour je prenais l'autre jour des photos de l'école Ste-Jeanne D'Arc, située sur Chambly au nord d'Hochelaga, parce que mon grand-père et ma mère y ont fait leurs classes. Je faisais le tour comme ça lorsque je suis tombé sur un détail, plus ou moins visible, bien campé en haut de la porte d'entrée.

On y voit très clairement dans la pierre artificielle; Académie Laurier, 1914. Hum. Après quelques recherches, qui comprenait entre autres le bulletin de mon grand-père de 1930, j'y ai trouvé un détail amusant; l'école Ste-Jeanne d'Arc a porté le nom d'Académie Laurier de 1914 (année de construction) jusqu'en 1932. Les architectes furent les célèbres Louis-Alphonse Venne et Dalbé Viau et cette école fut leur première réalisation en tant qu'associés.
L'école, peu après sa construction.

En 1917, le bâtiment avait une entrée distincte pour les garçons sur Nicolet et les filles sur Chambly. Ma mère, qui a fréquenté cette école durant les années cinquante, m'a d'ailleurs confirmé qu'a cette époque encore, la séparation des sexes était toujours bel et bien en vigueur. C'est en 1931 que l'école a changé de nom pour devenir l'école Ste-Jeanne-D'arc. L'autre école Ste-Jeanne-D'Arc a été renommée de la Dauversière. Et, en 1989, la Ville de Montréal en remit la gestion de l'immeuble entre les mains des loisirs de Notre-Dame de l'Assomption qui en a fait un centre communautaire. Avec les années, l'école a certainement connu son lot de changements au point de vue architectural mais fort heureusement, certaines parties ont gardé leur cachet d'antan. Durant ma promenade j'en ai profité pour prendre quelques clichés à l'intérieur, avec la bénédiction du concierge.

Il faut noter ici le plancher de la classe fait en lattes de bois peinturées, les calorifères en fonte ainsi que le tableau noir. Selon ma mère, mis à part l'éclairage au néon et la fenestration, la classe est en tout point identique à ce qu'elle était dans les années cinquante.
Il en va de même pour les toilettes où l'on peut admirer ici le plancher de céramique avec ses petites pièces hexagonales, les cabinets en marbre ainsi que les portes en bois. Voilà certes des matériaux de construction que l'on ne retrouve plus dans les écoles contemporaines. 

Quant au nom de l'école, il honore Jeanne d'Arc, souvent surnommée la pucelle d'Orléans. Elle se trouve dans la paroisse Ste-Jeanne d'Arc, et il trouve, plus à l'est, une rue de ce nom, ainsi que la rue Orléans, où Jeanne d'Arc a connu un fait d'armes important en 1428-29 en battant les forces Anglaises. 

Localisation de l'école. 



Le saviez-vous? La plupart des écoles au Japon n'ont pas d'employés d'entretien. Ce sont les élèves qui font le ménage et le nettoyage. Ceci s'inscrit dans les traditions bouddhistes où la propreté est liée à la morale.  

Le gin Burnett's en 1953



Si aujourd'hui on peut aisément se procurer de l'alcool dans les dépanneurs, épiceries et supermarchés ce n'était pas le cas à l'époque de cette publicité. Depuis 1921 le commerce de l'alcool est contrôlé par la Commission des liqueurs, créé par le premier ministre Taschereau, et connue maintenant comme étant la Société des alcools. Pour acheter de l'alcool, justement, il fallait se rendre dans une Commission des liqueurs et choisir le produit que l'on voulait selon une liste car on ne voyait pas les bouteilles. Elles se trouvaient derrière un comptoir où seul les employés avaient accès. On achetait ainsi le produit de son choix, et limité à une seule bouteille par achat jusqu'en 1941. Une fois payé, il était ensuite emballé dans un papier opaque.

Durant la période d'après-guerre cette industrie a tenté de rétablir l'alcool comme produit de consommation légitime. Certains ont vertement critiqué ces campagnes de marketing comme étant des facteurs ne faisant que contribuer à l'érosion des valeurs ainsi qu'à la désintégration de l'ordre social. Ici au Québec les différents alcools ont eu droit à plein de pages de publicité dans les revues et journaux, comme c'est le cas ici avec le gin Burnett's en 1953. Ce gin était distillé par Seagram's en Ontario, quoique le siège social de la compagnie se trouvait sur la rue Peel à Montréal.

La compagnie en tant que tel n'existe plus aujourd'hui, ses actifs ayant été acquis par différentes compagnies dont PepsiCo, Diageo et Pernod Ricard. Quant à la publicité d'aujourd'hui, sûrement que faire passer le message sur un carton de style réservation n'est pas exactement mauvais comme concept sauf que l'exécution est à mon sens assez paresseuse et n'a certainement pas exigé des heures à réaliser. Préférablement, on aurait dû imprimer le message sur un véritable carton et le photographier sur une table de restaurant.



Le saviez-vous? Il ne faut que 6 secondes pour que les cellules cérébrales ne réagissent à l'alcool. Aussi, l'alcool n'est pas digéré, il est directement envoyé dans le sang. 

mercredi 20 avril 2011

Information voyage

Là, ma mémoire semble défailler un peu. Les plus vieux se souviennent probablement de l'émission "Information Voyage" au canal 10. C'était sur, ouais, le voyage et c'était animé par Robert Viau, de l'agence de voyage du même nom. Robert était assis dans un décor composé de trucs dégottés dans des boutiques souvenirs étalés dans une biblio space-age, fumait la pipe et, calé dans son fauteuil, il recevait des invités pour discuter d'une destination voyage (on l'aura deviné).

En pondant cet article je n'arrivais plus à me souvenir très exactement du thème musical de cette émission. Ce n'était pas une toune qui avait été spécialement composée mais plutôt quelque chose d'assez disco qu'on entendait de temps en temps à la radio. Pour une raison quelconque j'avais "The Hustle" de Van McCoy en tête. L'ami Nitram est parvenu à dégoter sur une vieille cassette Beta une émission complète d'Information Voyage dont voici un p'tit bout.


Grâce à cet extrait, Nitram a identifié correctement la chanson-thème d'Information Voyage qui était "Picadilly Circus" du groupe Morse Code. Voici la toune en question au complet. Je remercie encore une fois Nitram de sa collaboration.



Et comme c'était souvent le cas, les génériques d'émissions pouvaient changer au fil des modes ou de l'humeur des producteurs qui, parfois, voulaient apporter un peu de fraîcheur. C'est le cas d'Information Voyage dont le thème a changé pour "Classical Gas" de Mason Williams, que voici.





Le saviez-vous? Diplômé en philosophie à l'université de Paris, Robert Viau est un éternel passionné de voyages. Il a aussi ajouté une maitrise en géographie. À l'âge de 26 ans, en 1958, il a fondé l'agence Viau qui avait pignon sur la rue St Denis. 

mardi 19 avril 2011

custodis




Sculpture funéraire prise au cimetière Notre-Dame-des-Neiges lors d'une promenade par un beau dimanche. Et c'est là toute la dichotomie qui se trouve dans cette nécropole; des pierres tombales les plus humbles, aux monuments absolument grandioses.

Caméra utilisée: Canon Rebel XT.




Le saviez-vous? Dans la langue anglaise, il existe deux mots pour définir un cimetière: graveyard, et cemetery. Les deux dénotent toutefois deux endroits différents: ainsi, "graveyard" signifie un lieu d'inhumation adjacent à une église, alors que "cemetery" en désigne un qui ne l'est pas. 

samedi 16 avril 2011

Jouer pour vrai


Je me compte chanceux d'être un vieux ringard qui a pu grandir à une époque où être un gamin signifiait jouer dehors. S’époumoner. S’oxygéner. Bouger. Courir. Autrement dit: déplacer de l'air! Je crois que la meilleure façon de me décrire à l'époque était: bruit recouvert de saleté. 
Je me levais toujours en même temps que le soleil. Je savais me faire à manger. Quoiqu'une beurrée de beurre de pinotte ou un bol de céréales ne requièrent pas de maîtrise. Inutile de regarder la télé, 
parce qu'il n'y avait rien d'autre que la fichue de tête d'indien partout. Quand j'avais fini de manger je filais dehors comme une balle.

Y'avait quelque chose de magique à sortir aussi tôt. À cette heure, le soleil n'éclairait pas encore la cour, laquelle était plongée encore dans la pénombre. Le gazon était encore humide de rosée. Je m'installais dans les marches de l'escalier en bois et je profitais du moment pendant que la majorité du quartier était encore assoupie. Puis, je descendais et me mettais à jouer sans trop faire de bruit. De temps en temps, je descendais la rue voir si mes amis étaient debout. Facile à voir de par les stores de leurs chambres.
Puis, le quartier prenait vie peu à peu. Le soleil était plus haut, des enfants sortaient dans les ruelles et l'on commençait à entendre le bruit des ballons qui rebondissaient, des chiens qui jappaient, et le grincement des cordes à linge alors que les femmes y mettaient leur linge.

Mes amis finissaient par se lever et venaient me rejoindre dans la cour où je m'amusais déjà depuis un bon bout de temps. Parce que ma cour était un peu comme notre Q.G. Ce qu'on faisait ensuite n'était limité que par notre imagination; chercher des bouteilles vides pour les échanger au marché contre des bonbons et des sacs à surprises, ramener une boîte de frigo vide pour en faire une capsule spatiale en dessinant des cadrans dedans, jouer avec des soldats en plastique vert, s'échanger des Matchbox et des Hot Wheels... Evidemment fallait dîner mais je voulais tellement retourner dehors que je mangeais sur le bout des fesses. Le bruit de ma fourchette tombant dans mon assiette n'avait pas encore fini de résonner dans la cuisine que j'étais déjà parti dehors dans un nuage de poussière comme le Road Runner (et avec le même bruit aussi).


Mes amis et moi on faisait pas dans la dentelle quand on jouait. Des accidents arrivaient. On plantait en plein face ou on s'éraflait joyeusement les genoux et les coudes. D'ailleurs la norme était de toujours avoir un spot peinturluré de mercurochrome en quelque part. C'était presqu'un badge d'honneur. On prenait du gallon! On savait que tomber était quelque chose qui arrivait. Ca fait partie de l'enfance et on finissait par en rigoler. On ne se traumatisait pas pour si peu et on enfourchait nos petits vélos à nouveau et on recommençait à courir et à grimper le temps de le dire.

Tenez, il y a cette fois où j'ai eu l'idée [brillante] de descendre une ruelle sur mon petit vélo.Cette ruelle était en pente et j'étais assuré d'avoir beaucoup de plaisir à la descendre sur mon bolide. En théorie c'était génial. En pratique, pas mal moins et je l'ai découvert assez vite.Non seulement j'ai rapidement perdu les pédales mais aussi le contrôle et c'est un poteau de téléphoné qui a brusquement arrêté ma course. Tête première. Voilà de quoi j'ai eu l'air pendant un bon bout.


Pire, deux semaines plus tard c'est un escalier que je déboulais cul par-dessus tête. Et hop, un autre tour à l'hôpital. Traumatisé le p'tit bonhomme? Pantoute. J'ai continué à jouer, courir et à enfourcher mon petit vélo comme si rien ne s'était passé. Peu de temps après j'étais à courir dans la ruelle lorsque j'ai trébuché et tombé le front sur le ciment. Ma grand-mère m'a tout nettoyé ça pour ensuite me poser un petit pansement pendant que mon ami Alain était dans la cour (parce j'attendais qu'elle ait terminé de me soigner pour retourner jouer dehors). Et si on devait absolument et positivement se consoler un brin on le faisait en se cassant la mâchoire avec de la gomme Bazooka de la grosseur d'une brique ou un autre bonbon bien juteux et bien sucré. Et des fois, faire des découvertes ma foi fort intéressantes sous le balcon avec la p'tite voisine, très jolie avec ses nattes et ses beaux yeux bruns. Ha là là. 

La période du souper était précédée d'une petite pause. A quatre heures c'était Bobino, ensuite l'émission complémentaire (Sol et Gobelet, Ribouldingue, Maigrichon et Gras-Double...) après quoi on soupait. Ensuite je refilais dehors de la même façon qu'au dîner. Zwiiip! Et me faire rentrer durant la soirée c'était loin d'être un sinécure pour quiconque devait faire la job. D'abord parce que j'avais toujours plein de raisons pour ne pas rentrer; il ne faisait pas assez noir, j'avais pas fini quelque chose ou bien je cherchais un jouet. On finissait par me faire rentrer (ça prenait parfois un bulldozer) mais c'était un peu comme tirer un énorme chien dans la salle de bain pour le laver et qui veut pas. Et la salle de bain justement, était incontournable en autant que j'était concerné. Pour des raisons évidentes qui témoignaient de ce que j'avais fait durant la journée:


Et même dans le bain je continuais à m'amuser (c'est comme ça que mon G.I. Joe parlant est devenu muet). Et je serai toujours éternellement reconnaissant de ne pas avoir eu de iCochonnerie, d'internet ou de télé câblée. Ca m'a permis de passer un temps fou dehors, de tomber, d'apprendre, de découvrir, de jouer, de me salir... Bref, d'être un enfant. 

“Wow, look at the grass stains on my skin. I say, if you knees aren’t green by the end of the day, you ought to seriously re-examine your life.”
- Calvin and Hobbes

jeudi 14 avril 2011

canalis


Alors, de quoi s'agit-il? Un drôle d'édifice avec des fenêtres particulièrement crottées? D'une étrange tarte aux bleuets? De fondations d'un vieux bâtiment abandonné et envahi par l'eau de pluie? 

Nenni. 

Il s'agit d'un couvercle de canal situé au coin des rues St-Paul et de Vaudreuil dans le Vieux-Montréal (localisation via Google Maps). Fort probablement bouché, l'eau de pluie a remonté jusqu'au bord. Ces types de couvercles sont assez rares en ville, les plus communs étant ronds, mais il s'en trouve quelques uns dans le Vieux. 



Le saviez-vous? Au Pakistan, il existe dans les ruines de la ville de Mohenjo-daro bâti au 3e millénaire av. J.-C. un système complexe d'égouts permettant à la plupart des habitations de la ville d'avoir accès à une salle de bains.

dimanche 10 avril 2011

En attendant le signal



Me voici au Musée Ferroviaire Canadien à l’intérieur d'une de mes locomotives préférées; une Mogul 2-6-0 du Grand Trunk portant le numéro 713 et qui fut construite aux ateliers du GTR de Pointe St-Charles en 1900. C'est là, assis de cette façon, que j’ai reçu à maintes reprises bon nombre de visiteurs curieux d’en savoir davantage sur ces bêtes d’acier. 

Cette photo pourrait fort bien être d’époque; un mécanicien de locomotive consulte son itinéraire avant de partir de la gare, peut-être celle Bonaventure à Montréal. Le chauffeur (en anglais "fireman"), alimente la chaudière en charbon et s’assure de la bonne et pleine pression de la bouilloire. Mes vérifications ont été faites. J'ai bien huilé les nombreuses pièces mobiles de la locomotive et j'ai conféré avec le chef de train afin que nos montres soient bien synchronisées.

D’un instant à l’autre, le signal sera donné et le train partira pour une destination quelquonque avec de la marchandise, des passagers et fort probablement du courrier aussi. Le long du trajet des enfants s’arrêteront pour envoyer la main à l’équipage, des femmes qui entendent le train et qui habitent près de la voie sortiront pour rentrer le blanc étendu sur la corde. A la prochaine gare, des gens attendent ce train qui les mènera ailleurs, peut-être vers une nouvelle vie. D’autres recevront enfin des nouvelles de la parenté, établie dans la grande ville. C’était une autre époque, c’était une autre vie.

vendredi 8 avril 2011

luminis obscura



Louis-Ovide Grothé est un type qui est né en 1856. Orfèvre de formation il travaille avec son frère dans un bâtiment situé sur le boulevard St-Laurent au sud de Ste-Catherine. En 1882 il décide de se lancer dans un autre type d’entreprise de registre tout à fait différent : les cigares. Les affaires vont tellement bien qu’il fait construire en 1906 un immense édifice de cinq étages sur St-Laurent et qui s’étend jusqu’à la rue Clarke. L'architecte Jean-Zéphirin Resther en a dressé les plans. Quelques centaines de travailleurs s’activent dans l’usine où l’on fabrique des marques populaires comme Boston, Ovido en encore le fameux Peg Top, tous vendus dans de belles boîtes en métal. L’entreprise a été vendue à Imperial Tobacco en 1938. Fort heureusement le bâtiment est protégé depuis 1976 en tant que monument historique. Ici on voit la portion du bâtiment qui se trouve angle Clarke et Ontario, éclairé par le soleil de fin d’après-midi.





Le saviez-vous? Louis-Ovide Grothé a été élu maire de Cartierville en 1911 mais n’a malheureusement pu siéger bien longtemps puisqu’il est décédé peu de temps après.

dimanche 3 avril 2011

Le grand incendie de 1852

Montréal a certainement connu son lot d'incendies tout au long de son histoire. Dès les débuts de la colonie on redoutait l'élément destructeur, surtout durant les longs mois d'hiver alors que tous les bâtiments étaient construits en bois. Après l'incendie de 1721 on interdit toute construction de bois dans la ville mais pas dans les faubourgs et les villages où il était encore largement utilisé.

Avant d'aller plus loin il est essentiel de se placer dans le contexte de l'époque. Le cœur de la ville était ce que nous appelons aujourd'hui le Vieux-Montréal. C'est là que se déroule le gros de l'activité économique et commerciale et la grande majorité des immeubles sont en pierre de taille. Les faubourgs étaient des agglomérations qui se situaient principalement en périphérie de la ville et nous utilisons encore aujourd'hui ce terme pour définir certains secteurs, comme le fameux faubourg à M'lasse ou le faubourg Ste-Marie, par exemple. Les faubourgs sont essentiellement des secteurs ouvriers et les gens n'ont certainement pas les moyens de se faire construire ou d'habiter des maisons en pierre mais on commence toutefois à voir apparaître ici et là un matériau économique et durable: la brique. Son usage n'est cependant pas encore très répandu et le bois, matière tr'es abondante et peu coûteuse, est alors majoritairement employée pour la construction de maisons.

Pour avoir une idée de la distance à laquelle les faubourgs se trouvaient, imaginez être sur le coin de l'intersection Ste-Catherine et Ste-Élizabeth. A cet endroit, en 1852, vous auriez été pif-poil dans le Faubourg Saint-Laurent et, un peu plus à l'est, se trouve le Faubourg Québec. Si vous alliez plus loin encore vous auriez rencontré des petits villages ici et là en croisant sans aucun doute des charretiers transportant du foin et autres denrées. Mais revenons à nos faubourgs. Ceux-ci sont habités par les nombreuses familles  qui constituent la main d'oeuvre ouvrière des usines, petites et grandes, qui commencent à s'établir un peu partout dans le secteur.

Nous sommes le 7 juillet 1852. C'est une chaude journée d'été quand éclate un incendie dans une maison de la rue St-Laurent. Tout étant majoritairement construit de bois il n'en faut pas long pour que les flammes, nourries par de bons vents, se propagent rapidement. Au milieu du Carré St-Louis, en haut de la Côte-à-Baron, se trouve un grand bassin d'eau inauguré en 1849 et doté d'une capacité de trois millions de gallons et qui doit servir justement comme réservoir en cas de feu. Mais au moment où l'incendie éclate en bas de la côte il est d'une inefficacité totale puisqu'il a été complètement vidé afin d'être nettoyé.



Sur les deux images du haut on peut voir le carré St-Louis tel qu'il apparaissait autrefois, alors que le bassin était autrement plus grand que celui d'aujourd'hui. 

On peut voir sur la carte l'étendue de l'incendie. A l'ouest par la rue Saint-Laurent, à l'est par la rue Saint-Hubert, au sud par l'actuelle rue Viger et au nord par l'espace situé entre Mignonne (aujourd'hui Maisonneuve) et Sherbrooke. (Crédit photo: Archives de la Ville de Montréal)

Les pompiers voudraient bien faire quelque chose mais sont relativement impuissants face à ce feu qui embrase maison par-dessus maison à une vitesse fulgurante. L'eau leur manque cruellement et la chaleur intense du brasier empêche toute intervention de leur part. Les gens qui fuient leurs résidences en catastrophe sont dirigés vers le Champ-de-Mars où l'on a érigé un camp temporaire pour les sinistrés. Ceux-ci totalisent entre 9000 et 10000 personnes et plusieurs seront relogés temporairement au monastère du Bon-Pasteur sur la rue Sherbrooke.
 L'image du haut nous montre les gens rassemblés au Champ-de-Mars. Celle du milieu fait état des dommages alors que sur celle du bas on peut voir les camps de fortune installés pour loger temporairement les sinistrés. (Crédit: Archives de la Ville de Montréal).

Le feu continue de tout ravager et ce, pendant deux jours, puis, s'éteint de lui même, n'ayant plus rien à consumer. Alors que la fumée se dissipe commence à apparaître un paysage désolant, quasi-apocalyptique où se dressent au milieu des ruines des morceaux de bâtiments encore debout. Près du quart de la ville est en cendres.  
 Une peinture représentant l'incendie (Crédit: Musée McCord).


Le brasseur John Molson et son épouse, parmi les ruines de son entreprise. 


L'étendue finale des dommages sont clairement indiqués en rouge et en bleu sur cette carte d'époque. Toute ce que ces deux couleurs englobent a été détruit par le feu. 


Au conseil de ville on étudie la catastrophe et il devient rapidement évident que de nouveaux règlements concernant les méthodes de constructions sont requises. On légifère donc en ce sens et l'interdiction de construire en bois, déjà en vigueur dans la ville, est étendue aux faubourgs mais n'affecte pas les villages situés plus loin, ils seront cependant assujettis à cette réglementation au fur et à mesure de leurs annexions respectives au début du vingtième siècle.

On constate aussi que le réservoir du carré St-Louis, même s'il aurait été rempli et utilisé durant l'incendie, aurait été insuffisant et on convient d'en construire un plus gros ailleurs. On en confie la construction à Thomas C. Keefer, ingénieur et le nouveau réservoir, nommé McTavish, est construit en 1856 sur l'avenue Des Pins à l'angle de McTavish. De puissante pompes hydrauliques acquises par la ville puisent alors l'eau dans le fleuve et l'achemine dans le réservoir, lequel peut alors contenir quelques 13 millions de gallons d'eau.

Aujourd'hui il n'y a évidemment plus aucun signe de l'incendie de 1852 et à cet égard il n'y aucune plaque qui rappelle ce triste événement non plus. Le réservoir du carré St-Louis a cessé d'être utilisé comme réservoir en 1879 et c'est en 1894 que l'on a entreprit de construire le bassin que l'on peut admirer aujourd'hui. Quant au réservoir McTavish il existe toujours mais n'est plus à ciel ouvert et c'est par-dessus que l'on a aménagé le parc Rutherford.




Le saviez-vous? Il faut moins de temps aujourd'hui à un incendie pour détruire une résidence qu'il y a trente ans. À cette époque lorsqu'un incendie éclatait les gens disposaient en moyenne de 17 minutes pour évacuer alors qu'aujourd'hui ce temps est réduit à 3 minutes seulement. N'oubliez pas de vérifier régulièrement les piles de vos détecteurs, dormez la porte de chambre fermée et élaborez un plan d'évacuation.