Le
sujet a fait couler de l’encre. Beaucoup d’encre. L’Homme,d’Alexander Calder (que j’ai photographié ici et par là), n’est
pas à la bonne place disent certains, convaincus qu’ils sont que
l’imposante sculpture devrait se trouver ailleurs. Parce que si
elle est ailleurs, comme par exemple pif-poil au milieu de l’ancien
échangeur des Pins, elle va être mieux vue et admirée. Ça va
attirer les touristes à pleine pochetées. Comme pour Johnny B. Good
on va venir des milles à la ronde pour voir l’œuvre. Mieux en plein milieu du traffic
que perdue au milieu de l’île Sainte-Hélène.
Ouais.
Bon,
vous me connaissez sûrement depuis le temps alors vous savez qu’il
n’est pas question pour moi d’aborder un tel sujet sans ouvrir le
capot de l’histoire et y regarder de plus près. Pour ce faire on
retourne à cette année tout à fait extraordinaire et parfaitement
pharamineuse que fut 1966 (et je ne dis pas ça seulement à cause de
l’album Revolver, ha!).
D’abord,
et en premier lieu, faut comprendre que si la sculpture est sur l’île
Sainte-Hélène c’est probablement parce qu’il y a une raison.Et la raison en est une de taille puisqu'en 1966, à l’occasion
d’Expo 67 qui approchait à grands pas, la société minière
International
Nickel Company of Canada, mieux connue sous le nom d’INCO, a décidé
d’offrir pour l’évènement un cadeau tout à fait
extraordinaire : une sculpture géante commandée à l’artiste
Alexander Calder.
Calder
a donc conçu l’œuvre de concert avec le thème d’Expo 67 : la
Terre des Hommes et a incidemment nommé sa création: l’Homme, faisant ainsi
référence non à la gent masculine mais au genre humain peu importe
son origine, la couleur de sa peau où la langue qu’il parle.
La
sculpture a officiellement été offerte aux citoyens de Montréal le 17
mai 1967 à l’occasion du 325è anniversaire de la ville. Pour
l’occasion on a placé dans une capsule de temps des documents relatif
à la cérémonie et on a déposé celle-ci au pied du stabile. C'est lors du grand réaménagement de l'île Ste-Hélène dans les années 90 que l'on a déménagé la sculpture. De son emplacement original près du chenal LeMoyne on l'a mise un peu plus au nord, plus près du St-Laurent. On a aussi prit soin d'emporter la capsule de temps, laquelle ne pourra être ouverte que le 17 mai 2067 par le maire de
Montréal et à son entière discrétion.
Ceci étant dit, une
œuvre n’est jamais dénuée de sens, ni de signification. Calder ne
fait pas exception et il a magnifiquement imprégné le sens de Terre
des Hommes dans sa création et ceci incluait l’environnement
d’Expo 67. Enlever l’œuvre d’où elle se trouve pour la mettre
quelque part à Montréal ce n’est pas seulement la déraciner mais
aussi la dépouiller de toute sa signification artistique. Bref, pour
tout ce qu’elle représente, l’œuvre de Calder doit absolument
demeurer là où elle est. Et si on désire que les gens l’apprécient
davantage, pourquoi ne pas mettre mieux en valeur le riche héritage
d’Expo 67 et inviter les gens à venir le redécouvrir sur ces îles
inventées?
Parce
qu’’Expo 67 c’était bien plus que des ballons et des
pavillons.
Saviez-vous ça vous autres? Le
stabu… stabb… stabyl… la sculpture là, ben pas de farces, a fait 20.422m de hauteur (20 mètres point 422, pas 20,422 là). C'est d'la signification pas à peu près ça. Bon, là on vous voit tout mêlés pis c'est ben normal parce qu'aujourd'hui toutte se passe en métrique. Faites une conversion en pieds pis vous allez toutte comprendre.
..."Parce qu’’Expo 67 c’était bien plus que des ballons et des pavillons."
RépondreEffacerC'est tellement vrai et tellement triste en temps. Vrai puisque l'Expo67 était l'acte de naissance du Québec moderne. Un Québec qui débordait de confiance. Triste parce que le Québec d'aujourd'hui n'a rien retenu de cela. Il est en train de retourner à son effroyable biais de crainte et d'une affligeante absence de confiance dans tous les domaines. Parfois encore, je rêve que l'on retrouve cette confiance en soi sans trop d'illusion.