samedi 30 avril 2022

Oiseaux du Québec: le pigeon biset

 


Le pigeon biset est fort probablement l'oiseau urbain le plus connu, et surtout le plus vu. Bien que très présent, ce n'est pas un oiseau natif du Québec ou même de l'Amérique du nord puisqu'il a été introduit ici par les Européens au début du XVIIè siècle afin de servir de messagers. De là, il s'est rapidement adapté au climat rigoureux du Québec. Il a s'est non adapté aux changements lors de l'industrialisation et de l'urbanisation mais en a aussi tiré profit en trouvant sa subsistance un peu partout. 

L'oiseau fait partie de la grande famille de Columbidés et compte pas moins de 310 espèces dont la tourterelle et la colombe. Il est grégaire et relativement sédentaire qui niche là où il peut, que ce soit sur des édifices, des des corniches, des structures de ponts ou encore dans des bâtiments abandonnés. Les pigeons demeurent en couple pour tout la vie et la femelle peut pondre jusqu'à deux couvées par ans avec, en moyenne, deux, parfois trois pigeonneaux. 

Malgré son extraordinaire adaptation, il est considéré nuisible car ses déjections corrosives endommagent les bâtiments où il niche ainsi que les alentours qu'il fréquente. Il est porteur de tiques, mites, puces et poux et peut aussi transmettre des maladies comme l’encéphalite, l’ornithose, la salmonellose, la toxoplasmose et l’histoplasmose.

Visuellement, le pigeon biset est un très bel oiseau avec un beau plumage dont les couleurs vont du gris, au bleu ainsi qu'au mauve. Sa chair, comestible, est très bonne au goût, semble t-il. Il se trouvait d'ailleurs un éleveur, en Mauricie je crois, qui en faisait l'élevage à cette fin (est-ce toujours le cas?). 



De multiples études, certaines datant de plus de quarante ans, d'autres très récentes, démontrent que le pigeon domestique, les tortues marines, mais aussi beaucoup d'autres animaux comme l'abeille domestique, des fourmis, des papillons migrateurs, la langouste de Cuba, sont sensibles au champ magnétique terrestre et l'exploitent pour s'orienter


mardi 26 avril 2022

McDonald's d'hier à aujourd'hui

 Difficile de penser à la restauration rapide sans mentionner le nom de McDonald's. Si la corporation alimentaire déclare avoir été fondée en 1955 par Ray Kroc, le premier restaurant l'a été en 1940 par les frères Richard et Maurice McDonald, tous deux fils d'immigrants écossais. À l'origine le restaurant, qui ne comptait pas d'espace intérieur pour manger, offrait du poulet BBQ ainsi que des hamburgers. Les deux frères ont rapidement réalisé qu'étant donné que les hamburgers se vendaient beaucoup mieux que les reste, ils ont alors réaménagé leur restaurant afin de n'y servir que des hamburgers. 

Les frères McDonald devant la pancarte qui fut érigée pendant les travaux vers 1948. À gauche complètement on voit l'enseigne originale: McDonald's Famous Bar-B-Q and Hamburgers. 

Puis, ils ont mis un point une cuisine qui fonctionnait comme une usine d'assemblage afin d'assurer un service rapide comme nulle part ailleurs. Aussitôt commandé, aussitôt reçu. Ils ont également retenu les services de l'architecte Stanley Clark Meston afin de concevoir un nouveau bâtiment qui attirerait davantage l'attention. 

En 1954 Ray Kroc arrive dans le portrait. Je ne raconterai pas l'histoire au complet mais vous recommande de voir le film The Founder avec Michael Keaton dans le rôle de Kroc. Ce dernier a réussi à prendre le contrôle de McDonald's et même à pousser les fondateurs hors du portrait. En 1955 McDonald's devient une corporation et le nombre de franchisés ne cesse d'augmenter. au moment d'écrire ces lignes, on en compte 37,000 de par le monde. Cependant, il serait faux de croire que McDonald's est la plus vieille franchise de restaurants. En effet, cette palme revient à la chaîne A&W, fondée en 1919 par Roy W. Allen, Allen et Frank Wright. 

Ici, au Québec, McDonald's n'a fait son apparition qu'au début des années 70. Le premier au Canada ayant été ouvert en 1968 à Richmond en Colombie-Britannique. À ce moment, les restaurants McDonald's avaient d'ores et déjà cessé d'utiliser l'architecture de Meston pour embrasser une facture plus moderne où les clients pouvaient manger à l'intérieur, contrairement à l'ancien concept.

Cette nouvelle version est celle qui a dominé pendant plusieurs années au Québec. Parmi les changements, une aire intérieure pour manger, ce qui n'existait pas dans l'ancienne version où les gens mangeaient dehors sur des tables à pique-nique. On faisait aussi place à de la verdure autour du restaurant ainsi que des aires de jeu pour les enfants. L'enseigne dans son nouveau design trônait haut dans les airs (plus haut que ce qui est démontré ici dans l'illustration) afin qu'elle soit bien visible de loin. À l'intérieur toutefois on conservait un concept des frères McDonald qui consistait à faire que les clients ne restent pas longtemps afin qu'ils cèdent la place pour d'autres clients; les bancs durs et la lumière vive se combinaient justement pour produire cet effet. On s'assoie, on mange et on lève les feutres contrairement aux restaurants typiques avec leurs sièges confortables ainsi que de la lumière tamisée. 

Et justement, aujourd'hui je vous offre ce petit retour en arrière afin de voir comment était McDonald's en arrière et permettre aussi de constater tous les changements qui ont été apportés jusqu'à aujourd'hui. 

Comptoir McDonald's typique des années 70. Les caisses électroniques avaient alors remplacé les calepins en papier pour la prise des commandes. À cette époque la viande était cuite sur des plaques chauffantes et au comptoir on entendait parfaitement bien le bruit de la cuisson. Notez aussi l'uniforme de la caissière. 

Autre photo prise à la même époque où l'on voit ici des employés affectés à la cuisine. Notez le chapeau de papier que tous devaient porter, sauf les filles qui elles devaient porter une casquette de tennis. Plusieurs employés de McDonald's de l'époque ont quitté leur emploi en emportant avec eux leurs uniformes. On peut en voir de temps à autres sur eBay ou même dans des brocantes. 

Les bâtons mélangeurs pour le café. Ces derniers prenaient inévitablement le chemin des vidanges une fois utilisés. Fait inusité, ou pas, ces bâtons, qui sont disparus des restaurants depuis fort longtemps, se retrouvent encore sur eBay, à des prix relativement variés. Il se trouve d'ailleurs des collectionneurs chevronnés qui possèdent des quantités impressionnantes de bâtons mélangeurs provenant de partout. C'est un truc que l'on ne voit plus de nos jours. 

La grande majorité des restaurants comportaient une aire de jeu extérieure, lesquels étaient basés sur les nombreux personnages de l'univers McDonald's et que l'on voyait dans les publicités à la télévision. Le concept des personnages faisait partie d'une campagne de marketing bien huilée qui visait essentiellement les enfants. 

Les plus vieux se souviendront peut-être, ou pas, de la première version du clown Ronald McDonald alors interprété par Willard Scott, laquelle est apparue en 1963. On peut certainement s'imaginer que tout cet accoutrement ne devait pas être confortable, ni très original. Conscients que cette mascotte n'était peut-être pas celle qu'il fallait, McDonald's a opté pour repenser entièrement son look, voire à le reconcevoir entièrement. 


C'est en 1966 qu'apparaît la nouvelle version de Ronald McDonald qui ne ressemble en rien à son prédécesseur. L'utilisation de la couleur rouge n'est pas due au hasard puisque en design publicitaire le rouge stimule l'appétit. C'est pourquoi tant de logos de restaurants comportent du rouge. Le succès de cette nouvelle version frappe dans le mille et devient très rapidement populaire auprès des enfants.  



Les publicités de McDonald's et de toute la bande de personnages étaient surtout visibles les samedis matins durant les pauses publicitaires des nombreux dessins animés qui passaient en matinée. Le clown Ronald McDonald est rejoint, au début des années 70, par les autres personnages dont Liqueur Grosse Douceur, la chose bleue au milieu ainsi que le maire McCheese. Tout ce petit monde évoluait dans ce qui s'appelait McDonaldland. Mais en 1973 les frères Sid et Marty Krofft (Land of the Lost, Sigmund and the Sea Monsters, The Bugaloos) traînent McDonald's devant le tribunal en affirmant dans leur plainte que certains personnages dont le précité maire McCheese est une copie de leur maire H.R. Pufnstuf. Les frères Krofft gagnent leur cause et McDonald's est contraint de payer un dédommagement de $50,000. McDonald's porte la cause en appel et le décision tombe en 1977; le dédommagement est maintenant de $1 million de dollars et McDonald's est contraint de cesser d'utiliser les personnages du maire McCheese, l'agent Big Mac, le Capitaine Escroc, et le Professeur. Les autres ont pu demeurer. 

Considérant la décision du tribunal de 1977, voici les personnages créés dans les années 70 et qui ont pu demeurer tant pour du matériel promotionnel, les publicités ainsi que jeux et jouets. On note ici que les personnages du Hamburglar et du capitaine ont été modifiés afin de rendre leur image moins "traumatisante" pour les enfants. Toutefois, le clown Ronald McDonald n'est pas la première mascotte de la chaîne. 


Faites la rencontre de Speedee, la mascotte originale. Créée par les frères McDonald's, Speedee était un personnage trapu avec une tête de hamburger et coiffé d'un chapeau de chef. Il tenait une pancarte qu'il l'identifiait afin de s'assurer à qui l'on avait affaire. La mascotte servait à identifier visuellement la grande rapidité avec laquelle les clients étaient servis chez McDonald's. Speedee n'est toutefois jamais apparu dans une publicité, se contentant de se retrouver sur les emballages, les verres en carton ainsi que sous forme lumineuse au néon à l'extérieur. La mascotte est disparue en 1960. 

Voici le menu déjeuner typique qu'offrait les restaurants McDonald's du temps. Le fameux sandwiche oeuf McMuffin est apparu sur le menu pour la première fois en 1972. On comptait aussi les crêpes, les galettes de saucisse, des oeufs brouillés, les fameuses patates hachées brunes ainsi que jus d'orage et café. Notez que ces aliments étaient tous servis dans des contenants en styromousse. 

Parlant de déjeuners, le café McDonald's pouvait être servi dans une de ces belles tasses en Pyrex. Suivez ce lien pour en savoir davantage. Et on pouvait les garder, quoiqu'il fallait payer pour, évidemment! 

Non seulement tous les déjeuners étaient servis dans des contenant en styromousse, mais les hamburgers aussi, mis à part le hamburger simple et le hamburger au fromage. Ces derniers sont encore et toujours servis dans des emballages de papier ciré. Les contenants en styromousse n'étaient pas récupérés pour le recyclage mais simplement jetés aux ordures. McDonald's a depuis abandonné ces contenants pour les remplacer par du carton, plus écologique et recyclable. 

Eh oui, il fut une époque où fumer dans les restaurants McDonald's était légal, comme ce l'était partout dans le temps. À chaque table se trouvaient ces cendriers mais comme ils s'en faisaient voler souvent, ils ont été remplacés par de simples cendriers, deux fois plus petits, et en aluminium. 

Le fameux Big Mac. Le sandwich-phare de McDonald's est apparu en 1967 et a été inventé par un franchisé Jim Delligatti, lequel était propriétaire d'une franchise à Pittsburgh en Pennsylvanie. Delligatti considérait que McDonald's se devait d'offrir un hamburger pour adultes et ainsi mieux faire compétition avec la chaîne Eat 'n Park, laquelle vendait son fameux hamburger Big Boy. C'est Esther Glickstein Rose, une secrétaire de 21 ans qui travaillait au département de la publicité de McDonald's qui avait trouvé le nom du sandwich. Le même département avait plus tard pondu la fameuse publicité où l'on voyait des gens atteints d'une attaque de Big Mac, et dont le seul remède consistait à manger... un Big Mac. 


Au milieu des années 80 apparaît quelque chose de complètement inattendu au menu: de la pizza! On avait même mis au point un four qui cuisait la pizza en moins d'une minute. Les avis étaient partagés mais largement favorables et pour une chaîne qui n'avait jamais eu un tel mets elle était très bonne. On l'a toutefois retirée du menu un peu avant l'an 2000. 


Le milieu des années 80 nous a amené une autre innovation: le Mc DLT (McDonald's, laitue, tomate). Le principe derrière ce nouveau hamburger en était un où la portion avec viande était tenue au chaud d'un côté et la portion laitue/tomate au frais de l'autre. On ouvrait l'emballage et on réunissait les deux parties ensemble. Le Mc DLT est disparu vers la fin des années 90 non pas en raison de son impopularité, au contraire, mais en raison de son impact environnemental. Durant les années 90 McDonal'ds s'est vu reprocher l'immense quantité de contenants en styromousse, discuté plus haut, et le Mc DLT nécessitait un emballage en styromousse lequel conservait les températures. Les emballages de papier ne pouvaient adéquatement faire cette besogne. Le Mc DLT est donc parti rejoindre la pizza. 






Le saviez-vous? Les frères Richard et Maurice McDonald avaient un neveu prénommé... Ronald. Ça ne s'invente pas. 

vendredi 22 avril 2022

Jour de la terre 2022

 Le jour de la Terre, à mon humble avis, est ce jour où l'on doit se rappeler que nous ne sommes que des locataires sur cette planète alors que nous nous croyons malheureusement, encore et toujours, les maîtres des lieux. Et si, à tout hasard nous l'étions, ça ferait de nous de bien piètres propriétaires. Nous sommes intrinsèquement liés à la Nature et notre survie dépend du lien que tissons avec elle.  

En premier lieu, une renarde avec son jeune renardeau qui symbolise le renouvellement de la vie. Bien que le petit grandisse et qu'il arbore déjà ses couleurs adulte, il ne sait pas encore chasser convenablement. La renarde y voit en capturant soit des oiseaux ou des rongeurs qu'elle ramène à la tanière. De là, il semblerait bien, aux yeux d'un observateur, que le renardeau s'amuse avec la proie mais il en va tout autrement; en effet, ce jeu est en réalité un apprentissage où il apprend les rudiments de la chasse. Cette habilité lui permettra alors, un jour, d'apporter une subsistance à ses propres petits. Mais pour l'instant, il demeure bien curieux du monde qui l'entoure, sous l'oeil et l'attention de sa mère. 

J'ai aperçu un épervier de Cooper mâle, lequel, au moment où je l'ai photographié, venait tout juste de se poser sur une branche avec, pour proie, un tamia rayé qu'il venait tout juste d'attrapper. Cette photo symbolise, en quelque sorte, l'équilibre naturel des choses. Tout débalancement dans la balance proie et prédateur a souvent de bien mauvaises conséquences comme on l'a vu au parc de Yellowstone. Durant les années 30 on avait décidé de se débarrasser des loups et cette décision a ultimement mené à une surpopulation de caribous, lesquels ont littéralement dévasté la flore du parc. En 1995 on a réintroduit des loups gris afin de rétablir la balance. Depuis, la flore se porte beaucoup mieux, de nombreux animaux sont revenus et le parc se porte beaucoup mieux. (1)

Gros plan de l'oeil d'une grenouille verte. Ce membre de la famille des batraciens est apparu il y a environ 250 millions d'années, soit bien longtemps avant l'arrivée des premiers dinosaures. Mais il y a plus que cela; de leur apparition jusqu'à aujourd'hui, les batraciens ont survécu à trois extinctions massives, soit le Permien, le Trias-Jurassique et le Crétacé-tertiaire (dinosaures). Ceci nous montre l'extraordinaire capacité d'adaptation et de survie de ces animaux. Il ne serait même pas impossible qu'ils nous survivent. L'hiver, les grenouilles s'enfoncent sous d'épais feuillages ou une anfractuosité quelconque. Lorsque la température descend sous le point de congélation, la grenouille tombe en léthargie hivernale. Son sang ne circule plus et son cœur ne bat plus. À première vue on la croirait morte mais ce n'est pas le cas. Ainsi, au printemps, lorsque la température remonte, la grenouille dégèle, parfois en une journée, et son cœur se remet à battre alors que son sang circule à nouveau. Ceci démontre l'extraordinaire capacité d'adaptation de ces animaux et il n'est pas impossible qu'ils nous survivent.

Cette quatrième photo nous montre une abeille qui butine une fleur. Cette photo souligne la très grande importance qu'on les insectes pollinisateurs pour nous. Sans eux, non seulement plus de miel, mais aussi un rayon des fruits réduit de plus de la moitié. Sans ces précieux insectes, l'Humanité serait bien mise à mal au plan de l'alimentation puisque l'on estime qu'ils pollinisent 70 des 100 espèces cultivées que nous récoltons et qui nourrissent près de 90% de la population de la planète. Leur contribution à l'alimentation globale s'établit à environ 30 milliards par an. 





Le saviez-vous? L'Humanité est une très récente addition au grand catalogue de la vie sur Terre. En termes de perspective, et en supposant que la création de la Terre jusqu'à nos jours soit réduite en une période de vingt-quatre heures, l'Humanité n'apparaîtrait qu'a 23:59. 


mardi 19 avril 2022

Retour à la maison (bis)

 Dans mon dernier article je parlais de la magie de retourner là où l'on avait grandi. C'était, bien entendu,  une métaphore concernant ce blogue. Après tout, il existe maintenant depuis douze ans! Mais au sens propre, retourner dans la maison de notre enfance exerce une magie qui fait souvent remonter de bien beaux souvenirs. De la nostalgie aussi puisque l'on se remémore, bien souvent, des moments partagés avec des personnes qui nous sont chères et qui nous ont quitté depuis. 

L'an passé je me suis livré à cet exercice puisque je suis allé revisiter la maison qui m'a vu grandir. Les propriétaires ont été, au demeurant, fort intéressés à me recevoir. Cette visite a d'ailleurs permis un échange d'informations intéressantes. Cette maison, sise dans le quartier Hochelaga, a été construite au début des années 40 alors que le Canada venait de déclarer officiellement la guerre à l'Axe. La construction a duré plus longtemps qu'en temps normal étant donné le rationnement de matériaux. Au rez-de-chaussé on compte six pièces (et la demie, bien entendu) et un immense sous-sol, que l'on appelait communément dans le temps, la cave. À l'étage, deux logements de trois pièces qui ont été transformé en un seul loft. Le propriétaire m'a alors confié que lors des travaux d'abattement du mur mitoyen, il avait découvert des médailles religieuses, clouées sur les montants de bois. Nul doute l'oeuvre de mon grand-oncle qui les a placées là afin de protéger la demeure. C'était souvent coutume à cette époque. 

La cour arrière, dans laquelle je me suis si souvent amusé avec mes amis m'a semblé bien petite alors que dans mes souvenirs elle était bien plus grande. L'aménagement de cette dernière a changé mais un détail n'a pas manqué à mes yeux; dans le coin, deux taches de peinture bleue sur le mur. 


La première, au centre, et la seconde, en deux tons de bleu, visible au milieu du boyau d'arrosage. J'ai avoué tout de go au propriétaire que j'étais "l'astiste" de ces deux "chefs-d'oeuvres". Je devais avoir cinq ou six ans lorsque l'idée m'était alors venue de concocter un mélange impromptu de peinture en utilisant je ne souvient plus quoi. Chose certaine, ces "oeuvres" étaient bien tenaces; les tons de bleu étant encore bien vifs. Le propriétaire m'a alors avoué que la cour était en rénovation, d'où la présence de remblai de roche, issu d'un concassage et que le mur de ciment serait éventuellement peinte en blanc. Amusant toutefois de revoir ces traces de mon passage. 


Au balcon, on voit en haut, une photo de mon grand-père prise en 1966 et sur laquelle il est concentré sur ses mots-croisés dont il raffolait. Très intelligent, il les complétait toujours, sans faute. Aujourd'hui, pas grand chose de changé mis à part un support en métal décoratif qui soutient un auvent permanent. Le petit toit à droite est celui de l'entrée qui, de la cour, donnait accès à la cave. 


Le balcon arrière donnait directement dans la cuisine/salle à manger. Souvent, lorsque des gens achètent une maison, surtout lorsqu'elle est un peu vieillotte, ils effectuent des rénovations de masse qui modernisent et changent entièrement l'aspect intérieur, parfois pour le meilleur mais aussi pour le pire. Ici, on a choisi de conserver l'aspect original. Sur la photo du haut, on me voit avec mes deux cousines, alors que je souffle les quatre chandelles de mon gâteau de fête avec, en prime, un petit véhicule de construction Matchbox. 


Sur la photo précédente on notera le lavabo sous la fenêtre. C'est dans ce lavabo en acier émaillé que l'on me donnait mon bain lorsque bébé. Ces lavabos, sous l'usure ou des impacts, voyaient leur émail disparaître à certains endroits ce qui exposait l'acier en dessous et lequel pouvait alors émettre de la rouille. Celui de mon enfance a depuis été remplacé par un autre en acier inoxydable, beaucoup plus durable. 


Partout dans la maison, les propriétaires ont opté de conserver les anciennes poignées en verre biseauté et poli. Cette poignée-là donnait accès à ce que appelait à l'époque la "pantry" ou la dépense. C'est là que ma grand-mère rangeait ses gâteaux, chocolats et autres friandises. Je l'ai tournée cette poignée-là, surtout pour me goinfrer lorsque ma grand-mère était passablement occupée à autre chose. 


Toujours dans la cuisine/salle à manger. Sur la photo du haut on y voit mon grand-oncle prise en avril 1966. C'est là qu'il prenait son thé le matin. À l'époque le calorifère en fonte, comme les autres dans la maison, était peint en blanc. Sur la photo du bas on y voit le même calorifère qui été entièrement décapé et retapé afin de lui redonner son apparence d'origine. 


Détour dans la salle de bain. Photo du haut prise durant l'été de 1970 après une rude journée à jouer dans la terre avec mes fidèles companions Matchbox et Tonka. Photo que j'ai également utilisée dans cet article. La baignoire du temps, en acier émaillé, a été changée, tout comme le lavabo et le mur de céramique quoique que le savonnier soit toujours le même. Ce bain-là en a évacué de la saleté accumulée à jouer dans la cour et la ruelle. 

Un jour de 1970 ma grand-mère a eue cette idée de me faire photographier par un photographe professionnel. Pour l'occasion j'avais revêtu un bel ensemble fort confortable gris et où je chevauchais mon fidèle destrier à roues. À l'arrière, à droite, on aperçoit un autre calorifère (qui a été conservé) ainsi que le déshumidificateur. À ma gauche on voit la tablette en acier et marbre pour le téléphone dont je me souviens encore du numéro, avec, à côté, le calepin de numéros de téléphone. Si le tapis d'époque a été remplacé par un plancher flottant, tout le reste est pas mal d'époque. 


Au salon, deux portes françaises avec de magnifiques carreaux de verre biseauté. On m'a alors confié qu'un des carreaux s'est malheureusement brisé. Au lieu de tout changer ils ont fait appel à un artisan talentueux qui a créé un nouveau carreau avec les mêmes motifs. Appelé à deviner lequel, je n'ai pas pu l'identifer jusqu'à ce qu'il me l'indique du doigt. Puis, on m'a posé une colle; sur le mur qui est là, il y a trois interrupteurs. Nous savons ce que les deux premiers font, mais pas le troisième. Après avoir observé le salon j'ai vite fait de noter que les propriétaires précédents avaient enlevé le luminaire du plafond et c'est cette lumière qui était connectée au troisième interrupteur. Un vieux mystère enfin résolu!

De visiter cette maison de nouveau m'a donné l'occasion de reconnecter avec de vieux souvenirs, de me rappeler mon enfance qui s'y est déroulée. Enchanté aussi de constater à quel point les propriétaires, forts affables au demeurant, ont travaillé à conserver le cachet d'origine. 

Si jamais l'idée vous prend de revisiter l'endroit où vous avez grandi, je vous dis, n'hésitez pas. Sonnez à la porte et vous serez certainement surpris! 



La nostalgie est une émotion qui a été particulièrement étudiée (1) à travers des expériences de psychologie et ces études ont démontré qu'utiliser la nostalgie régulièrement dans sa vie pour se remémorer un épisode en particulier, des gens et des lieux, aide à construire des bases solides pour poursuivre ses objectifs de vie.

(1) Routledge C, Arndt J, Wildschut T, et al. The past makes the present meaningful: nostalgia as an existential resource. J Pers Soc Psychol. 2011;101(3):638-652. doi:10.1037/a0024292




dimanche 17 avril 2022

Retour à la maison

Pâques est souvent interprété comme un jour où l'on célèbre le retour à la vie après ces longs, parfois trop, mois d'hiver. On le voit bien avec ces représentations classiques où l'on voit des œufs, des petits lapins, cannetons, poussins et autres, symboles de naissance, de renouveau. On le sent bien aussi lorsque l'on commence, timidement, à délaisser les apparats d'hiver pour ceux, moins encombrants, pour les températures plus clémentes. La nature aussi se prépare, tout comme nous. Les bourgeons naissants commencent à se faire voir, certaines variétés de fleurs poussent déjà alors que certains papillons, malgré des températures encore fraîches, volent ici et là. Les oiseaux migrateurs sont de retour, où les bernaches font généralement partie du premier contingent. D'autres espèces suivent, comme les carouges à épaulettes, les harles couronnés, les canards tant colverts que branchus. Tous se préparent aux p'tits z'amours, à la confection de nids et à la ponte. Les renardes quant à elles ont déjà mis bas et les renardeaux s'aventurent maintenant hors des tanières. 

On interprète aussi le printemps comme un retour aux sources, où l'on revisite certains endroits qui logent dans nos souvenirs, parfois lointains, comme revisiter la maison de notre enfance. Et pour moi, revenir ici est un peu comme cela. Je remets les pieds dans cette demeure, quoique virtuelle, où j'ai posé mes pénates il y a près de douze ans. Comme retrouver ce bon vieux fauteuil et ces pantoufles si confortable. 


Me voici, justement, sur le balcon arrière de cette maison qui m'a vu grandir. En ce printemps de 1968, réchauffé par un soleil généreux, je dégustait un oeuf en chocolat, que l'on m'avait offert dans un panier d'osier. On m'avaitr vêtu de bien beaux atours en ce jour-là. 

J'y suis retourné dans cette maison il n'y a pas si longtemps où les propriétaires ont bien voulu m'accueillir. J'aurai l'occasion de vous en reparler. Mais aujourd'hui c'est dans cette maison virtuelle, ici que je reviens. J'ai passé le balai, ouvert les fenêtres et préparé un bon café. Dans ce fauteuil, chaussé de mes pantoufles, chats lovés tout près, je me prépare à vous accueillir de nouveau. 

Joyeuses Pâques à vous, et j'espère bien que vous me ferez le plaisir d'unte visite.