Tenez,
voici le Terrace Harp,
sur Sherbrooke à l’angle de St-Laurent. Ni Le Petit Robert ni le
Larousse n’ont d’entrée pour le mot «terrace» qu’on pourrait
traduire par «terrasse» mais la définition du mot ne s’accorderait
pas avec l’ensemble architectural qu’on voit sur la photo. En
anglais par contre il définit une rangée de maisons résidentielles
qui sont, plus souvent qu’autrement, assez identiques. Celles-ci
ont été construites en 1864 selon un style devenu caractéristique;
brique et toit plat, ce qui permet l’écoulement, dans la partie
basse, de l’eau de pluie. La disposition en dents-de-scie est
attribuable au fait que l’on voulait placer les maisons en
parallèle avec la rue Sherbrooke.
Saviez-vous ça vous autres? L’ensemble des maisons là, y'en a cinq, ben ça fait l’objet de rénovations y'a pas si longtemps, genre la brique pis les boiseries mais les travaux y’ont pas touché à la cinquième su'l coin de Sherbrooke pis St-Laurent qui a l'air du y'able. Non mais s'tu assez bizarre tien qu'un peu?
Dites, vous étiez où le
mardi 25 janvier 1927 au soir, disons aux alentours de 18:30?
Évidemment y’a des chances pour vous n’étiez même pas au
monde, mais si vous auriez été au coin des rues Guy et St-Jacques
vous auriez eu droit à tout un spectacle. Faut quand même que
j’ajoute ici qu’il s’agit d’un spectacle que tous les
résidents dans le coin s’attendaient de voir un jour ou l’autre.
Si vous connaissez le secteur vous allez probablement dire que cette
intersection n’a rien de bien particulier et que s’en est une
comme bien d’autres à Montréal alors qu’est-ce qui la rend plus
spéciale ou plus propice à un «spectacle» quelconque?
Alors allons-y donc avec
un peu de remise en contexte, si vous le voulez bien.
La gare Bonaventure telle qu'elle apparaissait avant qu'un incendie vienne la priver de sa magnifique toiture en 1916.
En 1927, à l’emplacement
approximatif de l’ancien Planétarium Dow, se trouvait la gare du
Canadien National mais construite par le Grand Tronc en 1886. Les
voies ferrées quant à elles longeaient la rue St-Jacques (autrefois
St-James) et filaient vers l’ouest incluant l’accès vers le pont
Victoria ainsi qu’aux ateliers de Pointe St-Charles. Le train, à
cette époque-là, était un moyen de transport très populaire pour les
trajets hors de la ville et pour la ville proprement dit, c’était le
tramway. Ceci veut donc dire qu’à certains endroits se croisaient
les voies ferrées de ces deux moyens de transport. Et justement
c’est ce qu’on retrouvait à l’intersection des rues Guy et
St-Jacques où les deux voies de la Montreal Tramways Company
chevauchaient les huit voies du CN. Comme je le disais plus haut, pour
les gens du coin il y avait là tous les ingrédients nécessaires à
un éventuel accident. Et si j’ai mentionné en début d’article
la date du 25 janvier ô-soir, c’est exactement parce que.
Donc.
Ce soir-là le tramway
772 remonte le circuit Guy en direction nord et s'approche de la
traverse de chemin de fer situé juste avant la rue St-Jacques. Le
garde-moteur Beaudet s'arrête selon la procédure et observe le
signal de l'aiguillage de sûreté. Ce dernier indique que la voie
est libre. Beaudet pousse le levier de commande et le tramway
s'engage. Il s'apprête à croiser la huitième et dernière voie
quand arrive soudainement la locomotive 5278 du CN. Celle-ci vient de
laisser des passagers à la gare Bonaventure et s'en retourne aux
ateliers de Pointe-St-Charles. La violence du choc fait voler en
éclats toutes les vitres du tramway et soulève ce dernier, le
séparant des deux bogies de roues, et l'envoie dans un fossé qui
longe la voie ferrée.
Une locomotive de type Pacific similaire à celle impliquée dans l'accident.
Les secours arrivent mais
les gens qui étaient à bord du tramway, lequel a été renversé
sur le côté, ont pu s'extirper du véhicule eux-mêmes. Par miracle
aucun des dix-sept voyageurs n'est blessé sérieusement et on les
dirige dans l'immeuble de la compagnie Gotfredson Trucks situé tout
juste au coin de la rue. Là, médecins ont soigné les gens et tous
on été en mesure de s'en retourner chez eux sauf quatre que l'on a
jugé mieux de faire transporter à l'hôpital.
M. Hutchison,
vice-président de la Montreal Tramways Company, remet un communiqué
à 11 :30 dès le lendemain de l’accident dans lequel il
raconte les circonstances de l’accident. Pour le maire Médéric
Martin la situation des passages à niveau n'a que trop duré. En
entrevue il déclare: «Ceci me donne raison. Je dis que nous
aurions dû aller à Québec, cette année, pour demander à la
législature l'autorisation de faire, à même notre pouvoir
d'emprunt, certaines améliorations telles que viaducs, tunnels et
autres dont la nécessité se fait de plus en plus sentir chaque
jour. En plus du danger qu'ils offrent, les passages à niveau sont
une cause de retards continuels. Lorsque j'étais fabriquant de
cigares il y a de cela 25 ans, il fallait attendre de 20 à 25
minutes pour laisser passer les trains. Dans certains endroits de la
métropole la situation ne s'est guère améliorée. Nos autorités
en général devraient travailler un peu plus à la solution de ce
problème. Il est certes bon de protéger les chemins de fer mais il
bon de même de penser un peu aux simples citoyens. Il y a quelques
années j'avais proposé un moyen de supprimer les passages à
niveau; mes plans ont été détruits lors de l'incendie de l'hôtel
de ville (3 mars 1922, NDLR). Les voies des chemins de fer auraient
longé le canal, d'après ce projet, et auraient atteint une gare
centrale en devenant des voies élevées à l'entrée de la ville.»
La solution de la ville
sera de construire un viaduc qui enjambe les voies ferrées du
Canadien National, mettant ainsi fin à une problématique qui avait
duré un peu trop longtemps. Aujourd’hui il serait assez difficile
pour n’importe qui d’imaginer qu’à cette intersection se
trouvait des voies ferrées et un viaduc; tous les deux ayant
disparu, tout comme la gare.
Le viaduc terminé (Photo: Archives ville de Montréal)
Le numéro 1 indique la rue St-Jacques alors que le numéro 2 indique la rue Guy. L'étoile rouge indique l'endroit approximatif de l'accident.
Saviez-vous ça vous autres? La locomotive 5278 qui a cogné l'tramway là, ben c'est une Pacific 4-6-2 de classe J-7 qui a construite à la Montreal Locomotive Works en 1918-19 pour le Canadian Government Railway. Pis la loco sur la photo, un ti-peu plus haut, même si c'est une Pacific, c'est une classe J-3 qui a été construite entre 1912-13 pour le Grand Tronc. On dit ça juste pour être certains que y'a pas de mélange. Vous avez toutte prit ça en note là? Y'a un test demain.
Le
sujet a fait couler de l’encre. Beaucoup d’encre. L’Homme,d’Alexander Calder (que j’ai photographié ici et par là), n’est
pas à la bonne place disent certains, convaincus qu’ils sont que
l’imposante sculpture devrait se trouver ailleurs. Parce que si
elle est ailleurs, comme par exemple pif-poil au milieu de l’ancien
échangeur des Pins, elle va être mieux vue et admirée. Ça va
attirer les touristes à pleine pochetées. Comme pour Johnny B. Good
on va venir des milles à la ronde pour voir l’œuvre. Mieux en plein milieu du traffic
que perdue au milieu de l’île Sainte-Hélène.
Ouais.
Bon,
vous me connaissez sûrement depuis le temps alors vous savez qu’il
n’est pas question pour moi d’aborder un tel sujet sans ouvrir le
capot de l’histoire et y regarder de plus près. Pour ce faire on
retourne à cette année tout à fait extraordinaire et parfaitement
pharamineuse que fut 1966 (et je ne dis pas ça seulement à cause de
l’album Revolver, ha!).
D’abord,
et en premier lieu, faut comprendre que si la sculpture est sur l’île
Sainte-Hélène c’est probablement parce qu’il y a une raison.Et la raison en est une de taille puisqu'en 1966, à l’occasion
d’Expo 67 qui approchait à grands pas, la société minière
International
Nickel Company of Canada, mieux connue sous le nom d’INCO, a décidé
d’offrir pour l’évènement un cadeau tout à fait
extraordinaire : une sculpture géante commandée à l’artiste
Alexander Calder.
Calder
a donc conçu l’œuvre de concert avec le thème d’Expo 67 : la
Terre des Hommes et a incidemment nommé sa création: l’Homme, faisant ainsi
référence non à la gent masculine mais au genre humain peu importe
son origine, la couleur de sa peau où la langue qu’il parle.
La
sculpture a officiellement été offerte aux citoyens de Montréal le 17
mai 1967 à l’occasion du 325è anniversaire de la ville. Pour
l’occasion on a placé dans une capsule de temps des documents relatif
à la cérémonie et on a déposé celle-ci au pied du stabile. C'est lors du grand réaménagement de l'île Ste-Hélène dans les années 90 que l'on a déménagé la sculpture. De son emplacement original près du chenal LeMoyne on l'a mise un peu plus au nord, plus près du St-Laurent. On a aussi prit soin d'emporter la capsule de temps, laquelle ne pourra être ouverte que le 17 mai 2067 par le maire de
Montréal et à son entière discrétion.
Ceci étant dit, une
œuvre n’est jamais dénuée de sens, ni de signification. Calder ne
fait pas exception et il a magnifiquement imprégné le sens de Terre
des Hommes dans sa création et ceci incluait l’environnement
d’Expo 67. Enlever l’œuvre d’où elle se trouve pour la mettre
quelque part à Montréal ce n’est pas seulement la déraciner mais
aussi la dépouiller de toute sa signification artistique. Bref, pour
tout ce qu’elle représente, l’œuvre de Calder doit absolument
demeurer là où elle est. Et si on désire que les gens l’apprécient
davantage, pourquoi ne pas mettre mieux en valeur le riche héritage
d’Expo 67 et inviter les gens à venir le redécouvrir sur ces îles
inventées?
Parce
qu’’Expo 67 c’était bien plus que des ballons et des
pavillons.
Saviez-vous ça vous autres? Le
stabu… stabb… stabyl… la sculpture là, ben pas de farces, a fait 20.422m de hauteur (20 mètres point 422, pas 20,422 là). C'est d'la signification pas à peu près ça. Bon, là on vous voit tout mêlés pis c'est ben normal parce qu'aujourd'hui toutte se passe en métrique. Faites une conversion en pieds pis vous allez toutte comprendre.
Détail de l’entrée
Guimard de la station de métro Square-Victoria. Il fut offert au
métro de Montréal en 1966 afin de commémorer la collaboration
entre les ingénieurs canadiens et français pendant la construction
du métro, lequel, sous la recommandation de la Régie Autonome des
Transports Parisiens, allait utiliser des voitures sur pneumatiques.
L’installation s’est cependant faite en 1967, année où l’on
célébrait Expo 67, le centenaire de la confédération ainsi que le
centième anniversaire de Hector Guimard.
Saviez-vous ça vous
autres? De chaque bord de l’enseigne, oussé que c’est marqué
«Métropolitain» là, bon ben y’a deux lumières, une de chaque
bord. À un moment donné on s’est rendu compte que les globes en
étaient des originaux en verre. Mieux, c’était les derniers de
c'te genre-là qui restaient dans l’monde. Allez-y pas y sont pu
là. Astheure c’est du polycarbonate qui est, comme vous l'savez, est un polymère issu d'la polycondensation du bisphénol A pis d'un carbonate (ou du phosgène si yé en spécial).
Quelque part dans le
Mile-End au hasard d’une promenade. Entrée d’ancienne maison de
rapport caractéristique de l’époque; fondation en pierre de
taille, brique commune et porte d’entrée en bois massif avec, à
l’intérieur, un escalier de marbre. Le vitrail au-dessus et les
lampadaires ajoutent au charme de la bâtisse.
J’ai pris cette photo
avec un accompagnement musical tout particulier. Tout juste à côté,
assise dans les marches du bâtiment voisin, se trouvait une jeune fille à
mi-chemin dans la vingtaine, souriante comme la vie, bohème d’apparence et de cœur avec
un beau teint basané. Nu pieds, longs cheveux avec un bandeau
coloré et vêtue d’une simple robe de lin toute légère dont la
coupe aérienne laissait voir sans effort de magnifiques petits seins
bien dressés, elle chantait comme le vent avec une voix magnifique,
toute veloutée. Je me suis laissé charmer, l’écoutant pendant
que je prenais mes photos. J’étais son seul public mais elle appréciait et fredonnait comme si elle était sur la scène de l’Olympia.
Saviez-vous ça vous
autres? Maison de rapport là, ça veut pas dire que c’est une
place oussé qui se passait des cochoncetés. Pantoute. Ça c’est
un bordel, du genre où l’monde échange du cash pour des
«services» ben l’fun mais un tout ti-peu dans la marge (voir
hôtel de ville). Faque une maison de rapport c’est tout simplement
une maison où y’a des services communs aux locataires.
Nous voilà assis au
cinoche dans un de ces gros fauteuils muni d’un de ces supports
pour les barils de boissons gazeuses. Sur l’écran y’a ce dernier
gros blockbuster américain qui vous poivre les yeux et les oreilles
(mais pas le cerveau). Ça pétarade, ça pète, ça rugit et ça
détonne. Boum, crac! Des monstres se tapochent sur la tronche en se
lançant tout ce qui leur tombe sous la main; des voitures, des
camions, des trains, des avions, des buildings. Tiens-toi!
Même si ça décoiffe et
que ça impressionne nous ne sommes pas dupe parce qu’on sait très
bien que ce sont des images de synthèse
entièrement concoctées par des ordinateurs. La grande majorité des
films que nous voyons comportent en grande majorité de ces effets
spéciaux dont la quantité et la complexité peuvent varier selon le
genre et les besoins. Nous y sommes tellement habitués que nous ne
les voyons pratiquement plus. Au début ça impressionnait. Suffit de
penser au personnage du T-1000 dans Terminator 2, fait de
métal liquide, ou de l’extra-terrestre composé d’eau dans The
Abyss. Avec Jurassic Park la technologie numérique s’est
imposée et de ce fait, a pratiquement signé l’arrêt de mort des
techniques dites traditionnelles. C'est rapidement
devenu si avançé qu'il est possible de remplacer un acteur par un
personnage 3D avec une différence à peine notable.
Vous avez vu le péplum
Gladiator avec Russell Crowe? L'acteur britannique Oliver Reed y tenait le rôle de
Proximo et durant le tournage l’acteur est mort alors que la
photographie n’était pas terminée, Ridley Scott a donc dû faire
appel à la technologie numérique pour le remplacer dans les scènes
qu’il restait à tourner. Les gens n’ont pratiquement rien vu.Et c'était il y a plus de 10 ans.
Les catins numériques
animées par ordinateur c’est bien beau mais comme je le disais
plus haut, on le sait, on le voit que c’est de la synthèse. Comme
Yoda dans les prequels. Vous avez trouvé crédible le Yoda par
ordinateur? Je préfère largement la catin en caoutchouc manipulée
par Frank Oz.
Et tout ça, finalement,
pour en venir à mon sujet du jour. C’est de l’ami Jerry Scott
que j’ai appris la nouvelle. Ray Harryhausen, le génie des effets
spéciaux traditionnels est mort à l’âge de 92 ans.
(Crédit photo: Jerry Scott)
Harryhausen on le connaît
pour avoir animé quantité de monstres et bibittes diverses en
utilisant des petites marionnettes animées image par image et qui
étaient par la suite superposées à de vrais acteurs. Comme pour
les effets numériques, on savait que les bestioles contre lesquelles
se battait Sinbad ou Jason n’étaient pas vraies mais la technique
de Harryhausen fonctionnait tellement bien que ça nous foutait la
trouille à chaque fois et ce, même si on le savait parfaitement
bien.
Cependant, et bien qu’il
ait élevé la technique au rang d’art, le procédé d’image par
image n’a pas été inventé par Harryhausen. Faut tout de même
rendre à César ce qui revient à… O’Brien. Willis O’Brien. Il
s’agit du type qui a conçu les effets du film King Kong
(RKO Radio Pictures) en 1933. O'Brien avait largement fait usage d'un
gorille miniature avec une armature articulée et qui permettait avec
la technique d'image par image et de jeux de caméra de donner
l'illusion que King Kong était bien réel. Pour 1933 en tout cas.
Ray Harryhausen,
fortement impressionné par King Kong, décida de se lancer
dans le métier. Un ami s'arrangea pour qu'il rencontre Willis
O'Brien lequel, après avoir observé les premiers efforts de
Harryhausen, lui conseilla de suivre des cours en arts graphiques et
en sculpture afin de parfaire ses talents.
Peu après la guerre
Harryhausen réalisa une bobine-démo qui contenait plusieurs de ses
projets et la montra à O'Brien qui l'engagea alors comme
assistant-animateur pour les besoins du film Mighty Joe Young en
1949. Alors que O'Brien se concentrait à résoudre toute une
multitude de problèmes techniques il laissa la majorité du travail
d'animation à Harryhausen. Ce travail valut à O'Brien de recevoir
un Oscar pour les meilleurs effets spéciaux.
En 1953 Ray Harryhausen
fut entièrement responsable des effets spéciaux du film The
Beast From 20,000 Fathoms et celui-ci connu un succès
international. C'est durant le tournage de ce film que Harryhausen
conçut sa méthode qui consistait à séparer l'avant et
l'arrière-plan, une technique un peu complexe qui lui permit de
mettre ses créatures en sandwich entre deux plans d'action contenant
de vrais acteurs.
Les créatures de
Harryhausen étaient fabriquées selon le même procédé qu’O’Brien
avait utilisé pour King Kong; une armature en métal articulée
était d'abord construite et laquelle était ensuite "habillée"
de caoutchouc-mousse habilement sculpté. C'est la mère de
Harryhausen qui assistait à la confection des peaux sur les
créatures alors que son père machinait les squelettes. A la mort de
ce dernier en 1973 Harryhausen engagea divers assistants dont un
taxidermiste qui aidait à la création des bibittes ayant de la
fourrure mais la plupart du temps Harryhausen travaillait seul. A ce
sujet, il dit:
"C'est une
profession solitaire, à tout le moins quand je travaillais sur mes
films, mais la solitude souvent accompagnée de frustrations et qui
me donnait du mal, était largement compensée par la joie qui
m'habitait de voir mes créatures bouger avec la même réalité que
les humains. La fait d'insuffler de la vie dans une de mes créations
et en même temps leur donner à chacun une personnalité propre rend
mon travail d'animateur unique et excitant."
Harryhausen ne se contentait pas de seulement animer les différentes créatures, il les concevait sur papier ainsi que les séquences d'actions dans lesquelles elles apparaissaient. Après quoi il les fabriquait lui-même avec différents matériaux.
Harryhausen conçut les
effets spéciaux de Gulliver’s Travels (1960), de Mysterious
Island (1961) et de ce que Harryhausen considère comme son
meilleur film, Jason and the Argonauts (1963). Mais la
révolution culturelle des années 60 se prêta plutôt mal aux films
de fantaisie se déroulant dans des temps anciens et les studios
travaillaient fort pour dénicher de nouveaux publics tant et si bien
que Columbia ne renouvela pas le contrat de Harryhausen.
En 1967 il fut engagé
par Hammer Film Productions afin d'animer les dinosaures du film One
Million Years B.C., un film très apprécié pour les courbes
de Raquel Welch (qui n'était pas animée par Harryhausen) et de son bikini en fourrure.
Yowzer!
En 1969 Harryhausen
conçut de nouveaux d'autres dinosaures pour les besoins du film The
Valley of Gwangi, un film que Harryhausen avait voulu faire
depuis des années et dont le story-board avait été créé par son
mentor Willis O'Brien. Le film ne remporta malheureusement pas un
énorme succès au box-office. C’est un peu dommage parce que
techniquement, pour le temps, c’était très fort.
Au début des années 70
Harryhausen parvint à convaincre Columbia Pictures de ressusciter la
franchise de Sinbad le marin, ce qui mena à la production du film
The Golden
Voyage of Sinbad en 1973, mettant en vedette John
Phillip Law et Caroline Munro. Le film connut assez de succès pour
qu'un autre film, Sinbad and the Eye of the Tiger, soit
produit et mettant en vedette Patrick Wayne et Jayne Seymour. Bien
que la photographie principale fut terminée en 1975 Harryhausen mit
deux ans à compléter le travail d'animation des différentes
créatures dont le fascinant troglodyte. Le film parut en 1977 et
connut lui aussi beaucoup de succès.
La séquence de danse avec Khali est toujours aussi impressionnante.
Le dernier film de
Harryhausen fut Clash of the Titans en 1981. Si le film se
classa en onzième position des films les plus populaires de cette
année-là mais la technique de Harryhausen commençait à paraître
vieillotte. La technique d'image par image continua toutefois d'être
utilisée, notamment par Phil Tippett, lequel décida carrément de
faire carrière dans l'animation après avoir vu le travail de
Harryhausen.
Apprendre son décès m’a
fait l’effet d’un coup de poing parce qu’outre Ray lui-même
c’est aussi tout un pan de mon enfance qui en prend un coup.
Qu’est-ce que je pouvais être excité lorsque mon père m’amenait
au cinéma Versailles pour voir le nouveau film de Sinbad. Pas
d’appareil vidéo dans le temps alors la seule façon de voir les
créatures de Ray était d’aller en salles. Et justement, assis
dans une de ces salles, popcorn à la main, il suffisait que je vois
le nom de Ray Harryhausen au générique du début pour mon cœur
batte la chamade juste à penser aux bibittes que j’allais voir.
Sur grand écran ça faisait son effet.
Merci Ray!
Saviez-vous ça vous autres? La séquence d'la bataille entre Jason pis les squelettes a pris quatre mois à faire. Pis une autre affaire, quand Pluche a écrit son article, excellent en passant, clap clap clap, on lui a demandé d'inclure une photo de Raquel Welch, parce que Raquel Welch. Mais y'a pas voulu parce c'était un article sur Ray Harryhauryryhauss... entéka. Faque on lui a dit, ok, s'correct. Pis là on a attendu pis on est venu faire les «modifications» nécéssaires. Tadaaam!
La pub ci-dessus date de 1953 et je dois avouer tout de go qu'elle m'en a fait baver côté numérisation à cause de cette fichue trame, et qu'en plus c'est du papier glacé qui a subi un peu les affres du temps . Aucun essai n'était concluant et j'avais beau renumériser avec différents réglages il n'y avait foutrement rien à faire. J'avoue d'emblée avoir songé ne pas persister et écrire sur cette pub que je trouve d'un morne sans fond. Avoir été le cravaté responsable de la publicité chez Bright je n'aurais jamais accepté une telle... comment dire, chose. M'enfin. Ce n'est qu'avec de la patience, de «magie» numérique et d'une certaine dose de café que je suis parvenu à la rendre acceptable.
Ceci dit.
La compagnie T.G. Bright fut fondée en 1874 par Thomas G. Bright et Francis A. Shirriff sous le nom de Niagara Falls Wine Company et bien qu'initialement établie à Toronto elle déménagea peu de temps après dans la région de Niagara, bien connue pour ses chutes spectaculaires. Pourquoi dans ce coin là plus qu'un autre? Parce qu'il y poussait des raisins. C'est en En 1911 que Thomas G. Bright se porta acquéra de toutes les parts de la compagnie détenues par Shirriff et la compagnie changea alors de nom pour T.G. Bright & Co., Limited.
Toutefois, lorsque Harry C. Hatch acheta la compagnie à la famille Bright en 1933 il n'y avait que quatre ou cinq marques toutes produites à partir de raisins labrusca (aussi connu sous le nom de raisin de renard) qui ne pouvait produire des vins pouvant se comparer aux vins d'Europe qui eux étaient produits avec des raisins vinifera lesquels sont à l'origine de très nombreux cépages comme le cabernet, le merlot, le pinot et le sauvignon. Cependant ils considérèrent que les 25,000 acres à Niagara pourraient très bien se prêter à la culture de ce raisin-là. Il n'est cepandant pas clair à partir de quelle date ils ont en effet commençé à produire des vins à partir de raisins vinifera. Et si cela a vraiment fonctionné. La compagnie Bright's Wines est devenue par la suite Vincor qui a ensuite été avalé par Constellation Brands.
Saviez-vous ça vous autres? Si on est capable de faire du vin c'est à cause d'une variété de levure obsédéesexuellement et qui zigone tout ce dont elle entre en contact durant
le processus de fermentation.
Je devais avoir quoi, six
ou sept ans quand nous sommes allés faire un tour à Frontier Town
aux États-Unis. Vous connaissez? Si vous avez plus de quarante ans
y’a des chances. Frontier Town c'était un parc thématique sur le far-west et quel ti-cul de ce temps-là ne trippait pas sur ces
fameuses histoires de cow-boys et d'Indiens qu'on voyait souvent dans
les émissions télé comme Bonanza, le Ranch L et les films avec
Clint Eastwood. D’ailleurs mes amis et moi avions tous notre
panoplie du parfait petit cowboy; la ceinture, le revolver qui
faisait péter des pétards qu’on achetait en rouleaux ou en
rondelles rouge et dans certains cas, le chapeau.
Le seul bémol c’est
que Frontier Town était aux États mais heureusement pas si loin
puisque ça se trouvait à North Hudson dans l’état de New York.
Y’avait tout de même un bout à faire en route à faire. Après
avoir traversé le pont Jacques-Cartier puis roulé sur la 15 jusqu’à
la frontière située à St-Bernard-de-Lacolle, fallait ensuite se
taper la 87, la fameuse «Adirondack Highway». C’était les années
70, je vous le rappelle, donc pas de iCochonnerie, pas de lecteur
Blu-Ray avec écran Imax incorporé ni soixante-douze consoles de jeu
pour passer le temps durant le trajet. Même pas d’air climatisé.
C’était comme ça. Pour m’occuper je pouvais compter sur une
bonne réserve de Pif Gadget. Pour le reste je pouvais m’amuser à
compter le nombre de voitures de telle ou telle couleur croisées en
cinq minutes. Si, parce que simplement regarder dehors était un peu
plate. La 87 n’avait pas grand-chose à offrir comme variété de
paysage. Une autre activité favorite, et parce que j’étais en
culottes courtes, était de me décoller de temps en temps le
derrière des cuisses du siège en vinyle noir chauffé par le
soleil. Couic! Vous vous souvenez de ça j’espère? En chemin,
y’avait aussi la proverbiale pause-pipi et l'autre, obligatoire, au
stand à patates frites où lesdites patates frites étaient
passablement foncées avec des bouts noirs et dont la graisse rendait
le sac brun tout à fait transparent en moins de dix minutes. Fallait
pas oublier la paille pour la liqueur parce que boire au bec en route
était risqué. Il suffisait de passer sur une bosse au mauvais
moment et on s'envoyait l'goulôt dans les palettes. Bing!
Ensuite on se laissait
aller, traversant Plattsburgh et Keeseville puis jusqu’à la sortie
29, qu’il fallait pas manquer, évidemment. On tournait ensuite à
droite sur Blue Ridge road jusqu’à la route 9. Rendu là, Frontier
Town n’était même pas à une minute. La joie, lorsque l’on
entrait dans le grand stationnement, je vous dis pas. En sortant de
la voiture on pouvait apercevoir d’autres familles qui arrivaient
en même temps. Il se trouvait pas mal de gamins de mon âge. On ne
se connaissait pas mais on se regardait avec de grands sourires,
sachant que l’on était ben chanceux d’être là.
Lorsque je voyais ce grand panneau dans le stationnement c'est à peine si je pouvais tenir en place, surtout après toute la longue route.
Le spectacle de rodéo était très apprécié. Remarquez les drapeaux canadiens et québécois.
Voici les diligences qui arrivent!
Ici nous sommes au Pioneer Village. À gauche on voit l'église, à gauche la place centrale avec son étang et aussi son pilori où l'on plaçait les condamnés.Plus loin au centre c'est le Carrousel Park et plus en retrait à gauche on voit Prairie Junction où se trouvaient des commerces et le fameux saloon.
Une autre belle vue de Pioneer Village.
Voici la cavalerie qui quitte Prairie Junction pour s'en retourner au fort Custer.
Une meilleure vue d'ensemble avec le rodéo à l'avant-plan, Prairie Junction et PioneerVillage. La butte à droite était là où se trouvait le fort Custer.
Le parc avait été foutrement bien pensé. Il y avait là tout ce qu'il fallait pour nous
faire tripper ben raide. Si un enfant s'y ennuyait il ne méritait
rien d’autre que d’être envoyé dans un camp d'algèbre avec du
gruau nature et juste des prunes séchées comme lunch.
On pouvait entre autres
faire un tour de diligence et on avertissait du danger que posaient
les Daltons mais on nous rassurait. Pas de danger quant à une
attaque. Pour s'en convaincre, fallait regarder à notre gauche où
se trouvaient maladroitement enterrés les corps de vilains
malfaiteurs qui avaient voulu un jour faire main basse sur la
diligence et dont on ne voyait que les bottes sortant de terre. Ha
ha, binbon pour eux!!
Et puis il y avait aussi
le fort de la Cavalerie où se trouvait un poste de recrutement.
Était-ce le 20è, comme dans Lucky Luke? Aucune idée. Je me
souviens par contre avoir été drafté sans trop comprendre
ce qui se passait ni de quoi il en retournait. On se tenait au
milieu du fort pendant qu’un soldat trompetait la chanson
traditionnelle et qu’un officier nous passait en revue. Étant
donné que je ne comprenais pas l’anglais alors j’ai fait comme
les autres. J’ai dû bien faire puisque j’ai reçu mon
certificat. Que je n’ai plus, malheureusement.
On donnait également des
spectacles de rodéo mais je n’ai pas le souvenir d’en avoir vu
parce qu’ils se donnaient à des heures précises et qu’il
fallait être là pour les voir. Je préférais la rue où il y avait
ces petites boutiques où des bandits venaient de faire main basse
sur le coffre-fort de la banque. Chic! Heureusement le shérif était
là et tout est rentré dans l'ordre. Ça faisait toujours un
pincement au cœur de s’en aller mais nous n’avions pas le choix.
Et puis fallait penser à toute cette route pour revenir à la
maison. Avant de partir toutefois fallait tout de même faire un
arrêt à la boutique de souvenirs. On trouvait là tout ce qu’un
cow-boy en herbe pouvait rêver d’avoir.
Frontier Town c’était
le rêve de Art Bensen, son fondateur, qui l’a ouvert en 1952. Il a
vendu en 1983 à de nouveaux propriétaires et, pour une raison
inconnue, l’on fait fermer en 1985. Le parc a été racheté en
1989 par Panther Mountain Water Park. Frontier Town a continué
d’opérer et a ouvert pour la dernière fois à l’été de 1998
après quoi il n’a plus jamais rouvert. En 2004 le comté d’Essex
a saisi Frontier Town parce que la compagnie qui l’avait acheté ne
payait pas ses taxes et en 2004 l’essentiel de ce qui composait le
parc thématique a été vendu aux enchères. Le site existe encore
et il se trouve encore une poignée de bâtiments un peu partout mais
qui sont, on l’aura deviné, tout délabrés puisque tout a été
abandonné.
Les ruines de Pioneer Village.
Voici ce qui reste de Prairie Junction. Au fond on voit ce qui était le Caroussel Park où il y avait des jeux pour enfants.
Le piano du saloon.
La scierie, laquelle se trouvait pas trop loin de la forge.
Je crois qu'il s'agit ici d'une autre partie Pioneer Village.
Si je me souviens bien ce bâtiment était la forge. Enfin, ce qu'il en reste.
Prairie Junction.
Une autre vue de Prairie Junction. On voit que la structure des bâtiments est devenue instable.
Prairie Junction, vu d'un autre côté.Le quai d'embarquement pour la ballade en train se trouvait à quelques pas de cet endroit. Western Outfitter était aussi un endroit où l'on pouvait se procurer quelques trucs western, comme un chapeau de cow-boy, ou un foulard.
Sur cette vue du haut des airs on voit l'entrée ainsi que le stationnement. Le parc se trouvait tout juste à gauche.
Une bonne partie des installations a disparu et le reste est lentement avalé par la nature. On peut reconnaître quelques éléments dont le tracé du petit chemin de fer ainsi que le rodéo.
La bâtiment d'accueil était la première chose que l'on reconnaissait lorsque l'on arrivait [enfin] sur les lieux.
Nous sommes allés deux ou trois fois à Frontier Town, en '74 et '75 je crois et je n'avais jamais eu assez de mes deux yeux et de mes deux oreilles pour tout voir et tout entendre. Il me reste toutefois deux souvenirs de ces visites; mon
étoile de shérif et le fanion.
Saviez-vous ça vous autres? Y'a une croyance populaire un peu niaiseuse qui veut que le farwest c'était violent sans bon sens avec du sang partout. Ça faut remercier tous les westerns insipides genre spaghetti meat-ball avec ben d'la sauce genre Sergio Leone. La réalité? On comptait en moyenne 1.5 meurtres par année dans chaque ville du farwest américain. La bataille de OK Corral? Trois morts. Pas de farces, vous avez plus de chances de vous faire tuer par une vache en 2013 qu'à Tombstone en 1881. Ouais, par que statististititiquement parlant les vaches tuent 22 personnes par année.