Le monde ferroviaire je
connais bien. Je baigne dedans depuis que je suis tout petit, bercé
par les histoires de trains que me racontait mon grand-oncle. Il s’y
connaissait lui aussi, forcément, puisqu’il avait travaillé aux
fameuse shops Angus toute sa vie. Au fil du temps j’ai acquis assez
de connaissances pour donner, à titre de bénévole, des tours
guidés sur l’histoire ferroviaire au pays, des grands acteurs, des
compagnies ainsi que de l’ABC entourant ce monde fascinant.
Plusieurs personnes qui
me suivent ici savent tout ça et m’ont donc écrit cette fin de
semaine via courriel afin d’avoir davantage de renseignements sur
ce qui s’est passé à Lac-Mégantic et comment une telle chose a
pu se produire. Voyons voir donc, d’un peu plus près.
Avant toute chose il faut
mentionner qu’il existe trois types de compagnies ferroviaires en
Amérique du nord; Classe I, II et III. Des compagnies comme le
Canadien Pacifique et le Canadien National font partie de la classe I
qui possèdent de très grandes flottes de locomotives qui parcourent
de très grands réseaux à travers le continent et dont le chiffre
d’affaires est de l’ordre de centaines de millions. Aux
États-Unis on retrouve le BNSF, CSX et Union Pacific, entre autres.
La classe II est représentée par des compagnies plus petites, dites
régionales. Leur flotte de locomotive est beaucoup plus petit, tout
comme leur chiffre d’affaire. Et finalement on retrouve la classe
III, communément appelée en anglais «shortline» (ou courte
ligne) qui desservent des petites villes et entreprises locales et
dont les rails appartenaient bien souvent à de plus grosses
compagnies qui s’en sont débarrassé. La compagnie Montreal,
Maine & Atlantic en est une de classe II et fut créée en
2002 par Rail World qui a alors fusionné quatre compagnies menacées
de faillite.
Voilà pour ça.
Avant d’aller plus loin
prenons le temps de mieux connaître les métiers qui gravitent
directement autour du train. Je considère ceci essentiel afin de
corriger certaines erreurs que l’on rencontre régulièrement dans les médias, publiés ou sociaux.
- Le mécanicien de locomotive. Aussi appelé conducteur, il est celui qui est responsable de l’opération de la locomotive; démarrer, accélérer, ralentir, arrêter… C’est un travail complexe qui place une personne aux commandes de plusieurs milliers de tonnes d’acier en mouvement. Il arrive qu’on le désigne en tant qu’ingénieur, ce qui est une mauvaise traduction du terme anglais «engineer». À éviter aussi est le mot «chauffeur». Ce vieux terme remonte au temps des locomotives à vapeur et désignait celui qui alimentait la chaudière en charbon ou huile lourde. Comme il faisait chauffer celle-ci on lui a donné le nom de chauffeur. Ce métier n'existe plus puisque toutes les locomotives d'aujourd'hui sont soit diésel/électrique ou électrique. Le terme est toutefois resté pour ceux qui conduisent des camions et des autobus. Pour une raison que j'ignore.
- Le chef de train. On pourrait aisément comparer celui-ci à un capitaine de navire. Il n’opère pas la locomotive mais c’est lui qui supervise toutes les opérations. Rien ne se fait à bord sans l’autorisation du chef de train.
- Le serre-frein. Le terme remonte aux temps jadis du chemin de fer pré datant l’invention des freins à air par Westinghouse. Pour arrêter un convoi les serre-freins montaient sur les toits des wagons, pendant que le train était en mouvement, et serraient manuellement les freins, d’où le terme. Une fois qu’il avait bien serré le frein, le serre-frein sautait sur le toit du wagon suivant et répétait la manœuvre jusqu’à ce que tous les freins aient été serrés, permettant ainsi au train d’arrêter. On peut imaginer les risques encourus, surtout par temps de pluie ou durant l’hiver. Les serre-freins s’occupaient aussi, comme aujourd’hui, du couplage et découplage des wagons. Dans le temps leur ancienneté se calculait souvent au nombre de doigts qui leur restait.
Aujourd’hui pour
arrêter, les trains utilisent, comme mentionné dans le paragraphe
précédent, un système de freins à air, dont la première mouture
fut mise au point par George Westinghouse, de la compagnie du même
nom. Ce système repose sur une pression d’air maintenue tout le
long du train et dont la source se trouve dans la locomotive de tête.
Chaque wagon, peu importe son type, a son système de freinage
comportant un jeu de valves et de boyaux. Donc par définition, sans
locomotive pas de pression d’air et donc, pas de freins. De façon
très simplifiée, on pourrait comparer la locomotive à ces
distributrices d’air comprimé qu’on retrouve dans les stations
service. Si la machine ne fonctionne pas elle ne fournit pas d’air.
Lorsqu’un train est en
mouvement le mécanicien de locomotive est celui qui doit entre
autres gérer la pression d’air des freins de tout le train.
Quelque chose d’excessivement important, SURTOUT dans les pentes
descendantes. Si les freins ne sont pas gérés adéquatement la pression chute alors au point où le train ne
peut plus être arrêté et le mécanicien se voit donc obligé d’appliquer les
freins d’urgence en pleine côte pour éviter un déraillement aux
conséquences terribles. Parfaitement immobilisé, le convoi doit
rester comme ça pendant un bon bout de temps jusqu’à ce que la
pression remonte. À partir de ce moment le serre-frein n’est plus
votre ami.
Il ne s’agit cependant
pas du seul système de freinage. Il en existe un autre, manuel
celui-là et qui est très comparable à ceux dont j’ai fait
mention dans la définition du métier de serre-frein; il s’agit
d’une roue de métal (voir la photo du haut) que l’on sert manuellement et qui, une fois
bien serrée à fond, empêche le wagon de bouger. Ils fonctionnent sur le même principe
qu’à l’époque des serres-freins casse-cou.
Avec ces quelques
explications sommaires nous pouvons donc un peu mieux comprendre le
fil des évènements qui a conduit à la tragédie de Lac-Mégantic.
Le convoi ferroviaire du
Montreal, Maine & Atlantic est composé de 72
wagons-citernes de type DOT-111 (j’y reviendrai) et qui contiennent
du pétrole brut. À environ 125 tonnes par wagon le poids total de
l’ensemble des wagons oscille à près de 9,000 tonnes. Pour
parvenir à tirer tout cela il se trouve cinq locomotives qui
ressemblent, si je me fie aux photos, à des General Electric B23 (mais je peux me tromper) et
dont la construction pourrait remonter à la fin des années 70.
Le convoi ferroviaire
s’arrête près de Nantes sur la voie principale au lieu de la voie
d’évitement, un peu au nord-ouest de Lac-Mégantic. L’équipage
a terminé son quart de travail et un autre doit prendre la relève
plus tard. Entretemps le mécanicien de locomotive (on assume) retire
la manette qui permet d’opérer le train mais laisse la locomotive
en marche afin que la pression d’air dans le système de freinage
soit maintenue. Tout le monde quitte et la locomotive continue de
ronronner toute seule sur la voie. Si un pépin se produit il n’y
a plus personne pour s’en rendre compte et faire quelque chose. Et
ce quelque chose, justement, arrive.
Peu de temps après des
gens qui passent remarquent que des flammes s’échappent de la
locomotive de tête. Selon toute vraisemblance du carburant diésel
gicle sur le moteur. Les pompiers de Nantes arrivent. Ça fait bien
la quatrième fois qu’on intervient auprès du Montreal, Maine &
Atlantic en huit ans. Ils éteignent l’incendie. Le moteur de
la locomotive quant à lui fonctionne toujours et les pompiers, tel
que le dicte la procédure, l’arrêtent. Évidemment, comme on l’a
vu plus haut, si la locomotive ne fonctionne pas la pression d’air
qui maintient les freins dans tout le train chute. Elle chute lentement, évidemment, un peu comme un pneu qui dégonfle. Et lorsque la pression n'est plus suffisante alors le train bouge. De façon imperceptible au début. Puis, la vitesse augmente puisque nous sommes, faut le souligner encore, dans une pente.
Entre Nantes et Lac-Mégantic cette pente est de l’ordre de 1.2% et laissez-moi vous dire que dans le monde ferroviaire, une telle inclinaison c’est énorme. Or, le long d’une voie ferrée, il se trouve des signaux qui, comme sur une autoroute, «parlent». Ils indiquent par exemple la présence à venir d’une courbe et ainsi que les limites de vitesse. Mais le convoi qui descend n’en a que faire des signaux et indications puisqu’il n’y a personne à bord. Le train prend toujours de la vitesse et parvient de moins en moins à rester sur les rails, lesquelles reposent sur des dormants de bois visiblement pourris si l'on se fie au témoignage de gens qui demeurent là-bas. Nous avons ici tous les ingrédients pour un déraillement monstre.
Entre Nantes et Lac-Mégantic cette pente est de l’ordre de 1.2% et laissez-moi vous dire que dans le monde ferroviaire, une telle inclinaison c’est énorme. Or, le long d’une voie ferrée, il se trouve des signaux qui, comme sur une autoroute, «parlent». Ils indiquent par exemple la présence à venir d’une courbe et ainsi que les limites de vitesse. Mais le convoi qui descend n’en a que faire des signaux et indications puisqu’il n’y a personne à bord. Le train prend toujours de la vitesse et parvient de moins en moins à rester sur les rails, lesquelles reposent sur des dormants de bois visiblement pourris si l'on se fie au témoignage de gens qui demeurent là-bas. Nous avons ici tous les ingrédients pour un déraillement monstre.
On connait la suite dans
toute son horreur.
Ce que nous avons ici est
parfaitement caractéristique d’une époque où certaines compagnies
tentent par tous les moyens de tourner les coins ronds pour sauver
des sous et mettant ainsi la vie de gens en danger. Dans le cas de
Lac-Mégantic c’est un train arrêté sur une voie principale alors
que sur une voie d’évitement le mouvement du train aurait été
arrêté. C’est un équipage minime qui n’a pas prit soin
d’appliquer les freins à main sur le train alors qu’ils étaient
sur une inclinaison. Qui plus est, ils ont laissé la locomotive
fonctionner sans surveillance, sans personne à bord. On ne parle pas
ici d’un convoi de grain au milieu de nulle part mais de
wagons-citernes remplis de pétrole, des wagons-citernes de type
DOT-111 qui devraient tous être retirés des voies ferrées
tellement ils sont mal conçus.
Comprenons-nous bien :
il ne s’agit pas d’une panne de freins. Les freins ont fonctionné
exactement comme ils doivent le faire lorsque la pression chute.
C’est une négligence humaine qui est en cause.Yves Boisvert de La Presse qualifie même cette négligence de criminelle. Alors qu'en est-il? Est-ce que les freins à main ont été serrés correctement sur toutes les locomotives et un nombre suffisant de wagons ou alors pas du tout? L'enquête du BST le dira.
Il y a de cela bien longtemps il se serait trouvé un mécanicien de
locomotive, un chef de train et au moins deux serre-freins. On aurait
mit le convoi sur la voie d’évitement et on aurait appliqué les
freins à main sur les locomotives et sur les wagons. On aurait
éteint le moteur de la locomotive, sachant que le train était
immobile en raison de l’application des freins à main. Le
lendemain matin, à l’arrivée de l’autre équipage, seulement
lorsque la locomotive aurait été redémarrée et que la pression
d’air dans la ligne aurait été rétablie les serre-freins
auraient-ils relâché les freins à main. Si tout ceci aurait été fait
il y a quelques jours rien de tout cela ne serait arrivé.
Le problème ici n’est
pas le transport de pétrole ou d’aucune autre matière dite
dangereuse comme des solvants ou du carburant prêt à la consommation (les pipelines ne
sont pas plus sécuritaires en passant) mais celui de la gestion
boboche, criblée par ce désir de faire des économies de bouts de
chandelles pour empocher le plus de profits possible au détriment de
tout le reste. Même de la vie des gens.
Entretemps il y a une
communauté qui vit un drame humain
épouvantable. De grâce, si vous n’avez pas de parenté là-bas,
évitez d’aller y jouer les «touristes» simplement pour voir la scène mais rien ne vous empêche d'aller apporter à ces gens du réconfort. Si vous voulez aider d'une autre façon vous pouvez faire un
don à la Croix-Rouge.
Excellent texte camarade. J'en ai plus appris ici en 10 minutes qu'en 3 jours à TVA...
RépondreEffacerMerci beaucoup mon cher taximan!
EffacerPluche
C'est pas à TVA ou autres médias populaires qu'on peut apprendre quelque chose. L'idéal est de faire nos recherches nous même.
Effacertout a fait d'accord,c'est exactement ça,,(mecanicien pendant 35 ans retraité)et TVA,m'écoeure avec leur recherche de sensassionnaliste,en mélangeant tout.
EffacerMerci pour ces explications claires et nettes.
RépondreEffacerÇa me fait plaisir de pouvoir éclaircir les choses.
EffacerPluche
Félicitations pour cet article très instructif. Je voulais savoir si à votre connaissance il s'agissait de la pire tragédie ferroviaire au pays?
RépondreEffacerJean
Merci pour votre commentaire. Jusqu'à maintenant la pire tragédie ferroviaire au pays demeure l'accident du pont de Beloeil en 1864 alors qu'un train de passager du Grand Trunk a plongé dans la rivière Richelieu suite à un signal d'arrêt qui n'a pas été respecté par le mécanicien. Il y eut 99 morts et une centaine de blessés.
EffacerPluche
Merci pour la vulgarisation.
RépondreEffacerVous êtes le bienvenu.
EffacerPluche
Merci, comme c'est clair dit de cette façon
RépondreEffacerJ'aime bien votre explication et je sympatise avec tout les gens toucher de près ou de loin par ce malheureux évenement. Par contre ce que je constate, c'est que cette compagnie qui cherche les économies, le fait de facon bien légal. Non ?
RépondreEffacerCe que je constate aussi par raport aux trains en 2013, c'est que les canadien n'ont plus d'interet pour cette magnifique invention qu'est le train. Pourquoi n'avons nous pas de tgv qui nous porterais d'un bout à l'autre du pays? Et pourquoi les trains de banlieues sont ils si apprécier mais si peu nombreux ? le métro de laval est deux fois plus utilisé que prévu...
J'en vient donc à la conclusion que les politiciens et les gens du pétrole ne pense qu'à leur (Notre) argent.
Merci pour votre commentaire. D'abord il n'y a rien d'illégal dans le fait qu'une compagnie cherche à faire des économies, là où ça devient nébuleux c'est comment elle cherche à les faire. L'autre problématique de ceci c'est qu'une compagnie peut couper là où le gouvernement dit qu'il n'y a pas de problème mais si ladite règlementation est poussiéreuse et n'a pas été revue ni mise à jour depuis des lustres, ça craint. L'autre aspect de votre commentaire c'est que les gens ont commencé à délaisser le train déjà dans les années 50 alors que les automobiles devenaient de plus en plus abordables, surtout dans le boom économique de l'après-guerre. Depuis ce temps la mentalité nord-américaine est axée sur l'automobile. Combien de bâtiments à Montréal sont passés sous le pic des démolisseurs pour faire des stationnements? Combien de quartiers sont disparus pour faire place à l'autoroute métropolitaine, Décarie, Ville-Marie ou encore le pont-tunnel Lafontaine? Quant aux trains de banlieue c'est effectivement à n'y rien comprendre.
EffacerPluche
Très bien structuré - bravo. Mais avons-nous maintenant la certitude que "les freins à main n’ont pas été appliqués nulle part" ?
EffacerSi les freins n'ont pas été appliqués nulle part ils ne l'on pas été sur un nombre suffisant de wagons, incluant les locomotives. Quoiqu'il en soit, le travail n'a pas été fait correctement.
EffacerPluche
Je croyais que c'était le contraire dans le système Westinghouse : il fallait justement qu'il existe de la pression pour maintenir les freins "ouverts". Sans pression , justement, tous les freins se ferment. C'est là l'avantage de ce système de freins et c'est pour cette raison que pratiquement toutes les compagnies ferroviaires du monde l'ont adopté ou équivalent. Donc cet article décrit l'exacte contraire de ce qui à pu se passer...sans pression, sans air, sans loco, tout se bloque...
RépondreEffacerL'explication que vous apportez à cet tragédie n'est pas la bonne...
Ce système est celui dit «vacuum brakes». Nous ne l'utilisons pas, ou très peu, en Amérique du Nord.
EffacerPluche
Je suis très surpris de découvrir, si j'en crois l'auteur de ce texte, Pluche, que chez vous, amis Canadiens, les freins des trains ne fonctionnent que si la / les locos fonctionnent. Chez nous, en France, et ailleurs en Europe, les freins des trains bloquent en permanence les roues des trains, s'ils ne reçoivent pas une pression d'air suffisante pour écarter les mâchoires des freins. Donc, si problème sur la loco pour fabriquer de l'air comprimé, le train s'arrête. Si un attelage se détache, les wagons qui ne sont plus reliés au train s'arrêtent d'eux mêmes, par le même principe. Vous êtes certain que les trains d'Amérique du Nord ne fonctionnent pas comme chez nous?? Si c'est le cas, je ne prendrais jamais le train en Amérique du Nord!!
RépondreEffacerMalheureusement les freins fonctionnent comme je l'ai décrit. Il y a nuance par contre, il s'agit ici d'une compagnie ferroviaire de marchandise qui est loin d'avoir la taille des gros transporteurs comme le Canadien Pacifique ou le Canadien National. S'il se serait trouvé un employé à bord du train lorsque celui-ci s'est mis à bouger, il ne lui aurait suffit que d'appliquer le freinage d'urgence pour que tout le convoi s'arrête.
EffacerPluche
Merci pour ces tres interessante lignes :) Triste procedure que de laisser tourner ainssi les moteur plutot que de faire le tours des freins manuelles.. :( Merci encore M.Pluche
RépondreEffacerNombre de procédures sont à revoir. Et il faudra que Transports Canada s'y penche sérieusement.
EffacerPluche
Triste procédure que de laisser tourner les moteurs plutot que de faire le tours des freins manuels. Procédure qui aurait due etre proscrite par les autorités depuis longtemps;quand on compte les contraventions payés par les propriétaires de minuscules cylindrés que sont les voitures pour laisser tourner leurs autos, les propriétaire de locomotive devraient payer 25ooo$ (!) pour laisser tourner ces mastodonte inutilement toute une nuit non?! Merci Bcp M.Pluche pour ces lignes tres instructives.Mais Triste moment pour en aprendre sur ces grosses machines. Vraiment qu'a 'notre' argent ces dirigeants,comme vous dites.
RépondreEffacerJean-Sebas
Comme je l'ai dit plus haut, il y a quantité de procédures à revoir.
RépondreEffacer