Lorsqu’on
lui a confié la réalisation d’une sculpture pour l’Exposition
Universelle de 1967, Jean Cartier, céramiste, artiste et professeur
de renom, s’est exécuté de main de maître. Pour l’évènement
il conçoit La Giboulée, une œuvre qui lie admirablement bien les
thèmes chers tels que définis par les organisateurs soit les
milieux naturels, les sciences et la culture. Une vasque en béton
sert de support à une multitude de tubes en métal enchâssés dans
des cônes en ciment. Du haut de ces tubes, chacun muni de disques en
verre situés à différentes hauteurs, s’échappe de l’eau qui
jaillit sur les disques, créant un effet visuel saisissant, surtout
le soir alors que l’œuvre est éclairée d’un dispositif conçu
spécialement.
L’œuvre
est installée en 1967 à l’extrémité ouest de la Cité du Havre
au centre de la Place des Rapides où elle clôt l’allée
piétonnière tout en faisant office de complément aux bâtiments
environnants. Elle est évidemment admirée et abondamment
photographiée. Les choses se sont gâtées quelque peu après alors
que sont disparus les pavillons environnants tels l’Expo Club, le
pavillon de l’Hospitalité et celui des Jeunesses Musicales. Les
lampadaires, devenus inutiles, sont décapités à la torche sans
trop de cérémonie et leurs bases jonchent alors les allées
abandonnées et qui ne mènent plus nulle part. Au milieu de tout ça,
dans un coin qui est devenu une sorte de Mordor montréalais, la
Giboulée est délaissée et on ne s’en occupe plus. Du tout. La
Place des Rapides est aujourd’hui en friche et l’œuvre a non
seulement été victime du temps mais également des vandales qui
l’on bien saccagée comme en témoigne son état de décrépitude
avancée. La sculpture est tellement tombée dans l’oubli qu’elle
ne figure même pas au catalogue
des œuvres d’art public
de la ville de Montréal. Nul doute qu’il en sera ainsi pendant
encore longtemps et on pourrait facilement parier que c’est un
bulldozer qui règlera la question parce qu’en ce qui concerne le
patrimoine de Montréal ces grosses machines n’ont jamais chômé
bien longtemps.
Saviez-vous
ça vous autres? Jean Cartier là, ben c’est celui qui a fait les
céramiques au métro Papineau en ’66 pis au métro Cadillac en
’76. Pis une autre affaire, le prix de céramique du Conseil des
métiers d’art du Québec? Ben ça porte son nom. Faque.
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