jeudi 31 août 2017

Le blues de la rentrée

C'était bien inévitable, la rentrée scolaire tant redoutée s'amenait lentement, telle une créature impitoyable comme on en voit parfois dans les films d'horreurs. On tâchait de ne pas y penser mais le blues de la rentrée faisait aller ses longues et sinistres tentacules bien avant le début de septembre. Au début du mois d'août, plutôt, alors que l'on recevait à la maison la grotesque liste des effets scolaires à acheter avant ladite rentrée. Ce n'était, au demeurant, qu'une simple enveloppe de papier qui tombait dans notre boîte aux lettres mais le bruit qu'elle faisait s'apparentait davantage au glas lugubre d'un clocher qui annonce les funérailles des vacances d'été. Et pourtant, de ces vacances, il nous en restait encore une solide moitié à profiter de.

Vers la moitié du mois d'août, alors que l'on tentait de faire se disperser les brumes étouffantes de la rentrée en maximisant le plus possible nos journées, on se rendait à la papeterie du quartier pour y cueillir tout le matériel requis. Inévitablement on y rencontrait d'autres gamins, aussi accompagnés de leurs parents. On en connaissait certains, d'autres pas, mais on partageait tous cette moue déconfite qui trahissait notre réelle impuissance et surtout, notre grand désarroi. On ne se parlait pas, un échange de regards suffisait et en somme, résumait tout ce que l'on avait besoin de se dire. Une fois les babioles pesées, payées et emballées, on quittait, l'air encore plus penaud qu'au moment où nous étions entré. Le seul élément positif était que la liste en question ne faisait que les trois-quarts d'une page, et non soixante-quinze comme aujourd'hui. Ah non, je plaisante, mais quand même.

 
Voici quelques uns des cahiers d'exercice typiques du temps où j'étais écolier. Les fameux cahiers Canada avec, en couverture, des scènes bien typiques.

L'intérieur d'un cahier avec ses lignes et interlignes conçues spécialement pour la gente du primaire. 

Et le verso qui comprenait les tables de mathématiques auxquelles on ne pouvait échapper. Plusieurs vont certainement se rappeler passer de longs moments à mémoriser ces foutues tables.

Mais ce n'était pas terminé, que non! Encore fallait-il magasiner de nouveau, cette fois pour des vêtements, car nous avions, pour la plupart, outre-grandi nos fripailles de l'année précédente. Ah, peut-être pas de beaucoup, mais il était nettement plus confortable de grandir dans du linge un peu trop grand que d'avoir continuellement l'air de quelqu'un dont le sous-sol est inondé en permanence. 

Pour les manuels scolaires, ça dépendait de l'institution que l'on fréquentait. Dans certains cas il fallait aller acheter les livres, un exercice tout aussi démoralisant, sinon plus, qu'aller acheter les effets scolaires. C'était surtout parce que l'on avait déjà un aperçu des fariboles que les professeurs s'activeraient avec un acharnement dévoué à nous enfouir profondément dans le crâne durant les prochains mois. Ces livres-là, comme ils nous «appartenaient», on pouvait gribouiller dedans (rien de plus jouissif que de fignoler des soucoupes volantes détruire des problèmes de mathématique avec des rayons lasers) et, bien entendu, les conserver à la fin de l'année.

Dans d'autres cas, les livres se trouvaient déjà à l'école dans des armoires et les élèves se les passaient d'année en année. À la fin complètement se trouvait un Ex Libris où l'on inscrivait notre nom et l'année scolaire en cours et l'on pouvait du même coup voir tous les pauvres ilotes qui avaient ramé dans la galère au son du tambour avant nous. Signe de la désuétude, certains manuels dataient des années 50, comme le fameux manuel de mathématiques Beaudry, où les livres d'histoires pondus par les Frères des écoles chrétiennes à la même époque. C'est tout dire.

  Voici le livre de lecture que j'ai eu en deuxième année et ce, même si c'était à l'usage des élèves de cinquième.

Je n'étais pas encore né lorsque ce livre a été publié et distribué dans les écoles. Notez, avec amusement peut-être, que le matériel scolaire destiné aux élèves devait être dûment approuvé par le Comité Catholique du Conseil de l'Instruction Publique, une sorte de création hybride de gouvernance dont la tâche consistait à superviser et contrôler jusqu'à un certain point la partie catholique du système public d'éducation québécois. En 1960 il ne restait plus que trois ans avant que ce comité ne soit aboli pour être remplacé en 1964 par le Sinistère... pardon, le Ministère de l'Éducation du Québec. 

Toujours en deuxième année, mon livre de sciences, écrit par le très excellent Fernand Séguin. Çui-là, je l'aimais bien parce que Séguin était un vulgarisateur très habile.

Les Éditions du Renouveau Pédagogique qui ont édité ce livre, ont fait une très grosse erreur en utilisant des petites voitures Dinky afin d'illustrer certaines explications. Ça ne prenait que ça pour je m'évade et me mette à m'imaginer jouer avec ces voitures. 

Mon livre de grammaire de sixième et dont les illustrations à l'intérieur ont été torchées par un chimpanzé en boisson. 

Et le clou dans le cercueil pour certains, il y avait l'achat du sac d'école, tout simplement parce que j'avais joyeusement oblitéré celui de l'année précédente. J'avais toujours professé un goût pour le sac à dos classique en cuir brun, parce que c'était vachement plus facile, et pratique, à transporter, surtout lorsqu'il était rempli de livres. Plutôt, on m'avait acheté le sac, également en cuir brun, qui ressemblait à une vieille valise et que l'on ne pouvait transporter qu'à la main.  


Sitôt ces funestes obligations remplies, on pouvait respirer (un peu) pour les quelques semaines à venir tout en ne pouvant se soustraire à l'inévitable guillotine dont la lame s'abattrait sur nous plus rapidement que l'on ne le croyait. 

Certains, plutôt extra-terrestres, aimaient la rentrée et tout son ténébreux décorum. Ils jubilaient même. L'extase qu'ils ressentaient avec l'achat des fournitures et des vêtements, n'avait d'égale que la première journée d'école proprement dite. Pour eux, la rentrée n'était rien de moins que le Jour J, l'ultime débarquement qui les délivrait de la vacuité des vacances d'été où l'absence de structure académique rigide les rendait dingues. Peu d'espoir pour ceux-là. Pour les autres, dont moi, la rentrée scolaire était telle que l'a si bien illustré Bill Waterson dans sa série Calvin & Hobbes:

Au jour fatidique il se trouvait un paradoxe assez singulier. Durant les vacances d'été je me levais toujours à l'aube et j'étais dehors au moment où mes amis en avaient pour quelques heures à ronfler encore. Mais au matin de la rentrée, j'étais une plaque de tôle, et mon lit un immense électroaimant. Déjeuner alors que le soleil se levait était une tâche qui s'apparentait maintenant à une corvée alors que durant les vacances il s'agissait d'un plaisir renouvelé. Fallait que je mette mes beaux pantalons, et mes nouveaux souliers en cuir qui, justement, faisaient couic-couic en marchant. Puis le chandail et finalement le veston, qui complétait parfaitement mon uniforme de prisonnier. Dans la rue le spectacle des enfants qui allaient vers l'école tentant de fuir la morosité en pensant aux amis qu'ils reverraient, détonnait foncièrement avec la veille, où le quartier était encore animé de gamins et gamines qui pédalaient et s'amusaient au parc en culottes courtes.

Un autre paradoxe était la température. Le jour avant la rentrée on se baladait à vélo avec un beau 22 ou 23 degrés et dès le lendemain, pouf! Ça chutait automatiquement de 10 degrés. Je ne sais pas pourquoi, c'était comme ça.  

Revoir les anciens camarades dans la cour d'école était une joie, bien entendu, mais de courte durée. On se racontait nos vacances, les endroits visités et tout, mais cette joyeuse civilité prenait justement fin lorsque l'institutrice s'amenait pour faire sonner la cloche qu'elle tenait à la main. Et du coup le bétail que nous étions se mettait en branle afin de se disposer en rang de deux, des plus petits aux plus grands. On entrait ensuite à l'intérieur où, dans la classe, on se choisissait un pupitre, à moins qu'il ne nous ait été préalablement réservé. Le siège dur donnait la mesure de l'année à venir en terme de confort, chose dont l'institutrice ne se souciait guère dans son trône de fer bien rembourré. 

Maintenant ouvrez votre manuel de mathématiques à la page douze.




Le saviez-vous? La grande majorité des écoles japonaises n'ont pas d'employés d'entretien. Le nettoyage est assuré par l'ensemble des élèves, une pratique prenant racine dans la tradition bouddhiste où la propreté est associée à la moralité. 

mardi 15 août 2017

Morceau de Montréal: le restaurant Le Toit rouge

À la fin des années 60 la rue Sherbrooke, dans l'est, comptait une petite brochette de restaurants populaires et bien établis. Ainsi on retrouvait le Réveillon, doublé du lounge Le boudoir. Puis il y avait le A&W avec son service au volant (dont je vous ai parlé ici). Tout juste passé le boulevard de l'Assomption c'était l'Aiglon, à même le Sheraton Fontainebleau. Tout juste avant le rue Dickson c'était le fameux Sambo, auquel j'ai également consacré un article ici. Et un peu plus loin à l'est se trouvaient le Kiwi, Dominic Sous-Marins, le Go Go Curb et le Tic Toc. 

En 1970 il s'en ouvre un nouveau, au coin sud-ouest de l'intersection des rues Sherbrooke et du boulevard de l'Assomption: Le Toit rouge. Il est simplement nommé ainsi en raison de la couleur de sa toiture. Le voici, tel qu'il apparaissait peu de temps après son ouverture.

(Source: Collection personnelle de cartes postales)

Le toit rouge s'inscrivait en genre et en nombre dans le style des restaurants du temps. Ainsi, on offrait une cuisine dite «canadienne française» qui incluait des grillades sur charbon de bois, du poulet rôti et quelques mets italiens. Le menu était conçu pour pouvoir plaire à tous les membres de la famille, peu importe l'âge. Quant au décor, il était des plus classiques; dessus de tables en «arborite» simili-bois, banquettes de vinyle rouge ainsi qu'une fenestration abondante avec des rideaux rouges (bien entendu). Heureusement on n'avait pas poussé jusqu'à l'extravagance du rococo mexicain que l'on retrouvait dans plusieurs restaurants. Et pas de mini juke-box à chaque table non plus. On comptait aussi, comme c'était la tradition, une salle de réception pour tous les événements à célébrer avec invités nombreux. Autres petits, et tout aussi charmants éléments traditionnels; la distributrice de cigarettes à l'entrée, le gros bol de menthes à prendre avec une cuillère près de la caisse, cartons d'allumettes et cure-dents, aussi à la menthe. 

Une enseigne qui ne manquait pas d'attirer l'attention.
(Photo: Archives de la ville de Montréal)

À cette époque, à peu près tous les restaurants comportaient un bar salon. Si le Réveillon avait son Boudoir et que le Sambo avait son Mirage, le Toit rouge avait aussi le sien, mais ne portait pas de nom particulier. Cette situation va changer quelques années plus tard lorsque le Toit Rouge va inaugurer son nouveau bar salon aménagé en-dessous du restaurant et qui va porter le nom de La Cachette. Pour y accéder, il suffisait d'emprunter une entrée à part qui se trouvait à même le stationnement et sur laquelle se trouvait l'enseigne au néon affichant le nom du bar. Les gens descendaient un escalier et se retrouvaient carrément en-dessous du restaurant. Voici d'ailleurs quelques petits souvenirs de l'endroit, pigés à même ma petite collection personnelle; un bâton mélangeur pour les boissons (swizzle stick, j'en ai un bon petit paquet et je vous reparlerai dans un article subséquent), un carton d'allumettes, chacun faisant la promotion du restaurant et du bar et le verso de la carte postale dont le recto se trouve plus haut. 


Ces petits outils de promotion étaient ingénieux car ils ne coûtaient pas cher à faire produire et tout le monde s'en servaient. De nos jours c'est là quelque chose qui ne se voit à peu près plus, surtout les cartes postales. Certains restaurants offraient encore plus, comme des ballons pour enfants et des stylos, tous au nom de l'établissement. 

Le Toit rouge a connu de bien belles années, enfin, jusqu'au début des années 2000. Le restaurant et le terrain sur lequel il se trouvait ont été vendus au Groupe Maurice, qui a démoli le bâtiment pour y ériger une résidence pour personnes retraitées. Il s'agissait du dernier restaurant parmi ceux mentionnés plus haut, les autres ayant tous disparu bien avant, même ceux qui sont apparus après comme le Dallas BBQ, le Jardin Tiki et le Joli moulin. Il existe toutefois un autre restaurant Le Toit rouge, lequel se trouve non loin de l'ancien, plus à l'ouest et à même l'Hôtel Universel, sans qu'il n'y ait de lien entre les deux cependant. Son menu semble néanmoins assez semblable au Toit rouge original. 




Le saviez-vous? Le plus vieux restaurant à Montréal est le Montreal Pool Room, lequel a été ouvert en 1912. Toutefois, le record pour un restaurant toujours en opération revient au Sobrino de Botín à Madrid et qui a été inauguré... en 1725.

lundi 7 août 2017

Morceau de Montréal: Le Bellevue Casino

En 1920 après J.-C., toute l'Amérique du Nord était placée sous la prohibition. Toute? Non, quelque part au Canada, dans la province de Québec, le chef Louis-Alexandre Taschereau s'était arrangé pour aller dans le sens contraire et créer une Commission des liqueurs où non seulement l'alcool serait légal mais aussi contrôlé. 

Mais bon, trêve de clin d’œil à la bonne vieille Armorique, la prohibition a fait de Montréal la destination de rêve pour les amateurs de bière, vins et autres spiritueux. Par contre, à New York, la fermeture des bars fait que plusieurs artistes se retrouvent sans revenu et plusieurs, étant mis au fait du statut de la légalité de l'alcool au Québec, s'en viennent galoper de la galoche par ici. C'est comme ça que Montréal voit apparaître des cabarets un peu partout où l'on peut assister à des spectacles variées tout en consommant de l'alcool sans tracas. 

En 1933 la prohibition prend fin et aux États Unis c'est retour aux choses usuelles, de sorte que les artistes américains s'en retournent de par chez eux. Leur départ va porter un coup aux cabarets mais Montréal, avec ses salons de jeu et de paris, de même que par ses nombreuses maisons closes, s'est taillée une réputation de ville où l'on peut avoir du plaisir peu importe l'heure. La crise économique, puis, plus tard, la Seconde guerre, va quelque peu ralentir les choses mais tout de suite après les cabarets connaissent une sorte de renaissance et redeviennent plus populaires que jamais. On voit apparaître le El Morroco, le Casa Loma, le Tic Toc, le Roxy, le Gayety, où se produira d'ailleurs Lili St-Cyr, le Montmartre, Chez Parée, lequel accueille entre autres Sinatra, Davis et Martin, le Beu qui rit et bien d'autres.

Un des plus gros cabarets du genre, le Bellevue Casino, ouvre ses portes en 1949 au 375 Ontario Ouest tout près de Bleury. Depuis deux ans le bâtiment était toutefois connu comme étant l'Auditorium Dance Palace. C'est Harry Holmok, un homme d'affaires prospère et visionnaire, qui gère l'endroit. Non seulement on peut y accueillir une quantité très appréciable de clients mais la bière y est très bon marché. Combiné à des spectacles de qualité et hauts en couleurs, l'endroit ne manque pas de devenir un des plus populaires et des plus courus. Voici d'ailleurs un carton promotionnel de ma collection que j'ai numérisé pour l'occasion:

Comme on peut le voir ici, le nom du propriétaire, Harry Holmok, apparaît en haut. Les noms Komarova et Komaroff fait référence à Natalie Komarova conceptrice et productrice et du compositeur George Komaroff, qui avaient précédemment œuvré à Broadway ainsi qu'aux Folies Bergère à Paris. 

comme on peut le constater, la liste des artistes au programme était assez substantielle, et bien remplie. On note au passage le nom de Bix Bélair, le trompettiste et son orchestre, lequel a enregistré plusieurs 33-tours. Il y a Barbara Esko, une danseuse qui donnait parfois dans la "can-can". S'y trouve aussi Nicolas Darvas et sa demi-sœur Julia, lesquels forment un couple de danseurs très talentueux. Nicolas Darvas a d'ailleurs fait fortune avec des placements à la Bourse, ce qui n'Est pas étonnant puisqu'il avait une formation d'économiste à l'université. Mais ne vous y trompez pas, ils ne sont pas originaires d’Istanbul puisqu'ils sont originaires de Hongrie. John et René Arnaut étaient deux frères fantaisistes qui donnaient dans les numéros de clowns. Il se glisse dans cette page un petit détail graphique amusant; l'hôtel Lapointe, situé à St-Jérôme. Il s'agit sans doute ici d'une promotion croisée. L'hôtel Lapointe était un très bel endroit, fort populaire avec une magnifique salle à manger ainsi qu'un jardin chinois. 

(Photo: Collection personnelle de cartes postales)

L'endos du carton promotionnel. Ce dernier se déplie en grand format. On peut toutefois admirer ici quelques photographies de l'intérieur et qui donne une idée des spectacles présentés. Le mot où Harry Holmok invite les clients ne ment pas, le cabaret offre vraiment un divertissement de calibre international. 

L'endos du carton, lequel pouvait être détaché et utilisé comme carte postale, toujours avec des photographies des artistes se donnant en spectacle au cabaret. À noter le numéro de téléphone qui débute par PL, il s'agissait de l'ancienne numérotation et qui ici désignait ici Plateau. Chaque région de Montréal et des banlieues possédaient un jeu de deux lettres différentes. 

Le monde des cafés et cabarets en prend pour son rhume avec l'arrivée de Jean Drapeau, lequel veut «nettoyer» la ville. Les maisons de jeu et les bordels vont y goûter et indirectement, les cabarets vont en faire les frais. À son retour sur la scène municipale, Drapeau continue le travail qu'il avait amorcé et certains cabarets seront même démolis. À partir de ce moment Montréal n'est plus la ville festive d'autrefois avec ses spectacles continuels partout. Quant au Bellevue Casino, après avoir connu ses heures de gloire, il a officiellement cessé ses activités en 1965. Aujourd'hui, sur Ontario tout juste à l'ouest de Bleury, rien ne laisse supposer qu'il y avait là un jour un de grands plus grands et plus populaires cabarets au pays. Le Bellevue fait toutefois une apparition dans le roman The Long Blue Stare, de John Charles Gifford. 

L'emplacement de l'ancien Bellevue Casino. 

Le saviez-vous? L'apparition des cabarets francophones à Montréal comme le Faisant Doré, a permis à plusieurs artistes comme Dominique Michel, Raymond Lévesque, Paul Berval, Clémence Desrochers et Félix Leclerc, entre autres, d'y faire leurs débuts.