samedi 10 janvier 2015

Bien branché


Sur cette photo, vraisemblablement prise au milieu des années 80, nous montre un type visiblement très branché, enfin pour l'époque en tout cas. Il s'agissait d'une publicité pour Sony, mais peu importe. Les avancées technologiques du temps en électronique ont été considérables, et, jumelées à des méthodes de fabrication de moins en moins coûteuses, ce qui était presque considéré comme de la science-fiction une décennie plus tôt, était maintenant une réalité. Pour un prix évidemment. Regardons ça de plus près. 


1) La radio portative que le type tient sur son épaule gauche n'était pas nouvelle, mais de ce type, oui. Elles étaient plus grosses, avec des haut-parleurs stéréo puissants, et comprenant un lecteur de cassette. Ce modèle-ci est de moyenne taille, considérant que certains "boom box", comme on les appelait, pouvaient être deux et même trois fois plus gros. Ces modèles-là, on les voyait sur le bord du trottoir où des jeunes s'adonnaient au "break dancing" sur un grand carton étendu au sol. 

2) Le caméscope sur l'épaule droite était un joujou relativement dispendieux. Les premiers modèles se vendaient à gros prix, souvent entre $1000 et $1500, tout dépendant du modèle. Et ceux-ci n'étaient pas équipés de mécanismes d'enregistrement puisqu'ils ne faisaient que transmettre l'audio et le vidéo dans un magnétoscope portatif. Et il fallait absolument un modèle portatif, les magnétoscopes de table n'étant pas compatibles. Pour filmer un mariage, une fête ou une réception, il fallait trimballer le magnétoscope portatif en bandoulière ainsi que la caméra. L'alimentation électrique était fournie par une pile rechargeable logée dans le magnétoscope et fabriquée spécialement pour le modèle que l'on utilisait. Quelques années plus tard, on a produit des caméscopes qui intégraient un mini-magnétoscope. Les premiers modèles utilisaient un format VHS-C, soit une version miniature de cassette VHS et qui ne pouvait enregistrer que pour une vingtaine de minutes. Encore plus tard sont apparus les modèles permettant l'utilisation de cassettes VHS régulières. On retrouvait aussi des modèles beta, mais ils n'ont pas connu la même popularité, et je vous explique ça dans le prochain paragraphe. 

3) Au début des années 80 il y avait deux formats de vidéocassettes: le beta (pour betamax) et le VHS. Le premier avait été mis au point par Sony en 1975 et le second par JVC en 1976.  JVC fabriquait ses propres appareils VHS mais avait aussi accordé des licenses à différents fabricants comme Hitachi, Panasonic, RCA, Electrohome, Toshiba, Sanyo, Quasar, et quelques autres. Sony pour sa part s'était refusée à accorder une telle license, préférant garder le plein contrôle du format beta, et pour cause puisque le beta était considéré comme un format ayant une image de qualité supérieure au VHS. Malheureusement pour Sony, toutes les compagnies qui fabriquaient des magnétoscopes VHS se faisaient une guerre de prix, ce qui a grandement avantagé les consommateurs. Sony a tardé avant d'offrir une license de beta à d'autres compagnies. Aussi, avec le beta on ne pouvait qu'enregistrer qu'une heure handicapait le format beta alors que le VHS en offrait deux. Lorsque Sony s'est réajusté en offrant des cassettes offrant 3 heures d'enregistrement le format VHS qui offrait maintenant 4 et même 6 heures d'enregistrement, avait joué en faveur du VHS. Et à ce moment, le format VHS détenait plus de 60% du marché, et cette proportion augmentait de mois en mois. Cette domination du VHS a relégué le beta dans l'arrière-cour, où il est devenu un format peu utilisé, marginal mais qui avait son lot d'adeptes. Le format beta était toutefois largement utilisé par les stations de télévision. Il faudra attendre le format DVD, puis Blu-Ray pour que cesse le règne du VHS. L'autre avantage notable du magnétoscope était de pouvoir programmer un enregistrement quelconque et ce même temps que l'on regardait une autre émission. Il ne suffisait que d'entrer la date, l'heure, le canal ainsi que la durée. Mon expérience personnelle m'a appris à mieux vérifier les télé-horaire car il n'y rien de bien amusant à regarder deux heures d'un championnat de boulinglais plutôt que ce film de science-fiction tant attendu. 

4) Le fameux Walkman. Il a été introduit en 1979 par Sony et a été le premier lecteur de cassettes portatif sur le marché. Dispendieux toutefois car son prix avoisinait les $200. Heureusement pour les bourses moins nanties, il se trouvait des compagnies qui ont fabriqué des lecteurs portatifs AM-FM sans lecteurs de cassettes pour un prix moindre, soit environ $75. Puis, peu à peu, ces appareils sont devenus plus abordables et intégraient des lecteurs de cassettes. Au milieu des années 80 on pouvait trouver un de ces lecteurs portatif pour environ $40. Cette mode, lancée par Sony, et copiée par plusieurs, a permis aux gens, pour la première fois, d'emporter leur musique là où ils allaient. 

5) Le Watchman, toujours de Sony. Voici une autre mode créée cette fois non pas pour la musique, mais bien pour la télévision. Le Watchman a été introduit en 1982 avec un écran noir et blanc de 5 cm. Mais comme tous les appareils technologiques du temps, la taille et la résolution de l'écran a augmenté. On a vu des modèles résistants à l'eau et en 1988, le modèle à écran couleurs. On pouvait donc regarder ses émissions de télé favorites à peu près n'importe où. À l'instar de passionnés de hockey et de baseball qui apportaient leur petite radio portative aux matches, cette fois ils apportaient leur petite télé portative. En plus de regarder les joutes en direct, ils pouvaient aussi voir les reprises. Le Watchman a pris fin en 2000. 

6) Dans les années 80, les systèmes de son étaient souvent "bigger is better", essentiellement une colonne d'appareils qui comprenaient un tourne-disque, un lecteur de cassettes double, un égalisateur de fréquences, un récepteur-radio, un lecteur laser ainsi qu'un puissant amplificateur. Le tout ceinturé d'enceintes de bonne taille. L'apparition des ensembles stéréo compacts, qui comprenaient souvent le même nombre d'appareils hormis le tourne-disque mais dans un tout petit format incluant les haut-parleurs a semblé, au début, quelque peu à contre-courant. Ils avaient néanmoins des avantages bien nets face aux gros systèmes. Ils étaient peu encombrants, pouvaient se loger plus facilement, étaient souvent moins dispendieux et la qualité sonore était certainement très appréciable. Bien que ces systèmes n'aient pas éclipsé les systèmes conventionnels, ils demeurent encore aujourd'hui fort populaires.

7) Les premières machines à écrire électroniques ont été mises au point par Olivetti en 1976 mais c'est durant les années 80 que l'on a vu des perfectionnements remarquables. On retrouvait des modèles avec un petit écran LCD qui permettait de voir le texte que l'on écrivait avant qu'il ne soit tapé par la machine. Certains en sont même venus à incorporer des correcteurs de grammaire basiques, et même des méthodes de sauvegarde sur disquettes. Toutefois, les mêmes innovations technologiques qui ont permis la création de modèles sophistiqués et aussi signé leur arrêt de mort puisque l'ordinateur personnel, avec écran et logiciels de traitements de texte tels Aldus Pagemaker. si ces machines à écrire électroniques ont disparu, il semble y avoir un regain d'intérêt, à titre de loisir bien entendu, envers les vieilles machines purement mécaniques. 

8) Le magnétophone à micro-cassette. Introduit en 1969, ce gadget était d'abord et avant tout un outil de bureau, parfait pour enregistrer un réunion, ou encore une entrevue. Oylmpus a aussi fabriqué une version stéréo, favorisée celle-là par des amateurs de concerts rock qui voulaient enregistrer les performances sans trop attirer l'attention, mais le produit n'a pas décollé. Non seulement ces magnétophones étaient miniatures, mais les micro-cassettes qu'ils utilisaient pouvaient enregistrer entre 60 et 90 minutes, tout dépendant du modèle. Plusieurs modèles de répondeurs téléphoniques utilisaient aussi ce genre de cassettes.

9) La calculatrice portative. Cette petite merveille, pour l'époque, est apparue durant les années 70. Elle permettait de faire des calculs peu importe l'endroit où l'on se trouvait. Encore ici, la technologie, surtout celle des années 80, s'est perfectionnée au point de rendre cet appareil abordable. Plusieurs étudiants du secondaires, dont moi, avions une de ces calculatrices. Les professeurs nous en interdisaient l'usage en classe, prétextant qu'une fois sur le marché du travail on ne transporterait pas toujours de tels appareils avec nous. C'était bien mal prédire l'avenir. Puis, on a vu apparaître des modèles de plus en plus minces, comportant des fonctions avancées et qui fonctionnaient même à l'énergie solaire. On peut aujourd'hui les trouver dans les magasins à un dollar. 

10) Le téléphone dit moderne. Il fut un temps où avoir le téléphone signifiait louer automatiquement de Bell. Toutefois, cette façon de faire s'est elle-même révolue, et l'on a pu finalement avoir l'option de soit louer avec Bell, ou d'acheter son propre téléphone dans une boutique comme La cabine téléphonique. Fini les téléphones conventionnels de Bell, bienvenue au téléphone Mickey Mouse, Garfield, Snoopy, transparents, ou encore, comme on le voit sur la photo, d'une seule pièce, l'interrupteur de trouvant sur la base. Pour engager la ligne, il suffisait de simplement le prendre dans ses mains et de le redéposer une fois la conversation terminée. Au milieu des années 80, un tel téléphone se vendait $10. 

11) Les écouteurs stéréo se déclinaient en deux versions: la version maison et la version portative. Les premiers n'étaient généralement pas compatibles avec les lecteurs de cassettes portatifs car les connecteurs de 6.35mm étaient trop gros pour les prises 3.5mm. Un p'tit tour dans une boutique de pièces électroniques comme Addison permettait d'acheter des adapteurs allant dans un sens ou l'autre. La plupart des écouteurs portatifs, généralement inclus avec les lecteurs, n'avaient pas une qualité sonore impressionnante et peu à peu les manufacturiers ont mis sur le marché des écouteurs hybrides qui étaient légers, peu encombrants mais qui conservaient la qualité sonore des écouteurs maison. 

12) Et finalement, les cassettes car les années 80 ont été la décennie des cassettes. Tels que mentionné plus haut, les émissions de télé, les films, les messages téléphoniques et la musique étaient l'affaire de cassettes. Si l'on vendait toujours une quantité appréciable de disques 33-tours, les cassettes audio grugeaient de plus en plus de parts du marché chez les disquaires. Quant aux cassettes vidéo, elles se détaillaient aux alentour de $20 chacune au début des années 80. Ce prix élevé était surtout le fruit d'une taxe spéciale destinée aux diffuseurs afin de les dédommager pour toutes pertes qu'ils subissaient aux mains des magnétoscopes. Puis, peu à peu elles sont devenues plus abordables et ont fini par se vendre pour quelques dollars. La qualité des rubans quant à elles, tout comme pour les cassettes audio, variait grandement et les fabricants n'hésitaient nullement à inonder leurs publicités de termes techniques profonds afin de convaincre les consommateurs que leur ruban était supérieur à la compétition. D'ordre général, il était convenu que des marques comme BASF, Hitachi, Sony et TDK étaient les meilleurs investissements. Et c'était la même chose pour les cassettes audio. Une différence notable toutefois; les premiers ordinateurs personnels bon marché comme le VIC-20, Commodore 64, Adam et TI-99 4/a utilisaient des cassettes audio pour l'enregistrement de programmes, et ici, les cassettes à quatre pour $1.44 chez Woolco étaient les meilleures. Les cassettes haute-fidélité enregistraient parfois des parasites que les cassettes Woolco (ou toute autre marque générique bon marché) ne captaient pas en raison de leur qualité médiocre. C'était pratique lorsque le programme était chargé dans l'ordinateur. Des parasites pouvaient effectivement empêcher le transfert de données. 

En conclusion, qui nous aurait dit, durant les années 80, que toute ce que nous voyons dans la photo du haut se retrouverait dans un petit et mince rectangle... 






Le saviez-vous? Le premier format de magnétoscope à voir le jour a été le U-Matic. Présenté par Sony en 1969, il a été commercialisé en 1971, mais était surtout réservés à des fins de production télévisuelles. 

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