Dans
un article
précédent
il était question de la rue Frontenac en 1952. Aujourd’hui je vous
propose de nouveau la rue Frontenac mais cette fois en 1970. Allons-y donc, si vous le voulez
bien.
Depuis
le printemps les Québécois sont gouvernés par le parti Libéral de
Robert Bourassa qui a remporté 45% des votes. Le reste ayant été
partagé entre le parti Québécois, l’Union Nationale et le
Ralliement Créditiste. Dans la même foulée les gens entendent
parler pour la première fois de l’Assurance Maladie dont le projet
de loi est déposé à la fin juin par le ministre Claude Castonguay.
Les médecins spécialistes quant à eux sont vivement opposés à ce
projet de loi. Autre nouveauté dans le paysage, une loi visant à
protéger les consommateurs. Depuis le début mai Terre des Hommes,
qui occupe le site d’Expo 67, a ouvert ses portes pour la troisième
année consécutive. Le visa de saison pour adulte est à $12 alors
que celui Jeunesse est à $7.50 ($73 et $46 respectivement en dollars
ajustés de 2014). L'été de '70 nous place aussi malheureusement aux portes de la fameuse crise d’octobre qui va secouer
bientôt le Québec. À partir de ce moment-là les citoyens devront
s’habituer à voir l’armée patrouiller les rues de la ville.
Quant
à la photo elle nous place sur Frontenac quelque peu au sud de la
rue Hochelaga. La position du soleil et des ombres nous laisse
deviner que nous sommes sur l’heure du dîner. À l’avant-plan, à droite, un Plymouth Fury 1969, complètement redessiné par rapport à
’68, de la compagnie de taxi Lasalle ainsi qu'un autre taxi, Diamond celui-là juste derrière. À la gauche y'a un
Oldsmobile Ninety-Eight, 1969 lui itou. Très visible aussi un autobus Canadian Car du circuit 94 Iberville de la
Commission de Transport de Montréal (CTM) qui justement devient en
1970 la Commission de Transport de la Communauté Urbaine de Montréal
(CTCUM), nom qu’elle va garder jusqu’en 1985. Les vieux Canadian
Car ont encore quelques années devant eux mais leur nombre va se
réduire durant les années 70 jusqu’à disparaître complètement.
Les plus vieux vont se rappeler comment il était agréable de
voyager dans ces vieux bus d’une autre époque. Derrière l’autobus
se trouve un camion des supermarchés Steinberg, lesquels sont à ce
moment-là dominants à Montréal. Dominion les talonne sérieusement
par contre. Et stationné complètement à droite ça ressemble
sérieusement à un Ford Galaxy 1970.
Architecturalement
parlant la rue Frontenac possède encore en 1970, à peu de chose de
près, l’allure qu’elle avait auparavant. On peut s’amuser, ou
pas, de l’absence complète de végétation le long de la rue,
quelque chose que l’on a sensiblement amélioré depuis. De part et
d’autres on retrouve encore toutes ces maisons ouvrières avec
toutes ces particularités qui font leur charme; corniches de bois
ou tôle ouvré, appareillages de brique et aussi ces balcons,
lesquels donnent directement au-dessus des trottoirs. Les commerces
sont un petit peu moins nombreux que vers la rue Ontario. On retrouve
néanmoins à gauche le restaurant Chez Thérèse alors qu’en face,
à droite, le commerce d’articles de sports d’Yvon Roy a pignon
sur rue. La Révolution Tranquille, couplée à un sentiment de
nationalisme, amène des changements, particulièrement quant aux
noms des boutiques et magasins qui délaissent l’anglais pour le
français.
Sur
les toits, de çà et là on note la présence de nombreuses
antennes. Il faut dire qu’en 1970, et ce même si le câble existe
depuis 1966, beaucoup de gens captent les signaux de télévision
avec des antennes ou encore de bonnes vieilles oreilles de lapin sur
lesquelles on place de la laine d’acier afin «d’améliorer» la
réception. Et que regarde-t-on en 1970? Il y a
certainement le nouveau téléroman Les Berger de l’auteur Marcel
Marin et qui deviendra une des émissions les plus populaires des
années 70. À l’automne, toujours à Télé-Métropole, c’est au tour de
Marcel Gamache d’y aller avec une émission qui va s’avérer très
populaire : Symphorien. Quant à moi, du haut de mes quatre ans,
je fais des culbutes pour Bobino,
Sol et Gobelet, la Souris Verte, Spider-Man, Robin Fusée,
l’Escadrille
sous-marine,
Fusée
XL-5,
Supercar
et les Sentinelles de l’Air.
De
retour à notre rue Frontenac.
Loin
derrière on peut apercevoir le Gyrotron à la Ronde, manège
parfaitement décevant voire même ennuyeux qui va incessamment
disparaître vers 1980. À ses côtés se dresse la Spirale qui est
toujours sur le site du parc d’amusement, aujourd’hui propriété
de la compagnie américaine Six Flags.
1970
marque aussi l’année où l’on démolit finalement l’immense
réservoir de gaz, celui que l’on voit au fond à gauche. Construit
en 1931 par la Montreal
Light, Heat & Power,
la compagnie est celle que le gouvernement Godbout a nationalisée en 1944 afin
de créer Hydro-Québec et qui, se faisant, récupère les actifs électriques mais
également le réseau de distribution de gaz. Ce réseau sera vendu
en 1957 à la Corporation
de gaz naturel du Québec. Celle-ci, on s’en souviendra, a fait une
large promotion pour l’utilisation du gaz naturel
dans les années 60. En 1969, soit un an avant la prise de la photo
d’aujourd’hui, la compagnie devient Gaz Métropolitain. Quant au
réservoir, parfaitement
immense, il fait 364 pieds de hauteur et peut contenir 10 millions de
pieds cubes. Peut-être parce que quelque part, quelqu’un s’est dit qu’avoir
une telle quantité de gaz inflammable au milieu d’une zone urbaine
densément peuplée n’était peut-être pas une si bonne idée.
Le
sort de la rue Frontenac a cependant été quelque peu inégal au
niveau de l’architecture et de l’urbanisme. Les années 70 et 80,
faut-il s’en étonner, ont été particulièrement cruelles pour
quantité de bâtiments à Montréal et le secteur de la rue
Frontenac n’y a pas échappé. Certaines maisons sont passées sous
le pic des démolisseurs pour voir s’ériger à leur place des
bâtisses ternes de facture moderne n’ayant que peu ou pas
d’harmonie de style avec le reste. Dans un même ordre d’idée
d’autres ont été largement rénovées, surtout en façade,
faisant disparaître soit avec de la nouvelle brique ou encore des
panneaux d’aluminium tous ces éléments architecturaux qui
faisaient tout leur charme. Il s’en trouve, heureusement, qui ont
tout conservé; balcons, brique d’origine, vitraux, corniches,
parapets, appareillages, carreaux ornementaux et autres.
Saviez-vous
ça vous autres? L’gros réservoir de gaz là, ben y’avait un
camping juste à côté. Non mais ça devait tu être pittoresque
rien qu’un peu? Sérieux là.Vous nous croyez pas? Ben regardez donc ça juste pour voir:
très beau CAMPING....
RépondreEffacerChampêtre, n'est-ce pas?
EffacerPluche
Ha ha ce n’était pas un camping mais a cet époque presque tout était permit! Le reservoir a été démoli et le terrain a fait place a la place Frontenac des appartements en hauteur! j'habitais juste sur le coin de cette rue jeune ou l on voit le bus meme que le restaurant était loue et la propriété était a ma tante qui le louait! Si je me souviens bien on le nommait le restaurant chez Gigi! Une espèce de grosse madame était la locataire de se petit casse-croûte et elle y fessait des hamburger, hotdog et patates frites donc elle jetait la graisse dans la bol de toilette et mon père devrait toujours aller la déboucher meme si il lui disait que la graisse allait pas dans une toilette elle recommençait! Il y avait aussi juste sur le coin d'Hochelaga et Frontenac une grosse taverne très populaire et en arriere sur Du Havre le parc ou l'on jouait! De très beaux souvenirs cette rue a été en parti bâtie en 1900-1912!
RépondreEffacerJ'ai utilisé le mot camping pour définir l'endroit car je sais que ce n'était pas un terrain officiel en ce sens, contrairement au véritable camping qui se trouvait à l'époque sur le coin de Dickson et Notre-Dame. C'est très intéressant de lire ces petites tranches de vie que vous racontez et je m'y rapporte un peu car j'ai vécu mon enfance dans ce quartier, quoique plus à l'est.
EffacerPluche
le resto c est CHEZ THERESE ,,MADAME THERESE JUNEAU
RépondreEffacerMerci pour l'info additionnelle.
EffacerPluche
Les Berger il me semble que c'était à télémétropauvre et ca ressemble plutôt à une grille d'un Mercury Météor au lieu d'un Galaxie 500 ( bah c'est pareil ).
RépondreEffacerOui, vous avez raison, Les Bergers c'était bien à la télévision des tas plutôt qu'à la télévision d'état. C'est corrigé. :)
EffacerPluche
c'est en effet "quelque chose!Une vue unique en tout cas...Question,est-ce-que les campeurs avaient droit au BBQ au gas gratuitement?😩
EffacerBonsoir, j'ai trouvé votre article très intéressant et je me souviens que mon père avaot acheté les premières jambières de gardien de but chez Yvon Roy Sports. Est-ce que vous vous souvenez de l'adresse exacte du commerce Yvon Roy Sports?
RépondreEffacerLe fondateur, monsieur Yvon Roy, est décédé le 26 décembre 2007 à l'âge de 74 ans.
Merci et bonne journée.
Richard Pouliot
Je ne saurais vous dire l'emplacement exact. Pluche utilisait le Lovell, accessible sur le site de la Bibliothèque et Archives Nationales du Québec (Banq).
EffacerJessica, éditrice et modératrice par intérim.
Sur Frontenac Yvon Roy Sport était au 2362 l édifice y est toujours mais je me souviens des debuts un batiment comme un peu les autres qui a ete agrandi et rebati en briques blanches vers je crois 72-73
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