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dimanche 19 mars 2017

Insérez la monnaie

La période qui a suivi la seconde Guerre mondiale a été extraordinairement riche en innovations de toutes sortes qui ont complètement transformé le quotidien des gens. Les avions à réaction, les voitures aux lignes audacieuses, rappelant celles des fusées, l'avènement des couleurs vives pour quantité d'objets et éléments décoratifs, les centres commerciaux, les autoroutes et autres. C'était un monde entièrement différent.

Un aspect amusant de cette modernité qui s'installait un peu partout a été la prolifération de machines automatisées conçues pour différents usages mais surtout pour délester les gens de leur menue monnaie. Voyons un peu quelques-unes de ces machines qui ont fait partie de la vie de tous les jours.

Le photomaton.

Évidemment, le photomaton prédate la Seconde guerre, mais c'est après cette dernière que la quantité de ces appareils a explosé partout en Amérique du nord. C,était la «machine à sel fie» avant le temps. On les retrouvait partout; dans les gares, les centres commerciaux, les parcs d'amusement, les terminaux d'autobus, trappes à touristes et aussi les stations de métro, comme celles que l'on voit sur la photo ci-haut que j'ai prise à Berri-UQAM, il y a de cela quelques années. 

Durant les années 60, 70 et 80 ces machines ont été très populaires, surtout chez les jeunes. Qui ne se souvient pas dans ce temps-là s'être empilé cinq ou six dans un photomaton pour y déconner et ensuite rire aux éclats en voyant les résultats. Et combien de couples naissants se sont engouffrés dans ces photomatons afin d'y prendre quelques photos «romantiques» qui étaient ensuite conservées dans des portefeuilles.

L'automatisation à l'intérieur de ces cabines était absolument géniale et les gens qui s'en servaient n'avaient que bien peu à faire sinon régler la hauteur du banc et de choisir l'arrière-plan, soit un rideau mal foutu ou encore une photographie de l'endroit que l'on visitait. Les photos étaient prises à raison d'une à chaque quatre ou cinq secondes avec un flash automatique, le papier se plaçait tout seul et était acheminé ensuite dans les trois solutions chimiques pour le développement. Ensuite la bande était expulsée, encore humide du fixateur, dans la trappe de réception. On pouvait aussi choisir le type de photo que l'on désirait, soit plusieurs photos ou une seule de plus grand format. Ces machines ne demandaient qu'un entretien minimal qui consistait en un technicien qui venait vérifier le niveau des liquides et de faire quelques ajustements au besoin. Au début ces machines ne faisaient que des photos en noir et blanc mais par la suite on en a vu apparaître en couleurs. Les dernières générations de photomatons utilisaient un procédé numérique tant pour la prise de photo que pour l'impression mais aujourd'hui, avec les appareils photo intégrés aux téléphones, la pertinence des photomatons peut certainement être mise en doute. Il existe possiblement quelques-unes de ces machines encore en liberté quelque part.

Les jukebox de tables.

Durant les années 60 et 70 il se trouvait quantité de restaurants où chaque table possédait un de ces petits jukebox. Le fonctionnement de ces petites machines était également ingénieux. Une molette sur le dessus permettait de faire défiler des cartons verticaux sur lesquels étaient inscrits les propositions musicales. Une fois le choix fait, il suffisait d'insérer de la monnaie, généralement cinq sous, et de peser sur les boutons correspondants, par exemple B5 pour faire endurer à vos voisins de tables vos goûts musicaux douteux. Heureusement les morceaux de musiques étaient généralement les gros succès de l'heure. Le jukebox de table était connecté avec un appareil central, situé hors de vue des clients, et dans lequel se trouvait tous les 45 tours, un peu comme les bons vieux jukebox Wurlitzer. Lorsque la popularité de ces appareils a cessé et que les restaurants ont soit fermé ou été vendu, quantité d'entre eux se sont retrouvés aux poubelles mais plusieurs ont été achetés et conservés. On peut s'en procurer pour des sommes variées, tout dépendant de la condition. 

Les toilettes payantes.

Essayez d'imaginer une époque où le mercantilisme avait poussé les propriétaires de centres commerciaux et autres immeubles du genre à doter les portes de toilette de mécanismes ne permettant l'accès qu'après avoir payé. Le coût était généralement de dix sous. Vous êtes un homme et avez envie de pisser? Pas de coût, pas de problème. Vous êtes une femme avec une même envie? 10 sous. Toutefois, peu importe le sexe, fallait pas être pris d'un vas-vite! Pas besoin de dire que quantité de gens passaient sous la porte pour éviter de payer. 

Les cafétérias automatiques. 

Voici un autre exemple assez amusant de l'automatisation: les cafétérias où l'intervention humaine ne se résume qu'à quelques employés qui remplissent les machines de nourriture. Par contre, les clients ne voient que très peu, sinon pas du tout ces employés. Tout le long d'un comptoir se trouvent différentes machines distributrices, chacune proposant des mets et breuvages chauds ou froids ainsi que des desserts assortis. Le tout derrière des vitres qui ne s'ouvrent qu'après avoir inséré la monnaie. Une fois le mets sorti la vitre se verrouillait de nouveau et un nouveau met prenait la place automatiquement. Pour les breuvages ceux-ci étaient soit en contenants ou encore versés à même un réservoir, comme le café par exemple. 

Les sièges-télé. 

Bien avant l'arrivée des téléphones et autres tablettes il n'y avait que bien peu de divertissement lorsque les gens attendaient leur autobus longue-distance dans un terminal, leur train dans une gare ou leur avion dans un aéroport. On pouvait lire un livre, un magazine ou un journal, mais pour les ceuzes peu attirés par la chose littéraire (les pauvres), il n'y avait pas grand chose à faire. Donc, avant l'ère digitale le médium de divertissement par excellence était la télévision. Durant les années 50 et 60 on avait fait de remarquables progrès quant à la miniaturisation et on pouvait maintenant fabriquer des appareils en noir et blanc de petit format, assez petits pour qu'ils puissent être intégrés à ces sièges d'attente que l'on retrouvait dans les aéroports, gares et terminaux. Par contre, mercantilisme oblige, fallait y engloutir quelques sous (le temps d'écoute était minuté) pour en profiter. La Gare centrale de Montréal possédait plusieurs de ces sièges, de même que l'aéroport de Dorval et le terminus d'autobus sur la rue Berri. 

Les jumelles.

Les jumelles d'observation sont en quelque sorte un vestige de cette époque où les bidules gobe-sous pullulaient. On en retrouve quelques uns entre autres au belvedère du mont Royal et, je crois, au Vieux-Port mais je n'en suis pas certain. Partout où il y avait quelque chose de scénique à voir il y avait des jumelles qui fonctionnaient à coup de 25 sous et la période d'utilisation, comme pour les télés, était minutée. Ici, zéro entretien puisque le mécanisme est d'une simplicité désarmante; une bande de métal cache l'obturation une fois le temps écoulé. Comme pour les autres appareils, il ne suffit que d'un employé qui passe périodiquement pour les vider de tous ces sous que les gens ont mis dedans. 

Les moules à figurines. 

Voici une invention tout à fait extraordinaire; le moule à figurines automatisé. Je ne suis pas certain qu'il y ait eu grande quantité de ces machines ici au Québec mais une de celles-là a fait son apparition durant Expo 67. après avoir inséré de la monnaie, il suffisait de choisir ce que l'on désirait obtenir soit un personnage Disney, une tour Eiffel ou le logo d'Expo 67 sur une feuille d'érable. Durant un voyage dans les environs des chutes du Niagara à la fin des années 70 j'en ai vu plusieurs. Une fois la sélection du jouet faite la machine se mettait en branle et le jouet était fabriqué directement sous nos yeux; injection de plastique dans le moule, refroidissement et éjection dans le bac. Par contre ces machines nécessitaient un entretien régulier et rigoureux, tout comme un renouvellement de matière première autrement la machine n'avait pas grand chose à offrir. 

Ici au Québec la folie des machines distributrices ne nous a pas frappé autant que chez nos voisins du sud où l'on retrouvait des machines où l'on pouvait se procurer des patates, des oeufs, du whisky, des cigarettes pré-allumées, du parfum vaporisé, des pommes, des tartes variées, des hot dogs, des 45-tours, de la soupe, des vers pour la pêche, de l'assurance-voyage et même des costumes de bain. On a même tenté l'expérience du supermarché automatisé, c'est tout dire!

Évidemment il existe encore plusieurs types de machines automatisées autour de nous. On retrouve bon nombre de ces machines dans les endroits touristiques où l'on peut avoir café, croustilles, jus, boissons gazeuses et autres. Certaines seront probablement appelées à disparaître, comme les cabines téléphoniques par exemple. Le temps nous le dira bien. 



Le saviez-vous? La première machine distributrice a été inventée par le britannique Percival Everitt en 1883. La machine proposait des cartes postales, des blocs de papier à écrire et des enveloppes. Le succès a été instantané. 


2 commentaires:

  1. Merci de ce rappel! Ah, les jukebox, Ah, les cabines à photos!

    Un jour, peut-être allez-vous y ajouter le Scopitone. Aux dernières nouvelles, on peut encore en voir un à l'Atomic Café, rue Ontario Est, entre Joliette et Chambly. Il fonctionnait, sur demande, il y a de cela quelques années. Je ne sais pas si c'est toujours le cas.

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  2. '' Il existe possiblement quelques-unes de ces machines encore en liberté quelque part '' ... il y en a partout en liberté , et ca se nomme des selfie !

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