jeudi 16 mai 2024

D'hier à aujourd'hui: au coin de MacDonald et Décarie

 

En haut, nous sommes durant l'été de 1944, au coin nord-est de l'intersection des rues Décarie et MacDonald. Il est fort probable qu'au moment où la photo ait été prise que le débarquement de Normandie venait tout juste de se produire. La Seconde guerre, faut-il se le rappeler, n'est pas terminée. Peut-être que l'homme à gauche se renseigne de par son journal des dernières nouvelles sur le front, tant en Europe que dans le Pacifique. Derrière tous ces gens qui attendent l'arrivée de l'autobus il se trouve le restaurant Graham's. 

Comme tous les restaurants et petits marchés, celui-ci affiche des publicités de différents produits qui y sont vendus. Entre autres, les marques de cigarettes aujourd'hui disparues Sweet Caporal et British Consols. Un peu plus loin on aperçoit Bovril, connue pour ses fameux bouillons et dont l'édifice se trouvait au coin nord-est de l'intersection de l'avenue du Parc et de Van-Horne. On y voit aussi les affiches de Coca-Cola ainsi que de Kik Cola, une boisson gazeuse fabriquée à Montréal et dont Henri Richard vantera les mérites quelques années plus tard. 


Le bâtiment est parfaitement rustique. D'abord on voit les vitrines du restaurant, surmontées de vitraux quadrillés, ce qui apportent un style qui plaît à l’œil. Ensuite, on y voit les fenêtres, chacune étant munie de persiennes en bois. Aussi, un appareillage de brique simple mais élégant qui brise un tant soit peu la monotonie du mur. 

Aujourd'hui, même si la structure interne du bâtiment semble avoir été préservée, on note de très nombreux changements, dont la brique qui a entièrement été refaite. Les fenêtres originales et les persiennes de bois sont disparus mais on a choisi de belles fenêtres au style ancien pour les remplacer. Un très bon travail aussi que d'avoir opté pour un appareillage de brique qui semble rendre hommage à l'original. Quant au restaurant Graham, il a disparu depuis un bout mais a tout de même conservé une vocation commerciale. L'espace à droite, que devait également occuper le restaurant, a quant à lui été converti en un second espace commercial. 


 

Le saviez-vous? Introduit en 1926, le Kik Cola était fabriqué à Montréal, au 1387 Villeray. La marque est disparue au début des années 80 mais compte encore aujourd'hui un très bon nombre d'amateurs forts nostalgiques de ce cola bien de chez nous!

lundi 6 mai 2024

Le magnétoscope: la machine qui a défini les années 80

 

 Le magnétoscope! Ah, quelle machine, et quelle histoire! Il ne s'agit toutefois pas d'une invention récente. Le premier modèle de magnétoscope, le Ampex Mark IV a fait son apparition en... 1956. Toutefois, l'appareil est gros comme un bureau, pèse très lourd et coûte, en dollars de l'époque, quelques 50,000$, ce qui représente aujourd'hui à peu près un demi million. Ce sont toutefois des diffuseurs qui vont en faire l'acquisition et non pas des consommateurs. Pour l'accessibilité, le prix ainsi que la commodité on repassera. 

Chez nos voisins du sud, en 1972, est introduit auprès du public le Cartrivision, un appareil qui ressemble pas mal à un téléviseur mais qui coûte presque trois fois le prix. Les films sont enregistrés sur des cassettes carrées d'environ 8" x 8" et peuvent être louées chez des détaillants participants. Toutefois, le mécanisme de la cassette a été conçu pour que l'appareil ne puisse faire reculer le ruban, empêchant ainsi de revoir le film loué une seconde fois. La cassette ne pouvait qu'être rembobinée chez les détaillants. Est-il nécessaire de mentionner que le concept a fait patate? 

Sony change la donne en mettant sur le marché son nouveau format de magnétoscope destinée au grand public: le Betamax. Si vous en vouliez un à ce moment-là, fallait être paré à débourser entre 2000$ et 2,500$. En dollars d'aujourd'hui, avec l'ajustement de l'inflation, cela représenterait en 2024 une somme qui orbiterait autour de 14,500$. 

Publicité de Betamax, vers 1975

Mais Sony n'est pas la seule compagnie à œuvrer sur un magnétoscope puisque JVC (Japan Victor Company), une entreprise japonaise, se prépare à lancer son propre format de magnétoscope: le VHS (Video Home System). L'arrivée du VHS sur le marché en 1976, lequel va directement entrer en compétition avec le Beta de Sony, va démarrer ce que l'on va appeler la guerre des formats. 
 
Ce qui est intéressant dans tout ça c'est que Sony et JVC ont travaillé main dans la main au début des années 70 avec Matsushita (Panasonic) afin de développer un magnétoscope et ils vont tous les trois accoucher du format U-Matic. Fortement dispendieux et lourd, le public n'accroche pas et, encore une fois, se sont surtout des diffuseurs qui vont en faire l'acquisition. Ici, tant Radio-Canada que Télé-Métrople et Radio-Québec ainsi que CBC et CFCF ont utilisé ce format. 

En ce qui concerne le combat entre Sony et JVC, deux mentalités s'opposent: chez Sony on privilégie une cassette vidéo de petit format alors que du côté de JVC on mise sur une cassette plus grande qui permet une capacité d'enregistrement d'un minimum de deux heures, contre une seule pour Sony. Aussi, Sony se garde le droit exclusif de fabrication et mise en marché du format Beta. Chez JVC l'approche est différente et la compagnie conclut des ententes avec d'autres fabricants comme Panasonic, Hitachi, Magnavox, Toshiba et d'autres, d'assembler et de vendre des magnétoscopes VHS. 
 
Mais voilà. Tout n'est pas que ciel bleu et petits oiseaux. Les studios Universal ainsi que Disney tirent Sony vers le tribunal. Pour eux, l'enregistrement de contenu contrevenait à la loi en permettant l'enregistrement de contenus protégés par les droits d'auteur. La cause est entendu en 1979 et la décision du juge a penché en faveur de Sony. Disney lâche l'os mais Universal tient mordicus à aller plus loin. En 1981 la décision est renversée mais la cause se fraie un chemin jusqu'à la cour suprême en 1983. L'idée de pouvoir enregistrer Welcome Back Kotter ou Three's Company pesait alors dans la balance. Au final, un homme a fait pencher la balance de la justice en faveur des fabricants de VHS: Fred Rogers. Son argument était que le magnétoscope permettait aux familles de contrôler ce qui était enregistré et regardé à la télévision.
 
Il y a eu un combat similaire ici même au Québec sauf qu'au lieu de s'attaquer aux fabricants de magnétoscopes les réseaux de télévision et les producteurs de contenu ont plutôt fait viser... les cassettes vidéo vierges et par vase communiquant, les consommateurs.Leurs argument est le même que Universal et Disney; lesquels considèrent qu'enregistrer des émissions de télévision va à l'encontre de la loi sur les droits d'auteurs. La chose est prise au sérieux par le gouvernement du Québec qui impose alors une taxe spéciale sur chaque cassette vidéo vendue. Les sommes recueillies devant alors servir à dédommager les pertes encourues par les créateurs et diffuseurs, même si l'achat d'une cassette devait servir à enregistrer le 40è anniversaire de mariage de tante Gertrude et mononcle Zéphirin. On le devine, cette taxe est passée de travers dans la gorge des gens. Qu'importe, cette taxe spéciale a fait bondir le prix des cassettes vidéo vierges d'environ 4$, ramenant ainsi le prix d'une cassette à quelques chose comme 20$ ou 22$. Faut aussi dire que l'arrivée sur le marché de magnétoscopes doubles, permettant de copier une cassette vidéo, a peut-être joué dans la balance. Ironiquement, les cassettes audio vierges n'ont jamais été incommodées par ce genre de taxes. Pourtant, s'il y a bien quelque chose que tout le monde et son chien faisaient, c'était de copier des disques sur cassettes...

Les années 70 avancent et tranquillement, mais sûrement, les magnétoscopes commencent à faire leur entrée dans les foyers nord-américains. Le format VHS prend une certaine longueur d'avance en 1977 lorsque RCA lance un modèle de magnétoscope qui, à l'aide d'un sélecteur de vitesse, permet jusqu'à quatre heures d'enregistrement. La qualité de l'image en perd un peu, mais cela ne dérange pas vraiment les consommateur. 

Cette qualité d'image revenait souvent dans les discussions où les tenants du format Beta et ceux du VHS, s'argumentaient à ce sujet, un peu à l'instar des amateurs de Fort et de GM, entre autres. La vérité est qu'à travers des publicités bien ficelées, Sony était parvenu à convaincre nombre de gens que l'image du Beta était supérieure à celle du VHS. Pourtant, les deux formats diffusaient sur 240 lignes de résolution horizontale. La différence de qualité vue sur les téléviseurs était à peine notable. 

 
Le début des années 80 voit arriver une toute nouvelle industrie: le club vidéo. À ce moment, à Montréal, ce sont tous des clubs indépendants. Ils occupent de petits locaux où sont placées sur des tablettes les films disponibles. À ce moment le catalogue films est restreint mais le terreau est fertile pour la croissance. Les coûts d'abonnement sont d'environ 50$ par an, renouvelable au terme. Cela permettait aux propriétaires de clubs d'amortir le coût d'achat des cassettes qui tournait aux alentours de 125$ l'unité. Aussi, les films populaires n'étaient pas achetés en plusieurs exemplaires alors pour voir un film nouvellement sorti il fallait avoir un peu de patience, voire même réserver le film pour une date précise. Il n'y a pas fallu attendre longtemps pour que les clubs vidéo poussent un peu partout au Québec et des chaînes sont alors apparues, comme le Club Vidéo International et plus tard le Super Club Vidéotron. 
 
Pouvoir programmer le magnétoscope afin qu'il enregistre telle(s) émission(s) et jusqu'à quatorze jours d'avance était souvent une bénédiction, surtout si l'on partait en vacances pour un petit bout. Malheureusement, les aléas des programmes de télévision, parfois changés au détriment d'une émission spéciale, faisait qu'au retour à la maison, au lieu de se retrouver avec le téléroman favori, on se rendait compte que l'on avait enregistré une compétition de patinage artistique junior.

S'il y a bien une industrie qui su tirer son épingle du jeu à travers les clubs vidéos, c'est celle du divertissement pour adultes. Durant les années 70, décennie de la révolution sexuelle, cette industrie tirait profit d'abord de par les magazines, puis des films projetés dans des salles connues après une certaine heure où dans des cinémas spécialisés dans la chose. Si les amateurs du genre voulaient des films il n'existait aucun autre moyen pour eux de s'en procurer autrement que dans les revues pour adultes où fallait acheter des bobines. L'amateur devait avoir un projecteur et un écran. Peu commode. L'arrivée des clubs vidéo a changé la donne et les producteurs/distributeurs de films pour adultes ont fait des centaines de millions de dollars en rendant accessibles leurs catalogues en format Beta ou VHS, en location, directement au club vidéo. L'industrie pornographique a pris un envol assez impressionnant grâce au magnétoscope. Tous ceux qui ont fréquenté des clubs vidéo durant ces belles années se souviendront des fameuses portes western qui séparaient, souvent avec un bruit horrible, les films d'intérêt général de ceux pour un public averti.

Au même moment les magnétoscopes deviennent plus petits, plus performants et deviennent donc, par ricochet, plus abordables. On en retrouve partout dans les magasins tant dans les grandes surfaces que dans les chaînes spécialisées. Grâce à leur pouvoir d'achat et leur cartes de crédit maison, l'accessibilité du magnétoscope est facilitée. On voit même arriver des magnétoscopes portatifs, lesquels permettent, avec l'aide d'une caméra, d'enregistrer sur cassette vidéo, des évènements sportifs, familiaux et d'autres. Les caméras sont dispendieuses et doivent être connectées au magnétoscope.  
 

Ci-haut, un modèle portatif Hitachi. Pour enregistrer avec une caméra il fallait transporter en bandoulière le module de gauche, d'où la présence de la poignée. Sur le côté on aperçoit des connecteurs, dont un qui est rond, c'est là que l'on branchait la caméra. 

Les autres mécontents étaient les exploitants de salles de cinéma. La concurrence des magnétoscopes et des clubs vidéo allaient bientôt sonner le glas des salles de cinéma. À tout le moins c'est ce qu'ils prêchaient à qui voulait bien les entendre. Ces exploitants, comme les cinémas Famous Players ou Odéon, entre autres, y sont allés de publicités vantant les mérites de l'expérience des films, surtout à grands déploiements, vus dans les salles. Une expérience, disaient-ils, qui ne pouvait être répétée à la maison. Sommes toutes, ces exploitants ont rué dans les brancards pour absolument rien puisque la fréquentation dans les salles n'a jamais été affectée, bien au contraire, et c'est bel et bien durant les années 80 que l'on a vu apparaître de gros complexes de cinémas à plusieurs écrans. 

Pour voir à la télévision des films qui avaient passé au cinéma, fallait d'abord attendre un bout. Puis, lorsque le film était finalement diffusé, il était formaté pour être compatible visuellement avec les écrans de télévisions, généralement carrés. Soit le formatage en question sabotait le film au niveau visuel, ou bien on le diffusait en pleine largeur mais au prix de bandes noires en bas et en haut, ce qu'on appelle en anglais "letterbox". Les studios étaient peu enclins à vendre des films pré-enregistrés mais, ironiquement, c'est Disney qui a réalisé que si ces films étaient vendus à un prix raisonnable, les gens les achèteraient au lieu de simplement les louer. C'est une vision qui a porté fruit. Au milieu des années 80 la plupart des studios de cinéma vendaient leurs films pré-enregistrés sur cassette. Cela a représenté une véritable mine d'or pour ces studios.  

La guerre des formats, amorcée au milieu des années 70, tire à sa fin vers le milieu des années 80. Sony a attendu très longtemps, trop peut-être, avant d'accorder à d'autres compagnies le droit de fabriquer des magnétoscopes Beta. Toutefois, l'avancée du VHS est impossible à rattraper. Dans les clubs vidéos la section Beta se réduisait progressivement à peau de chagrin jusqu'à disparaître complètement. Je me souviens d'ailleurs d'une immense vente d'entrepôt quelque part le long de la voie de service du Métropolitain où l'on liquidait des milliers de cassettes vierges VHS et Beta. Les bacs de VHS étaient presque vides à mon arrivée mais il y avait du Beta pour les fous et les fins (et même les pas fins). Pour tirer son épingle du jeu face à dominance du VHS, Sony s'est alors mis à fabriquer des magnétoscopes de ce format. 

Un magnétoscope classique de la fin des années 80; petit, léger et peu coûteux.

Toute bonne chose a une fin. Si le magnétoscope a connu ses heures de gloire durant les années 80, les années 90 n'ont pas été aussi favorables. La faveur des gens envers ce format a commencé à décliner et ce, même en dépit d'améliorations comme le VHS Hi-Fi Stéréo et même du D-Theatre. Est arrivé aussi un nouveau format: le DVD, sorte de successeur du Laserdisc, la variante vidéo du disque compact et qui n'a malheureusement pas levé de terre. De la même taille qu'un disque compact, le DVD offrait une meilleure qualité tout azimuts. Les compagnies ont alors progressivement cessé de produire des magnétoscopes jusqu'à ne plus en produire du tout. Plusieurs personnes ont cependant continué d'utiliser leurs magnétoscopes, dont beaucoup de personnes âgées qui n'étaient pas attirées par les nouveaux formats. Les clubs vidéo, qui avaient connu leurs heures de gloire durant ces mêmes années 80, ont disparu aussi peu à peu et aujourd'hui ils ne font plus partie du paysage.

Le dernière compagnie à avoir fabriqué des magnétoscopes a été Funai Electric, au Japon et la production a cessé en 2016 où la compagnie a tout de même vendu 750,000 unités. Plusieurs personnes se sont désolées de voir ce vénérable format disparaître. Cependant,  bien qu'ils ne soient plus fabriqués, on peut encore en trouver aisément dans les friperies et autres marchés au puces et ce, pour environ une dizaine de dollars et on peut trouver généralement un chois variable de cassettes pré-enregistrées. 

N'oubliez pas de rembobiner! 


 

 

Le saviez-vous? Le film VHS qui s'est le plus vendu a été Le roi lion en 1995. Il s'est vendu pas moins de 32 millions de copies, faisant ainsi entrer des profits à plein camions dans les coffres de Disney.

mardi 30 avril 2024

D'hier à aujourd'hui: le marché Métro de la rue Hochelaga

Sur la portion du haut, on peut voir un marché d'alimentation Métro sis au coin des rues Hochelaga et de La Salle. Bien que non datée, elle pourrait avoir été prise au début des années 60 alors que Métro, qui comptait probablement quelques 75 épiciers membres avec un très bon chiffre d'affaires, était encore un joueur mineur dans le marché de l'alimentation au Québec. Le haut du podium était alors occupé par Steinberg. 

Le petit marché que l'on voit en haut a probablement évolué à partir d'un marché de quartier indépendant. L'affiliation à Métro lui permettait probablement alors d'avoir les reins plus solides face à Steinberg qui exploitait alors deux gros marchés dans le quartier; un sis au coin de l'avenue Morgan et Ste-Catherine (aujourd'hui un Métro) et l'autre sur la Ontario près de Bourbonnière (également devenu un Métro). Dominion avait aussi sa présence avec un supermarché au coin des rues Aylwin et Ontario (espace maintenant occupé par un Dollarama).

L'évolution des marchés Métro vers des grandes surfaces a fait disparaître ces petits marchés Métro de quartiers et si certains on connu une seconde vie en devenant des dépanneurs, d'autres on été convertis en d'autres espaces commerciaux ou en espaces résidentiels. Le marché Métro qui nous intéresse aujourd'hui fait partie de la première catégorie où un dépanneur occupe l'espace. 

Comme on peut le constater, le bâtiment fait l'objet d'une "cure de Jouvence" où l'on a non seulement remplacé toute la brique mais aussi fait disparaître les appareillage de la corniche pour y installer une nouvelle corniche en aluminium assez banale. Les fenêtres d'origine, dont certaines comprenaient des vitraux, on également été remplacées.  


 

Le saviez-vous? C'est à Verdun, le 22 décembre 1947, que Rolland Janneau a fondé les Magasin Lasalle Stores, une bannière à laquelle se joignent plusieurs épiciers indépendants. L'entreprise change de nom en 1952 pour Grocetaria puis, au tournant des années 60, change à nouveau de nom pour Métro.


jeudi 25 avril 2024

La première fois

 

L'école secondaire a été pour moi tout un paradigme, comme pour bien d'autres aussi. Fini les enfantillages du primaire. Bienvenue dans la cour des grands! Parmi toutes les nouvelles découvertes que ledit secondaire m'a apporté, le plus important a été la musique. Depuis le premier secondaire, et grâce au grand frère de mon bon ami Arsenault qui lui était déjà en cinquième, j'ai pu m'immerger dans ce monde qui m'était alors à peu près inconnu. M'enfin, pas tout à fait inconnu, mais disons que j'en avais pas mal plus à découvrir que j'en savais.

 Dès le premier secondaire, durant les pauses, je me retrouvais avec Arsenault, son frère qui est accompagné de quelques amis de sa classe. Ça jasait musique. J'étais parfaitement néophyte. Les noms de groupes dont ils discutaient ne me disaient absolument rien. Ça parlait de différents types de rock aussi. La règle d'or, on le sait bien est que lorsque tu ne connais rien à un sujet donné, tu ne dis rien. Autrement dit: mieux vaut rester silencieux et passer pour un imbécile que de parler et d’éliminer tout doute raisonnable. 

Le frère d'Arsenault et ses amis n'étaient pas cons. Flairant mon ignorance parfaite, et au lieu de m'humilier comme d'autres l'auraient pas fait, ils m'ont, pour ainsi dire, pris sous leur aile. On va te faire découvrir différents groupes et styles, m'avaient-ils dit, fiers qu'ils étaient de se retrouver avec un adepte potentiel. Le lendemain, comme promis, ils m'avaient apporté une cassette. Oui, parce qu'il m'a donné un des meilleurs conseils en matière de musique: Ne. Prête. Pas. Tes. Disques. À. Personne. Niet. Zip. Nada. T'écouteras ça, m'avait-il dit, et tu nous en donneras des nouvelles.

Je me souviens encore de ce vendredi soir où j'avais glissé la cassette dans le magnétophone. J'étais seul ce soir-là. J'ai mis l'appareil en marche puis me suis installé dans le fauteuil. Y'avais du Deep Purple, du Bob Seger, et du Led Zeppelin. Il s'y trouvait aussi des pièces individuelles comme Long Cool Woman in a Black Dress du groupe The Hollies et Simple Man du groupe Lynyrd Skynyrd, entre autres. À ce moment, ces tounes dataient de quelques années mais je devinais tout de même leur styles intemporels. On va les écouter souvent, et pendant longtemps. 

Avance rapide en décembre 1979. À la pause on parlait abondamment de Pink Floyd, ce groupe de rock progressif qui nous avait donné, entre autres, l'album Dark Side of the Moon et avec lequel j'étais déjà familier, et qui vient de sortir un nouvel album intitulé The Wall, et dont on disait pas mal de bonnes choses. Il n'en fallait pas plus pour me convaincre.

C'est en janvier 1980, par un samedi après-midi, que j'ai pris le métro en direction du centre-ville. Chez Sam the Record Man, plus précisément. Un des meilleurs endroits en ville m'avait-on mentionné pour acheter des disques. Le personnel s'y connait tout plein. Cette boutique de disques et cassettes, qui comptait plusieurs succursales au pays, se trouvait sur Sainte-Catherine au coin de la rue Alexandre. Pas eu besoin de chercher longtemps pour trouver une copie de l'album The Wall. Je m'étais arrêté afin de compter mes sous, pour être certain que j'en avais assez. Le compte y était. En présentant l'album à la caisse je me suis soudain senti fier car non seulement j'achetais un album dont le groupe était fort populaire mais aussi parce c'était le premier album que je le payais avec mon propre argent. 

En revenant à maison je me suis installé dans ma chambre. La pochette n'avait rien de remarquable au niveau graphique. Un simple mur blanc dessiné avec des lignes noires. Avec mes écouteurs sur la tête, j'ai placé l'aiguille sur la face A du premier disque. L'expérience unique de cet opéra rock qui raconte l'histoire d'un rockeur nommé Pink et qui s'érige un mur psychologique et d'isolation sociale m'a littéralement foutu par terre. Toujours selon les conseils du frère de l'autre, je m'en suis rapidement fait une copie cassette afin de ne pas user les disques inutilement. 

Je possède toujours cet album dont les deux disques sont précieusement conservés dans leurs enveloppes originales et dont j'ai pris un grand soin. Depuis ce temps je me suis procuré un version en disque compact et l'album demeure le témoin important qui a marqué mon entrée dans le monde de la musique des "grands". 

L’œil avisé aura vite remarqué que je tiens l'album par le verso, répétant ici la même erreur que j'avais faite en l'ouvrant pour la première fois en 1980. 

L'intérieur de l'album, illustré par Gerald Scarfe.


 

Le saviez-vous? L'album tient son nom d'un incident survenu lors du passage de Pink Floyd au Stade olympique en 1977 où des spectateurs près de la scène avaient à ce point enragé Gilmore et Rogers que ce dernier disait qu'il aurait fallu construire un mur entre eux et la foule.


dimanche 21 avril 2024

La fille avec l'oeil au beurre noir

 

Norman Rockwell, ce peintre-illustrateur de grand talent est surtout connu pour ses magnifiques couvertures du défunt magazine Saturday Evening Post. La fille avec l’œil au beurre noir est une œuvre, ci-dessus, et réalisée en 1953, est l'une des couvertures les plus connues et les plus populaires. Rockwell nous fait ici toute la démonstration de son talent non seulement en tant qu'illustrateur mais aussi d'observateur.

La composition est absolument sublime; la jeune écolière qui s'est vraisemblablement battue, est porteuse d'un magnifique œil au beurre noir et ses vêtements, salis et de travers, les lacets défaits et les bas ravalés racontent l'histoire d'un match digne d'un ring de boxe. Le sparadrap sur son genou gauche, posé sûrement avant l'escarmouche,  témoigne d'une jeune fille n'ayant pas peur de se faire mal. Mais c'est surtout son regard, qui fixe directement l'observateur, additionné d'un sourire fier, qui rend la scène absolument amusante. Elle semble nous dire que si c'était à refaire, elle ferait la même chose, encore et encore. 

Rockwell utilise une minuscule pourcentage de l'illustration, très restreint, pour nous faire voir le bureau du directeur de l'école et de sa secrétaire, qui s'apprêtent à recevoir la bagarreuse. À cette époque on ne rigolait pas avec la discipline et se retrouver ainsi à attendre près du bureau du directeur n'augurait rien de bon, mais alors là, pas du tout.

Pour réaliser ce magnifique tableau, Rockwell a fait comme à l'habitude; il a recruté un modèle. La grande majorité du temps il utilisait des gens de son entourage qui ne se faisaient pas prier pour prendre la pose. Il en va de même pour l'image ci-haut.

Rockwell assistait à un match de baseball et son attention a été attirée par la fille de son avocat qui se disputait avec son père pour un verre d'eau. Rockwell propose sa boisson gazeuse et peu de temps après il réalise que cette jeune fille d'onze ans serait parfaite pour sa prochaine création. C'est ainsi que la jeune Mary Walen s'est retrouvée à être immortalisée sur la peinture. 

Toutefois, c'est l'oeil au beurre noir qui causait un problème pour Rockwell. Il avait beau utiliser du charbon et autres trucs de maquillage mais rien n'y faisait: ça ne paraissait ni réaliste, ni authentique. Il a donc publié dans les petites annonces du Berkshire Eagle dans laquelle il disait rechercher un enfant de onze ou douze ans avec un œil au beurre noir. Le journal a ensuite envoyé cette demande assez particulière à d'autres journaux et Rockwell s'est rapidement retrouvé avec plus d'offres qu'il n'aurait imaginé. Un garçon, avec un œil au beurre noir tout frais a donc été choisi et Rockwell a pu donc l'intégrer au visage de la jeune fille. 

Pour le décor, Rockwell s'est inspiré d'une école à Cambridge dans l'état de New York. Il a pris plusieurs photographies du bureau du directeur et ensuite choisi deux modèles afin de personnifier le directeur et sa secrétaire. 


 

 

Le saviez-vous? La peinture originale, mesurant 30"x34" (76cmx86cm), peut être admirée au Wadsworth Atheneum Museum of Art à Stamford, au Connecticut.

samedi 13 avril 2024

Les couleurs des vieux quartiers

Restaurant Gaétane, rue Logan et Champlain, 1978. Photo: Daniel Heikalo. Avec permission.

L'auteur de la photo ci-haut est Daniel Heikalo, un artiste multidisciplinaire (on peut visiter son site en cliquant sur le lien qui se trouve à droite) qui a pris de très nombreuses photos de Montréal, surtout des quartiers centre-sud, où il a grandi, et d'Hochelaga, où j'ai grandi. Daniel est un fin observateur de l'urbanité et de la nostalgie qui s'y rattache. En 2016 il s'affiche dans une exposition à l'économusée du fier monde. Il a composé un texte fort éloquent sur les couleurs qui décoraient le tissu de nos quartiers voisins. Voici donc le texte en question et portant sur les vieilles maisons de Montréal:

J'aime ça croche. Des trésors d'inexactitude usés par le temps. Arrive le rénovateur,et souvent, c'est la poésie qui fout l'camp. Il y a moyen de faire mieux.
 

MON QUARTIER ÉTAIT EN COULEURS!!!
 

Un jour, un homme m’a demandé : « pourquoi tant de rouge dans vos photos? » Je lui ai répondu : « parce que le rouge était omniprésent! »
 

On peinturait les façades avec une peinture spécialement conçue pour que la brique respire. Si elle est peinte avec de l’émail ordinaire, elle devient scellée. Lorsque l’eau parvient à s’infiltrer  par une fente ou une fissure dans la peinture vieillie, et que la température descend sous le point de congélation, la brique s’écaille, éclate. Trop souvent, on voit de ces façades qui s’émiettent littéralement après avoir été peintes avec un produit inapproprié. 

Autrefois, on savait...
 
Avenue des Pins et Saint-Dominique, 1978. Photo: Daniel Heikalo. Avec permission.

Lors de la sélection de mes photos, j’ai repensé à la question de cet homme. J’ai cherché d’autres aspects “colorés” du quartier, et j’ai choisi des images où la couleur était une part essentielle de la composition, où elle était nécessaire : une lessive séchant sur la corde, des briques, une clôture, des ornements multicolores, des scènes de rue, une borne d’alarme incendie…,  un peu de tout ce qui colorait le quartier.

J’ai aussi remarqué, lors de promenades plus récentes, que la nouvelle mode des couleurs neutres, comme des gris, a donné un aspect fade aux rues du quartier. On dirait qu’on a peur de la couleur, ce qui n’était pas le cas autrefois.
Au sujet de mon quartier:
 
Le quartier Saint-Jacques, Centre-Sud aujourd’hui, c’est le quartier qui m’a vu grandir. Quartier ouvrier et aussi, de chômeurs et de familles en assistance sociale. Quartier coloré dont l’architecture vernaculaire a su me fasciner dès l’enfance et influencer profondément l’iconographie de mes oeuvres visuelles, quelles soient photographiques, infographiques ou simplement des dessins d’architecture imaginaire réalisés à la plume. 

​C’est au hasard de promenades sans but, souvent matinales et dominicales, qu’on été prises les images qui constituent cette exposition. Le dimanche matin, de bonne heure, était un temps particulièrement propice à la photographie, avec sa lumière plus vive, due à une pollution moindre, et son silence. Les jours enneigés étaient aussi prisés, pour leur lumière surréelle. 

​Cette exposition est pour moi un retour aux sources, et aussi un hommage aux ouvriers et artisans anonymes qui ont donné au quartier son cachet, son architecture: charpentiers, couvreurs-artisans de toits en ardoise, briqueteurs, sculpteurs de nombreux détails ciselés de balcons et lucarnes. 

​J’ai souvent eu l’impression de vivre dans un village sympathique au coeur de la grande ville.
​Le poète montréalais Irving Layton dit au sujet de son enfance passée sur De Bullion et sur Sainte-Elizabeth, un peu à l’ouest du Centre-Sud, que ça a moulé sa sensibilité de poète, et qu’il ressentait un grand regret d’avoir élevé ses enfants dans la stérilité sociale de la banlieue. Je pense exactement comme lui et suis fier d’avoir grandi dans le quartier Saint-Jacques qui a laissé son empreinte sur ma vision artistique et a forgé l’homme et l’artiste que je suis aujourd’hui. 

Est-ce qu’il y a nostalgie? Un peu tout de même. Je n’ai pas la nostalgie des logements sans eau chaude, des rez-de-chaussée en terre battue, des coquerelles et autres bestioles non bienvenues, mais bien d’une époque où ce quartier était infiniment vivant, abordable, et où malgré tous ses défauts, il y faisait bon vivre. 

​On faisait avec les moyens du bord. Le VRAI recyclage était un mode de vie rendu nécessaire par la nécessité. Les vielles annonces en tôle pour patcher
les hangars, les clôtures, même les toits en certains endroits, comme ici à gauche. J'ai même vu de vielles plaques d'immatriculation clouées sur un hangar pour boucher un trou.
 
Vue du centre-sud, 1976. Photo: Daniel Heikalo. Avec permission.
 

​Au cours de mes nombreuses promenades dans le quartier, j’ai approfondi ma connaissance de ses lieux inédits, de ses trésors d’inexactitude, de sa « tout-crochitude »! J'y ai développé mon sens de la lumière, de la perspective, et une appréciation de la vie de ces gens qui, tels mes parents et grands-parents, y vivaient et essayaient à leur façon de le rendre plus beau, plus supportable.

​Notre quartier a été en grande partie construit par des charpentiers, des briqueteurs, des maçons, des gens ordinaires sans formation d’architecte. C’est le domaine de l’architecture vernaculaire. Malgré plusieurs contraintes, comme des ressources limitées ou des espaces restreints, ces bâtisseurs ont su créer une architecture sobre, aux proportions harmonieuses, qui a traversé plus d’un siècle avec la même dignité que celle affichée par ses artisans. Ceux-ci connaissaient la pierre, la brique, le plâtre, le métal et le bois. Ils ne manquaient pas d’imagination, utilisant parfois les moyens du bord pour parvenir à leur but, comme la récupération de vieilles enseignes en tôle pour recouvrir les hangars.

​C’était un quartier de travailleurs, de petits commerces, de petites et de grandes usines. Au bout de ma rue, à côté de l’école de Salaberry, mon école, il y avait la laiterie Poupart, devenue par la suite Québec-Lait, puis fermée. C'était avant le commencement de la fin: la mondialisation, la spéculation immobilière et tout ce qui a fait du Centre-Sud un quartier qui pour moi est une ombre "rénovée" de ce qu'il était.

Daniel Heïkalo.

Faut avouer d'emblée toute la force qui se dégage de ce magnifique texte. J'ai grandi dans Hochelaga, un de ces vieux quartiers aux ruelles où s'amusaient les enfants sales mais tellement heureux, je le sais, j'en étais un. On jouait à l'ombre des hangars de tôle et des innombrables cordes à linge, remplies de robes, de pantalons et de brassières, qui tapissaient le décor à gauche et à droite de la ruelle. Les marchés de quartier avec leur enseignes, là où on allait échanger des bouteilles vides contre des bonbons, ces marchés bardés d'enseignes se trouvaient situés au milieu de vieux triplex dont plusieurs étaient peints en rouge. Y'avait ces beaux balcons en bois ouvré, probablement fabriqués chez Duncan, une entreprise de bois sur Ontario et L'espérance, là où mon grand-père avait travaillé durant les années 40. 

Rue Ontario, vers 2002. Photo: Pluche

L'autre chose qu'on voyait partout, c'était les appareillages de briques de différentes couleurs et aussi les corniches de bois ou de tôle peints. Quand il faut rénover ces corniches aujourd'hui, on ne les rebâtit plus, elles sont majoritairement enlevées. Sur de Rouen et de Chambly, au coin nord-est, une magnifique caisse populaire construite au début des années 60. Je me souviens du beau plancher en pierre d'ardoise, de la belle fontaine. On y avait même tourné des scènes de films québécois, des publicités télévisées aussi avec Marthe Choquette et Jean Besré. On l'a rasée pour mieux construire des condos qui n'apportent rien au paysage. De l'autre côté de la rue il y avait un p'tit marché IGA de rien du tout et dont je me souviens de l'enseigne dehors. C'est un logement maintenant. À quelques rues à l'ouest, près d'Aylwin, c'était le tailleur pour hommes Capogreco, avec sa belle façade en brique rouge vernissée. C'est une garderie aujourd'hui. En 1970, je m'en rappelle, après ma maternelle, ma grand-mère m'amenait soit manger un hot-dog au Harvey's coin Aylwin et Ste-Catherine, où bien chez A&W sur Sherbrooke. Après, à cause de son métier de couturière, on allait chez Montpetit, un magasin de tissu au coin de Adam et Joliette. C'était un de ces vieux magasins au plancher de bois qui datait d'un autre siècle, un peu croche et qui craquait abondamment quand on marchait dessus. L'extérieur n'avait pas changé depuis les années 40, quand ma grand-mère était une jeune mariée. Il y avait du charme tout plein dans c'te bâtisse-là. On l'a perdue avec le feu. Aujourd'hui c'est des condos. 

Enseigne lumineuse de chez Shamie, aujourd'hui disparu. Photo: Pluche

Sur Ontario, près de l'actuelle place Valois, y'avait le spectacle des trains du CN qui passaient et où se trouvait pas loin une station d'essence Champlain avec une belle tourelle blanche et bleue. Dtruite depuis un bout et l'espace est occupé aujourd'hui par des condos. Et en marchant vers l'est, dépendamment du vent, on pouvait sentir l'odeur des bons biscuits de la biscuiterie Charbonneau, une autre bâtisse peinte en rouge. Fermée en '73 celle-là. Tout le long d'Ontario et de Ste-Catherine aussi, on retrouvait les belles enseignes lumineuses sur les murs des magasins. Parties. Celle du magasin Shamie, qui existait depuis les années quarante au moins, a été la dernière à encore trôner sur Ontario, avant de disparaître complètement. Aujourd'hui, il ne reste plus que les trous dans la brique où elle était attachée.

Sur Ste-Catherine, l'Oiseau Bleu attirait les passionnés de différents hobbies et possédait une belle devanture et vitrines, avec aussi son enseigne marqué d'un oiseau bleu. Ma grand-mère y allait pour ses patentes de couture, et moi, j'allais lorgner du côté des voitures Matchbox et du beau présentoir. L'Oiseau Bleu a migré, non pas ailleurs mais dans le néant. Le seul survivant que je connaisse dans le quartier est la boutique de jeux et jouets Le bric-à-brac, coin Ontario et Aylwin, mais dans mon temps, il était entre Aylwin et Cuvillier. 

Autrefois, Hochelaga et le centre-sud, c'étaient des quartiers refuges pour les gagne-petit, ceux qui se cherchaient un bon logis pour pas cher. Maintenant, tout à changé. L'embourgeoisement s'est bien amorcé avec la construction de condos, ici et là. Des bâtisses inodores, incolores et sans flavor qui n'ajoutent rien et dont l'architecture ne "fitte" pas exactement avec le reste, pittoresque, des alentours. 

Regardez de nouveau la première photo de l'article, comme mentionné, il s'agit du restaurant Chez Gaétane. C'était souvent là le nom que l'on donnerait aujourd’hui aux dépanneurs. De ces p'tits commerces de quartier comme ça, il n'en existe presque plus. Maintenant, observez l'endroit tel qu'il apparaît de nos jours: 

L'ancien emplacement du restaurant Chez Gaétane, 2022. 
 
Comme on peut le constater, le bâtiment a été assez modifié puisque le restaurant n'existe plus. On a changé la vocation du local de commercial à résidentiel, ce qui a amené d'importantes modifications. L'entrée du restaurant a été bouchée et une simple fenêtre occupe le coin tronqué. On peut voir d'autres morceaux qui ont été bouchés afin de remplacer les grandes vitrines par des fenêtres ordinaires. Le charme qui opérait autrefois est disparu.  Et c'est comme ça à plein d'autres endroits qui débordaient de charme typique des vieux quartiers ouvriers. Toutefois, ils ne sont pas disparus d'eux mêmes. Y'a un mélange; d'abord dans les habitudes de consommation où les gens ont préféré aller acheter dans les grands supermarchés du temps, Steinberg ou Dominion, à l'époque où Métro c'etait encore les Épiciers unis, ces petites épiceries dont la bannière n'avait rien de celle qu'elle est aujourd'hui. Aussi, les dames âgées qui faisaient livrer leur commande de par le marché du quartier, souvent situé sur la rue même. Chaque rue avait le sien. Des fois c'était moi qui allait chercher leurs choses et leur ramenaient. Dix cennes de pourboire, vingt cinq si j'étais pas mal chanceux. Je me souviens de madame Lecluse, une cliente de ma grand-mère. Elle appelait le marché et faisait préparer sa commande. Elle n'avait même pas besoin de dire à l'épicier comme elle voulait sa viande. Il savait. Le boucher aussi. Pis moi, j'allais récupérer tout ça pour elle et bien d'autres. Elle n'aimait pas les supermarchés, même s'il avait un Dominion au coin d'Aylwin et Ontario. Pas de service personnalisé comme de l'aut' bord d'la rue, disait-elle. Pour nous, les gamins du quartier, ces restaurants, épiceries et petit marchés c'étaient des lieux de socialisation, on s'y rencontraient, on bouffait des bonbons. 
 
Daniel a bien saison. C'était pas mal plus coloré dans l'temps. 


 
 
 
Le saviez-vous? La rue Ontario a été nommées ainsi en 1842. Avant, elle a porté les noms de Napoléon, Arthur-Buies et Berthelet. Son nom provient du grand lac du même nom.



 

mercredi 10 avril 2024

Post éclipse

 

Éclipe solaire.


Il s'en trouve peut-être quelques uns qui sont verts dans le visage à force d'entendre parler de l'éclipse du 8 avril 2024. Toutefois, à en juger par la quantité fort impressionnante de personnes qui se sont rendues à différents endroits, On parle de 100,000 personnes juste au parc Jean-Drapeau, j'imagine qu'ils font partie d'une minorité. Mais bon, promis promis, je ne vous parle plus d'éclipse complète au Québec avant au moins août 2044. 

Si initialement j'avais prévu aller justement au parc Jean-Drapeau, j'ai changé d'idée, anticipant un retour en ville assez compliqué. J'ai donc opté pour le Jardin botanique, plus proche mais avec le désavantage de n'avoir que trente secondes d'éclipse totale plutôt que la minute et demi pour ceux au parc Jean-Drapeau.

Chemin faisant à vélo, j'ai remarqué une foule assez abondante au parc Maisonneuve, et une autre encore plus imposante autour du stade olympique. Chose surprenante, pas de rassemblement important au Jardin. J'ai eu donc l'embarras du choix.

La lune a commencé son transit un peu après 15:10. Puis, au fil des minutes, la luminosité a tranquillement diminuée et du coup la température a un peu chuté. Au moment où la lune couvrait le soleil entièrement, j'ai pris le cliché que vous voyez ci-haut. 

Chose étonnante, au moment où l'éclipse était totale, les bernaches du Canada ont fait tout un tintamarre que j'ai attribué à une forme d'inquiétude/panique. Lorsque la lune a amorcé son transit de sortie et que la lumière est graduellement revenue, elle se sont tues. Autrement, pas noté d'autres comportements inhabituels de la faune du Jardin. 

Bien entendu, il y a eu plusieurs mises en garde, un peu partout dans les médias, concernant des lunettes vendues et n'étant pas conformes. Est-ce que le message est parvenu à tous? Une recherche Google juxtaposant le trajet de l'éclipse et la localisation de recherches sur le moteur concernant les mots clés "Why my eyes hurt" (pourquoi mes yeux font mal), a donné un graphique assez éloquent:

À ce sujet, d'ailleurs, La Presse a publié un article fort intéressant sur le sujet des problèmes oculaires. Pour la plupart des gens il n'y aurait pas grand risque, mais pour ceux et celles qui auraient malencontreusement utilisé des lunettes non conformes, c'est possiblement une autre histoire.  

Du reste, j'ai quitté le Jardin bien plus tard avec la satisfaction d'avoir pu observer ma seconde éclipse de ma vie. Je ne sais pas pour la prochaine en 2044. C'est dans vingt ans après tout. Ça viendra, ça viendra. 

Bonus de la journée: J'ai observer un pygargue à tête blanche, un grand rapace de la famille des aigles, survoler le Jardin, mais ça, ce sera le sujet d'un autre article. 


 

Le saviez-vous? Dans l'Antiquité les royaumes de Mèdes et de Lydie, deux peuples d’Asie Mineure se faisaient la guerre en Anatolie. Après cinq longues années de combats, ils se rencontrèrent à nouveau, le 28 mai 585 avant J-C. Durant les combats il y eu une éclipse totale, plongeant le champ de bataille dans l'obscurité. Les deux armées interprétèrent cette éclipse comme un présage pour l’arrêt des combats car elle indiquait que les dieux exigeaient la fin de la guerre. Les soldats déposèrent donc les armes.

dimanche 7 avril 2024

L'éclipse solaire de 2024

(Photo d'archives, BANQ)

  


Je me souviens de ma première éclipse solaire. C'était le 10 juillet 1972. Ce jour-là en avait été un comme les autres; j'étais dehors aux petites heures à jouer dans la cour, me salir, m'égratigner ici et là. J'avais couru après les bouteilles de boissons gazeuses vides avec l'ami Alain et on les avait échangées contre une quantité assez généreuse de bonbons à l'épicerie du coin.

À la fin de l'après-midi il y avait mon rendez-vous quotidien à ne pas manquer avec Bobino, c'était sacré. Mais avant l'émission mon grand-onle et ma grand-mère m'avaient bien avisé de ne pas regarder l'éclipse qui s'en venait, parce que sinon je risquerais de devenir aveugle, comme mon oncle Joe qui demeurait à la campagne. Il ne voyait plus rien du tout. Mais ce n'était pas une éclipse qui lui avait enlevé la vue. D'ailleurs, on ne m'avait jamais dit comment!

Évidemment, j'étais curieux comme dix. C'est quoi une éclipse ? Alors, mon grand-oncle avait tiré de sa bibliothèque bien garnie un livre de science astronomique où il m'avait montré, images à l'appui, ce qu'était une éclipse lunaire. Comme dans Tintin et le temple du soleil que j'avais demandé. Exactement ! Donc, il avait pris soin de me le rappeler encore : Ne regarde pas l'éclipse !

Puis, à l'arrivée de 16 heures, je me suis dépêché d'aller devant le téléviseur où mon émission favorite, Bobino, allait commencer. Mais quoi ? Que le grand crique me croque ! Pas de Bobino. Nénon. Au lieu, c'était une émission spéciale-spatiale sur l'éclipse à venir. Bon, alors je suis allé faire un tour au canal 10, pour voir. Meuh! C'était la fin d'un film…

Alors, je suis sorti dehors, comme ça, pour jouer avec mes bébelles dans la cour. Le fil du temps est passé rapidement. À un moment, ma grand-mère m'a demandé de venir sur le balcon. J'ai monté les marches et c'est en arrivant en haut que le ciel est devenu noir. Noir comme dans la poêle, comme on disait dans le temps. Faisait tellement noir que le réverbère de l'autre côté de la rue, et tous les autres du même coup, se sont allumés. Cette noirceur a duré un petit bout de temps, tout au plus, et puis, la lumière est revenue. Quel phénomène ! On avait de quoi se raconter, les copains et moi.

Maintenant, avant [très] rapide à aujourd'hui, dimanche le 7 avril 2024, où nous sommes à la veille d'assister de nouveau à une éclipse solaire. L'engouement pour le phénomène est palpable, comme en témoigne la grande quantité de lunettes pour l'éclipse qui ont été distribuées. Avant d'aller plus loin, j'aimerais bien expliquer ce qu'est, en gros, une éclipse solaire.


 

Donc, une éclipse solaire se produit lorsque la Lune se retrouve entre la Terre et le Soleil. La Lune crée donc un cône d'ombre sur la Terre selon une trajectoire qui est bien connue des astronomes et des astrophysiciens. Comme on peut le voir, l'éclipse solaire n'est complète que si l'on se trouve directement le long de la bande d'ombre. Si l'on est un peu à l'écart, c'est une éclipse partielle que l'on voit. Mais, vous allez me demander, la Lune, elle ne passe pas entre la Terre et le Solaire tout le temps ?


Oui, mais il y a quelques détails ; la Lune n'orbite pas directement sur le plan de l'écliptique. Comme on le voit sur l'image ci-haut, la Lune possède son propre plan d'orbite et qui contient des variations, tout comme la Terre. On observe ceci avec les phases lunaires ainsi qu'avec les saisons. 
 
Mais pourquoi se munir de lunettes d'éclipse homologuées et quels sont les risques pour la santé. Commençons par une question : est-ce que vous regardez le soleil directement durant une belle journée d'été, même avec des lunettes de soleil ? Bien sûr que non ! Eh bien voilà, regarder une éclipse sans protection, c'est comme regarder le soleil directement. C'est tout simplement que lors d'une éclipse, on ne perçoit pas l'intensité du soleil, mais elle est bien là. Il ne suffit que d'un très court moment pour qu'il y ait des dommages majoritairement permanents et irréversibles aux yeux se produisent. C'est là toute l'utilité d'avoir avec soi de bonnes lunettes spécialement conçues pour regarder l'éclipse en toute sécurité.

Ceci dit, il se trouve quelques précautions à prendre concernant ces lunettes; il y en a qui ne sont pas conformes. Le Journal de Montréal a publié un article fort instructif à ce sujet, du même qu'un autre article où l'on fait mention qu'une école de St-Jérôme a été obligée de jeter quelques 3,700 paire de lunettes achetées sur Amazon et qui se sont révélées non conformes.

Alors, comment s'y retrouver? L'édition Week-End du Journal de Montréal de cette fin de semaine comporte un encart spécial sur l'éclipse. Aussi, on peut se référer au site de l'American Astronomical Society qui répertorie les fabriquants qui offrent des lunettes sécuritaires, incluant la fameuse norme ISO 12312-2

Si vous n'avez pas encore mis la main sur des lunettes certifiées encore, sachez que le Planétarium sera présent sur le site du parc Jean-Drapeau ce lundi 8 avril et aura environ 150,000 paires de lunettes à donner.

En terminant, sachez que l'éclipse durera, dans toutes ses phases, de 15:25 et 15:40. Voici le trajet de l'éclipse, indiquant la durée de l'éclipse totale selon là où vous trouvez. 
 


 
 
 
Le saviez-vous? La prochaine éclipse solaire complète telle que celle du 8 avril 2024 ne se reproduira que le 22 août 2044, soit dans vingt ans!
 


samedi 30 mars 2024

Oiseaux du Québec: le carouge à épaulettes

 


Le carouge à épaulettes est un oiseau chanteur de la famille des passereaux qui niche près des milieux humides. On doit son nom à la bande rouge qui orne les épaules du mâle. L'oiseau est migrateur et arrive généralement tôt au printemps et les mâles sont toujours les premiers à se pointer le bout du bec, suivi, à environ deux semaines d'intervalle, des femelles. 

Mon observation personnelle de cet oiseau est qu'il est farouchement territorial, plus particulièrement en période de nidification. Si quelqu'un passe trop près du nid, il n'hésitera aucunement à s'en prendre à l'intrus. Il est aussi agressif envers d'autres oiseaux, même s'ils sont plus gros. J'en ai aperçu affronter directement des corneilles et même auprès d'oiseaux de proie comme la buse à épaulettes. Il va aussi démontrer son caractère en s'en prenant aux nids d'autres oiseaux. Ainsi, au printemps dernier, j'ai pu observer une oriole de Baltimore tisser soigneusement son nid; une sorte de poche suspendue à une branche, un peu comme une grosse boule de Noël. C'est un travail laborieux mais assez fascinant à admirer. Et puis, sont arrivés les carouges. Ces derniers ont complètement détruit le nid, n'y laissant que des lambeaux, au grand dam de l'oriole, qui a dû refaire son nid ailleurs. 


Comme je l'ai mentionné plus haut, le carouge niche en milieux humides, et ces milieux attirent bien entendu d'autres oiseaux comme les hirondelles bicolores, les quiscales et les canards colverts ou branchus. Au printemps dernier j'ai pu voir l'arrivée d'une grande aigrette, un oiseau échassier tout blanc. L'étang l'avait attiré mais mal lui en prit car à peine arrivé trois carouges mâles sont venus lui faire savoir, d'une manière quelque peu agressive, qu'il n'était absolument pas le bienvenu. L'aigrette a vite compris et s'est en allée à l'autre bout de l'étang, convaincu qu'elle y trouverait la paix. C'était bien mal sous estimer l'esprit territorial du carouge. Ces derniers ont donc traversé l'étang pour reprendre les attaques. Cette fois, l'aigrette a compris et s'est envolée mais encore là les carouges n'avaient pas dit leur dernier mot et son partis vers l'aigrette, tels des chasseurs de la Seconde guerre après un bombardier. Quel caractère! Le seul oiseau à le carouge semble foutre la paix est la bernache du Canada car, il faut bien l'avouer, la bernache a tout un caractère aussi. Toutefois, un habile épervier ou une buse peut fort bien, comme je l'ai déjà vu, chasser, capturer et déguster un carouge un peu trop fanfaron. 


La femelle carouge possède, comme beaucoup d'autres femelles d'autres espèces, un plumage plus terne. La flamboyance de couleurs que l'on observe chez les mâles étant un élément de séduction. La femelle carouge, une fois nichée, s'aperçoit souvent dans les marais et marécages, sautillant sur des nénuphars ou s'agrippant à des roseaux afin d'y trouver de la nourriture; des insectes, des larves, des chenilles ou des escargots font très bien l'affaire mais peuvent aussi se nourrir de grains et de petits fruits sauvages. 

Les carouges mâles sont volages et peuvent souvent s'accoupler avec plusieurs femelles et en moyenne, les carouges peuvent nicher jusqu'à trois fois avant que le départ migratoire s'effectue fin juillet ou début d'août. Les carouges partent alors pour un long voyage au cours duquel ils vont traverser les États Unis pour se regrouper sur la côte ouest mexicaine pour revenir de nouveau au printemps suivant. 




Le saviez-vous? La longévité du carouge à épaulettes est d'environ 16 ans. Loin d'être nuisible, sauf pour ceux qui s'aventurent trop proche des nids, le carouge raffole des insectes qui ravages l'agriculture. 

lundi 25 mars 2024

La fin d'une époque

Hé oui, vos yeux ne vous trompent pas. Il s'agit bel et bien d'un nouvel article après une absence prolongée. L'idée de délaisser le blogue ne m'est jamais venue à l'idée mais j'avais bien besoin d'une pause. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis la dernière publications et bien des choses se sont passées depuis. Alors, quel lien entre ceci et l'image de couvertures du Sélection du Reader's Digest?

Au fils des publications vous avez pu admirer quantité portant sur de vieilles publicités qui sont, pour la plupart du temps, parues durant les années 50. Ces dernières provenaient essentiellement de nombreux numéros de Sélection du Reader's Digest, magazine auquel ma grand-mère était religieusement abonnée. 

Or, une nouvelle fort triste est apparue à la fin de l'année dernière: le magazine va cesser d'être publié définitivement le 31 mars 2024 et ce, après 76 ans d'existence. 

La nouvelle est triste, certes, mais il faut toutefois mentionner qu'il est rare de voir des magazines durer aussi longtemps. La durée de vie moyenne des magazines dépend de plusieurs facteurs, comme le type, le contenu, le public et la fréquence de publication. Il n’existe pas de chiffre exact, mais on peut estimer que la plupart des magazines ont une durée de vie de quelques mois à quelques années, avant de perdre de leur intérêt ou de leur actualité. Certains magazines, comme ceux qui traitent de l’histoire, de l’art ou de la science, peuvent avoir une durée de vie plus longue, car ils sont moins soumis aux modes ou aux événements. D’autres magazines, comme ceux qui traitent de l’actualité, du sport ou de la culture populaire, peuvent avoir une durée de vie plus courte, car ils sont plus sensibles aux changements ou aux tendances. Par exemple, voici quelques défunts magazines: 

Mademoiselle (1935-2001): un magazine féminin qui traitait de la mode, de la beauté, de la culture et des problèmes de société.

Look (1937-1971): un magazine bi-hebdomadaire qui publiait des reportages photographiques sur l’actualité, le sport, le cinéma et la politique.

The Saturday Evening Post (1821-1969): un magazine hebdomadaire qui présentait des articles de fond, des nouvelles, des illustrations et des bandes dessinées. Norman Rockwell en a été le plus prolifique artiste du magazine avec plus de 321 couvertures réalisées entre entre 1916 et 1963. 
 
Life (1883-2007): un magazine qui se distinguait par ses photographies de grande qualité, couvrant des sujets variés comme la guerre, la nature, les célébrités et l’art.

Newsweek (1933-2012): un magazine d’information qui couvrait l’actualité nationale et internationale, ainsi que des domaines comme la science, la technologie, la santé et l’éducation.

Playboy (1953-2020) : Un magazine qui couvrait des sujets variés, des interviews, ainsi que des jeunes dames en tenue d'Ève. 

Plus près de nous, il y a eu ces magazines: 

Le Canadien (1806-1909): un journal politique et littéraire, qui défendait les intérêts des Canadiens français et s’opposait au pouvoir colonial britannique.

L’Art vivant (1928-1939): une revue culturelle et artistique, qui couvrait les domaines de la peinture, de la sculpture, de la littérature, de la musique et du théâtre.

L’Arche (1948-1956): une revue littéraire, qui publiait des textes d’auteurs québécois et étrangers, ainsi que des critiques et des essais.

Le Reader’s Digest, dans sa version originale en anglais, a été fondé en 1922 par DeWitt Wallace et Lila Wallace, qui proposait des articles condensés issus de la presse mondiale. C'est en décembre 1946 qu'arrive sur les tablettes des marchands de journaux la première édition en français au Canada; Le Sélection du Reader’s Digest. L'édition canadienne anglaise arrivera deux ans plus tard. 

Le Sélection du Reader’s Digest a été longtemps le magazine le plus lu au Québec et en France, avec des tirages atteignant plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et des millions de lecteurs chaque mois. 

Au fil des ans toutefois, le magazine a fait face à de nombreux défis au fil des ans, comme la concurrence d’autres médias, la chute des revenus publicitaires, la hausse des coûts de production et de livraison, ainsi que le changement des habitudes de lecture. Au fil des ans Le Sélection du Reader’s Digest a été revendu à plusieurs reprises, passant de la holding américaine Reader’s Digest Association à des groupes espagnols et français, et a subi des réductions d’effectifs et de budget.

Ce qui faisait la qualité du Reader’s Digest, c’était sa capacité à offrir à ses lecteurs une synthèse des romans, livres, essais, reportages et récits les plus intéressants et variés, sur des sujets comme la santé, la science, la culture, l’humour et l’actualité. Le Reader’s Digest était également apprécié pour ses ouvrages collectifs originaux, rédigés par les meilleurs spécialistes, qui alliaient qualité esthétique et précision documentaire.

Le Sélection du Reader’s Digest cessera d’être publié le 31 mars 2024, après 76 ans d’existence, mais ses sites web continueront d’être alimentés pour une certaine période de temps.




Le saviez-vous? En décembre 1952 le magazine publie un article canon liant la cigarette au cancer du poumon (Cancer by the carton) et du coup refuse toute forme de publicité liée au tabac, une décision qui demeurera jusqu'à la fin du magazine.