samedi 12 juillet 2014

L'agence Anson McKim en 1903

(Photo: Musée McCord)

Bon, remontons au début du 20è siècle, disons en 1903 et que vous êtes proprio d’un commerce quelconque, je ne sais pas moi, des produits électriques tiens. Alors comme n’importe quel commerce vous tentez d’élargir votre territoire de ventes et de mousser vos produits alors que faites-vous? Tout simple : vous passez par une agence de publicité et justement, celle d’Anson McKim est toute indiquée. L’agence peut faire publier non seulement dans tout un tas de journaux canadiens mais aussi américains et possède des bureaux à Toronto, Winnipeg et London (Ont.). 

Quant à la photo, y’a un pépin. Prise par Notman & Sons en 1903, elle provient des archives du musée McCord où l’on dit que l’agence avait ses bureaux dans l’édifice du Board of Trade mais dans le Lovell de la même année l’adresse indique plutôt le bâtiment Star. Cet édifice, je vous le rappelle, était celui où logeait le quotidien Montreal Star qui lui se trouvait sur la rue St-Jacques. Hum… Y’aurait-il eu une erreur dans le Lovell? Ça pouvait arriver, évidemment mais les éditions de 1904, 1905, 1906, 1907, 1908 et 1909 placent encore et toujours l’agence McKim dans le Star Building. L’adresse change en 1910 pour le 261 de la rue St-Sacrement, soit dans l’édifice nommé Lake of The Woods, mieux connu sous le nom de Corn Exchange. Cet édifice-là était au 261 St-Sacrement alors que le Board of Trade se trouvait en face. Proche mais pas assez pour un cigare. Mais pourquoi Lake of The Woods? Parce qu’il s’agit d’une minoterie qui a acquis l’édifice et qui a entreprit de le démolir mais qui a opté de conserver les murs extérieurs des deux premiers étages que l’on a intégrés à la nouvelle construction. Il y a fort à parier qu’une fois les travaux terminés en 1910 l’agence McKim a aménagé à l’un des étages à titre de locataire jusqu’en 1920, après quoi la compagnie s’est retrouvée au square Philips. 

Et que se passe-t-il donc au Québec en cette année-là? Bien des choses, surtout dans le monde ouvrier. Prenons par exemple le transport en commun. Les employés de la Montreal Street Railway Company décident de faire la grève par que d’abord ils veulent être payés plus cher mais désirent également de l’employeur qu’il reconnaisse leur syndicat. Chose certaine, cette grève ne durera pas puisque la compagnie va accepter ces deux points. Mais ne vous en faites pas, elle va tellement chigner quant à la reconnaissance du syndicat que les employés vont se remettre en grève. Mais y’a pas que dans le transport en commun où ça va mal: les débardeurs du port de Montréal aussi désirent augmentation de salaire, reconnaissance du droit d’association avec en plus de meilleures conditions de travail. Là par contre ça va être un peu plus difficile. En fait, y’a même l’archevêque de Montréal, Paul Bruchési en personne qui va s’en mêler. Si, parce que dans l’temps l’Église se mêlait de ces choses-là. Alors monseigneur y va d’une lettre dans laquelle il écrit qu’il reconnaît aux débardeurs le droit de se syndiquer (quelle faveur!) mais monseigneur admet sans détour que les associations internationales lui puent au nez. 

Entre-temps ça se calme avec les tramways, la compagnie a finalement reconnu le syndicat.  Bon, voilà pour ça. Par contre, là où la bouse de vache a carrément volé dans les pales du ventilateur c’est à l’usine Exelsior Mills, située au coin d’Ontario et Papineau où travaillent quelques 300 personnes. En plein été, alors qu’il fait chaud sans bon sens, les patrons ont décidé de forcer (si!) les employés à faire obligatoirement entre 6 et 20 heures de temps supplémentaire. Et lorsque je dis «forcer» ça veut dire qu’on a carrément barré les portes de l’usine, la transformant ainsi en véritable prison. Dehors y’a quelques milliers de personnes qui observent tout ça avec intérêt et en viennent à voir un spectacle étonnant : celui de personnes qui cassent les fenêtres de l’intérieur pour s’évader. Ça n’a pas pris de temps que l’on a apporté des échelles pour permettre aux employés non seulement de descendre mais aussi de passer par-dessus les clôtures. Durant ce même été les catholiques pleurent la mort du pape Léon XIII et on se demande bien qui lui succèdera. Ce sera finalement le cardinal Giuseppe Melchiorre Sarto, lequel prendra le nom de Pie X. 1903 est aussi une année qui grouille pour les médias imprimés. C’est le 4 avril que l’on voit apparaître la première édition du journal Le Canada qui est ni plus ni moins que le porte-voix du parti Libéral. Il paraîtra jusqu’en 1954. Par contre à Québec c’est le journal The Mercury qui disparaît. Parlant de la ville de Québec, les gens de la vieille capitale ont raison de célébrer puisque l’on inaugure le tout nouvel auditorium et les gens sont invités à assister au tout premier concert que donne pour l’occasion l’Orchestre symphonique de Québec sous la direction de son énergique fondateur, George Vézina. 



Le saviez-vous? Un des ministres (sans portefeuille toutefois) du cabinet Parent fut John James Guérin. Celui-ci, même s’il ne fut pas réélu en 1904, devint maire de Montréal de 1910 à 1912. Si le nom ne vous pas exactement familier alors rappelez-vous l’affaire de Mary Gallagher. Guérin fut le médecin qui procéda à l’autopsie de ladite Mary le lendemain du drame alors qu’il venait d’être fraîchement diplômé de la faculté de médecine de l’université McGill.  

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