dimanche 30 juin 2013

Smith Corona en 1949


Voici une jeune et charmante jeune fille, sans aucun doute fraîchement émoulue de son cours commercial (ne pas confondre avec le cours classique) et qui s’apprête à taper une lettre pour un nouveau patron. C’était l’époque de ce métier que l’on connaissait sous le nom de dactylo, ou parfois sténo-dactylo. Taper avec une machine à écrire n’était qu’une partie du travail parce qu'auparavant il fallait que la jeune fille écrive s’installe auprès de son patron qui dictait alors la lettre. Et celui-ci ne parlait pas lentement comme dans une dictée de troisième année, nenni. Il parlait normalement alors la dactylo écrivait en mode sténo. En France on utilisait les méthodes Prévost-Delauney, Duployé alors qu'au Québec il s'agissait plutôt de la méthode Gregg. Un autre aspect certainement amusant est le poids de la machine à écrire et qui devrait accessoirement peser entre 15 et 20 kilos. Notre pauvre dactylo aurait eu bien du mal à la soulever et la changer de place. 

 Couverture du Saturday Evening Post du 17 septembre 1960 du célèbre Norman Rockwell. Bien que réalisée onze ans après la publicité d'aujourd'hui, le métier de sténo-dactylo n'avait que bien peu changé. Il ne manque d'ailleurs  pas de souligner l’aspect sexué de la dactylo avec laquelle le laveur de vitre flirte allègrement.

Smith Corona est une vieille compagnie, fondée en 1886 par les frères Lyman Cornelius Smith, Wilbert Smith, Monroe C. Smith et Hulburt Smith et on ne pourra certes pas accuser leur mère d’avoir manqué d’imagination pour les prénoms. La compagnie s’appelait originalement Smith Premier Typewriter Company. Elle a acquis le nom de Smith Corona en 1914. Elle existe toujours au moment de tapocher ce texte et elle ne donne plus tellement dans les machines à écrire mais plutôt dans les rubans et technologies thermiques, largement utilisés dans les commerces.

1949, l’année où est parue cette publicité, c’est évidemment l’époque d’après-guerre où l’économie reprend de la vigueur où l’accès des femmes à l’éducation supérieur est quelque chose de moins exceptionnel qu’avant mais on remarque aussi, industrie de guerre terminée oblige, un retour des femmes vers le foyer. Les curés se sentent encore bien aise d’aller dans les foyers de leurs paroisses respectives pour y semoncer celles qui «empêchent la famille». En contrepartie on verra apparaître des gains pour les femmes comme leur entrée dans des ordres professionnels comme le Barreau ou celle des comptables agréés. 1949 c’est aussi la fameuse grève de l’amiante qui oppose les travailleurs au gouvernement Duplessis et où l’on voit apparaître le premier schisme entre le pouvoir et l’Église alors que monseigneur Charbonneau prendra le parti des travailleurs. L’Archevêché ne sera pas trop content de cette prise de position et forcera derechef Joseph Charbonneau à démissionner. Il sera remplacé par Paul-Émile Léger.


Saviez-vous ça vous autres? La sténo là, ben ça date pas d’hier-ô-soir, ni même d’avant-hier. Nope. Ça l’air qu’on a commencé à écrire de façon abrégée quelque part en 430 av. J.-C. quand chose, Xénophon, a été obligé d’écrire abrégé quand y transcrivait ce que Socrates racontait. Pis allez pas pensez qu’on se sert pu du sténo aujourd’hui parce que sinon vous êtes dans les patates (frites ou pilées, au choix) parce qu’on s’en sert pour plain d’affaires comme dans les procès par z’emple.Y'existe encore des écoles pour ça.

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