La
foule des vivants rit et suit sa folie,
Tantôt
pour son plaisir, tantôt pour son tourment ;
Mais
par les morts muets, par les morts qu'on oublie,
Moi,
rêveur, je me sens regardé fixement.
Ils
savent que je suis l'homme des solitudes,
Le
promeneur pensif sous les arbres épais,
L'esprit
qui trouve, ayant ses douleurs pour études,
Au
seuil de tout le trouble, au fond de toute la paix !
Ils
savent l'attitude attentive et penchée
Que
j'ai parmi les buis, les fosses et les croix ;
Ils
m'entendent marcher sur la feuille séchée ;
Ils
m'ont vu contempler des ombres dans les bois,
Ils
comprennent ma voix sur le monde épanchée,
Mieux
que vous, ô vivants bruyants et querelleurs !
Les
hymnes de la lyre en mon âme cachée,
Pour
vous ce sont des chants, pour eux ce sont des pleurs.
Victor
Hugo,
Les
rayons et les ombres, extrait
Mars
1840
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