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samedi 7 décembre 2013

L'art de Mitchell Hooks

Durant les années 70 il pouvait arriver encore de rencontrer ces romans de poche, souvent issus d’une autre époque et qui n’avaient pas encore trouvé preneur. Des histoires de crimes, de mœurs ou d’intrigue qui n’étaient pas exactement de la catégorie Pullitzer avec des récits étaient souvent mal bâclés et généralement peu inspirés. Par contre, les couvertures étaient de véritables petits chef-d’œuvres en soi où elles étaient illustrées comme s’il s’agissait de films avec des slogans accrocheurs et des filles plus ou moins habillées. C’était vendeur. Aujourd’hui ces livres sont prisés des collectionneurs et peuvent aller chercher de bons prix.

Un des artistes ayant laissé sa marque pour ces fameuses couvertures est Mitchell Hooks, né à Détroit en 1923. Hooks dessinait tout le temps et il était, selon son oncle, un artiste autodidacte qui était très bon et l’a ainsi encouragé à poursuivre cette voie. C’est comme ça qu’il s’est retrouvé au CAS Technical High School de Détroit, une école créée spécialement pour ceux qui n’avaient aucun espoir d’entrer un jour dans un collège. Hooks n’a eu que d’excellents souvenirs de cet endroit, «…rempli d’illustrateurs professionnels, de designers et plein d’autres bonnes personnes qui nous ont tout appris ce qu’on avait à savoir du métier.»

Hooks a gradué puis s’est retrouvé chez General Motors. La Seconde guerre faisait alors rage et les priorités du constructeur automobile étaient alors réorientées vers l’approvisionnement des forces armées en équipement. On lui confia la tâche de prendre des «blueprints» et de les convertir en trois dimensions, un travail important mais qu’il a vite appris à détester. Ainsi, lorsqu’il s’est lui-même retrouvé dans l’armée il s’est bien gardé de dévoiler ses habilités artistiques, de peur qu’on lui confie de nouveau ce genre de boulot. Comme il préférait se faire tirer dessus plutôt de bizouner sur des plans il fut expédié en Europe en 1944 dans un régiment d’infanterie et fit partie des forces d’occupation en Allemagne après la fin de la guerre, après quoi il a tenté sa chance à New York comme illustrateur. Il a commencé à produire des couvertures de roman alors qu’il s’est un jour présenté chez l’éditeur Signet Books avec un exemple de son travail et ils ont aimé.

Un truc que Hooks a découvert assez rapidement c’est que les éditeurs de ces bouquins exigeaient toujours que les illustrations comportent des demoiselles légèrement vêtues et parfois même complètement nues. C’est du sexisme crasse, évidemment, mais c’était un impératif auquel non seulement Hooks a dû se plier mais tous les autres artistes également.

Le style de Hooks fut, pendant une bonne période, assez linéaire, empruntant un stylisme tirant que l’impressionnisme, parfois mêlé avec des éléments «sketchés» ou résolument simplistes mais dont l’ensemble me qui me plaît bien, est toujours très efficace. Plus tard, alors que les goûts éditoriaux ont changé, Hooks s’est orienté vers un réalisme quasi-photographique. En plus de produire des couvertures pour des éditeurs comme Avon, Bantam, Dell Books, Fawcett Publications et autres, Hooks a aussi produit quantité d’illustrations pour des magazines comme Cosmopolitan, Reader’s Digest, Saturday Evening Post, Redbook et autres. On lui doit aussi l’affiche de James Bond Dr. No. En 1999 Mitchell Hooks a été intronisé dans la Society of Illustrators et nous a quitté en mars 2013 à l’âge vénérable de 89 ans. Quoiqu’il en soit, voici une sélection de quelques unes (ho hum) des couvertures qu’il a réalisées. Vous pouvez cliquez sur chacune des images pour qu'elle s'agrandisse en plus grand format.































Le saviez-vous? Avant que les artistes s’organisent en tant que Graphic Artists Guild, les œuvres qu’ils produisaient ne leurs étaient jamais retournées. Aussi, ceux-ci ne rencontraient jamais les auteurs des livres dont ils produisaient les couvertures et n’avaient souvent qu’une très vague idée de l’histoire. Les éléments des couvertures apparaissaient selon ce que le directeur artistique désirait et le design final était conçu par un graphiste.
 

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