dimanche 27 avril 2014

La Banque de Montréal en 1887


Nous voici à la Place d’Armes en 1887. C’est l’été, comme en témoigne l’arbre bien feuillu à droite. À en juger par les ombres nous sommes dans la matinée. Le long de la rue St-Jacques, qui s’appelait alors St-James, des passants s’activent alors que quelques curieux observent avec attention le photographe avec tout son attirail. À gauche, une dame avec sa belle robe blanche à crinoline gagne le trottoir après avoir traversé la rue Place d’Armes. Pas besoin de se presser, il n'y a pas d'automobiles encore qui passent dans la rue. Et si cette rue est asphaltée, ce n’est pas le cas de la rue Notre-Dame, tout juste au sud. À cet effet les marchands qui ont pignon le long de cette rue ont remis une pétition à la ville afin de faire asphalter la section allant de la rue McGill jusqu’à la gare du Canadien Pacifique. Parlant de la ville il y a là un comité affairé aux inondations car, faut pas l’oublier, celle du printemps de 1886 a été particulièrement dévastatrice. À cet effet, sous la présidence de l’échevin Donovan il y a dépôt des soumissions pour les trois bouilloires devant faire fonctionner les pompes Worthington devant être installées dans les deux bâtiment qui achèvent d’être construits.

Mais revenons à la Place d’Armes. Devant nous se dresse l’imposant immeuble de la Banque de Montréal. Bien que l’institution financière remonte à 1817 le bâtiment que l’on voit a été construit en 1847 par l’architecte John Wells qui a conféré au bâtiment un style Néo-classique. On s’étonnera de ne pas voir le dôme mais c’est bien parce que celui-ci a été enlevé en 1859 en raison de son état qui s’était dégradé (il reviendra au début du 20è siècle cependant). 

Depuis le 22 janvier le parti Conservateur de John A. Macdonald a repris le pouvoir pour un troisième mandat consécutif et ce malgré toute l'acrimonie que le financement du Canadien Pacifique avait causé. Mais la ligne transcontinentale, terminée en 1885 et inaugurée en 1886, a permis de remplir une vieille promesse électorale faite par Macdonald lui-même peu après la Confédération, soit celle de ceinturer le pays avec une voie ferrée. Mais bon, faut dire aussi que les Libéraux d'Edward Blake n'avaient mené une campagne très énergétique. Peut-être que les choses iront mieux avec un type comme Wilfrid Laurier à la tête du parti. 1887 est une année de transition à la Banque de Montréal en ce qui concerne la présidence de la banque. Depuis 1881 c’est Charles Francis Smithers qui occupait la présidence et il avait alors succédé à George Stephen, lequel était devenu le président du Canadien Pacifique la même année. Mais à la mort de Smithers en 1887 la banque a dû lui trouver un successeur. C’est ce qu’elle a fait en nommant nul autre que Donald Alexander Smith, celui qui allait plus tard devenir Lord Strathcona, celui-là même qui avait principalement causé la chute des Conservateurs de Macdonald en 1873. Smith n’est pas un timoré, et derrière son aspect de grand-père bienveillant se cache un financier redoutable. Il est un actionnaire important de la Banque de Montréal mais aussi du Canadien Pacifique (dont il va enfoncer le dernier crampon de la ligne transcontinentale en 1885), du Manitoba Road ainsi que de la Compagnie de la Baie d’Hudson, dont il deviendra gouverneur en 1889, lui qui avait commencé là en 1838 comme simple commis. Pas si mal pour un Écossais arrivé au pays avec seulement un peu d’argent dans les poches, non?

 
Le saviez-vous? Donald Alexander Smith fut un philanthrope important. Il a donné avec son cousin George Stephen, l’argent nécessaire à la construction de l’hôpital Royal Victoria à Montréal et a fait d’importants dons à l’université McGill (dont il fut chancelier) afin d’y établir une école pour femmes. Sa magnifique maison, tout juste à l’ouest de l’actuel Centre Canadien d’Architecture fut démolie il y a de cela plusieurs années.

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