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jeudi 25 mars 2010

Dans la boîte à jouets: Spirograph

J’adore les expressions des enfants dans cette pub parce que je me demande bien ce qu’on leur a donné pour qu’ils aient l’air aussi bourrés! Du Koogle peut-être?

Et bien voilà. Suite à mon article du 5 février 2010 où je vous parlais de ma passion pour les vieux jouets, je vous présente un autre jouet de ma collection: le Spirograph, que je n'ai pas eu lorsque j'étais jeune, quoique certains de mes amis en avaient un. 

Bien que le jeu Spirograph a été inventé en 1965 par un ingénieur du nom de Denys Fisher en Angleterre le concept en tant que tel remonte à la fin du 19è siècle. C'est un mathématicien Polonais du nom de Bruno Abakanowicz qui l'a mis au point pour déterminer les surfaces déterminées par des courbes. Le premier jeu à faire usage de cette invention a été «The Marvelous Wondergraph» et qui est apparu en 1908. C'est maintenant que l'on revient à Denys Fisher. Il a repris le concept pour en faire de nouveau un jeu amusant et, avec le plastique qui était bon marché, a pu le rendre économique à fabriquer et abordable pour les parents. 
Le jeu consistait en une base de plastique ainsi que des cercles de différentes dimensions avec des petits trous dedans et des dents à l’extérieur. En emboîtant un disque dans un anneau on plantait un des stylos fournis dans un des trous et en faisant tournoyer le disque on dessinait toutes sortes de formes. Les droits du jeu ont été acquis par Kenner qui l'a distribué dès 1966 aux États-Unis avec beaucoup de succès. Voici le mien avec tous ses accessoires.

Voici le jeu tel qu'il se présentait en 1968 (modèle 401). Ouais, j'suis vieux d'même. Il y a quelques éléments qui me plaisent bien ici dans le design de la boîte. La disposition des éléments nous permet de voir en un seul coup d’œil de quoi il en retourne avec ce jeu. Et, parlant de design, j'apprécie cette période qui précède celle d'aujourd'hui où presque tous les produits sont maintenant présentés avec des effets 3D et d'ombrage. Ici, pas de flifli ni de flafla. C'est propre, c'est clair et l'utilisation de belles polices de caractère rend le tout facile à lire.  

Et en 1968 il n'existait encore aucune loi concernant le français sur les boîtes de jeu. C'était laissé à la bonne volonté des fabricants. Ici on note que la boîte comprend tout de même les instructions en français tel que mentionné. Pour les compagnies, en l’occurrence ici Kenner, une simple mention en français ne signifiait que le simple rajout d'une ligne de texte sur le graphisme de la boîte. C'était plus économique que de créer une boîte entièrement en français. 
Dans le coin supérieur gauche on note la présence des trois récompenses que le jeu s'est mérité; Artistic Toy Oscar à Paris, Design Idea of the Month du Design News aux États unis et le Educational Toy of the Year au royaume-Uni en 1967. Tout de même. 
Outre l'amusement de créer des formes comme celles que l'on voit ici, la particularité du jeu était justement que les enfants créaient, sans le savoir, des formes géométriques telles les hypotrochoïdes et des épitrochoïdes, lesquelles relèvent des mathématiques avancées. L'utilisation de crayons de couleurs différentes rend le tout plus joli à l’œil.  
Voici l'intérieur de la boîte. On note une petite différence d'avec celle sur la boîte dont le plateau est bleu (version de 1967) alors que celui-ci est rouge (version de 1968). Tous les morceaux y sont mais les crayons sont à sec depuis un p'tit bout, malheureusement. La petite boîte ronde avec les pinouches vertes servaient à fixer les feuilles de papier sur un carton qui était fourni avec le jeu. On peut voir aussi que chaque pièce portent des numéros et qu'elles sont aussi graduées. 
Un gros plan de la section pour ranger les crayons. Bien sûr, si ceux-ci en venaient à se vider ou ne plus fonctionner, et ce n'était qu'une question de temps, n'importe quel stylo-bille de style similaire pouvait faire l'affaire. Et pour comprendre comment le tout fonctionne il faut se référer aux instructions, dont je parlais plus haut et que voici justement.
Le manuel tout en couleurs est bien entendu celui original en anglais et celui de droite est le manuel traduit. en fait le manuel en français est plutôt sous forme de dépliant et il n'est n'imprimé que noir et rouge, question d'économie, encore une fois.
En 1968 on a vu apparaître le Spiroman, une version ou un personnage en plastique monté sur une table pouvait dessiner les formes que l'on pouvait déjà créer avec Spirograph. 


Suite au succès des ventes, Kenner à lancé le Super Spirograph en 1969. Il faut mentionner ici que le Super Spirograph n'était pas une sorte de module d'extension au jeu existant mais une version plus avancée et quelque peu plus complexe que le jeu original. Et ça tombe bien, j'en ai justement un dans ma collection. Regardons ça ensemble. 
Première chose que l'on constate est la grosseur de la boîte, plus large que le Spirograph. Ensuite on s’aperçoit que les motifs géométrique, comme je le mentionnais plus tôt, sont plus complexes. Ma version est la première a être sortie sur le marché alors que le seconde comportait un collant d'avertissement affixé en haut à droite et qui spécifiait la présence de petites pièces et que le jeu n'était pas recommandé pour les enfants en bas de six ans. 
Le design de la boîte est encore impeccable mais par contre faut chercher les mentions en français qui sont très peu nombreuses, deux en fait et qui ne sont pas trop bavardes. 
Acheté chez Dupuis au centre-ville pour la somme de $7.98. Ça semble peu mais en dollars ajustés d'aujourd'hui un peu plus de cinquante dollars. Dupuis Frères, on le sait, connaissait des ennuis financiers qui avaient débuté dans les années 50. Un lock-out en 1976 et d'autres problèmes d'ordre financiers ont forcé la fermeture du magasin en 1978. On regarde l'intérieur de la boîte?
Le jeu est presque complet. Il ne manque que quelques petites pièces (perdues je ne sais où ni quand) ainsi que les stylos originaux. Faut dire que lorsque l'envie de barbouiller me prenait et que je ne trouvais pas de crayons je prenais ceux qui se trouvaient dans des jeux comme celui-ci. Le plateau rouge confirme encore qu'il s'agit de la première version de 1969. Si vous avez une copie de ce jeu et que le plateau est bleu il s'agit d'une version qui est sortie un ou deux ans après celle-ci. Et pour terminer, un petit regard sur quelques pages du manuel d'instructions. 




Le saviez-vous?  Bien que les droits du Spirograph soient aujourd'hui détenues par Hasbro, le jeu est toujours vendu en magasin et on peut même s'amuser avec une version en ligne en cliquant ici. 

mardi 16 mars 2010

La minibanque

 


En 1968 Montréal compte son premier centre commercial d’envergure: les Galeries d’Anjou. On trouve une sélection variée de boutiques, deux supermarchés; Steinberg et Dominion, des restaurants mais aussi un Eaton's, un Simpson's et un Ogylvie. Pour bonne mesure on rajoute un cinéma Famous Players. Le centre commercial est spécialement conçu pour rendre l’expérience de magasinage agréable et sans contrainte. Outre les quelques 5,000 places de stationnement il se trouve aussi à l’intérieur des casiers payants dans lesquels les gens peuvent y déposer de façon sécuritaire les effets personnels qu’ils ne veulent pas traîner avec eux. La décoration est élégante, comporte de la verdure, des fontaines et on offre un peu partout des bancs ainsi que deux aires de repos.  

Tout ce monde-là venait évidemment dépenser, et qui dit dépenses dit argent. Nous sommes à une époque où les guichets automatiques n’existent pas et où les achats sont faits soit au comptant ou par carte de crédit. À défaut d’utiliser le plastique il faut songer à apporter assez de sous. Mais que fait-on si, par exemple, on veut dépenser un peu plus et que l'on désire avoir des sous? Pas le choix, faut aller à la banque.

Un an plus tôt, à Expo 67, les concepteurs avaient prévu le coup et avaient demandé aux grandes banques si elles étaient intéressées à établir des succursales sur le site afin de permettre aux visiteurs d’avoir un accès rapide à leur argent. Curieusement elles ont toutes refusé sauf la CIBC et les Caisses Populaires. On a donc construit des kiosques à cet effet et les visiteurs ont été on ne peut plus heureux de ne pas avoir à quitter le site pour aller chercher des sous. Le succès d’Expo 67, avec ses 50 millions de visites, a permis à ces deux institutions financières de faire de très bonnes affaires. Et à donner une bonne leçon aux autres.

On ne peut comparer Expo 67 aux Galeries d’Anjou, cela va de soi, mais à la base le concept est similaire; offrir aux visiteurs des services bancaires avec un accès rapide à leur argent, et qu’ils peuvent flamber en moins de deux dans les boutiques environnantes sans avoir à sortir du centre commercial. Cette fois c’est la Banque de Montréal qui prend les devants en installant au milieu d’une allée ce qu’elle appelle la Minibanque.

Comme c’était souvent le cas à l’époque on a conçu un kiosque simple et efficace, suivant un design minimaliste et élégant, tout à la fois. Par exemple, le pourtour était agrémenté de bas-reliefs modernes qui me rappelaient (très) vaguement les motifs de Roberto González Goyri qui avait lui-même créé les murales de la Banque du Guatemala.

Le succès a été pratiquement instantané et la Minibanque comptait toujours deux ou trois caissières à temps plein. Ainsi, si les gens avaient la dépense plus grande que la panse il ne suffisait que de faire un pit-stop à la Minibanque. Bien entendu, fallait être client de ladite banque, ce qui n’a pas manqué d’amener, par ricochet, de nouveaux clients.

Mais le glas sonnait déjà pour les caissières avec l'arrivée de services de plus en plus automatisés avec, durant les années 80, l’arrivée des fameux guichets automatiques. La Banque de Montréal a choisi d’en installer deux et pour ça il a fallu modifier la Minibanque et quand je dis modifier ça veut essentiellement tronquer (lire : charcuter) le kiosque en deux. La banque en a aussi profité pour réduire le personnel puisque l’essentiel des opérations était les retraits bancaires. Puis, peu de temps après on a tout simplement opté pour ne laisser que les guichets automatiques, alors devenus très populaires mais le kiosque prenait trop de place pour le service qu’il offrait puisque la section où se trouvaient les caissières était toujours là. Il n’a pas fallu long pour que l’on décide de tout démolir et relocaliser ailleurs. Ne cherchez pas sur place, il ne reste plus rien et l'espace est fort probablement occupé par un kiosque de bébelles pour téléphones cellulaires.




Le saviez-vous? En 1967 la Caisse Populaire Desjardins a été la première institution au Québec à utiliser l’informatique pour effectuer le traitement de ces opérations financières. 


vendredi 5 mars 2010

Photographica 3: Instamatic X-15

Durant les années 70, et quand on a commencé à se promener un peu, on traînait avec nous autres un Instamatic X-15. Un appareil tellement simple qu'un poisson rouge complètement gorlo pourrait s'en servir. Tu mettais la cartouche de film 126 dedans, te refermais la boîte, et t'étais prêt à prendre 24 ou 36 photos mal cadrées. Ironiquement, c'est avec ce truc qui m'a donné la piqûre de la photographie. 

Voici la bibitte. Pas de réglages, pas de mise au point, pas de tataouinage. Tu voyais de quoi digne d'être pris en photo? Clac! Tu pesais sur le déclencheur et pis... c'était tout. Tu crinquais pour faire avancer le film, pis tu prenais une autre photo, pis ainsi de suite jusqu'à que tu ne trouves plus rien d'intéressant à photographier, où que le film soit fini. Un des deux. 


Voici l'arrière de la caméra. À gauche en haut, c'est le viseur. décalé d'avec la lentille, d'où la mention plus haut des photos mal cadrées. Ce qu'on voyait dans le viseur, n'était PAS ce que la caméra voyait. Donc. Le rouge que l'on voit était un bout d'acétate qui s'affichait quand tu étais rendu à la dernière pose. Le levier à droite servait à faire avancer le film une fois la photo prise. Si tu ne faisais pas avancer le film, tu ne pouvais pas prendre de photo. Pratique. Et la fenêtre permettait de voir où on était rendu dans les poses. 

Voici l'intérieur. Plus simple, c'est impossible. Pas besoin de tout rembobiner le film puisque ça se faisait automatiquement dans la cartouche. Pratique (bis). 

L'Instamatic X-15 n'avait pas de flash électronique puisqu'il s'agissait d'un appareil de catégorie Fisher-Price. On utilisait ce que l'on appelait des "flashcubes". 

De quossé?

Voici un "flashcube". Ça été inventé par la compagnie Sylvania quelque part autour de 1965. Le cube contenait quatre ampoules à usage unique et remplies de filaments de zirconium. Aucune pile nécessaire. En connectant un "flashcube" sur le socle de l'appareil prévu à cet effet , il ne suffisait simplement que d'appuyer sur le déclencheur pour produire une brève mais vive lumière. Lorsque l'on faisait avancer le film, un mécanisme se chargeait de faire tourner le "flashcube" pour le prochain usage. L'ampoule sur la photo du haut est inutilisée, et on peut distinguer les filaments à l'intérieur. 

En voulant faire le comique j'ai appuyé sur le déclencheur et je me suis envoyé une "chotte" de "flashcube" vieux de quarante ans à bout portant directement dans la tronche. J'ai vu des "spots" pendant un petit bout. Alors voilà, ma gaffe vous permet de voir à quoi ressemblait un "flashcube" une fois utilisé. Ça m'a rappelé le temps où j'étais gamin et qu'on se faisait prendre en photo. Bougez pas! *Paf* Un coup de "flashcube". Attendez, je vais en prendre une autre! *Paf* Deuxième coup de "flashcube". À la quatrième photo on avait les yeux qui pleuraient. Maintenant, à quoi ressemblaient les photos prises avec un Instamatic X-15. 

Me v'la, quelque part durant l'été de '72 au motel Aladdin, à Atlantic City. Comme je ne sais pas [encore] nager, je me contente d'une modeste saucette de petons dans la partie immensément peu profonde, pendant que ma grand-mère me surveille (enfin, se tient proche). 


Toujours à Wildwood, quelques années plus tard. On avait alors pris soin de choisir un motel un peu plus proche de la mer, laquelle est à marée haute à l'arrière. La photo ci-haut est celle originale et telle que numérisée. On peut voir la teinte tirant un peu sur le orange. 

Voici le même photo que j'ai passée dans la moulinette Photoshop afin de ramener les couleurs à quelque chose de plus proche de ce qu'elles étaient en réalité. On voit ici un exemple parfait de mauvais cadrage dû au viseur de l'appareil qui était décalé par rapport à la lentille. On me voyait centré dans le viseur mais la lentille voyait autre chose. Point bonus à qui pourra identifier la voiture à l'arrière. 

Il arrivait parfois que je demande à pouvoir prendre une photo. J'aimais pas mal ça. D'autres fois, je demandais mais je pouvais pas, parce qu'on ne voulait pas que je gaspille une pose, alors je regardais dans le viseur et j'appuyais sur le bouton dans ma tête, et j'imaginais le résultat. Puis, on me laissait davantage de poses et un jour j'ai même pu utiliser un film complet. J'ai cessé de l'utiliser le jour où ma grand-mère m'a offert un Kodak Disc, un appareil un peu étrange équipé d'un flash électronique et qui utilisait un film négatif circulaire. Mais la véritable révélation viendra quelques années plus tard. Une histoire à suivre!




Le saviez-vous? La plus ancienne photographie connue, Point de vue du Gras, est attribuée à Joseph Nicéphore Niépce. Elle a été prise en 1826 dans la cour du domaine du Gras, dans le village de Saint-Loup-de-Varennes où habitait Niépce.