Toutes les publicités
d'investissement ou presque nous font sourciller un tant soit peu
avec leurs prémisses de revenus mirobolants et on peut se rendre
compte qu'elles ne datent pas d'hier, comme en fait foi celle
d'Investors Syndicate du Canada qui est parue en 1953.
Les origines de cette compagnie
remontent à 1894 à Minneapolis aux Etats-Unis en 1894 alors
que sévissait une dépression économique. La compagnie, dont
le nom était Investors Diversified Services offrait aux gens un
plan d'investissement leur permettant de mettre des sous de côté.
L'initiative a porté fruit et la compagnie est rapidement devenue
une institution financière majeure. C'est en 1926 que la
compagnie a débuté ses activités au Canada et, en 1940,
une compagnie séparée, Investors Syndicate Limited, a été
fondée.
Maintenant, en 1953 vous êtes un
travailleur et vous vous laissez tenter par ce qu’offre Investors.
Aurait-ce été une sage décision?
La réponse est: oui. Un travailleur
qui aurait investi des sommes chez Investors aurait pu
bénéficier sans l'ombre d'un doute de l'argent qu'il aurait
confié à la compagnie puisque non seulement celle-ci
existe-t-elle encore aujourd'hui mais qu'en 2009 ses actifs
orbitaient autour de 100 milliards de dollars.
Bien des choses se passent en 1953, mais à Montréal une décision quant à un réaménagement urbain va non seulement faire parler, mais aussi bouleverser la vie de bien des gens et transformer la trame urbaine. Ainsi, au 18 janvier 1953 plusieurs personnes
résidant sur la rue Dorchester entre De Lorimier et Amherst auraient
bien aimé en avoir de cet argent promis dans la publicité ci-haut, possiblement un peu plus que
d’habitude même. La raison? Tout simplement parce que la ville de
Montréal souhaite alors élargir la rue Dorchester à cet endroit afin
d’en faire un boulevard urbain. Les gens visés par l'éviction ont
bien protesté car c'était tout à fait insensé d’imposer des
déménagements à ce temps de l'année, à priori lorsque non
seulement les loyers sont rares mais qu'en plus c'est quelque chose
qui coûte cher. La ville prolonge la date officielle
d'éviction au 1er mai (la date des déménagements à cette époque).
Parmi ceux qui doivent quitter on compte monsieur Henri Côté,
propriétaire d'un petit restaurant fort populaire au coin de
Dorchester et Cartier ainsi que l'épicier-boucher du coin, monsieur
Lemoignan. Mais à ce moment-là plusieurs maisons sont déjà été vidées
et d’autres passent sous le pic des démolisseurs dont celles se
trouvant entre Amherst et St-Hubert. Ce n’était pas le premier
secteur à se faire charcuter pour faire place à la reine automobile, et certainement pas le dernier. Sur la photo ci-dessous on peut voir des maisons placardées qui attendent les démolisseurs avec, à l'arrière, le pont Jacques-Cartier ainsi que le même endroit aujourd'hui. Ce quartier n'en avait pas fini avec les aléas de la «modernisation» car plus tard, on va de nouveau le charcuter sauvagement pour construire la tour de Radio-Canada ainsi que l'autoroute Ville-Marie.
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