dimanche 25 octobre 2015

Petite histoire du prisonnier oublié

Les monstres à coller de la collection Aurora dans les années 60 et 70 étaient majoritairement fabriqués sous licence. En ce qui concerne Frankenstein, Dracula, le Loup-Garou et la Momie, et bien que ce soient des personnages issus du domaine publique, les représentations qu’en faisaient Aurora avaient été conceptualisées par les studios Universal avec leurs films classiques avec Karloff, Lugosi et Chaney jr., et celles-ci étaient protégées par des droitsd'auteur. Quant à Godzilla et King Ghidorah ils étaient la propriété de Toho, donc aussi fabriqués avec pleine autorisation. L'autre truc c'est que pour tous ces personnages on connaissait bien les histoires à l'exception de deux modèles bien précis: la sorcière ainsi que le prisonnier oublié (dont je vous ai parlé dans cet article-ci et également dans celui-là), ce dernier ayant été le modèle le plus populaires de la collection et celui qui est le plus prisé des collectionneurs aujourd'hui. Même les autres monstres s'amusaient à assembler le modèle.


Mais toujours est-il que l’on ne savait absolument rien de ce prisonnier en question. Qui était-il? Depuis quand est-il là et surtout, comment s’est-il retrouvé dans une telle position? À cet égard, Aurora a donc voulu donner au personnage un peu de substance et on a confié à Robert Rosen la tâche d’imaginer l’histoire de l’infortuné squelette et à Tony William Sune le soin d’illustrer tout ça. Le récit a donc été publié vers la fin des années 60 en collaboration avec le magazine Creepy quoique je soupçonne possiblement aussi une parution dans Famous Monsters of Filmland.
Ce que l’on découvre c’est que le destin du prisonnier oublié découle d’une rivalité entre deux nobles italiens du moyen-âge qui se disputent le même territoire. Chacun exploite les habitants en les taxant à outrance mais ils en viennent à se rendre compte assez rapidement que ceux-ci, déjà pauvres, ne peuvent payer deux nobles. Ces derniers vont donc comploter pour s’éliminer l’un et l’autre. L’un des deux se retrouvera enchaîné au cachot et l’autre ne connaîtra pas de sort plus enviable.
L’histoire est tout de même assez courte et ces nobles qui taxent à outrance les habitants n’est pas sans rappeler ces fameux fermiers généraux de la France du 18è siècle et qui étaient décrits comme «…les sangsues du peuple, une peste qui infecte le royaume, une vermine qui dévore la nation1 

Personnellement j’aurais préféré une histoire qui nous aurait rendu le prisonnier sympathique à son sort plutôt que d’en faire les restes d’un sinistre félon. On aurait ainsi pu s’inspirer, par exemple, de la légende du fantôme du château de Duntrune. Plusieurs années plus tard, la compagnie Polar Lights, ayant acquis les moules (et les droits) d’Aurora, a fabriqué une sorte de suite au prisonnier oublié de Castel Mare : le fantôme de Castel Mare, un modèle intéressant pas pire du tout.




Quoiqu'elles aient réellement existé au moyen-âge, les véritables oubliettes ne sont en réalité que bien peu nombreuses. Un certain nombre d'entre elles ont souvent été confondues avec des caves profondes. Ce que les archéologues ont aussi constaté c'est que plusieurs étaient en réalité des latrines, parfois des celliers ou des endroits pour conserver au frais de la nourriture. 




1 Jean Kappel, « Les fermiers généraux », Nouvelle Revue d'Histoire, n°75 de novembre-décembre 2014, p. 51-53

dimanche 4 octobre 2015

Le vieux chaudron

 Le 1er juin 2014 je signais une chronique dans laquelle je parlais du restaurant La caillette, situé à Maskinongé, lequel est toujours ouvert depuis 1961. J'y racontais, entre autres, combien il était agréable d'y déguster un cornet de crème glacée et de faire un tour de go-kart sur la piste tout juste à côté. 

Il s'y trouvait cependant une autre raison pour apprécier ce petit voyage; le restaurant Le vieux chaudron, lequel se situait juste en face. Conçu selon l'architecture dite "A-Frame", le restaurant se démarquait non seulement pour cette raison mais aussi pour son style parfaitement rustique et également pour son menu résolument canadien!

Numérisation de la carte postale du restaurant.

La carte postale ci-haut nous montre à la fois l'extérieur ainsi que l'intérieur du restaurant. On note les spécialités du menu; tourtière, fèves au lard et crêpes. Et justement, ces crêpes, étaient assez uniques dans leur forme. Au lieu d'une crêpe banale ayant la forme d'un 45 tours, celles du Vieux chaudron étaient telles de grosses toiles d'araignées. Et comme le dit le slogan de la carte postale: c'était vraiment bon, surtout avec une bonne de véritable sirop d'érable! 

Outre le décor composé de raquettes, de scies et autres, il se trouvait, adjacent à la salle à manger, un terrarium où logeaient deux tortues terrestres et que l'on observait au travers un grillage de broche à poule. En attendant l'arrivée de la nourriture à notre table, ces tortues nous tenaient parfaitement occupées. Le restaurant n'existe malheureusement plus, ayant été détruit par un incendie en 1991. 




Le saviez-vous? Les premières familles de Maskinongé s'y sont établies en... 1700 et y passait alors le fameux Chemin du Roy, lequel a été largement remplacé par la route 138. 

vendredi 2 octobre 2015

Les tatouages temporaires

En c'te début des années 70 le mot dépanneur ne faisait pas encore partie du lexique populaire Québécois mais allait y entrer quelques années plus tard. Avant, on les appelait les épiceries de quartier parce que c'est justement ce qu'ils étaient. Ces épiceries et autres petits commerces dits de "variété", offraient souvent outre la nourriture, des jouets, des bonbons en vracs que l'on se procurait pour cinq sous le sac, les fameux sacs à surprises. Ces sacs aux contenus douteux et empreints de médiocrité, vendus à 5 sous, se retrouvaient prestement dans la poubelle la plus proche. 

Par contre, s'il y avait bien un investissement qui en valait la peine, c'était les tatouages temporaires. Ceux-là, vendus pour 1 sous comprenait un tatouage de pirate et une gomme balloune. Avec le 5 sous que l'on aurait dépensé pour un sac à surprises, on se retrouvait comme ça avec assez de tatouages pour se couvrir les deux avant-bras et assez de gomme balloune pour au moins trente secondes. 

On retrouvait des thématiques variées, comme ici avec la populaire série pour enfants The Banana Splits. Il y avait aussi des thèmes de jungle, de sport, de monstres et de pirates!

La thématique des pirates était fort populaire, et au prix d'un sous seulement, ça faisait amplement le bonheur des p'tits gamins. 

J'ai la chance d'avoir dans ma petite collection une longue bande de ces tatouages de pirates qui n'a pas été coupée pour être insérée dans les emballages. Je vous propose de regarder ça de plus proche.

Voici le début de la bande en question. Les tatouages consistaient de pirates amusants et de petites scènes maritimes. Les bandes noires que l'on voit indiquent l'endroit où la coupe devait se faire. 


Comme on peut le voir, le lettrage était inversé et une fois appliqué sur un avant-bras, il se lisait à l'endroit. 

Des instructions simples à suivre. On se léchait l'avant bras, on plaçait le tatouage à l'endroit désiré et on le tenait sur place fermement pendant quelques secondes et hop! le tatouage était en place. 

En-dessous de cette scène, on y voit la mention que les couleurs sont certifiées être des colorants alimentaires.

Outre Barbarossa que l'on a vu sur une bande plus haut, on retrouvait aussi Captain Kidd! 

Ces tatouages, étant fabriqué avec des colorants alimentaires, s'enlevaient avec de l'eau, du savon et un peu de frottage avec une débarbouillette. Ils ne duraient pas longtemps non plus. Après quelques heures à jouer dans la ruelle ou avec nos Tonka dans la terre, ils avaient disparu de moitié. On s'amusait de se voir le lendemain avec encore quelques traces de ces tatouages qui avaient résisté au bain. 




Le saviez-vous? La compagnie Fleer a été fondée en 1885 par Frank H. Fleer et s'est immédiatement lancée dans la fabrication de gomme balloune. Elle a aussi produit une grande quantité de cartes à échanger. La compagnie a été vendue à Upper Deck en 1995.