Le restaurant le Jardin Tiki, dont j'ai abondamment discuté dans cet article, était cet endroit kitsch à souhait et qui semblait sorti d'une époque lointaine. Ouvert en 1986, il aura été ouvert jusqu'en 2015, année où Danny Chan, fils du fondateur Douglas Chan, a définitivement fermé la porte pour de bon. J'y suis allé avec l'ami
Jason Stockl durant la dernière semaine d'ouverture. Danny avait les traits tirés, lui qui était au restaurant tous les jours.
Le restaurant aurait probablement pu continuer si Danny avait pu vendre à un où des investisseurs qui aurait été tentés par le défi. Mais voilà, on voyait bien que le bâtiment avait prit de l'âge et outre le montant de l'achat, il aurait fallu investir des sommes considérables pour rénover. D'autant plus qu'à ce moment, la culture tiki-americana semblait s'essouffler et plusieurs restaurants du genre ont fermé aussi leurs portes. Même la grosse boutique Pacific Arts, détaillant impressionnant d'objets polynésiens a mis la clé dans la porte.
Toutefois, peu après la fermeture, plusieurs espéraient voir la tenu d'une grosse vente aux enchères qui aurait permis aux gens d'acquérir un mémento de l'endroit. Il est rapidement devenu clair que cette vente n'allait jamais avoir lieu. Puis, avec le temps, le bâtiment s'est rapidement détérioré. Les vitres cassées partout ont laissé entrer la pluie et la neige et avec les variations de température et d'humidité tant de l'hiver que de l'été, c'était non seulement devenu dangereux, mais aussi insalubre. Le Jardin tiki, devenu une véritable épave immobilière faisait maintenant tache sur la rue Sherbrooke. Puis, il y a quelques semaines, trois pelles mécaniques sont apparues sur le terrain abandonné de l'ancien restaurant.
Aujourd'hui les démolitions de bâtiments ont bien évolué. Les matériaux sont séparés selon leurs types afin d'y être recyclés. La première pelle est équipée afin de ramasser la brique et les pierres, la seconde possède une mâchoire conçue pour couper les poutrelles d'acier et le métal en général alors que la troisième a une pelle classique.
Les trois pelles sont à l'oeuvre alors qu'un bulldozer va s'occuper de ramasser les débris de démolition selon leur type. La toiture, fortement fragilisée après sept ans d'abandon, aurait pu s'effondrer sous le poids des immenses appareils de climatisation et ventilation sur le toit en question. Il n'y avait plus de chance à prendre.
Après seulement une journée, tous les débris, incluant tout le mobilier en rotin, irrécupérable à ce point, avaient été enlevés et même le tapis, qui était usé jusqu'à la corde. En dessous on peut voir le plancher de céramique original alors que le bâtiment était un concessionnaire automobile. On voit aussi l'escalier qui menait à l'étage. Ironiquement, en haut à gauche, on peut apercevoir une lanterne décorative faite de coquillages.
Une vue d'ensemble de ce qui a été la grande salle à manger. On distingue encore la fameux bassin aux tortues (lesquelles ont été rescapés en 2015 par la SPCA). Au fond à gauche, on entrevoit ce qui était la salle de réception Luau. Autrefois c'était le garage pour les automobiles.
Ici, on peut voir que toute la partie arrière a été démolie. Ne restait plus que le bâtiment principal et à ce moment j'ai cru qu'il aurait été sauvegardé. Il y a quelques années j'avais reçu un courriel d'un cabinet d'avocats me demandant si le bâtiment était d'origine. Il l'était. Ce que l'on voit sur la photo est à peu de choses près ce à quoi ressemblait le concessionnaire durant les années 60.
Hélas non. Toute la bâtisse y a goûté. On peut voir ici les matériaux séparés et qui attendent d'être récupérés par camion. à droite, derrière l'arbre, on distingue la grosse enseigne du Jardin tiki, surmontée de palmiers dont les néons verts s'illuminaient le soir. Elle sera certainement mise par terre bientôt, si ce n'est déjà fait. Et maintenant, bien malin qui devinera ce qui va se bâtir à cet endroit. À mon humble avis, ce seront encore des condos, comme on en construit derrière sur la rue de Marseille.
Le saviez-vous? Le mot condominium provient du mot latin "con" (...) qui veut dire "ensemble", et du mot anglais "dominion", qui veut dire "possession". Donc, possédé ensemble, ou en commun. Aussi, la plus ancienne incarnation du condominium remonte au premier siècle à Babylone.