Voici une jeune et
charmante jeune fille, sans aucun doute fraîchement émoulue de son
cours commercial (ne pas confondre avec le cours classique) et qui s’apprête à taper une lettre pour un
nouveau patron. C’était l’époque de ce métier que l’on
connaissait sous le nom de dactylo, ou parfois sténo-dactylo. Taper
avec une machine à écrire n’était qu’une partie du travail parce qu'auparavant il fallait que la jeune fille écrive s’installe
auprès de son patron qui dictait alors la lettre. Et celui-ci ne
parlait pas lentement comme dans une dictée de troisième année,
nenni. Il parlait normalement alors la dactylo écrivait en mode
sténo. En France on utilisait les méthodes Prévost-Delauney, Duployé alors qu'au Québec il s'agissait plutôt de la méthode Gregg. Un autre aspect certainement
amusant est le poids de la machine à écrire et qui
devrait accessoirement peser entre 15 et 20 kilos. Notre pauvre
dactylo aurait eu bien du mal à la soulever et la changer de place.
Couverture du Saturday Evening Post du 17 septembre 1960 du célèbre Norman Rockwell. Bien que réalisée onze ans après la publicité d'aujourd'hui, le métier de sténo-dactylo n'avait que bien peu changé. Il ne manque d'ailleurs pas de souligner
l’aspect sexué de la dactylo avec laquelle le laveur de vitre flirte
allègrement.
Smith Corona est une
vieille compagnie, fondée en 1886 par les frères Lyman Cornelius
Smith, Wilbert Smith, Monroe C. Smith et Hulburt Smith et on ne
pourra certes pas accuser leur mère d’avoir manqué d’imagination
pour les prénoms. La compagnie s’appelait originalement Smith
Premier Typewriter Company. Elle a acquis le nom de Smith Corona en
1914. Elle existe
toujours au moment de tapocher ce texte et elle ne
donne plus tellement dans les machines à écrire mais plutôt dans
les rubans et technologies thermiques, largement utilisés dans les
commerces.
1949, l’année où est
parue cette publicité, c’est évidemment l’époque
d’après-guerre où l’économie reprend de la vigueur où l’accès
des femmes à l’éducation supérieur est quelque chose de moins
exceptionnel qu’avant mais on remarque aussi, industrie de guerre
terminée oblige, un retour des femmes vers le foyer. Les curés se
sentent encore bien aise d’aller dans les foyers de leurs paroisses
respectives pour y semoncer celles qui «empêchent la famille». En
contrepartie on verra apparaître des gains pour les femmes comme
leur entrée dans des ordres professionnels comme le Barreau ou celle
des comptables agréés. 1949 c’est aussi la fameuse grève de
l’amiante qui oppose les travailleurs au gouvernement Duplessis et
où l’on voit apparaître le premier schisme entre le pouvoir et
l’Église alors que monseigneur Charbonneau prendra le parti des
travailleurs. L’Archevêché ne sera pas trop content de cette
prise de position et forcera derechef Joseph Charbonneau à
démissionner. Il sera remplacé par Paul-Émile Léger.
Saviez-vous ça vous
autres? La sténo là, ben ça date pas d’hier-ô-soir, ni même
d’avant-hier. Nope. Ça l’air qu’on a commencé à écrire de
façon abrégée quelque part en 430 av. J.-C. quand chose, Xénophon,
a été obligé d’écrire abrégé quand y transcrivait ce que
Socrates racontait. Pis allez pas pensez qu’on se sert pu du sténo
aujourd’hui parce que sinon vous êtes dans les patates (frites ou
pilées, au choix) parce qu’on s’en sert pour plain d’affaires
comme dans les procès par z’emple.Y'existe encore des écoles pour ça.
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