Le carouge à épaulettes est un oiseau chanteur de la famille des passereaux qui niche près des milieux humides. On doit son nom à la bande rouge qui orne les épaules du mâle. L'oiseau est migrateur et arrive généralement tôt au printemps et les mâles sont toujours les premiers à se pointer le bout du bec, suivi, à environ deux semaines d'intervalle, des femelles.
Mon observation personnelle de cet oiseau est qu'il est farouchement territorial, plus particulièrement en période de nidification. Si quelqu'un passe trop près du nid, il n'hésitera aucunement à s'en prendre à l'intrus. Il est aussi agressif envers d'autres oiseaux, même s'ils sont plus gros. J'en ai aperçu affronter directement des corneilles et même auprès d'oiseaux de proie comme la buse à épaulettes. Il va aussi démontrer son caractère en s'en prenant aux nids d'autres oiseaux. Ainsi, au printemps dernier, j'ai pu observer une oriole de Baltimore tisser soigneusement son nid; une sorte de poche suspendue à une branche, un peu comme une grosse boule de Noël. C'est un travail laborieux mais assez fascinant à admirer. Et puis, sont arrivés les carouges. Ces derniers ont complètement détruit le nid, n'y laissant que des lambeaux, au grand dam de l'oriole, qui a dû refaire son nid ailleurs.
Comme je l'ai mentionné plus haut, le carouge niche en milieux humides, et ces milieux attirent bien entendu d'autres oiseaux comme les hirondelles bicolores, les quiscales et les canards colverts ou branchus. Au printemps dernier j'ai pu voir l'arrivée d'une grande aigrette, un oiseau échassier tout blanc. L'étang l'avait attiré mais mal lui en prit car à peine arrivé trois carouges mâles sont venus lui faire savoir, d'une manière quelque peu agressive, qu'il n'était absolument pas le bienvenu. L'aigrette a vite compris et s'est en allée à l'autre bout de l'étang, convaincu qu'elle y trouverait la paix. C'était bien mal sous estimer l'esprit territorial du carouge. Ces derniers ont donc traversé l'étang pour reprendre les attaques. Cette fois, l'aigrette a compris et s'est envolée mais encore là les carouges n'avaient pas dit leur dernier mot et son partis vers l'aigrette, tels des chasseurs de la Seconde guerre après un bombardier. Quel caractère! Le seul oiseau à le carouge semble foutre la paix est la bernache du Canada car, il faut bien l'avouer, la bernache a tout un caractère aussi. Toutefois, un habile épervier ou une buse peut fort bien, comme je l'ai déjà vu, chasser, capturer et déguster un carouge un peu trop fanfaron.
La femelle carouge possède, comme beaucoup d'autres femelles d'autres espèces, un plumage plus terne. La flamboyance de couleurs que l'on observe chez les mâles étant un élément de séduction. La femelle carouge, une fois nichée, s'aperçoit souvent dans les marais et marécages, sautillant sur des nénuphars ou s'agrippant à des roseaux afin d'y trouver de la nourriture; des insectes, des larves, des chenilles ou des escargots font très bien l'affaire mais peuvent aussi se nourrir de grains et de petits fruits sauvages.
Les carouges mâles sont volages et peuvent souvent s'accoupler avec plusieurs femelles et en moyenne, les carouges peuvent nicher jusqu'à trois fois avant que le départ migratoire s'effectue fin juillet ou début d'août. Les carouges partent alors pour un long voyage au cours duquel ils vont traverser les États Unis pour se regrouper sur la côte ouest mexicaine pour revenir de nouveau au printemps suivant.
Le saviez-vous? La longévité du carouge à épaulettes est d'environ 16 ans. Loin d'être nuisible, sauf pour ceux qui s'aventurent trop proche des nids, le carouge raffole des insectes qui ravages l'agriculture.