Nous
voici en 1952 sur la rue Frontenac, juste un peu au nord d’Ontario
alors que l’on regarde vers le nord. De par le soleil on peut
cependant deviner que nous sommes en début d’après-midi mais
difficile toutefois de déterminer si nous sommes au printemps ou
encore à l’automne.
Si
nous sommes au printemps, vers le mois de mai, les habitués du grand
magasin Dupuis Frères sont en peine puisque les employés sont en
grève. Elle durera d’ailleurs jusqu’à la fin juillet alors que
les employés signent leur nouvelle convention collective qui leur
garanti une augmentation de $2 par semaine ainsi que l’adhésion à
la formule Rand. Entretemps, pour avoir pris position contre les
grévistes, le maire Camillien Houde se fait poivrer d’œufs
pourris lors des festivités de la St-Jean-Baptiste.
Dans
les cinémas de Montréal on se presse aux guichets pour aller voir
La petite Aurore, l’enfant martyre, adaptation cinématographique
de l’histoire d’Aurore Gagnon dans le petit village de
Fortierville. Signe des temps, l’interprète de la marâtre, la
comédienne Yvonne Mitchell, se fait insulter et invectiver dans la
rue par les gens qui la confondaient avec son personnage.
Torrieu! Pis c’te monde-là avaient le droit de voter?
Parlant
de voter, le 28 mai Maurice Duplessis annonce que des élections
générales auront lieu le 16 juillet. Celles-ci seront remportées
de nouveau par Maurice Duplessis mais le résultat sera serré et
l’Union Nationale verra sa majorité réduite au parlement.
Si
nous sommes quelque part en septembre alors les gens de Montréal
voient les débuts de la télévision au pays avec Radio-Canada qui
diffuse jusqu’à trois heures d’émissions par jour. Et combien
coûte un téléviseur en 1952? Voyez-donc cette annonce juste un
peu!
Ça
peut sembler peu dispendieux mais en dollars ajustés un appareil
comme celui-là représente en 2014 une somme de presque $2,500.
Quant aux paiements de $2,95 cela équivaut autour de $25.
Quant
à ce que l’on voit sur la photo il se trouve plusieurs éléments
intéressants comme le Dodge Coronet décapotable 1950. Je vais
laisser aux experts le soin d’identifier les autres autos .
Le commerce qui se trouve à droite est la boutique de lingerie pour
dames Ginger’s et on peut assumer comment les p’tits garçons du
quartier devaient aimer passer «innocemment» devant les belles
vitrines. Le propriétaire, monsieur Bastien, possède d’ailleurs
une autre succursale au 5146 Wellington à Verdun. Pour les hommes
par contre il y a Frontenac’s Men’s Wear un peu plus haut mais
que l’on ne voit pas très bien sur la photo. En face de chez
Ginger’s, pour ceux qui veulent casser la croûte, on retrouve le
restaurant Salve & Mario alors qu’un peu plus bas il y a la
quincaillerie East End Hardware. Les noms de commerces, il ne faut
pas s’en étonner, sont encore très majoritairement en anglais à
cette époque.
Du
reste on peut voir une architecture ouvrière traditionnelle; brique
commune, fenêtres persiennes et toits plats, sauf pour le bâtiment
où se trouve Ginger’s, lequel est de type fausse mansarde. On peut
admirer plus loin de belles corniches de bois ouvré et aussi un
immeuble triplex semi-détaché avec appareillage décoratif de
brique.
Le
tramway 95 Frontenac s’en revient de son parcours et se dirige vers
la rue Notre-Dame où arrivent se joignent aussi les lignes 72, 84,
95 et 15. À partir de la rue de Rouen s’amorce une pente qui
devient de plus en plus prononcée, surtout vers Hochelaga. Les
garde-moteurs devaient donc faire preuve de vigilance, surtout en
redescendant durant les rudes hivers. Le pavé quant à lui, en plein
milieu de la rue est d’une grande utilité pour les cantonniers qui
doivent remplacer un bout de tronçon. Un procédé dont je vous ai
déjà
parlé ici.
Du
reste, la rue a bien changé depuis le temps. Malgré tout il reste
encore un bon nombre de ces maisons ouvrières dont certaines ont
conservé leur cachet d’autrefois. D’autres par contre y ont
goûté un peu plus. C’est le cas du bâtiment où se trouvait
Ginger’s et dont la partie supérieure en brique a été couverte
de bardeaux d’aluminium. D’autres maisons, un peu plus au nord on
été dépouillées de leurs ornements et les moins chanceuses ont
carrément passé sous le pic du démolisseur. Tous ces éléments
mis ensembles ont quelque peu dépouillé l’harmonie architecturale
qui régnait à l’époque.
Saviez-vous
ça vous autres? En 1952 on vendait du stock de chasse et pêche chez
Omer De Serres dont des canots pis des chaloupes. Pas des modèles à coller ou en papier de riz pour mettre su'l buffet là, nénon, des vrais de vrais. Ouaip.
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