Pas tout à fait le printemps de 1977.
À Hollywood le cinéaste (parce qu’il a déjà été cinéaste)
George Lucas est en train de mettre les touches finales au montage de
son dernier opus : Star Wars. C’est un film sur lequel 20th
Century Fox a beaucoup misé et si ça plante, Fox va planter aussi parce que la compagnie est sur le bord de la faillite.
Beaucoup de gens dans l'industrie du
cinéma sont d’ailleurs parfaitement convaincus que Star Wars va
être un flop magistral. La science-fiction au cinoche, ça ne marche
pas et ça ne fait pas d’argent. Le sentiment est partagé par le
fabricant de jouets Kenner, lequel a réussi à obtenir la part du
lion quant à la mise en marché de produits dérivés. Comme le film ne
marchera pas les jouets ne se vendront pas et ce sera alors de la
pure perte. D’ailleurs, à sa sortie, seule une poignée de salles
aux États-Unis, 32 pour être plus précis, projettent le film sur
leurs écrans. Le problème est que Star Wars est loin d'avoir été ce feu de paille tant de fois prédit. Au contraire, ce feu est bientôt hors de contrôle et Fox n'en finit plus de faire des copies du film tellement la demande est forte.
Star Wars devient un succès
cinématographique sans précédent. Les cinémas qui décident alors
de projeter le film augmentent à un rythme exponentiel et les files
d’attentes ne semblent pas vouloir s’atténuer. Les gamins (dont moi) sont
évidemment survoltés à l’idée de pouvoir s’amuser avec des
jouets à l’effigie des différents personnages mais Kenner, qui
s’est pogné le derrière à deux mains, s'est carrément fait
prendre les culottes à terre et vient soudainement de réaliser
qu’elle était assise sur la plus grosse franchise
cinématographique et, par le fait même, des ventes astronomiques.
Arrive l’automne et toujours pas de
figurines. Je me souviens avoir arpenté les allées du Miracle Mart
et du Woolco dans l’espoir de, mais sans ne jamais apercevoir quoi que
ce soit. Même le catalogue Distribution aux Consommateurs de Noël
n’avait rien dans ses pages. Faut pas se le cacher, Kenner est dans la marde.
Pour s'en sortir la compagnie décide d'offrir pour Noël 1977, en catastrophe
bien évidemment, le Early
Bird Certificate Package,
essentiellement une boîte vide tout à fait ordinaire devant servir
à y placer des figurines qui n'étaient pas encore sur le marché et
que Kenner promettait de rendre disponible bientôt.Pendant ce temps, à l'autre bout du monde, dans une petite usine de Hong Kong, on met la pédale dans le tapis pour produire les figurines.
Le truc s'est vendu
comme des p'tits pains chauds. Des dizaines de milliers d'enfants ont
trouvé sous l'arbre une enveloppe aux couleurs de Star Wars qui
devenait un présentoir assez inutile (puisque les figurines
n'étaient pas là) et dans laquelle on retrouvait une carte de
membre Star Wars sans grande valeur (dans le temps) et quelques
autocollants anémiques. On y retrouvait aussi un coupon à remplir
et à mettre dans la boîte aux lettres en retour duquel, plusieurs
mois plus tard, les quatre premières figurines arriveraient par le
courrier avec des petits bouts de plastique permettant de fixer
lesdites figurines sur le présentoir. L’idée, sans être celle du
siècle, n’est certainement pas mauvaise puisqu’elle permet de
garder au chaud l’intérêt des enfants pour les figurines. Par
contre, la déception des enfants, j’vous dis pas. combien d'entre eux ont vidé la boîte en la secouant, espérant y faire sortir ne serait-ce qu'une malheureuse petite figurine.
Il y a de cela un certain temps on a vu apparaître sur les tablettes des reproductions de ce fameux Early Bird Certificate Package en tout point identique à l'original hormis quelques détails. Star Wars étant devenu ce qu'il est, plusieurs sont devenus nostalgiques. Certains se sont mâchés les doigts de l'avoir jeté et d'autres se sont dit que finalement ce serait cool d'en avoir une copie. On peut facilement le trouver sur Ebay à prix assez raisonnable d'ailleurs. Par contre, les originaux valent une véritable petite fortune. Même les coupons commandent des prix qui ont de quoi surprendre.
Le saviez-vous? Au lieu d’accepter
le salaire de $500,000 auquel il avait droit pour réaliser Star
Wars, Lucas s’est contenté de $150,000 en échange des droits sur
la commercialisation et sur toute suite potentielle au film. Ces deux
petites clauses, apparemment inoffensives pour Fox et qu’elle a
accepté en gloussant comme un dindon, a fait de Lucas l’un des
hommes les plus riches au monde.
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