Vous
vous souvenez sûrement de ce jour, où, en creusant à
la Pointe-à-Callières, on
a retrouvé les vestiges du premier cimetière de Montréal, qui
portait alors le nom de Ville-Marie. C'était là un tout petit
cimetière de rien du tout, et pour cause puisque la
population n'était pas très nombreuse à cette époque. Mais
elle l'est devenue avec les années alors que Montréal s’est
développée. Ce faisant, on a donc dû aménager des cimetières
afin d’accommoder ladite population qui passait de vie à trépas.
Prenons
par exemple l'église Notre-Dame, dans le Vieux-Montréal. Cette
dernière, qui attire bon an mal an un bon nombre de visiteurs
par année, n’est pas la première église de ce nom situé à
cet endroit. Il s’agit en fait de la deuxième qui était non
seulement plus petite,
mais dont
l’emplacement était différent. C’est comme cela qu’entre
2004 et 2006 on
a découvert
un certain nombre de squelettes directement sous le parvis de la
basilique Notre-Dame, ce même parvis foulé par quantité de
visiteurs chaque jour.
(Crédit photo: La Presse)
Ce
cimetière, vraisemblablement ouvert en 1683, a été élargi
en 1734, démontrant d'ores et déjà le besoin grandissant
d'espace. En 1795, l’on a décidé de ne plus inhumer les corps
dans le cimetière et cela, pour des raisons de santé publique.
Il a donc fallu trouver un autre terrain, plus grand celui-là et
aussi à l'extérieur des limites de la ville. Et ce terrain,
on l’a
trouvé dans le Faubourg St-Antoine. Et voilà, s’est alors
dit la Fabrique de l'église Notre-Dame, une bonne affaire de faite.
Le
problème,
c’est
que la Fabrique a malheureusement sous-estimé la rapidité à
laquelle Montréal se développait et s'agrandissait à travers
les nombreux faubourgs et bientôt le cimetière s’est
retrouvé très coincé au
milieu de plein d'habitations. On prétendra que les occupants
du cimetière ne sont pas des
voisins bien bruyants mais bons,
ce n'est pas tout le monde qui veut avoir un cimetière dans sa cour arrière. Encore une fois,
la Fabrique
de l'église Notre-Dame a donc dû trouver un nouvel espace encore
plus grand. Autre temps mêmes problèmes,
dira-t-on.
La solution
arrive sous la forme d’un don, celui du docteur Pierre Beaubien qui
possède d’immenses terres sur la montagne. Et v’là ti-pas qu’on
aménage le nouveau cimetière en 1854, celui que l’on connaît
aujourd’hui sous le nom de cimetière Notre-Dame-des-Neiges.
Quant au
cimetière St-Antoine on songe à le vider, lotir le terrain et
vendre les lots afin qu'ils puissent être développés. Mais on
ne peut évidemment pas construire comme ça directement par-dessus
un cimetière, ça n’a pas de sens. Alors on entreprend alors de le
déménager. Et faut comprendre ici que lorsque l’on parle de
déménager un cimetière ça veut dire que l'on ne s’occupe pas
seulement des pierres tombales mais aussi ce qui se trouve
en-dessous. Autrement dit, on sort les cercueils de terre, on les
transporte dans la montagne où on les remet en terre.
Minute
moumoutte, dit le docteur Phillip Carpenter qui dirige la Sanitary
Association. Parmi
les gens enterrés, fait-il remarquer, y’en a tout plein qui sont
morts des suites du choléra. Et s'il se trouvait quelque chose
que le docteur et son association craignaient comme la peste
c'était une épidémie de choléra accessoirement déclenchée par
l'exhumation de gens qui en étaient décédés. On arrête donc
le sinistre déménagement et le cimetière est alors transformé en
parc public, que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de square
Dominion. C’est celui-là tout juste à côté de la
cathédrale Marie-reine-du-Monde où trône d’ailleurs la statue
de Macdonald. Donc, si vous travaillez dans le secteur et qu'il
vous arrive d'y aller pour luncher sur l'heure du dîner alors
sachez que vous lunchez essentiellement dans un cimetière puisqu'il
y a encore plein de gens font dodo pas trop loin sous vos pieds.
Vous connaissez le parc des Vétérans?
C'est un charmant petit parc situé sur la rue Papineau près de
l'entrée du pont Jacques-Cartier et bordé par la rue
Lafontaine. Eh bien il s'agit encore ici non pas de un mais de deux
cimetières protestants, l'un civil et l'autre militaire qui ont
utilisés entre 1816 et 1869. Il s’agit d’un autre cimetière
que l’on a déménagé partiellement, cette fois au cimetière de
Pointe-Claire. Mais ici comme au square Dominion le déménagement
n’a été que partiel et un inventaire archéologique tout récent
a permis de découvrir une quantité appréciable de restes humains
sous le parc. D'ailleurs, l'un de ces occupants ne serait autre
que le patriote Charles Hindelang qui a été pendu en 1839 à
la prison du Pied-du-Courant. On ne peut savoir à quel endroit
cependant.
Il s'en trouve d'autres aussi, forcément. Montréal n'ayant pas toujours la vile que l'on connaît. Bien avant, il s'y trouvait de nombreux petits villages agricoles, et quand les gens décédaient, ils étaient généralement enterrés dans leur localité. Avec les annexions, et l'agrandissement urbain, on a fini par en oublier et parfois, ce sont des travaux de voirie ou de construction qui mettent au jour un ancien cimetière. C'est le cas de celui qui se trouvait là où se trouve aujourd'hui le complexe Guy-Favreau. Et n'oublions pas que c'est aussi de cette façon que l'on a remis au jour, durant la construction du pont Victoria, les restes des victimes Irlandaises du typhus.
Le
saviez-vous? En
1847 un chirurgien a réalisé une amputation tellement rapidement
qu’il a aussi accidentellement amputé les doigts de son assistant.
Les deux sont subséquemment morts du sepsis et une personne qui
assistait à l’opération est morte du choc que cela lui a causé.
Ce faisant, il s’agit de la seule procédure chirurgicale dont le
taux de mortalité a été de 300%.
Dommage que personne ne soit venu encore commenter cet excellent texte. Superbe recherche.
RépondreEffacerJ'aime bien venir déambuler ici quand mon graveyard shift me le permet...
Continue ton superbe travail camarade. A+
Merci bien cher taximan!
RépondreEffacerPluche