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dimanche 9 octobre 2011

Spécial Halloween: Les illustrations d'Aurora

Je vous en parlé avant. Peut-être ad nauseam, même. N'en reste pas moins que dans le temps où j'étais gosse je trippais sans bon sens sur les modèles à coller de monstres Aurora. On pouvait en retrouver un peu partout en ville mais c'était surtout à l'Oiseau Bleu (la division hobby) au coin de Desjardins et Ste-Catherine qu'on pouvait retrouver à peu près toute la série.

Afin de mettre ces modèles en valeur, et les rendre attrayants, Aurora retient les services de l'illustrateur James Bama afin qu'il produise les illustrations devant figurer sur les boîtes. Bama était un illustrateur talentueux et à ce moment-là il avait fignolé plus de 500 couvertures de livres de poche Bantam, dont les romans de Doc Savage.

Les boîtes d'Aurora étaient rectangulaires, mesurant 13 pouces par 5 alors Bama s'est exécuté selon cet impératif. Les oeuvres de Bama, 22 au total, étaient souvent plus larges que le format imprimé, souvent même jusqu'à deux fois plus grands. Succès instantané et phénoménal: les modèles de monstres Aurora se vendent comme des p'tits pains chauds.

 La boîte de Dracula originale. Le sinistre personnage est mis en valeur avec une large fenêtre derrière lui ainsi que des chauves-souris, illustrant le lien entre Dracula et ces créatures de la nuit. 

 L'inspiration de Bama, soit une photographie de Bela Lugosi dans le rôle de Dracula. 

En 1969 Aurora décide comme ça de relancer sur le marché six de ses monstres mais avec une nouvelle innovation: l'ajout de pièces phosphorescentes. Des trucs qui brillent dans le noir c'était pas forcément nouveau mais d'inclure ça dans des modèles à coller l'était et ça permettait de donner aux personnages une allure fantomatique. Avec ça, s'étaient dit les dirigeants d'Aurora, on va en vendre en pas pour rire!

On avait aussi décidé de rééditer les modèles dans des nouvelles boîtes. Carrées, celles-là et mesurant huit pouces par huit pouces. Problème: les illustrations de Bama étaient rectangulaires. Il fallait aussi assez d'espace pour l'éclaté portant la mention "Glow in the Dark", effet que les nouvelles illustrations devaient refléter. 

On demande donc à Bama de refaire les illustrations selon le nouveau format tout en s'appuyant sur les illustrations originales qu'il avait déjà réalisée. Ce faisant, il pouvait créer les nouvelles illustration plus rapidement.

Ici, on peut voir la seconde version de Dracula que Bama a modifié en l'élargissant vers la gauche. On voit aussi quelques tracés à la mine lors de la réalisation de l'illustration originale. Pour le format maintenant carré, on perdait une partie des jambes de Dracula.

La version finale.

La boîte originale du Phantom.

L'image source dont s'est servi Bama.
Ici, Bama a enlevé le prisonnier derrière la porte métallique tout en l'élargissant, et en a profité pour donner plus de volume à la cape, permettant d'emplir l'espace négatif. Tout en bas, ce qui ressemble à des petites cibles sont en fait des marques de registre, utilisées par l'imprimeur pour aligner les couleurs. 

La version finale, où l'illustration a été inversée horizontalement. L'éclaté "Glows in the Dark" emplit l'espace qu'occupait le prisonnier. 

La boîte originale de Frankenstein, telle qu'elle est apparue en 1961. En ce qui concerne Frankenstein il est assez évident que Bama s'est de nouveau servi de son original. Toutefois, à la différence des autres monstres, Frankenstein était déjà assez verdâtre dans sa version originale. Les modification n'ont donc pas été aussi exhaustives. Bama a simplement gommé l'arrière-plan original pour en créer un nouveau, plus éthéré.

La version finale.

Probablement l'image source qu'a utilisé Bama. On reconnaît ici Lon Chaney Jr.

 Le Wolfman original. Pour Wolfman c'est un petit peu différent. D'abord parce que l'illustration sur la boîte rectangulaire ne correspondait pas vraiment avec le modèle dans la boîte, contrairement aux autres modèles qui étaient plus ou moins conformes. Ici, on a plutôt demandé à un certain Harry Schaare de produire une nouvelle illustration non seulement plus conforme au modèle mais aussi qui incorporerait les fameux morceaux phosphorescents, ainsi qu'un nouveau décor délavé, semblable à celui que Bama avait peint pour la seconde version de Frankenstein.

 La version finale. Cette fois, si l'illustration est fidèle au modèle, on a fait disparaître toute ressemblance avec Lon Chaney Jr. Et si l'on souvient du film classique, le loup-garou était toujours vêtu d'une chemise. 

La boîte originale de Dr. Jekyll as Mr. Hyde. Bama a repris son illustration originale, mais cette fois a dû la retravailler davantage que les autres. Au lieu d'un arrière-plan incertain on retrouvait ici le laboratoire de Dr. Jekyl. 
 La version modifiée. La table a été rallongée sans y avoir rajouté d'élément, ce qui aurait alourdi inutilement. Bama a aussi prolongé la bibliothèque et donné plus de volume aux rideaux de la fenêtre ouverte. 

 La boîte originale de Godzilla en 1964. On note la mention de Toho Productions, la compagnie Japonaise qui détient les droits sur le personnage. Bama a cogné la balle en dehors du champ centre avec cette illustration qui démontre toute l'horreur d'un Godzilla qui sème la pagaille; un faciès résolu, une ville en feu et des éclairs qui déchirent le ciel. 

 La deuxième version. Ici Bama a bien entendu refait Godzilla, mais en a profité pour repeindre l'arrière-plan, plus horizontal cette fois. On aurait aimé que les éclairs aient été conservé. 

Le Prisonnier oublié de Castel-Maré est apparu en 1966 suite à une collaboration entre Aurora et le magazine Famous Monsters of Filmland. Il s'agissait aussi du dernier des treize modèles de monstres de Aurora. Ici, on y voit un pauvre quidam squelettique, attaché au mur de pierre d'un sinistre cachot où gisent également les reste d'un locataire précédent.

Ici, l'exercice était plus simple pour Bama. Il ne suffisait, outre les retouches au squelette, que de rallonger le mur de pierre tant à gauche qu'à droite. L'utilisation de la couleur rouge sert ici à faire ressortir la brillance du prisonnier. 

 La version finale; logo en bas à droite et l'éclaté "Glows in the Dark" en haut à droite, surmontée de la mention de Famous Monsters of Filmland. 

Les modèles "The Creature" et "The Mummy" ont souvent été considérés comme des illustrations refaites par-dessus les originaux mais il semble que ce n'est pas le cas. Certains prétendent que les nouvelles illustration ont été réalisées par Schaare alors que d'autres disent qu'il s'agit encore et toujours de James Bama.  Comme on peut le voir, les illustrations originales qui ont servi pour les boîtes rectangulaires étaient originalement une seule illustration qu'on a ensuite coupée en deux.

La deuxième version. On reconnaît ici l'arrière-plan délavé, et dépourvu de tout détail. 

 Sur la boîte on note que les couleurs sont moins vives que sur l'illustration originale, et que l'arrière-plan a été changé de nouveau. 

"The Creature", dans sa nouvelle version. Absence d'arrière-plan et couleur unie afin de faire ressortir la créature. 

 La version finale sur la boîte.

L'illustration originale de Bama pour La sorcière. La plupart des éléments dans cette illustration se retrouvaient dans la boîte.  

Pour créer la sorcière, Bama avait demandé à son épouse de servir de modèle. L'histoire ne dit pas si Bama a couché sur le divan par la suite. 

Cette fois, Bama a entièrement refait l'illustration et cette fois les différences sont assez notables. La nouvelle version est à mon sens meilleure que l'originale, surtout avec l'expression de la sorcière qui semble plus inquiétante que dans la première, mais aussi avec un meilleur équilibre entre les différents éléments, et que le format carré a permis de réaliser. 

La boîte originale de la seconde version. 

Le fameux Huntchback of Notre-Dame a une histoire intéressante. Le film du même nom mettait en vedette Anthony Quinn dans le rôle du Bossu et puis quand Aurora a conçu le modèle de ce personnage, Bama a pondu une illustration en se basant justement sur Quinn, lequel n'a pas aimé alors Bama a dû légèrement modifier le personnage.

Deuxième version, circa 1965 où l'on voit un visage nettement différent. 

Pour la nouvelle version, Bama a opté de rallonger l'arrière-plan plutôt que d'en peindre un complètement uni comme pour La Créature, ou la Momie.  

King Kong, version 1964 avec, dans sa main, la pauvre Anne Darrow. 

Pour la nouvelle version Bama n'a apporté que peu de changements à la composition originale. Quelque couleurs changées et un recadrage. 

Aujourd'hui les boîtes originales Aurora transigent à des prix assez alléchants sur eBay. Il y a un certain temps un type assez chanceux a pu mettre la main sur une boîte d'expédition qui contenait plein de boîtes de monstres encore scellées. On peut deviner la petite fortune qu'a fait le type en question, lequel les a vendu aux plus offrants.




Le saviez-vous? En 1977 la compagnie Aurora, qui appartenait alors à Nabisco, a été vendue à son ancien rival, Monogram. Au fil des ans, les monstres d'Aurora ont été réédités par Revell, Monogram, Polar Lights, Atlantis et Moebius. 

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