Il se tenait là, dans
l’entrée de l’arcade du centre commercial, du matin jusqu’au
soir, parfaitement immobile en attendant patiemment. Très patiemment
même. Il voyait quantité de jeunes passer devant lui et ne
souhaitait qu’une seule chose; qu’un d’entre eux ne s’intéresse
à lui. Parfois, pour attirer l’attention, il s’agitait un peu
puis redevenait silencieux. En fait, ce qu’il attendait était un
poisson. Pas dans le sens d’animal vertébré aquatique à
branchies mais plutôt un jeune, du genre qui, attiré par l’étrange
personnage, s’en approche et sorte, à sa demande, des sous en
échange d’un service bien particulier. Tenez, je vais vous le
présenter.
Zoltan était un sorte de
mage, diseur de bonne aventure, tiré tout droit des pages des contes
des mille et une nuits et qui résidait dans un petit cubicule décoré
à l'orientale qui incluait même des p'tits rideaux. Le
fonctionnement en était très simple : après avoir déposé la
monnaie il fallait décrocher le combiné de téléphone à droite et
ensuite peser sur l’un des douze boutons correspondant à notre
signe du zodiaque. La boule de cristal s’allumait et Zoltan y
allait ensuite d’une «prédiction» qui durait environ une minute
après quoi la boule s’éteignait et Zoltan retombait dans sa
torpeur.
Zoltan, faut bien le
comprendre, n’était qu’un attrape-nigaud, quoiqu’un
attrape-nigaud qui avait un certain style et qui fut conçu à la fin
des années 60 par une compagnie du nom de Prophetron. La compagnie, avec une petite publicité bien cuite, vantait aux propriétaires d'arcades et de salles de jeux, les mérites du bidule en question.
Sur cette photo on peut voir le cabinet lorsqu'il est ouvert. L'éclairage, comme on peut le voir, n'avait rien de magique ou même d'exotique: deux néons tout simples. Outre l'assemblage rudimentaire des rideaux on peut voir aussi à l'intérieur de la porte le bouton de mise en marche ainsi que le fil menant au mécanisme vocal.
Zoltan quant à lui n'est rien d'autre qu'un buste en plâtre peinturé et sa boule de crystal n'est qu'un plafonier que l'on pouvait facilement se procurer dans les magasins de rénovation. Le tout est parfaitement amovible et lorsque retiré on peut accéder aux entrailles du personnage.
Voici ce qui constitue essentiellement Zoltan; un système électronique rudimentaire pour la mise en marche, le filage pour l'éclairage du cubicule, une ampoule rouge pour illuminer le globe que Zoltan «consulte» ainsi que le module vocal, lequel est relié au combiné de téléphone. Regardons maintenant le module vocal d'un peu plus près.
Il
s’agissait d’un lecteur de ruban magnétique sans fin. Sur ce
ruban se trouvaient 14 «prédictions» individuelles et le mécanisme
en choisissait une au hasard, de sorte que mettre à nouveau une
autre pièce de monnaie en choisissant le même signe vous
garantissait une «prédiction« tout à fait différente. Insérez
ici la blague de votre choix sur l’astrologie «moderne».
Le saviez-vous? On estime qu’il n’y a eu qu’une soixantaine d’unité de Zoltar construites. Il est possible que le coût relativement élevé du lecteur de ruban sans fin Cousino en soit la cause. Et un de ces soixante Zoltan se trouvait à l'entrée de l'arcade des Galeries d'Anjou où je me suis fait avoir une fois. Une.
Il arrive que des gens,
en voyant Zoltan, mentionnent l’avoir vu dans le film Big avec Tom
Hanks. Or, ce n’est pas Zoltan que l’on voit mais bien une variante de Zoltar conçue pour le film.
Zoltar était une machine qui ressemblait beaucoup à Zoltan mais qui est apparue après. D’ailleurs il se trouvé tout un tas d'autres copies utilisant des
personnages différents allant d’une romanichelle à un diablotin
en passant par un squelette, un magicien et même un chat botté. Ils fonctionnaient tous néanmoins sur le même principe: vous délester de vos 25
sous.
Le saviez-vous? On estime qu’il n’y a eu qu’une soixantaine d’unité de Zoltar construites. Il est possible que le coût relativement élevé du lecteur de ruban sans fin Cousino en soit la cause. Et un de ces soixante Zoltan se trouvait à l'entrée de l'arcade des Galeries d'Anjou où je me suis fait avoir une fois. Une.
Tu parle souvent de Anjou, Galleries d'Anjou...tu habite dans ce coin-là?
RépondreEffacerNon mais lorsque j'étais gamin c'est là que l'on allait pour l'épicerie ainsi que pour faire toutes sortes de commissions.
EffacerPluche