J'savais pas lire l'heure, mais j'savais que lorsque la grande aiguille était à cet emplacement, et que la petite était juste là, ça voulait dire que mon émission favorite allait commencer à jouer. Et si j'étais dans la cour en train de jouer, pas de crainte, j'étais doté d'un sixième sens qui m'avertissait de la chose. S'il fallait que je manque Bobino!!!
Et lorsqu’elle jouait c’était bien là le seul temps de la journée où l'on savait exactement où me trouver. Un peu avant seize heures, j'allumait le vieux poste de télévision avec ses oreilles de lapin. Trop souvent, trépidation oblige, j'arrivais un peu avant l'heure et je piaffais d'impatience de voir enfin disparaître de l'écran Aline Desjardins et son émission «Femme d'aujourd'hui». Rhââââ!!! Pendant les interminables commerciaux, je prenais les coussins des sofas pour me construire une cabane dans laquelle je m'installais avec, à la main, ma marionnette Bobinette. Et finalement, la fameuse chanson débutait.
L'indicatif musical est une chanson nommée "Double March" et qui a été composée par Tommy Reilly et James Moody sous le pseudonyme de Dwight Barker. On a utilisé un harmonica, une contrebasse et une batterie.
Est-ce que l’'émission pour enfants Bobino a besoin de présentation? Possiblement pas, enfin, pour les plus vieilles générations. Cette émission a commencé sur les ondes de Radio-Canada en 1957 avec pour seul personnage, Bobino, créé par son interprète, Guy Sanche. En plus de jouer le rôle-titre le sympathique comédien signe aussi les textes de l’émission. En 1958 arrive Michel Cailloux qui prend la relève aux textes et entreprend alors de donner à Bobino une petite sœur espiègle, Bobinette. Michel Cailloux insiste d'ailleurs pour que Bobinette soit une marionnette, laquelle fait sa première apparition en 1960 avec la comédienne Paule Bayard comme marionnettiste et interprète.
En 1973 Paule
Bayard tombe très malade et ne peut évidemment plus continuer. Il
faut donc la remplacer. C'est une jeune fille du nom de Lise Laplante
dont le père, Marcel Laplante est réalisateur de l'émission, qui
hérite du rôle. Toutefois, Lise Laplante apparaît au générique
sous son nom d'artiste; Christine Lamer.
Aglaé et Sidonie (1969) racontait les aventures d'une oie et d'une truie dans une maison de ferme.
Sourissimo (1969) mettait en vedette un liasse de souris déjantées qui vivaient sur les toits (de Paris?). On notait aussi la présence d'un chat indifférent.
Chapi-Chapo (1974) a vraisemblablement été conçue par des gens qui en en ont fumé du bon. C'était tout de même divertissant de voir les deux bibittes résoudre des problèmes.
Pépin la Bulle (1968) était une émission entièrement réalisée en animation image par image. "Oh oui Pépin, la bulle, la bulle!" a été plus tard largement utilisé au secondaire comme moquerie.
Réalisée par Jean Image, Kiri le clown (1966) était également réalisée en animation image par image. Si la voix de Kiri vous semble familière c'est que le personnage était joué par Guy Piérauld, lequel a été la voix française de Bugs Bunny, Yogi l'ours, Lippy le lion, Magilla le gorille, le chat Jules (Pixie et Dixie), entre autres.
En
1983 la mentalité Radio-Canada commence à changer. C’est bien
beau et bien l’fun Bobino mais on est en train de se convaincre que
les «ratings» c’est plus important que n’importe quoi d’autre,
incluant la qualité. On annonce donc comme ça que Bobino va bientôt
être retiré des ondes définitivement. Le déluge de lettres et de
coups de téléphones, j’vous dis pas. Le message est clair :
on ne veut pas voir Bobino disparaître, point à la ligne.
Radio-Canada fait donc marche arrière mais c’est une ruse. En
réalité ce retrait est pour mieux affuter la lame du couperet et
que l’on fait tomber comme ça en 1985. Crac! Voilà, merci
bonsoir.
Un personnage unique et inoubliable.
Après
28 ans de loyaux services, à divertir et instruire les tout-petits,
comme il appelait les enfants, sur toute une foule de sujets comme
l'histoire, la géographie et la musique, Guy Sanche se retrouve du
jour au lendemain brutalement coupé de tout ce monde qu'il avait
créé pour des générations d'enfants. De certains prétendent que
l'interprète de Bobino n’arrive tout simplement pas à se remettre
d'avoir été aussi cavalièrement éliminé des ondes après avoir
passé tant d'années a si bien divertir les enfants. Il s’en
retourne à sa demeure de Saint-Fabien-sur-Mer, peut-être dans
l'espoir de pouvoir passer à autre chose mais ça ne se passe comme
ça, malheureusement. Guy Sanche se voit atteint d’un cancer auquel
il succombe le 26 janvier 1988 à l'hôpital de Rimouski, trois ans à
peine après la fin de Bobino.
Merci monsieur Sanche.
Ma marionnette Bobinette, cadeau de ma grand-mère en 1970 et avec laquelle j'écoutais les émissions. Cette marionnette a été commercialisée par Radio-Canada.
Quand c'était pas "Femme d'Aujourd'hui" qu'on avait hâte que ça finisse, c'était les films ou l'émission "Le temps de vivre" avec Pierre Paquette avant de voir Bobino.
RépondreEffacerPour la fin de Bobino, j'ai trouvé un extrait de texte sur l'entrée anglais de Wikipedia et je cite:"Radio-Canada ended the show in 1985 causing a flurry of protest and petitions to keep it on the air. However, Sanche's health was deteriorating and was no longer able to continue hosting the show. Sanche died three years later of cancer."
Il y a peut-être une partie vraie quoique j'ai quelques doutes.
Bobino n'était pas la seule émission à être mis au rancart cette année-là. "The Friendly Giant" diffusé sur CBC avait été aussi retiré des ondes après une longue diffusion.
Et voici un autre générique d'ouverture de Bobino diffusé en 1973. https://www.youtube.com/watch?v=eUy5iszDv2g
Je crois, effectivement, que l'entrée de Wikipédia est quelque peu faussée, malheureusement. La façon cavalière dont Radio-Canada s'est débarrassée de l'émission a certainement contribué au déclin de la santé de monsieur Sanche, surtout si l'on prend en considération toutes les années qu'il a investi dedans.
EffacerQuant à l'émission «The Friendly Giant» il s'agissait là, je le crois bien, du pendant anglophone de Bobino. J'aimais beaucoup la regarder le matin, même si à l'époque je ne comprenais pas vraiment la langue anglaise. Toutefois, le générique de l'émission et la façon dont elle commençait, lorsque le géant plaçait les petites chaises, avait un charme qui ne manquait pas d'opérer.
Pluche
J'ai entendu dire que Sanche avait un problème de dépendance à une drogue quelconque, j'oublie laquelle. Quant à savoir si c'est vrai, je n'en sais rien.
EffacerEt bien, 《Anonyme》, avec si peu d'information crédible, on se retient, tant de la langue que de la plume.
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