dimanche 29 janvier 2012

Auto-Lite en 1953 (2)

Auto-Lite a déjà fait l'objet d'un article publié dans deux autres articles (ici et ici) et dont la publicité présentait un éventail plus élargi des produits de cette compagnie. Aujourd'hui il est question des bougies d'allumage. Le concept derrière cette publicité de 1953 est qu'il faut se méfier des "sosies". Un coup d’œil rapide nous indiquerait que Dean Martin et Jerry Lewis endossent le produit mais en regardant et lisant attentivement on se rend compte qu'il ne s'agit pas du célèbre duo comique mais bien de sosies.

Celui qui se trouve à gauche et qui ressemble à Dean Martin est un certain Jim Ferris dont je ne suis pas parvenu à savoir grand chose malgré mes recherches. Celui à gauche et qui personnifie Jerry Lewis est l'acteur montréalais Joby Baker qui était alors âgé de 19 ans lors de la prise de cette photo. Baker a connu une très intéressante carrière au cinéma et à la télévision, jouant entre autres dans Girl Happy (1966) avec Elvis Presley ainsi que dans le Dick Van Dyke Show. Baker a aussi été peintre et bon nombre de ses oeuvres se sont retrouvées dans les galeries d'art de Los Angeles.

A titre de comparaison, voici la photo originale de Dean Martin et Jerry Lewis qui fut utilisée pour créer celle qui apparaît dans la publicité:







Le saviez-vous? Étienne Lenoir a été le premier à utiliser une bougie d'allumage avec un moteur à essence. Ça se passait en... 1860.

samedi 28 janvier 2012

Stretch Armstrong

Durant les années 70, l'innovation était le mot d'ordre pour la conception des jouets. Si certains concepts s'écrasaient, d'autres connaissaient un succès phénoménal. L'un des exemples les plus probants est un personnage du nom de Stretch Armstrong, et que Kenner a lâché lousse sur les tablettes en 1976. Vous vous demandez probablement c'est quoi Stretch Armstrong est qu'est-ce qui le rendait si original?
Hébin voilà; Stretch, comme son nom l'indique, était un personnage qu'on pouvait étirer joyeusement dans toutes les directions. De sa taille initiale de 15 pouces il pouvait atteindre presque quatre à cinq pieds. Il suffisait de le relâcher pour qu'il reprenne rapidement sa forme initiale. Le secret de Stretch, qui n'en était pas réellement un, était une peau en caoutchouc durable et l'intérieur consistait en un gel fabriqué avec du sirop de maïs.
 
En raison des matériaux utilisés Kenner recommandait que Stretch soit rangé dans sa boîte lorsqu'il n'était pas utilisé. On évitait ainsi qu'il s'abîme inutilement ou accidentellement. Le bonhomme avait beau être extensible mais il n'était pas à l'épreuve des déchirures. Le livret d'instructions fournissait d'ailleurs des instructions précises pour réparer Stretch si jamais quelque chose du genre se produisait. Certains ont malheureusement été percé au-delà de toute réparation possible. 

Un Stretch Armstrong original dans sa boîte et en bonne condition s'envolent présentement à des prix oscillants $1000. Les exemplaires endommagés peuvent parfois se trouver à prix moindre. Une tête seule peut se vendre à bon prix. 

Un an après sa mise en marché Kenner a introduit l'ennemi de Stretch Armstrong incidemment appelé (et très originalement) Stretch Monster, sorte de bibitte reptilienne verte dotée des mêmes propriétés élastiques que l'autre Stretch et rempli lui aussi de sirop de maïs. 

Tout comme Stretch Armstrong, un Stretch Monster original en bonne condition peut certainement regarnir votre porte-monnaie. Toutefois, rares sont ces exemplaires car des mauvaises conditions d'entreposage faisaient que plusieurs années plus tard des parents retrouvaient un Stretch complètement raidi et parfois même vidé de son sirop. Inutilisables, plusieurs ont pris le chemin des poubelles. 

Une publicité de 1978 où l'on voit un gamin mettre beaucoup de cœur à étirer Stretch Monster. On y voit aussi tout plein d'exemples des deux belligérants se faisant des prises de combat affublés de noms comme Monster Bash, Gruesome Grip et Swamp Squeeze

Inutile de dire que non seulement le succès de Stretch a été instantané, mais aussi durable puisqu'il a été fabriqué jusqu'en 1980. Il a été ressorti des boules à mites vers 1990 où là encore le jouet a joui d'une grande popularité. Entre 1976 et 1997 on estime qu'il y a eu pas moins de 67 variantes de Stretch Armstrong, allant de Stretch Hulk à Mickey Mouse, Donald Duck et bien d'autres. Y aura t-il une nouvelle incarnation? Le temps nous le dira bien. 




Le saviez-vous? Durant la période de production de ce jouet Kenner a été le plus gros acheteur de sirop de maïs des États-Unis. Ce sont les supermarchés A&P qui ont vendu le sirop à Kenner. 

dimanche 22 janvier 2012

Knechtels en 1953


Durant les années 50 le minibar intégré dans un meuble élégant était une pièce de mobilier très populaire. C'était évidemment de bon ton de recevoir des invités et de leur servir toute une variété de boissons à partir de ce genre de meuble. Ceux en vedette dans cette publicité de 1953 ne font certainement pas exception. On peut d'ailleurs admirer la version vitrée et l'autre plus discrète. 

Knechtels est une compagnie dont les origines pourraient remonter à 1864 quand Daniel Knechtels quitta la demeure familiale à Waterloo en Ontario pour aller s'établir dans l'ouest de la province. Avec les outils qu'il transportait dans son sac il commença à fabriquer des meubles et autres produits variés en bois. Après quelques années il acheta une petite usine et commença à employer des ouvriers.

En 1874 une nouvelle usine fut construite et le nombre d'employés passa d'une douzaine à près de trente. Dix ans plus tard la première usine en brique fut bâtie et diverses améliorations furent apportées au fur et à mesure que les finances le permettaient. Un feu détruisit le tout le 20 décembre 1900 mais l'usine fut reconstruite et la production repartit de plus belle.

Daniel Knechtels est décédé en 1936 à l'âge vénérable de 93 ans, laissant la présidence de la compagnie qu'il avait fondée à son fils Jacob. Celui-ci a légué à son tour la présidence à son fils Karl en 1938. Selon toute vraisemblance la compagnie aurait existé jusqu'en 1983. 




Le saviez-vous? Des archéologues ont découvert près de la pyramide de Gizeh des indices permettant de croire que les ouvriers affectés à la construction de la pyramide étaient payés en bière. 

samedi 21 janvier 2012

Big Wheel

Durant les étés de mon enfance il y avait des sons particuliers et tout à fait propres à cette période; les souliers de course sur l'asphalte, les cordes à linge qui grinçaient, les ballons qui rebondissaient sur le sol et celui d'un Big Wheel roulant sur le trottoir.

Le Big Wheel dans toute sa splendeur de plastique.

Le Big Wheel est un tricycle entièrement fait de plastique qui fut mis sur le marché en 1969 par la compagnie de jouets Marx. Tout le plastique qui le composait était creux, même les roues et quand celles-ci roulaient sur les petites garnottes du trottoir ça produisait ce fameux son si unique et si caractéristique. Les trous devant le siège permettaient d'ajuster celui-ci pour les enfants plus petits. La poignée bleu près de la roue arrière était le frein qui, avec un peu de pratique, permettait de faire des freinages spectaculaires.

Comme il ne coûtait pas très cher à produire il se vendait à prix très raisonnable et ce faisant, le Big Wheel est rapidement devenu extrêmement populaire chez les gamins. D'ailleurs le concept fut assez rapidement copié par plein d'autres compagnies mais Big Wheel c'était Big Wheel et peu de chose pouvait rivaliser avec l'original. 

Au niveau de la conception c'était du tonnerre! L'assemblage tout en plastique solide le rendait léger et incassable. Les couleurs vives attiraient l'attention et faisait penser à un bolide de cirque pour effectuer les cascades les plus folles. Et pour arrêter, un solide frein à main, appliqué sur la roue arrière, ce qui permettait des freinages latéraux spectaculaires. 






Le saviez-vous? Pour illustrer le succès de Marx, en 1955 la compagnie avait vendu pour $55 millions et n'avait dépensé que $320,000 en publicité. Mattel, pour des ventes de $6 millions avait dépensé plus de $500,000 en publicités. 

mardi 17 janvier 2012

La mystérieuse sur la pochette


J'étais très jeune, probablement trois ou quatre ans, lorsque je me suis pris d'affection pour cet album de musique. Je pouvais pas le mettre sur le tourne-disque, enchâssé dans un grand meuble, alors je devais demander. 

Blooming Hits de Paul Mauriat et son orchestre avait un je-ne-sais-quoi qui faisait que je restais tranquille à l'écouter pendant que j'étais carrément fasciné par la photo sur la couverture. Il y avait là une femme nue (oh!) et habilement peinturlurée avec des motifs sur une bande verticale qui descendait le long de son côté droit. Ce n'était pas tant tellement la nudité du modèle (je vous jure) qui m'intriguait tant que la peinture qu'elle avait sur le corps, surtout le papillon dans la figure et qui la rendait autrement plus mystérieuse.

Aujourd'hui cet album fait partie de ma collection et j'avoue ne pas détester remettre ce 33-tours sur ma table-tournante. Idéal quand l'envie me prend de lire un livre  tranquille au salon ou de faire quelques petits travaux comme de la peinture. Par contre je me suis toujours demandé QUI était cette femme sur la pochette.

Avant cette question serait demeurée sans réponse mais aujourd'hui avec des outils comme l'internet et Google, des secrets, y'en a plus. Quelques clics de souris et la réponse arriverait. Comme ça.

Je crois que c'est une des rares fois ou ces deux-là m'ont déçu. Aucune réponse. Même après dix minutes. On sait que toute recherche est vaine quand on est rendu à la page 5 d'une recherche sur Google. Par contre sur certains forums il y a mention, sans confirmation cependant, qu'il s'agirait de Sandy Warner, et d'autres de l'actrice Julie Newmar, rendue célèbre par son rôle de Catwoman dans la série télé Batman (rôle qu'elle a partagé avec Lee Meriweather et Ertha Kitt). Serait-ce Sandy? Julie? Comme il n'y a aucune information solide, le mystère demeure entier, même en cette ère d'information-éclair. 

Bien qu'il s'agisse d'un disque solide avec une magnifique orchestration et que chaque chanson s'écoule comme de l'eau de source, voici celle qui était la plus populaire. De plusieurs s'entendent pour dire qu'il s'agit de la meilleure version instrumentale, que voici:





Le saviez-vous? Vicky Leandros, la chanteuse qui a popularisée L'amour est bleu, est Grecque, a grandi en Allemagne et a chanté en Français pour représenter le Luxembourg. 

portae


Portes d'un caveau situé au cimetière Notre-Dame-des-Neiges. C'est un vieux caveau et dont la construction remonte probablement au début du 20è siècle et possiblement même avant. Les caveaux, comme les résidences que nous habitons, subissent non seulement les affres du temps mais aussi des éléments. Ici le bas de la porte gauche, probablement trop rouillé, a été réparé avec une simple plaque, sûrement pour empêcher les animaux comme les ratons-laveurs et renards de s'infiltrer. Le pas de la porte, en calcaire, s'est craqué et des fissures apparaissent. Le sort des caveaux, dont plusieurs démontrent des signes d'usure apparents, diffère sûrement de cimetière en cimetière. 





Le saviez-vous? Avant les années 70 bien peu de Québécois se faisaient incinérer, un choix très certainement issu des croyances judéo-chrétiennes. 

dimanche 15 janvier 2012

L'église Sainte-Anne

Le milieu du 19è siècle amène son lot d'immigrants à Montréal, des Irlandais en majeure partie, qui s'installent dans un coin que l'on connaît sous le nom de Griffintown. Ils forment l'essentiel de la force ouvrière de ce secteur. Les maisons qu'ils habitent sont rudimentaires, construites en bois et réduites pour la plupart à leur plus simple expression. Elles sont souvent tassées les unes sur les autres et se retrouvent bien souvent à proximité d'une usine. La vie de quartier se passe sous la fumée des grosses cheminées industrielles avec en prime tout le boucan qui vient avec. 

Vue d'une partie de Griffintown à la fin du XIXè siècle. Au premier plan dans le centre on voit l'église Sainte-Anne, le canal Lachine juste derrière et plus loin le fleuve Saint-Laurent et le pont Victoria.

Mais faut pas se le cacher, Griffintown c'est un coin pauvre, très pauvre. Les maisons n'ont même pas de toilettes intérieures alors les gens doivent utiliser la fameuse bécosse (de l'anglais back house). Les égoûts? Pensez-y même pas. Sauf peut-être lors de l’inondation de 1886, dont je vous ai déjà parlé, et qui a fait se déborder toutes les bécosses qui ont transformé les rues en égout à ciel ouvert.

Les Irlandais, très catholiques, pouvaient toutefois compter sur le clergé de l'église Sainte-Anne pour les aider dans l'adversité. Le magnifique bâtiment fut construit tout près du canal Lachine en 1854 et faisait partie intégrante de la vie communautaire. L'église parvenait d'ailleurs à fournir des vêtements et de la nourriture à ceux dans le besoin.

L'église Sainte-Anne, alors le cœur du quartier.

L'intérieur de l'église. 

En 1963 le maire Jean Drapeau, qui avait en horreur les vieux quartiers, décida tout simplement de faire disparaître Griffintown. Évidemment il ne pouvait pas arriver avec une armée de bulldozers (quoiqu'il n'aurait pas détesté l'idée), alors il s'y est pris de façon beaucoup plus pernicieuse: il a commencé par changer le zonage de Griffintown, le faisant passer de résidentiel à industriel. Ce faisant, la construction de résidences était alors interdite advenant une démolition ou incendie d'un immeuble. Les écoles, faute d'enfants ferment. Peu à peu, des résidents ont entrepris de migrer vers d'autres quartiers mais malheureusement le quartier se saigne inexorablement de ses résidents. L'église Sainte-Anne n'a pas pu subvenir à ses besoins bien longtemps et en 1970 les bulldozers sont à pied d'oeuvre et l'église est tout simplement démolie, et le secteur est pratiquement mort, certainement à la grande joie du maire Drapeau. 

Le parc, vu du haut des airs. On voit très bien les fondations de l'ancienne église.

Que reste t-il de l'église Sainte-Anne aujourd'hui? Assez curieusement, plutôt que de bâtir des condos (malgré que le voisinage n'échappera pas à ce sort j'en suis certain) on a aménagé un espace vert qui porte le nom de parc Griffintown-St-Ann où l'on a laissé une bonne partie des fondations originales de l'église. Dans ces ruines on a installé des bancs de parc quelque peu orientés comme l'étaient les bancs d'église dans le temps. On peut y voir un bout d'escalier par-ci, des morceaux de pierre avec bas-reliefs par-là. Et bien entendu, une plaque près de ce qui fut l'entrée et qui explique un peu ce qui fut là dans le temps. Voici d'ailleurs quelques photos du parc et ses vestiges, prises en 2010.








Le saviez-vous? Le nom de Griffintown est dû à Mary Griffin, épouse de Robert Griffin, un savonnier et dont le partenaire Patrick Langan profite de l'absence de ce dernier pour vendre illégalement le fief à Mary, laquelle fait développer le secteur. 

samedi 14 janvier 2012

Matchbox


Si je vous dis le mot Matchbox, il y a de grosses chances pour qu'il agisse comme une bougie d'allumage dans la boîte à souvenirs de votre enfance. Regardez comme vous vous revoyez, hauts comme trois pommes et quart dans la cour arrière ou sur le trottoir (et possiblement ailleurs) avec ces petites voitures en métal. On les trouvait partout à prix très abordables. On leur en a vraiment fait voir de toutes les couleurs, les faisant rouler à des vitesses (proportionnelles) de fou, sans compter les cascades impossibles et les accidents.

Matchbox, faut comprendre, c'était une marque de commerce et la compagnie qui les fabriquait portait le nom de Lesney. Ça été fondée le 19 janvier 1947 par Leslie Smith et Rodney Smith, deux britanniques qui n'avaient aucun lien de parenté. Ils ont toutefois fréquenté l'école ensemble et servi aussi dans la Marine. Le nom de la compagnie est formé de leurs noms; LESlie Smith et RodNEY Smith. Que voici d'ailleurs:


À ses débuts la compagnie loge dans un petit immeuble, un ancien pub qui portait le nom de Rifleman. On donne essentiellement dans le métal moulé industriel parce qu'il y avait une grosse demande pour toutes sortes d'outillages, surtout électriques, après la Seconde guerre.

Pas tellement longtemps après Rodney présente à Leslie un de ses amis, un certain Jack Odell. Çui-là va louer un espace dans l'édifice de Lesney pour y fabriquer ses propre trucs en métal moulé mais il va rapidement se joindre à la compagnie comme partenaire. Lesney reçoit des commandes de pièces variées et les choses vont bien. On change de locaux à quelques reprises et puis on finit par s'installer à Hackney Wick, un peu à l'est de Londres.

Puis un jour ils reçoivent des commandes pour fabriquer des pièces pour un pistolet-jouet. Ça va permettre à la compagnie de continuer à produire lorsque la demande de pièces d'outillage baisse. On flaire le potentiel des jouets et on commence don à en fabriquer. Le premier produit, qui sort en 1948, est une sorte de rouleau-compresseur qui semble carrément calqué sur celui de Dinky. Par contre Rodney Smith a pas mal de difficultés à voir, justement, ce potentiel-là. Puis un jour, il finit par ne plus le voir pantoute et décide donc de quitter la compagnie en 1951, laissant O'Dell et l'autre Smith aux commandes de Lesney Products.

En 1952 le roi Georges V meurt, ce qui laisse le trône libre pour la jeune princesse Élizabeth. Elle est couronnée en juin 1953 et Lesney voit là une merveilleuse petite occasion de mise en marché. On décide donc de produire à l'échelle le carrosse que la princesse va utiliser pour se rendre à Westminster pour en ressortir monarque.


Ils en ont produit un gros puis un plus petit. C'est ce dernier qui est très populaire qui se vend à quelque chose comme un million d'exemplaires. Ça fait donc pas mal de pognon qui rentre dans les coffres de la compagnie. Par contre, la marque Matchbox n'existe pas encore mais ça s'en vient. 

La fille de John Odell fréquente une école qui a, parmi son lot de règlements étranges et insipides mais horriblement stricts, celui qui dit que les enfants ne peuvent emporter avec eux qu'un jouet, à condition que ça puisse entrer dans une boîte d'allumettes. Odell fait donc fabriquer pour sa fille un véhicule vert et rouge qu'il glisse dans une telle boîte et que sa fille peut emporter avec elle. Pas besoin de dire qu'à l'école, le p'tit véhicule dans sa boîte fait sensation. C'est de là que vient l'idée de fabriquer et vendre des véhicules dans des boîtes de cartons aux dimensions assez similaires à celle pour les allumettes. La marque Matchbox fait donc ses débuts en 1953.

Et ça marche!

Au courant des années qui suivent on voit une gamme de voitures de plus en plus diversifiée; des voitures britanniques au début (elementary) mais qui ensuite s'élargit avec des voitures françaises, italiennes et, plus tard, américaines. Lesney fabrique ses voitures d'après tout un tas de photos détaillées de véritables voitures et on va même jusqu'à obtenir les plans de construction des fabricants. On établit tout de go que la série Matchbox va comporter au total 75 véhicules par année. Pas un de moins, pas un de plus.

Sur la photo ci-haut on peut voir un employé de Lesney assis sur une chaise qui semble douloureusement inconfortable et qui travaille au plan d'une voiture de la série Models of Yesteryear. Dans cette série-là il n'y avait que des vieilles voitures teuf-teuf des années 10 et 20. Par contre, peu importe la série, tous les véhicules Matchbox commencent sur une table à dessin comme celle-là.

D'après le plan dressé on fabrique le véhicule avec du bois et à une échelle six fois plus grande que celle du produit final. Ça permet de déceler toute erreur ou omission et d'y remédier facilement.

Les pièces sont assemblées pour se donner une idée et ensuite on fabrique un moule avec lequel on va pouvoir ramener la voiture à l'échelle 1/64, celle utilisée pour les Matchbox de la série principale.

C'est ici que la miniaturisation se passe. Ce type, qu'on voit ici, utilise le moule en bois avec une machine appelée pantographe. Si vous vous êtes déjà amusé avec le E-Z tracer de K-Tel durant les années 70 alors voilà, ça fonctionne sur le même principe sauf qu'au lieu de travailler sur le plat ça marche en trois dimensions. C'est un travail minutieux qui demande beaucoup de dextérité.

On se trouve ici dans la fonderie. C'est ici qu'on fait fondre le métal qui va servir à fabriquer les voitures. Bien avant Lesney on utilisait une forte proportion de zinc qui, avec le temps, devenait fragile et pouvait casser facilement. Les alliages utilisés ont été améliorés afin de s'assurer que les véhicules ne cassent pas.

Le métal est versé dans une cuve d'où il va être injecté dans les moules produits via les pantographes. Les portions de métal non utilisées sont récupérés et refondues afin d'être utilisées de nouveau. Ça permet de minimiser les pertes et de réduire les coûts de fabrication.

Ici on peut voir un véhicule et ses différentes composantes qui viennent tout juste de sortir des moules. Il s'agit de la remorqueuse Ford qui sera éventuellement peinte en rouge et blanc et affixée d'une étiquette de la compagnie pétrolière Esso.

Des employées prennent les différentes pièces, qui sont versées dans un bac, et les placent rapidement sur des pieux pivotants en métal. Ces pièces s'en vont se faire peinturlurer et ce n'est qu'après y avoir passé quelques tours, histoire d'avoir une belle couche de peinture uniforme, que les pièces vont être assemblées.

Sur cette image on peut voir les véhicules recevoir leur première couche de peinture. Une fois toutes les couches appliquées elles sont envoyées au four. Le procédé fait que la peinture est relativement durable.

Une fois les couches de peinture appliquées et toutes les pièces fabriquées, tout est envoyé plus loin sur la ligne où des employées s'affairent à assembler les véhicules. Certains procédés sont mécanisés mais pas pour d'autres, dans le cas ici une voiture de la série Models of Yesteryear, en raison de multiples pièces.

Les voitures assemblées sont toutes déposées sur un long tapis roulant où elles sont inspectées. Au besoin, on retire celles dont une ou des pièces seraient manquantes où si quelconque autre défaut est trouvé. Elles sont ensuite mises en boîtes et empaquetées pour livraison par les distributeurs chez les différents détaillants d'Europe ou d'Amérique du nord.

Leslie Smith et Jack O'Dell visiblement fiers de l'entreprise de jouets qu'ils ont réussi à construire. Qui se serait douté que la petite compagnie d'outillage de 1947 se serait transformée à ce point? Le succès des voitures Matchbox est international. Évidemment, évolution il y a eu, tant au niveau de la compagnie que des voitures elles-mêmes qui elles, ont bien changé au fil des ans. Les premières voitures, on l'a vu, sont apparues en 1953 mais de ce qu'elles étaient à ce moment jusqu'aux années 60 puis 70, il y a eu une évolution et on va regarder ça ensemble avec l'aide de certains véhicules de ma collection (ils sont identifiés avec le petit logo Studio Pluche à la sauce Matchbox).

Voici le Dennis Vehicule Escape, sorte de camion de pompier avec échelle intégrée ainsi qu'un pompier qui le conduit. Celui-ci est une reproduction que j'ai acquise dans les années 90. C'est la seule reproduction de ma collection. L'original, qui a été produit de 1958 à 1959 n'avait pas les grosses roues jaune et vaut aujourd'hui un peu plus d'une centaine de dollars. On a toutefois utilisé les mêmes moules et il était vendu dans une boîte identique à celle d'époque. Une des premières constatations c'est que les véhicules n'étaient pas encore tout à fait à l'échelle 1/64, laquelle devient la norme de la série 1-75 un peu plus tard. Les véhicules étaient aussi creux à l'intérieur, même pas de plaque en-dessous et encore moins des vitres. La boîte de carton a été utilisée jusque dans les années 70 pour certains modèles. La mention «MOKO» fait référence à un associé, Moses Kohnstam, dont la compagnie s'occupait de distribution et mise en marché. Il a été subséquemment racheté par Lesney et la mention «MOKO» est disparue. Certains sont parfois curieux de l'autre mention, soit «Reg. US Pat. Off.». Ça veut simplement dire «Registered United States Patents Office» signifiant ainsi que le produit a obtenu un brevet aux États Unis.  


Dans certains magasins de jouets on retrouvait ce présentoir, fourni par Lesney, et qui permettait de voir tous les 75 véhicules de la collection d'un même coup d’œil. À Montréal il y en avait plusieurs et je trouvais très utile de pouvoir les regarder comme ça. Très facile aussi pour les commis de nous donner celui ou ceux qui nous intéressaient. Il ne nous suffisait que de dire le ou les numéros correspondants. Elles se vendaient alors 50 sous, ce qui équivaut aujourd'hui à quelque chose comme $3.50.

Publicité de Matchbox mettant en vedette le joueur de baseball Whitey Ford. 


Entretemps l'usine de Lesney a pris de grandes proportion. Malgré la concurrence de Mattel  avec ses voitures Hot Wheels, apparues en 1968, les ventes de voitures Matchbox sont toujours au beau fixe et on produit presque un million de voitures par jour. À l'usine on est en mesure de tout produire sur place. Les matières premières entrent par une porte et les voitures sortent par une autre. 

Lesney continue d'innover avec une autre série qui elle porte le nom de Sky-Busters, une série d'avions tant militaires que civils. Une série qui a d'ailleurs connue un très grand succès.
Puis, on voit apparaître Sea Kings, une série de navires militaires comme des sous-marins, destroyers, corvettes, et autres. Avec cette série, Lesney tente de diversifier son offre et de joindre un nouveau public, soit ceux intéressés par la chose militaire.


Battle Kings suit les mêmes traces que Sea Kings et se concentre sur des véhicules militaires et chars de combat. Si certains semblent bien réels, d'autres sont purement imaginaires. Ces ensembles viennent avec des petits soldats de plastique qu'il était facile de perdre étant leur petite taille.

Lesney décide en 1972 d'entrer dans le marché des modèles réduits à coller. À cette époque, et j'en sais quelque chose, c'était un hobby très populaire chez les jeunes. D'abord ça ne coûtait pas très cher, y'avait abondance de choix et on pouvait les trouver à peu près partout. Même les petits dépanneurs et les pharmacies en avaient. Smith et O'Dell, toujours à la tête de Lesney, embauchent Maurice Landi lequel va conceptualiser et concevoir les modèles en plastique. Landi a du pain sur la planche, faut qu'il trouve les sujets, qu'il les documente avec toutes les mesures que ça implique si on veut avoir des modèles fidèles aux vrais. Landi peut compter sur une équipe sous sa supervision et après avoir fignolé quelques prototypes, Smith et O'Dell lui donnent carte blanche et le budget nécessaire pour mener à bien le projet.

Voici un de kits typiques conçus par Lendi, ici c'est un véhicule «half-track» de la Seconde guerre équipé de canons anti-aériens. Cette magnifique illustration est l'oeuvre de Roy Huxley le premier artiste à être embauché par Landi pour créer les illustrations.

Le début des années 80 par contre est assez glauque et financièrement Lesney commence à manger de la bouette. Pas parce que les produits Matchbox ne se vendent pas bien, au contraire, mais plutôt à cause des conditions économiques merdiques qui sévissent en Angleterre à ce moment-là (lire: récession). Y'a autre chose aussi; depuis sa fondation Lesney a toujours manufacturé ses produits dans son usine Londonienne avec des employés locaux. De son côté Mattel avait, dès la fin des années 60, envoyé sa production de Hot Wheels à Hong Kong, permettant ainsi de réaliser des économies substantielles quant aux coûts de fabrication, chose que Lesney s'était toujours refusé à faire mais en raison de cette foutue récession, ça commence à sentir le roussi. Et les nuages noirs ne sont pas juste au-dessus de Lesney mais aussi d'autres compagnies britanniques telles Dinky et Meccano (Corgi, Husky) aussi, pourtant très bien établies depuis fort longtemps.

Et puis en 1982 arrive ce qui devait arriver; Lesney fait banqueroute et la compagnie est placée sous administration judiciaire. La même année la marque Matchbox, la grande majorité des moules ainsi que le catalogue sont acquis par David Yeh pour Universal International Holdings, une compagnie de jouets de Hong Kong. Certains équipements sont toutefois conservés par Jack O'Dell ce qui lui permet de continuer à produire certaines voitures sous le nom de Lledo. Quant à Universal International Holdings, elle réorganise Lesney sous le nom de Matchbox International. La compagnie change ensuite de nom pour Universal Matchbox Group. 

Ce camion à bétail Dodge date de 1983. Il s'agit d'un camion qui est apparu pour la première fois au catalogue en 1977. Comme on peut le voir, en 1983 les Matchbox sont toujours fabriquées en Angleterre mais ça va changer et David Yeh va bientôt transférer la production dans une usine de Macau. La compagnie opère alors sous le nom de Universal Toys.

Dix ans plus tard Universal Matchbox Group est acquise par la compagnie Tyco Toys, dont on se souvient surtout pour ses pistes de courses électriques. En 1997 la division de jouets de Tyco, qui inclut bien entendu Matchbox, est à son tour achetée par... Mattel, unissant ainsi sous un même toit corporatif les deux anciens rivaux. On ne peut pas dire que la nouvelle de l'acquisition de Matchbox par Mattel a fait l'affaire des collectionneurs. La plupart craignent que Mattel ne «dilue» Matchbox, ne dilue les voitures Matchbox dans Hot Wheels jusqu'à ce que plus rien ne subsiste. Aujourd'hui Mattel est toujours propriétaire de la marque Matchbox et on peut toujours les trouver dans les magasins à un prix très raisonnable. J'aurai l'occasion de vous en reparler.

Modèle contemporain de voiture Matchbox, un Toyota Land Cruiser FJ40. Les éléments classiques s'y retrouvent; le logo Matchbox traditionnel, le véhicule dans une bulle et son illustration correspondante. Tout comme dans le temps.  





Le saviez-vous? La plus grande collection de véhicules Matchbox au monde appartient à un certain Steven Smith de Great Yarmouth en Angleterre. Sa collection compte pas moins de 20,736 véhicules.