mercredi 19 mars 2014

La rue Frontenac en 1952


Nous voici en 1952 sur la rue Frontenac, juste un peu au nord d’Ontario alors que l’on regarde vers le nord. De par le soleil on peut cependant deviner que nous sommes en début d’après-midi mais difficile toutefois de déterminer si nous sommes au printemps ou encore à l’automne.

Si nous sommes au printemps, vers le mois de mai, les habitués du grand magasin Dupuis Frères sont en peine puisque les employés sont en grève. Elle durera d’ailleurs jusqu’à la fin juillet alors que les employés signent leur nouvelle convention collective qui leur garanti une augmentation de $2 par semaine ainsi que l’adhésion à la formule Rand. Entretemps, pour avoir pris position contre les grévistes, le maire Camillien Houde se fait poivrer d’œufs pourris lors des festivités de la St-Jean-Baptiste.

Dans les cinémas de Montréal on se presse aux guichets pour aller voir La petite Aurore, l’enfant martyre, adaptation cinématographique de l’histoire d’Aurore Gagnon dans le petit village de Fortierville. Signe des temps, l’interprète de la marâtre, la comédienne Yvonne Mitchell, se fait insulter et invectiver dans la rue par les gens qui la confondaient avec son personnage.




Torrieu! Pis c’te monde-là avaient le droit de voter?




Parlant de voter, le 28 mai Maurice Duplessis annonce que des élections générales auront lieu le 16 juillet. Celles-ci seront remportées de nouveau par Maurice Duplessis mais le résultat sera serré et l’Union Nationale verra sa majorité réduite au parlement.

Si nous sommes quelque part en septembre alors les gens de Montréal voient les débuts de la télévision au pays avec Radio-Canada qui diffuse jusqu’à trois heures d’émissions par jour. Et combien coûte un téléviseur en 1952? Voyez-donc cette annonce juste un peu!


Ça peut sembler peu dispendieux mais en dollars ajustés un appareil comme celui-là représente en 2014 une somme de presque $2,500. Quant aux paiements de $2,95 cela équivaut autour de $25.

Quant à ce que l’on voit sur la photo il se trouve plusieurs éléments intéressants comme le Dodge Coronet décapotable 1950. Je vais laisser aux experts le soin d’identifier les autres autos . Le commerce qui se trouve à droite est la boutique de lingerie pour dames Ginger’s et on peut assumer comment les p’tits garçons du quartier devaient aimer passer «innocemment» devant les belles vitrines. Le propriétaire, monsieur Bastien, possède d’ailleurs une autre succursale au 5146 Wellington à Verdun. Pour les hommes par contre il y a Frontenac’s Men’s Wear un peu plus haut mais que l’on ne voit pas très bien sur la photo. En face de chez Ginger’s, pour ceux qui veulent casser la croûte, on retrouve le restaurant Salve & Mario alors qu’un peu plus bas il y a la quincaillerie East End Hardware. Les noms de commerces, il ne faut pas s’en étonner, sont encore très majoritairement en anglais à cette époque.

Du reste on peut voir une architecture ouvrière traditionnelle; brique commune, fenêtres persiennes et toits plats, sauf pour le bâtiment où se trouve Ginger’s, lequel est de type fausse mansarde. On peut admirer plus loin de belles corniches de bois ouvré et aussi un immeuble triplex semi-détaché avec appareillage décoratif de brique.

Le tramway 95 Frontenac s’en revient de son parcours et se dirige vers la rue Notre-Dame où arrivent se joignent aussi les lignes 72, 84, 95 et 15. À partir de la rue de Rouen s’amorce une pente qui devient de plus en plus prononcée, surtout vers Hochelaga. Les garde-moteurs devaient donc faire preuve de vigilance, surtout en redescendant durant les rudes hivers. Le pavé quant à lui, en plein milieu de la rue est d’une grande utilité pour les cantonniers qui doivent remplacer un bout de tronçon. Un procédé dont je vous ai déjà parlé ici.

Du reste, la rue a bien changé depuis le temps. Malgré tout il reste encore un bon nombre de ces maisons ouvrières dont certaines ont conservé leur cachet d’autrefois. D’autres par contre y ont goûté un peu plus. C’est le cas du bâtiment où se trouvait Ginger’s et dont la partie supérieure en brique a été couverte de bardeaux d’aluminium. D’autres maisons, un peu plus au nord on été dépouillées de leurs ornements et les moins chanceuses ont carrément passé sous le pic du démolisseur. Tous ces éléments mis ensembles ont quelque peu dépouillé l’harmonie architecturale qui régnait à l’époque.



Saviez-vous ça vous autres? En 1952 on vendait du stock de chasse et pêche chez Omer De Serres dont des canots pis des chaloupes. Pas des modèles à coller ou en papier de riz pour mettre su'l buffet là, nénon, des vrais de vrais. Ouaip.



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