En 1968 Montréal compte son premier centre commercial d’envergure: les Galeries d’Anjou. On trouve une sélection variée de boutiques, deux supermarchés; Steinberg et Dominion, des restaurants mais aussi un Eaton's, un Simpson's et un Ogylvie. Pour bonne mesure on rajoute un cinéma Famous Players. Le centre commercial est spécialement conçu pour rendre l’expérience de magasinage agréable et sans contrainte. Outre les quelques 5,000 places de stationnement il se trouve aussi à l’intérieur des casiers payants dans lesquels les gens peuvent y déposer de façon sécuritaire les effets personnels qu’ils ne veulent pas traîner avec eux. La décoration est élégante, comporte de la verdure, des fontaines et on offre un peu partout des bancs ainsi que deux aires de repos.
Tout ce monde-là venait évidemment dépenser, et qui dit dépenses dit argent. Nous sommes à une époque où les guichets automatiques n’existent pas et où les achats sont faits soit au comptant ou par carte de crédit. À défaut d’utiliser le plastique il faut songer à apporter assez de sous. Mais que fait-on si, par exemple, on veut dépenser un peu plus et que l'on désire avoir des sous? Pas le choix, faut aller à la banque.
Un an plus tôt, à Expo 67, les concepteurs avaient prévu le coup et avaient demandé aux grandes banques si elles étaient intéressées à établir des succursales sur le site afin de permettre aux visiteurs d’avoir un accès rapide à leur argent. Curieusement elles ont toutes refusé sauf la CIBC et les Caisses Populaires. On a donc construit des kiosques à cet effet et les visiteurs ont été on ne peut plus heureux de ne pas avoir à quitter le site pour aller chercher des sous. Le succès d’Expo 67, avec ses 50 millions de visites, a permis à ces deux institutions financières de faire de très bonnes affaires. Et à donner une bonne leçon aux autres.
On ne peut comparer Expo 67 aux Galeries d’Anjou, cela va de soi, mais à la base le concept est similaire; offrir aux visiteurs des services bancaires avec un accès rapide à leur argent, et qu’ils peuvent flamber en moins de deux dans les boutiques environnantes sans avoir à sortir du centre commercial. Cette fois c’est la Banque de Montréal qui prend les devants en installant au milieu d’une allée ce qu’elle appelle la Minibanque.
Comme c’était souvent le cas à l’époque on a conçu un kiosque simple et efficace, suivant un design minimaliste et élégant, tout à la fois. Par exemple, le pourtour était agrémenté de bas-reliefs modernes qui me rappelaient (très) vaguement les motifs de Roberto González Goyri qui avait lui-même créé les murales de la Banque du Guatemala.
Le succès a été pratiquement instantané et la Minibanque comptait toujours deux ou trois caissières à temps plein. Ainsi, si les gens avaient la dépense plus grande que la panse il ne suffisait que de faire un pit-stop à la Minibanque. Bien entendu, fallait être client de ladite banque, ce qui n’a pas manqué d’amener, par ricochet, de nouveaux clients.
Mais le glas sonnait déjà pour les caissières avec l'arrivée de services de plus en plus automatisés avec, durant les années 80, l’arrivée des fameux guichets automatiques. La Banque de Montréal a choisi d’en installer deux et pour ça il a fallu modifier la Minibanque et quand je dis modifier ça veut essentiellement tronquer (lire : charcuter) le kiosque en deux. La banque en a aussi profité pour réduire le personnel puisque l’essentiel des opérations était les retraits bancaires. Puis, peu de temps après on a tout simplement opté pour ne laisser que les guichets automatiques, alors devenus très populaires mais le kiosque prenait trop de place pour le service qu’il offrait puisque la section où se trouvaient les caissières était toujours là. Il n’a pas fallu long pour que l’on décide de tout démolir et relocaliser ailleurs. Ne cherchez pas sur place, il ne reste plus rien et l'espace est fort probablement occupé par un kiosque de bébelles pour téléphones cellulaires.
Le saviez-vous? En 1967 la Caisse Populaire Desjardins a été la première institution au Québec à utiliser l’informatique pour effectuer le traitement de ces opérations financières.
Avez-vous de l'information sur le «Maple Golf & Country Club» qui se trouvait sur l'emplacement des Galeries d'Anjou? Leur dernier club-house a été déménagé de l'autre côté de la défunte montée St-Léonard et fait maintenant partie de l'hôtel-de-ville de Ville d'Anjou. C'était apparemment le centre des activités sociales d'Anjou dans les années 50-60. Un oncle m'a dit qu'il y avait une énorme annonce néon au coin de Sherbrooke et de la montée St-Léonard pour attirer la clientèle plus haut. Don Pedro
RépondreEffacerJe crois avoir entendu parler de ce club mais sans trop de détails. À cette époque ce coin-là c'était pas mal la campagne. :)
EffacerPluche