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mardi 28 avril 2015

turri


Tenez, voilà une petite coquetterie architecturale de Montréal que j’aime bien; la tourelle. Cette inspiration nous provient directement des châteaux-forts de l’époque médiévale quoique la variante moderne n’ait absolument rien à voir avec l’originale, bien entendu. 

Les tourelles sont apparues vers 1870, timidement d’abord et se sont multipliées par la suite pour connaître leur apogée vers 1885. Cet élément décoratif a été accompagné d’autres coquetteries architecturales comme les pignons et cheminées décoratives. Les tourelles comportaient des variantes intéressantes qui allaient, bien entendu, avec les moyens financiers desdits propriétaires. Certaines tourelles étaient assez grandes pour pouvoir y aménager une pièce avec fenêtres alors que d’autres ne faisaient que chapeauter le coin de la maison, comme c’est le cas ici.

Elles étaient majoritairement fabriquées en bois par des menuisiers puis recouvertes soit de fer blanc, d’ardoise ou possiblement un autre matériau. Les tourelles étaient ensuite peintes aux goûts des propriétaires, parfois de couleurs vives ou tout simplement en argent. Malheureusement il arrive encore trop souvent lors de rénovations que des tourelles soient carrément démolies car elles ne cadrent plus avec les nouvelles lignes architecturales, ce qui est bien dommage. Les tours et tourelles font partie intégrante de l’architecture des bâtiments où on les trouve. Les enlever n’est jamais recommandé parce que leur retrait créé non seulement une certaine confusion. Aussi, les nouveaux genres «à la mode» sont malheureusement trop souvent éphémères.




Le saviez-vous? Autrefois les tourelles étaient appelées «poivrières» et leur fonction était de permettre la surveillance des environs immédiats et une variante portait le nom d’échauguette.  

samedi 25 avril 2015

Galactic Funk

1977 c’est l’année Star Wars mais aussi celle de Saturday Night Fever, deux films qui ont connu leur lot de succès. Accessoirement les trames sonores qui en ont été tirées, ont été aussi très populaires. Puis, la même année, un type du nom de Meco Monardo a eu l’idée de mêler les deux genres, soit d’interpréter la composition de Star Wars par John Williams à la sauce disco, un peu comme Electric Moog Orchestra et dont je garde un souvenir quelque peu amer. Meco propose l’idée à Neil Bogart alors chez Casablanca Records mais rien ne bouge, enfin, jusqu’à ce que Star Wars ainsi que sa trame sonore connaissent un très grand succès. Meco et sa bande de joyeux drilles accouchent d’un disque qui est rapidement devenu très populaire et qui s’est même classé en tête du Billboard Hot 100, le 1er octobre 1977. L’album est devenu une sorte de petite légende musicale en soi qui trouve encore preneur aujourd’hui soit en version CD ou originale sur vinyle. 


La face A comporte les pièces tirées de Star Wars alors que sur la face B il s’agit de trois tounes appelées respectivement Other, Galactic et Fun. La pochette de l’album quant à elle est parfaitement hystérique avec ses deux personnages se tamponnant le cul en dansant n’a jamais manqué de me faire sourire avec son style très pop-rétro-futuriste tiré tout droit des films de série Z de science-fiction des années 50 agrémenté de airbrush si caractéristique de la fin des années 70. Chose impensable aujourd’hui, Meco n’a jamais contacté John Williams pour la production du disque et ce dernier n’en savait absolument rien mais alors là rien du tout. Il a fini par apprendre et même par écouter la version de Meco, de façon appréhensive, on s’en doute bien. Mais finalement Williams a apprécié et a crédité Meco pour avoir rendu la musique symphonique plus populaire. Et pour vous donner une idée, voici un petit extrait.





Le saviez-vous? Saturday Night Fever, tant le film que la bande sonore, a beau avoir été populaire, il n’en demeure pas moins qu’en 1977 le disco était un genre musical qui avait énormément perdu en popularité et qui approchait la fin. 

mercredi 22 avril 2015

Frigidaire en 1959


1949. La Seconde guerre est terminée depuis quatre et l’économie de guerre est lentement remplacée par une économie de paix. L’époque des privations et des coupons, qui limitait la nourriture, les matériaux de construction, l’essence et bien d’autres choses, est belle et bien terminée. Une des conséquences de ce changement est que de plus en plus de ménages peuvent alors se permettre des biens de consommation auparavant trop dispendieux pour eux. Parmi ces biens on note les électroménagers comme ceux que nous présente aujourd’hui General Motors dans cette pub parue en avril 1949.

Frigidaire est une marque de commerce qui non seulement existe encore mais qui s’est tellement bien établie qu’on en est venu à appeler ainsi n'importe quel réfrigérateur qu'il soit un Frigidaire véritable, un Bélanger, un Roy, un Westinghouse, un Coldspot ou autre. Ainsi, les gens s’achetaient un frigidaire. Ils mettaient la nourriture dans le frigidaire. Ils faisaient venir un réparateur parce que le frigidaire était brisé. Les clés tant cherchées se trouvaient sur le dessus du frigidaire. Le mot est tellement entré dans le langage populaire qu’on l’a même abrévié pour… frigo. Et pas seulement ici! En Australie et aux États-Unis il est désigné comme «fridge», aux Philippines on utilise «pridyider» alors qu’en Hongrie c’est plutôt «fridzsider». La marque de commerce se trouve parmi d’autres qui se sont lexicalisées au fil des ans. Les Écureuils pourraient vous en dire plus à ce sujet.

Quant au poêle, d’une largeur de 40 pouces, il ne pouvait évidemment qu’être installé là où l’espace le permettait. Aujourd’hui le standard est plutôt de 30 pouces. L’utilisation de l’électricité présentait des avantages indéniables sur le gaz comme un prix d’achat moins élevé ainsi qu’une surface de cuisson plus facile à nettoyer. Aussi, les éléments de cuisson assuraient une meilleure stabilité quant aux chaudrons et cafetières. La mise en marche ou d’arrêt se faisait en tournant simplement une roulette et une distribution plus égale de la chaleur permettait une meilleure cuisson. De plus, on éliminait les dangers que posait l’utilisation du gaz et des fuites potentielles, lesquelles pouvaient facilement et rapidement empoisonner une maison au complet. Sans compter que le gaz a longtemps été la cause principale des incendies domestiques.Les quelques inconvénients se limitaient au fait que le poêle ne refroidissait pas aussi rapidement qu’une poêle au gaz et il pouvait faire «sauter» les fusibles. 

Et combien coûtait un réfrigérateur en 1949? La moyenne se situait autour de $250 mais la plupart des détaillants offraient des possibilités de versements minimes en retour d’un paiement initial. Dans la publicité d’en-dessous pour le compte de J.R. Castagner, il suffit d’un acompte de $40 avec des versements mensuels de $10. Le tout sans intérêt.



En 1949 le premier ministre du Canada est Louis St-Laurent, le premier ministre du Québec est Maurice Duplessis et le maire de Québec, Lucien-Hubert Borne. 1949 est l’année de la fameuse «grève de l’amiante» qui a opposé les mineurs d’Asbestos et Thetford Mines aux employeurs. Les demandes des travailleurs, parfaitement raisonnables, se cognaient à une fin de non-recevoir. Pour faire avancer les choses, les travailleurs se sont alors mis en grève, quelque chose d’assez rare à l’époque. Cette grève n’a pas manqué de mettre le feu au tuyau d’échappement de Duplessis mais ce dernier était épaulé par le tout-puissant clergé et de ce fait, gloussait comme un dindon. Il s’est cependant étouffé dans son ricanement lorsqu’il a entendu monseigneur Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal, prendre ouvertement position pour les grévistes. Malgré le fait que les choses ont rué dans les brancards, le conflit a finit par se régler et a marqué le Québec comme étant l’un des premiers pas vers la révolution tranquille. Et justement le clergé va, en 1950, en laisser une empreinte de pas dans l’arrière-train de monseigneur Charbonneau à cause de sa prise de position pro-ouvrière durant le conflit de l’amiante. Il va être ipso-facto remplacé par Paul-Émile Léger. Côté divertissement, et qui donne des pustules à monseigneur Léger, y’a toujours la sémillante Lili St-Cyr qui se déhanche langoureusement au Gayety et dont les spectacles élaborés font courir les foules. Pour les autres, moins porté sur la chose burlesque, y’a toujours Un homme et son péché qui est présenté au cinéma, il s'agit du premier film tiré du roman de Claude-Henri Grignon et qui fut publié pour la première fois en 1933.



Saviez-vous ça vous autres? On sait pu oussé qu’on a mis l’Kodak©. On a pensé que y’était dans l’armoire à côté d’la boîte de Kleenex© pis de Q-Tips© mais comme c’était pas l’cas on s’est dit qu’il pouvait être quelque part su’l Frigidaire© avec le Thermos© pis l’rouleau de Scotch-Tape©.  

dimanche 19 avril 2015

ostium III


Magnifique entrée d’immeuble que celle-ci, dénichée dans l’ouest de la ville. L’architecture est très intéressante de par son apparence qui emprunte aux anciens châteaux d’Europe. Ici on semble avoir fait largement usage de pierre artificielle pour l’ensemble des composantes; des colonnes baguées à l’arc au-dessus de la porte qui semble un mélange intéressant d’arc en anse de panier et d’arc Tudor. Les bas-reliefs plus haut aussi qui eux semblent tirer sur l’architecture romane. Toutefois, cette pierre partage une caractéristique avec le calcaire soit celle de s’user au gré des éléments. Quant aux portes de bois aux vitres à motifs gravés et poignées de cuivre, elles assurent une durabilité et ajoutent une touche d’élégance certaine.

Le saviez-vous? Si les Chinois et les Égyptiens utilisaient des mortiers à base de chaux les Romains ont été les premiers, dès le 1er siècle, à utiliser des cendres volcaniques afin de permettre au ciment de «prendre» sous l’eau. La technique a été perdue pendant des centaines d’années avant d’être «redécouverte» à la fin du 18è siècle.

jeudi 16 avril 2015

tene laterem


Mur de brique d’une maison de style ouvrier, quelque part dans les joyeux méandres du mile-end où j’aime tant me perdre. On a affaire ici à un bâtiment vraisemblablement construit vers la fin du 19è siècle, ce qui est visible par la brique commune qui montre quelque peu son âge. Quelques réparations dans la maçonnerie sont cependant visibles et c’est bien normal. La vibration causée par le passage de véhicules est connu pour affecter la structure des bâtiments, tout comme les polluants atmosphériques et les côtés exposés au vent et au soleil sont bien entendu plus susceptibles d'être affectés. Dans d'autres cas c'est le sol lui-même qui peut être en cause. Les racines d'arbres, à proximité, peuvent se faire dessécher le sol majoritairement argileux qu'on retrouve partout en ville. Cet assèchement affecte par conséquent la stabilité. Toutefois, à l'époque où cette maison a été construite, l'utilisation d'éléments isolants n'était pas de rigueur ce qui pouvait affecter la structure.
 
Avant le grand incendie de 1852 il n'était pas obligatoire de construire des bâtiments avec de la brique, le bois était encore le matériau de choix, mais ce l'est devenu par la suite. L'interdiction d'utiliser le bois a d'abord touchée la ville elle-même mais pas les villages éparpillés sur l'île, ce qui a évidemment changé lorsque ces villages ont été successivement annexés à Montréal au fil des ans. La brique était peu coûteuse et se voulait une alternative à la pierre de taille, trop coûteuse pour plusieurs.

Il est intéressant ici de noter les lisses taillées directement dans la pierre, la même dont on se servait dans le temps pour fabriquer les bordures de trottoir. À l’étage inférieur on remarque des arcs en brique tout simples alors qu’à l’étage supérieur on a préféré utiliser des linteaux en pierre artificielle. Les cadres quant eux, s’ils sont fort probablement aujourd'hui’hui en aluminium, étaient autrefois en bois. Cette brique, comme je l'ai mentionné plus haut, est dite commune mais il s'en trouvait d'autres variétés, comme la brique vernissée par exemple. 



Le saviez-vous? Lors d’un voyage sur l’île de Montréal en 1611 Samuel de Champlain a presqu’immédiatement noté le potentiel du terrain pour fabriquer de la brique; «…quantité de prairies de très bonne terre grasse à potier tant pour bricque que pour bastir.»1


1 : Œuvres de Champlain, par l’abbé Charles-Honoré Laverdière. 

vendredi 10 avril 2015

verticalis II


Nous voilà très exactement au pied de l’édifice Lewis dans le Vieux-Montréal. C’est à l’angle des rues St-Jean et de l’Hôpital pour être diantrement plus précis (ou pour les ceuzes qui veulent aller voir de visu sur place). De par le soleil on peut tout de suite voir que j’ai pris cette photo dans l’avant-midi et j’ai fait un peu exprès de décentrer la photo pour donner davantage d’espace au côté éclairé.

Cette bâtisse-là a été construite en 1912 par la Lewis Building Company qui a ensuite loué les espaces à différents locataires, lesquels sont arrivés l’année suivante. On nage ici dans le style gothique néo-Tudor et on doit les plans à l’architecte Kenneth Guscotte Rea à qui l’on doit d’autres bâtiments dont l’usine de Coca-Cola sur Bellechasse, des banques ainsi que des résidences dans le Golden Square Mile, entre autres.

L’édifice compte dix étage, pas plus parce que c’est la limite qui est imposée par la ville de Montréal à l’époque. On va changer ça 1920 mais pour le moment c’est dix. Guscotte Rea va tout de même s’amuser à insérer des créatures grimaçantes ici et là ainsi que des gargouilles en haut complètement mais que l’on ne peut distinguer ici.

En 1912 le premier ministre du Canada est Robert Borden, le premier ministre du Québec Lomer Gouin et le maire de Montréal Louis-Arsène Lavallée. 1912 c’est évidemment l’année du terrible naufrage du Titanic en avril mais en juin ce sont le gens de Chicoutimi qui vivent un drame puisqu’un incendie dévastateur détruit la cathédrale, le séminaire, le château Saguenay et plusieurs maisons. Le fait français en prend aussi pour son rhume en 1912, d’abord au Manitoba où le territoire est agrandi mais Borden ne garantit aucun droit aux francophones de ce secteur. En Ontario le gouvernement de la province s’arrange pour que toutes les écoles soient sous la gouverne d’inspecteurs anglo-protestants en plus de n’autoriser qu’une seule heure de français par jour. En décembre le prince Arthur inaugure le nouveau bâtiment de l’Art Association of Montreal au 1379 de la rue Sherbrooke. L’œuvre des architectes Edward et William Maxwell deviendra plus tard le Musée des Beaux-Arts de Montréal.




Le saviez-vous? La devanture du musée devait être agrémentée de deux grands bas-reliefs mais qui n’ont pu jamais être installés puisque ceux-ci avaient été faits en Angleterre et embarqués à bord… du Titanic. Reposant toujours au fond de l’Atlantique les bas-reliefs actuels en sont de remplacement.  

samedi 4 avril 2015

Cafetière Corning


Intéressante découverte dans une brocante que cette charmante cafetière Corning Ware d’une capacité de neuf tasses (modèle P-119 au catalogue de la compagnie). Après une inspection sommaire j’ai facilement pu me rendre compte que cette cafetière n’a à peu près jamais servi, les marques d’usure étant pratiquement inexistantes. Sachant que les produits Corning aux motifs de fleurs bleues sont bien convoitées je n’ai donc pas hésité à la prendre. Surtout que le prix demandé était plus que raisonnable. J'ai bien pris soin de la garder contre moi jusqu'à la caisse. 


Par contre, pour ce qui est de l’utiliser, c’est une autre histoire, et voici pourquoi. Les premiers modèles blancs arborant le fameux motif, soit le P-108 (8 tasses) et le P-106 (6 tasses) sont apparus en 1959. Ces cafetières étaient fabriquées avec un matériau appelé pyrocéram, soit un verre semi-cristallisé très résistant développé par la compagnie Corning quelques années plus tôt. L’on s’était rendu compte que même s’il était surchauffé ce verre ne cassait pas si on l’échappait au sol. Par contre, et voilà quelque chose que bien des ménagères de l’époque ont constatés, c’est que cogner ces cafetières à répétition dans les éviers de fonte émaillée, très répandus dans le temps, pouvait créer des ébréchures. Mise au courant de ces problèmes, la compagnie Corning a donc choisi de retirer en 1960 le P-108 du marché pour le remplacer par un nouveau modèle de 9 tasses, le P-119. Le P-106 quant à lui ne sera remplacé par le P-116 qu’en 1962. Bon, alors c’était quoi la différence? C’est tout simplement que l’on avait décidé de doter la cafetière d’un rebord en acier inoxydable, éliminant ainsi les risques d’écaillage. L’intention était bonne, mais.

La première version avec rebord en inox était munie d’une poignée tenue en place avec un col maintenu par des vis. Souvent il arrivait que l’embout de plastique les recouvrant se détache. Corning a donc conçu une deuxième version où la poignée était moulée d’une pièce et fixée au col avant d’être assemblée au pot. Encore une fois l’intention était bonne, mais.

Corning a vendu approximativement quelque chose comme 18 millions de ces cafetières, tous modèles confondus. Malheureusement, et malgré le nouveau design des poignées, il est arrivé des accidents où lesdites poignées se détachaient subitement du pot, menant ainsi à des cas, on le devine, de bains de café brûlant. Chez Corning on a recensé environ 7000 cas de séparation ayant mené à 1250 blessures diverses, ce qui veut dire 0.7 blessures par 10,000 cafetières vendues. Conséquemment, Corning Glass Works ainsi que l’US Consumer Product Safety Commission ont annoncé, en 1979, leur intention de retirer du marché toutes les cafetières affectées par ce problème.


Le P-119, dont j’ai fait l’acquisition à un prix tout à fait ridicule, fait malheureusement partie du lot qui a été rappelé et bien que la poignée semble très solide je n’ai pas l’intention de l’utiliser autrement que comme pièce décorative. Pour les gens qui auraient de ces cafetières Corning Ware et qui les utilisent peut-être encore, je vous suggère ce site, lequel identifie clairement les différents modèles ainsi que ceux qui ont fait l’objet d’un rappel.




Le saviez-vous? Le motif, facilement reconnaissable, est celui des fleurs bleues, désigné en anglais sous le terme «Cornflower». Il a été conçu par Joseph Blaum, un artiste de l’agence de publicité Charles Brunelle basé à Hartford au Connecticut. Le motif «Cornflower» est demeuré pendant trois décennies l’emblème et la marque de commerce de Corning.