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vendredi 17 octobre 2014

Les maisons hantées de carnavals

Les maisons hantées de carnaval ont connues leurs plus belles années durant les années 60 et 70 alors que chaque parc d’attractions en avait au moins une. Pour les malchanceux et malchanceuses qui n’ont pas connu ces merveilleuses choses, et pour probablement rappeler de bons souvenirs aux autres, je vous propose aujourd’hui un article dans lequel j’explique l’ABC des maisons hantées de carnaval et comment tout ça fonctionnait.

On va commencer par le tout début et voir un peu en quoi consiste une maison hantée. Il s’agit tout simplement d’un parcours que les gens font au travers une maison, laquelle est truffée de squelettes, monstres, sorcières, goblins et autres créatures qui n’ont autre fonction que de vous faire faire dans votre froc.

Maintenant, ces maisons hantées se divisent en deux catégories distinctes; la première consiste en une structure dont le parcours se fait assis dans un petit charriot sur rail et qui suit son chemin de façon automatisée. Une fois parti ce dernier ne s’arrête que lorsqu’il ressort à la fin. Le Moulin de la sorcière, dont je parlais plus haut, était de ce type.

Le parcours intérieur se déroulait évidemment dans le noir le plus total et de changer subitement de direction, de monter ou descendre faisait évidemment partie du programme destiné à faire peur. Comme je le disais, le charriot ne s’arrêtait pas et comme les scènes d’épouvante n’étaient vues que pour un très court laps de temps nul besoin d’avoir des mises en scène élaborées. Généralement on utilisait des catins animatroniques affublés de masques en caoutchouc ou de vulgaires pantins de papier mâché barbouillés de peinture fluorescente. Des pierres tombales en styromousse, de la broche à poule et un hibou à dix dollars acheté dans un magasin de grande surface suffisaient. Tout dépendant du budget on pouvait aussi se procurer des appareillages d'épouvante mécanisés prêts à l'emploi. 






Pour produire un effet maximum sur la «clientèle» on misait sur l’effet de surprise créé par la bibitte en question qui surgissait subitement avec un éclairage subtil, animée par des contacts électriques sur les rails, et généralement accompagnée de sons stridents. Quelques secondes plus tard, une fois le charriot passé, elle regagnait son antre et tout redevenait noir. Le stratagème se répétait une dizaine de pieds plus loin avec une autre mise en scène. Pour offrir une variation sur le thème certaines maisons hantées simulaient, par exemple, un déraillement. Les gens voyaient l’endroit où le charriot se dirigeait et tout d’un coup il tournait brusquement dans un fracas, parfois en descendant une petite pente. Ça ne manquait jamais de causer quantité de cris de frayeur. Aussi, durant le trajet, on pouvait placer des portes de métal peinturées de noir mat, parfaitement invisibles, et conçues pour produire un vacarme de tous les diables.

Ces maisons hantées nécessitaient toutefois quantité de travaux d’entretien et aussi des réparations. Par exemple, il pouvait arriver qu’un contact électrique soit défectueux et qu’une mise en scène ne s’anime pas. Ça pouvait aussi être un charriot qui cahotait durant le trajet ou encore des lumières de sortie d’urgence brûlées. Quoiqu’il en soit, une fois les lumières allumées l’intérieur de la maison hantée ressemblait parfois à un chantier et n’avait rien de bien effrayant. Ici et là des fils électriques, des portes d’accès, des coffres s’outils, extincteurs et autres se retrouvaient un peu partout. Nul besoin de les dissimuler car les visiteurs, plongés dans le noir, ne les voyaient pas. Certaines maisons comportaient même un atelier sur place où l’on pouvait effectuer tous les travaux requis. Des passages «secrets» permettaient aux employés de suivre les charriots afin de s’assurer que des gens ne débarquent pas durant le trajet ou de venir en aide à ceux qui restaient coincés suite à une défectuosité.

L’extérieur de ces maisons était dichotomique; Les côtés et l’arrière, souvent inaccessibles au public, étaient bien ordinaires et n’avaient rien de bien particulier. Seule la devanture avait une apparence d’épouvante. Celles-ci étaient souvent très élaborées. Outre des mannequins animés il se trouvait des systèmes d’éclairages complexes, sonorisation d’usage et décoration appropriée. Voici d’ailleurs quelques exemples types :



 



Plusieurs de ces maisons hantées étaient fabriquées sur place, sur mesure selon des spécifications précises propres aux propriétaires des parcs. Si l’espace était restreint et aussi pour des raisons de budget, elles pouvaient aussi être achetées toutes faites et livrées clé-en-main. Un marché de maisons hantées usagées permettait aussi de faire des économies substantielles puisque l’on pouvait se les procurer pour une fraction du prix d’une neuve.

La deuxième catégorie de maisons hantées est celle du type que l’on visite à pied. Celle-là est foncièrement différente de la précédente pour plusieurs raisons et les entrailles, on s’en doute, étaient assez différentes. Dans ce modèle les gens avancaient à leur rythme et de ce fait les mises en scènes ne pouvaient être des agencements boboche barbouillés de peinture fluo car les gens les voyaient plus longuement. Pour ce faire deux options s’offraient; la première était de construire des mises en scène élaborées utilisant des mannequins convaincants ou encore de faire appel à des gens costumés. C’était le cas du House of Haunts à Gannanoque en Ontario. Toutefois, les employés étaient soumis à des codes de conduite très stricts. Un job de rêve? Voyons plutôt si c’était bien le cas.

D’abord les employés se voyaient confier des rôles bien définis et se devaient «de n’opérer» que dans les secteurs qui leurs étaient assignés. Il leur était également interdit de «sortir» du personnage et de fraterniser avec les visiteurs même si ce n’était pour dire qu’il faisait chaud sous le costume. Dans un même ordre d’idée les discussions entre employés étaient aussi interdites. Les costumes, même s’ils étaient fournis, étaient la responsabilité des employés quant au nettoyage. La lampe de poche, obligatoire, faisait partie intégrante de l’uniforme et ne devait être qu’utilisé qu’en cas d’urgence. Quant aux visiteurs, interdiction totale et formelle de leur toucher et ce, sous peine de renvoi. Aussi, comme ces maisons hantées opéraient selon des horaires précis les retards ne pouvaient être tolérés, pour des raisons évidentes.

L’autre aspect des coulisses est celui qui concerne la loi. Chaque maison hantée, peu importe son type, doit se conformer aux règlements municipaux en vigueur. Ça inclut les systèmes d’incendie, détecteurs de fumée, issues de secours clairement indiquées et avertissements clairs à la clientèle à risque; personnes avec des conditions cardiaques, sujettes aux crises de panique, agoraphobes et femmes enceintes.

Durant les années 60,70 et 80 il se trouvait deux de ces manèges à Montréal; la Maison Hantée du Parc Belmont, dont je vous ai déjà parlé ainsi que le Moulin de la Sorcière à La Ronde, tous deux de type à charriot. Ils ont chacun remporté un vif succès et les enfants se pressaient toujours pour aller y faire un tour. Ils n’existent plus ni l’un ni l’autre; le Parc Belmont a été fermé au début des années 80 et La Ronde a retiré le Moulin du site il y a de cela un certain temps. C’est un peu dommage dans le fond.

Aujourd’hui, et à moins que je ne me trompe, les maisons hantées les plus proches de Montréal se trouvent dans le secteur de Clifton Hill à Niagara Falls. Il se trouve là toute une petite brochette de ces attractions qui opèrent généralement toutes avec des employés costumés.









Le saviez-vous? Aux États-Unis on compte pas moins de 2,000 de ces établissements lesquels reçoivent en moyenne plus de 12 millions de visiteurs par an. Avec les billets d’entrée, évènements et marchandises diverses, l’industrie des attractions hantées est une affaire de plusieurs milliards de dollars.











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