Vous avez probablement déjà vu un de ces anciens poêles en fonte que l'on retrouvait anciennement dans presque toutes les chaumières du Québec. Ils étaient évidemment très beaux dans leur style rustique mais par en revanche ils étaient diablement lourds et pas toujours faciles à utiliser ni à nettoyer. C'est pour cette raison que les manufacturiers d'appareils ménagers se sont tournés dans les années 30 vers des gens spécialisés dans le design industriel afin d'améliorer l'apparence, la fonctionnalité et la performance de ces appareils. Le changement ne s’est pas fait du jour au lendemain, de loin s’en faut, et son plus grand essor est survenu après la Seconde guerre.
Le design industriel était une
impulsion créatrice qui dépendait de critères
économiques, techniques, esthétiques et fonctionnels afin de
pouvoir d'en arriver en bout de ligne avec une gamme de produits
originaux. Ces nouvelles créations étaient intimement liées à
la publicité, comme celle d'aujourd'hui, et ont contribué à
accroître la consommation de produits manufacturés. Entre
autres, on a vu apparaître une certaine forme de
standardisation entre les différents appareils, créant ainsi
une forme d'harmonie tant visuelle que fonctionnelle.
Le four Gurney que l'on voit ici dans
cette publicité de 1953, quoique très élégant, est
une inspiration directe des conceptions de Raymond Loewy, l'une
des figures les plus représentatives du design industriel et à
qui l'on doit le fameux réfrigérateur Coldspot qu'il avait
conçu dans les années 30. Loewy avait d'ailleurs signé le
design d'un poêle Frigidaire à la fin des années 40 et qui, à
très peu de choses près, y ressemble énormément.
On aperçoit ici la facture moderne du
poêle, soit un assemblage de plaques d'acier vernissées de
porcelaine blanche, soudées et agrémenté de pièces chromées.
Celui que l'on voit est le modèle au gaz bien que Gurney
fabriquait aussi des modèles qui fonctionnaient à l'électricité.
Cette publicité est très
caractéristique des années 50, tout d'abord parce
qu'entièrement peinte à la main (fort probablement de la
gouache sur carton) mais aussi parce qu'on y voit la
représentation typique de la femme modèle de ces années-là;
impeccablement coiffée, souriante et capable de concocter
d'appétissants plats en un tournemain, image qui va commencer à en
prendre pour son rhume dans les années 60 et 70.
Du reste, il s'agit d'une conception
très honnête, très bien exécutée, bien balancée et ma foi
très agréable à regarder par sa netteté et sa simplicité. Ce qui
est toutefois marrant dans cette publicité c'est la dame (on
assume) qui dit qu'avec ce four tout ce qu'elle va cuire sera
réussi à la perfection. Ce qu'on ne mentionne pas c'est qu'un
four ce n'est qu'un outil et tout dépend de la façon dont on
s'en sert. Confiez ce four à votre humble serviteur et vous
aurez une catastrophe écologique, culinaire et possiblement
nucléaire très rapidement.
Le saviez-vous? Le premier «poêle
électrique» serait l’invention du Canadien Thomas Ahearn qui a
obtenu le brevet #39916. Il a été présenté de la Foire de Chicago
en 1893 mais n’a pas connu de succès proprement dit puisque
l’électricité était encore une technologie avec laquelle les
gens n’étaient pas familiers.
"Confiez ce four à votre humble serviteur et vous aurez une catastrophe écologique très rapidement."
RépondreEffacerSi ce n'est pas une catastrophe culinaire et que c'est mangeable,y a pas de problème...:-)
Normand
Quand je parle ici de catastrophe écologique, croyez-moi, on parle presqu'ici d'effondrement moléculaire.
RépondreEffacer