mardi 21 décembre 2010

Pas de p'tits bonhommes Star Wars pour Noël

Pas tout à fait le printemps de 1977. À Hollywood le cinéaste (parce qu’il a déjà été cinéaste) George Lucas est en train de mettre les touches finales au montage de son dernier opus : Star Wars. C’est un film sur lequel 20th Century Fox a beaucoup misé et si ça plante, Fox va planter aussi parce que la compagnie est sur le bord de la faillite.

Beaucoup de gens dans l'industrie du cinéma sont d’ailleurs parfaitement convaincus que Star Wars va être un flop magistral. La science-fiction au cinoche, ça ne marche pas et ça ne fait pas d’argent. Le sentiment est partagé par le fabricant de jouets Kenner, lequel a réussi à obtenir la part du lion quant à la mise en marché de produits dérivés. Comme le film ne marchera pas les jouets ne se vendront pas et ce sera alors de la pure perte. D’ailleurs, à sa sortie, seule une poignée de salles aux États-Unis, 32 pour être plus précis, projettent le film sur leurs écrans. Le problème est que Star Wars est loin d'avoir été ce feu de paille tant de fois prédit. Au contraire, ce feu est bientôt hors de contrôle et Fox n'en finit plus de faire des copies du film tellement la demande est forte. 


Star Wars devient un succès cinématographique sans précédent. Les cinémas qui décident alors de projeter le film augmentent à un rythme exponentiel et les files d’attentes ne semblent pas vouloir s’atténuer. Les gamins (dont moi) sont évidemment survoltés à l’idée de pouvoir s’amuser avec des jouets à l’effigie des différents personnages mais Kenner, qui s’est pogné le derrière à deux mains, s'est carrément fait prendre les culottes à terre et vient soudainement de réaliser qu’elle était assise sur la plus grosse franchise cinématographique et, par le fait même, des ventes astronomiques.

Arrive l’automne et toujours pas de figurines. Je me souviens avoir arpenté les allées du Miracle Mart et du Woolco dans l’espoir de, mais sans ne jamais apercevoir quoi que ce soit. Même le catalogue Distribution aux Consommateurs de Noël n’avait rien dans ses pages. Faut pas se le cacher, Kenner est dans la marde. 

Pour s'en sortir la compagnie décide d'offrir pour Noël 1977, en catastrophe bien évidemment, le Early Bird Certificate Package, essentiellement une boîte vide tout à fait ordinaire devant servir à y placer des figurines qui n'étaient pas encore sur le marché et que Kenner promettait de rendre disponible bientôt.Pendant ce temps, à l'autre bout du monde, dans une petite usine de Hong Kong, on met la pédale dans le tapis pour produire les figurines.


Le truc s'est vendu comme des p'tits pains chauds. Des dizaines de milliers d'enfants ont trouvé sous l'arbre une enveloppe aux couleurs de Star Wars qui devenait un présentoir assez inutile (puisque les figurines n'étaient pas là) et dans laquelle on retrouvait une carte de membre Star Wars sans grande valeur (dans le temps) et quelques autocollants anémiques. On y retrouvait aussi un coupon à remplir et à mettre dans la boîte aux lettres en retour duquel, plusieurs mois plus tard, les quatre premières figurines arriveraient par le courrier avec des petits bouts de plastique permettant de fixer lesdites figurines sur le présentoir. L’idée, sans être celle du siècle, n’est certainement pas mauvaise puisqu’elle permet de garder au chaud l’intérêt des enfants pour les figurines. Par contre, la déception des enfants, j’vous dis pas. combien d'entre eux ont vidé la boîte en la secouant, espérant y faire sortir ne serait-ce qu'une malheureuse petite figurine. 

Il y a de cela un certain temps on a vu apparaître sur les tablettes des reproductions de ce fameux Early Bird Certificate Package en tout point identique à l'original hormis quelques détails. Star Wars étant devenu ce qu'il est, plusieurs sont devenus nostalgiques. Certains se sont mâchés les doigts de l'avoir jeté et d'autres se sont dit que finalement ce serait cool d'en avoir une copie. On peut facilement le trouver sur Ebay à prix assez raisonnable d'ailleurs. Par contre, les originaux valent une véritable petite fortune. Même les coupons commandent des prix qui ont de quoi surprendre.




Le saviez-vous? Au lieu d’accepter le salaire de $500,000 auquel il avait droit pour réaliser Star Wars, Lucas s’est contenté de $150,000 en échange des droits sur la commercialisation et sur toute suite potentielle au film. Ces deux petites clauses, apparemment inoffensives pour Fox et qu’elle a accepté en gloussant comme un dindon, a fait de Lucas l’un des hommes les plus riches au monde.


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