1949. La Seconde guerre
est terminée depuis quatre et l’économie de guerre est lentement
remplacée par une économie de paix. L’époque des privations et
des coupons, qui limitait la nourriture, les matériaux de
construction, l’essence et bien d’autres choses, est belle et
bien terminée. Une des conséquences de ce changement est que de
plus en plus de ménages peuvent alors se permettre des biens de
consommation auparavant trop dispendieux pour eux. Parmi ces biens on
note les électroménagers comme ceux que nous présente aujourd’hui General Motors dans cette pub parue en avril 1949.
Frigidaire est une marque
de commerce qui non seulement existe encore mais qui s’est tellement bien établie qu’on en est venu à
appeler ainsi n'importe quel réfrigérateur qu'il soit un Frigidaire véritable, un Bélanger, un Roy, un Westinghouse, un Coldspot ou autre. Ainsi, les gens s’achetaient un
frigidaire. Ils mettaient la nourriture dans le frigidaire. Ils
faisaient venir un réparateur parce que le frigidaire était brisé.
Les clés tant cherchées se trouvaient sur le dessus du frigidaire.
Le mot est tellement entré dans le langage populaire qu’on l’a
même abrévié pour… frigo. Et pas seulement ici! En Australie et
aux États-Unis il est désigné comme «fridge», aux Philippines on
utilise «pridyider» alors qu’en Hongrie c’est plutôt
«fridzsider». La marque de commerce se trouve parmi d’autres qui
se sont lexicalisées au fil des ans. Les Écureuils pourraient vous
en dire plus à ce sujet.
Quant au poêle, d’une
largeur de 40 pouces, il ne pouvait évidemment qu’être installé
là où l’espace le permettait. Aujourd’hui le standard est
plutôt de 30 pouces. L’utilisation de l’électricité présentait des avantages indéniables sur le gaz comme
un prix d’achat moins élevé ainsi qu’une surface de cuisson
plus facile à nettoyer. Aussi, les éléments de cuisson assuraient
une meilleure stabilité quant aux chaudrons et cafetières. La mise
en marche ou d’arrêt se faisait en tournant simplement une
roulette et une distribution plus égale de la chaleur permettait une
meilleure cuisson. De plus, on éliminait les dangers que posait l’utilisation du gaz et des fuites potentielles, lesquelles pouvaient facilement et rapidement empoisonner une maison au complet. Sans compter que le gaz a longtemps été la cause principale des incendies domestiques.Les quelques inconvénients se limitaient au fait
que le poêle ne refroidissait pas aussi rapidement qu’une poêle
au gaz et il pouvait faire «sauter» les fusibles.
Et combien coûtait un
réfrigérateur en 1949? La moyenne se situait autour de $250 mais la plupart des détaillants offraient des possibilités de
versements minimes en retour d’un paiement initial. Dans la
publicité d’en-dessous pour le compte de J.R. Castagner, il suffit
d’un acompte de $40 avec des versements mensuels de $10. Le tout
sans intérêt.
En 1949 le premier
ministre du Canada est Louis St-Laurent, le premier ministre du
Québec est Maurice Duplessis et le maire de Québec, Lucien-Hubert
Borne. 1949 est l’année de la fameuse «grève de l’amiante»
qui a opposé les mineurs d’Asbestos et Thetford Mines aux
employeurs. Les demandes des travailleurs, parfaitement raisonnables,
se cognaient à une fin de non-recevoir. Pour faire avancer les
choses, les travailleurs se sont alors mis en grève, quelque chose
d’assez rare à l’époque. Cette grève n’a pas manqué de mettre
le feu au tuyau d’échappement de Duplessis mais ce dernier était épaulé par le tout-puissant clergé et de ce fait, gloussait comme
un dindon. Il s’est cependant étouffé dans son ricanement lorsqu’il a entendu monseigneur Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal,
prendre ouvertement position pour les grévistes. Malgré le fait que
les choses ont rué dans les brancards, le conflit a finit par se
régler et a marqué le Québec comme étant l’un des premiers pas
vers la révolution tranquille. Et justement le clergé
va, en 1950, en laisser une empreinte de pas dans l’arrière-train de
monseigneur Charbonneau à cause de sa prise de position pro-ouvrière
durant le conflit de l’amiante. Il va être ipso-facto remplacé par
Paul-Émile Léger. Côté divertissement, et qui donne des pustules
à monseigneur Léger, y’a toujours la sémillante Lili St-Cyr qui
se déhanche langoureusement au Gayety et dont les spectacles
élaborés font courir les foules. Pour les autres, moins porté sur la chose burlesque, y’a toujours Un
homme et son péché qui est présenté au cinéma, il s'agit du premier film tiré du roman de Claude-Henri
Grignon et qui fut publié pour la première fois en 1933.
Saviez-vous ça vous autres? On sait pu oussé qu’on a mis l’Kodak©. On a pensé que y’était dans l’armoire à côté d’la boîte de Kleenex© pis de Q-Tips© mais comme c’était pas l’cas on s’est dit qu’il pouvait être quelque part su’l Frigidaire© avec le Thermos© pis l’rouleau de Scotch-Tape©.
Je suis incapable, de nos jours, de croiser une pub dans une revue ou un journal, mais je m'attarde toujours quand il s'agit d'une ancienne publication. Ayant passé quelques années de ma vie face à des microfilms de journaux, je me suis souvent régalé. La première pub ressemble à ce qu'on croisait dans le Reader's Indigeste.
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