Vers
la fin du 19è siècle le territoire de la ville de Montréal
s’agrandit. Quantité d’anciennes terres agricoles se voient
loties et des villages sont peu à peu annexés. Ces nouveaux
territoires obligent l'archevêché de Montréal a redécouper des
paroisses existantes et aussi en créer de nouvelles.
Un
exemple probant est le scindement, en 1896, de la paroisse
St-Vincent-de-Paul qui elle-même avait vu le jour en 1867 lors du
fractionnement de la paroisse Notre-Dame. Ce faisant, on crée la
toute nouvelle paroisse de St-Eusèbe-de-Verceil, nommée d’après
l’évêque italien du IVè siècle, Eusebio di Vercelli de son vrai
nom. On décide, quelques années plus tard, de faire ériger sur
Fullum, tout au nord de la rue Larivière, une toute nouvelle église
et on confie les plans à l’architecte Aristide
Beaugrand-Champagne. Le
chantier se met en branle en 1913 mais malheureusement, à peine
le soubassement terminé que l’on doit cesser les travaux moins
d’un an plus tard. C’est qu’en Europe vient d’éclater la
Grande guerre et l’effort requis, tant de matériaux que de
personnes, vient mettre un sérieux frein aux travaux et l’église.
Au moins les célébrations peuvent être menées dans le
soubassement. Il faut néanmoins attendre 1919 pour que les travaux
reprennent, cette fois sous la gouverne de l’architecte
Joseph-Henri Caron. En 1923 on termine l’installation du
maître-autel ainsi que les décorations intérieures. Pour les
vitraux, faudra attendre 1926.
Le
style architectural choisi en est un Néo-roman, très élégant de surcroît, et qui fait fort usage, comme c’était coutume pour
quantité de bâtiments de cette époque, de pierre de taille,
parfois lisse et parfois bosselée. Ce que l’on aperçoit sur la
photo d’aujourd’hui est un détail de la façade. Il s’agit de
la statue centrale, l’une de trois, et qui orne le dessus du
fronton. Enchâssé dans une petite alcôve, il s’agit d’une
représentation de St-Eusèbe lui-même, coiffé de sa mitre et
portant une crosse, laquelle symbolise sa fonction de pasteur. Lors
de mon passage, tout récent, il était clair et ce dès le premier
coup d’œil, que le bâtiment subissait les affres du temps et des
éléments. Dans le clocher les abat-sons, de type persienne, étaient
majoritairement manquants ou endommagés. Ces éléments servent
surtout à empêcher la pluie et la neige d’entrer, de ventiler les
charpentes et aussi à rediriger le bruit des cloches vers le sol.
L’église sert encore et toujours de lieu de culte mais, tout comme
durant la Première guerre, les célébrations ont lieu dans le
soubassement pour des raisons économiques et de sécurité. Aux
dernières nouvelles, bien que le bâtiment soit considéré comme
d’intérêt patrimonial et architectural, il ne semble pas profiter
d’un statut le protégeant.
Le
saviez-vous? Il existe un champ d’étude spécifiquement dédié
aux cloches, leur histoire, leur fabrication, leur usage ainsi que
les répertoires musicaux utilisés, il s’agit de la campanologie.