vendredi 24 août 2012

Le secret de Betty et Véronica


Dans mon enfance, bien que je préférais largement Spider-Man, Hulk, Iron Man et tous ceux-là j'avoue que je me laissais prendre de temps à autres par les aventures d’Archie. De temps en temps ma mère m'en achetait quelques-uns, souvent en format «recueil». Elle revenait parfois de faire quelques courses puis, lorsque j’apparaissais comme par magie dans la cuisine, elle me tendait quelques numéros. Tiens, disait-elle, je t’en ai acheté quelques-uns et moi je filais dans ma chambre pour les lire.

C’était d'ailleurs une de mes lectures favorites lorsque j'étais cloué au lit par la grippe. Bien souvent les histoires un peu trop simplistes, résolument naïves et sans trop de continuité. Ça puait le sexe aussi sans toutefois qu'il ne se passe quoi que ce soit, même en sous-entendu. Mais la série avait son charme qui lui était propre même si je trouvais un peu zinzin que DeCarlo n'utilisait qu'un seul et même moule pour dessiner toutes les filles qui avaient toutes le même visage et le même corps. 


Malgré l'allure plutôt «danseuse érotique» des filles et des hormones dans le tapis des gars, les histoires demeuraient parfaitement platoniques même avec un étalage de chair comme dans la couverture plus haut. Et puis à certain moment donné y'en a tout un tas qui se sont tannés de voir qu'il ne se passait jamais rien et qui ont décidé comme ça de dessiner eux-mêmes des bédés underground olé-olé mettant en vedette Betty et Véronica. C'était parfois même carrément porno. Les dessins étaient généralement mal torchés, souvent calqués, mais il arrivait que certains soient assez bien fignolés. Dan DeCarlo s'est lui-même laissé prendre au jeu en fignolant ceci:


Ce dessin a été crayonné avec amour par DeCarlo lui-même. Sa signature apparaît près du pied gauche de Betty: DSD, pour Dan Salvator DeCarlo. En bas complètement, écrit à la mine, il ajoute: Mike, please no copies to anyone . Hé hé. C'est un gag à l'interne, évidemment, nullement destiné à quelconque forme de publication, même pas en photocopie comme le demande DeCarlo, mais ça montre quand même le type était habité par la curiosité de voir ses propres personnages s'envoyer en l'air. Faut-il s’étonner? Possiblement pas puisque DeCarlo était issu du monde des pin-ups, ces personnages féminins aux formes généreuses généralement affichées sur des murs de stations-service, parfois photographiées mais aussi peintes ou dessinées comme le faisait si bien Elvgren. Quoiqu'il en soit le dessin nous montre que non seulement Betty est une vraie blonde (les rideaux qui matchent le tapis) mais aussi que DeCarlo a fort probablement crayonné ça dans les années 70. Pour des raisons évidentes. 


Le saviez-vous? Durant la Seconde guerre DeCarlo, stationné en Angleterre, peignait de jolies filles sur les carlingues d’avion, comme c’était la vogue. C’est après la bataille des Ardennes qu’il a rencontré sa future épouse, une française du nom de Josie Dumont dont il utilisera le prénom pour le personnage principal de Josie & the Pussycats.

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