mercredi 26 novembre 2025
samedi 22 novembre 2025
Y'a t-il quelque de plus agréable lorsque l'on est en vacances ou entre amis que de prendre des photos? Vous vous souvenez de cette glorieuse époque des appareils à film où l’on s’amusait à se prendre nos pieds dans le sable en photo ou encore tous les repas que l’on mangeait pour se les montrer par la suite? Non? Moi non plus.
Trêve de plaisanterie facile. Retour en 1953 avec cette publicité pour la compagnie bien connue Kodak où l’on vante les mérites de la photographie pour se rappeler de bons souvenirs. Si la publicité apparaît un peu décalée c'est parce qu'il s'agit d'une publicité en deux pages située en plein milieu d'un numéro du Reader's Digest donc pas facile à recoudre les deux parties.
L’appareil utilisé par ces deux amis pêcheurs est un Kodak Duaflex II dont la première version a été mise sur le marché en 1947. L'œil non averti pourrait facilement confondre cet appareil avec le fameux Rolleiflex, ce qui n'est évidemment pas le cas. Le Duaflex était ce qu’on appelait un pseudo TLR (Twin Lens Reflex) qui imitait à cet égard les vrais TLR de l'époque. D’autres utilisaient la même principe comme le Voigtländer Brillant, Rolleiflex, Olbia ou encore l’Ensign Ful-Vue. Le pseudo TLR était en vogue dans les années 50 et 60 parce qu’il imitait les caméras pro.
L'appareil était tout de même intéressant parce qu'il comportait certaines fonctions utiles comme un petit mécanisme qui empêchait de prendre deux photos sur le même bout de film. Le Duaflex n'était toutefois pas un appareil haut-de-gamme, loin de là mais permettait à monsieur et madame tout-le-monde de pouvoir prendre des photos sans trop se casser la tête tout en s'amusant. Un peu l’équivalent des téléphones d’aujourd’hui.
Je possède, dans ma petite collection tout à fait insignifiante de caméras un de ces appareils et qui a appartenu jadis, naguère à mes grands-parents. Il s'agit du Duaflex III équipé d'une lentille Kodet et qui est en assez bonne condition. Cette caméra utilise du film de format 620, lequel fut introduit en 1932 et discontinué en 1995. Bien que le 620 ne soit plus disponible le format 120 quant à lui l'est toujours, quoique de plus en plus difficile à trouver, et la seule différence entre le 120 et le 620 est la bobine, celle du 620 ayant un moyeu plus petit ce qui rend l'utilisation du Duaflex possible avec du 120 moyennant un peu de bricolage.
On trouve que Pluche aurait pu l'épousséter un peu avant mais ça c'est juste nous autres, hein?
Et où pouvait-on se procurer des caméras en 1953? Tous les grands magasins du temps comme Eaton, Simpson’s et Dupuis Frères en vendaient de même qu'une multitude de boutiques spécialisées dont trois qui existent encore aujourd'hui; L.L. Lozeau (1927), Caméras Simon (1930) et Photo Service (1937). Amusant aussi cette publicité de la compagnie Hollywood Foto où, en retour d’un développement dans leurs laboratoires, on vous envoyait non seulement vos photos développées mais aussi un rouleau de film tout neuf.
Et que se passe t-il au Québec en 1953?
L'affaire de l'usine de textiles de Louiseville qui se fait affronter la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC, aujourd'hui CSN) et Duplessis. Ce dernier va même accuser le syndicat d'être à la solde des communistes. Une situation qui ne manquera pas de faire parler et de faire couler beaucoup d'encre. La grève prendra fin avec une augmentation de 12 sous de l'heure mais qui fera ultimement dire au syndicat; tout ça pour ça.
En février on assistera dans les salles de cinéma à la grande première du film Tit-Coq du grand Gratien Gélinas, film dans lequel il tient toujours le rôle-titre et qu'il produira avec René Delacroix.
En mai on annonce que Radio-Canada va se doter d'une seconde station de télévision et qui ne diffusera qu'en français. Ce sera le fameux canal 2. Le 4 novembre on assistera à la grande première de La famille Plouffe de Roger Lemelin. On y verra Émile Genest, Paul Guèvremont, Amanda Alarie, Pierre Valcour et Jean-Louis Roux.
En décembre on écoutera une toute nouvelle chanson de Félix Leclerc qui deviendra légendaire dans son répertoire: Moi, mes souliers.
dimanche 16 novembre 2025
Les bougies Champion en 1921
Le saviez-vous? Le nombre de voitures à Montréal passe de 13,000 en 1921 à 65,000 en 1930. Les Ford étant fortement majoritaires dans le décor automobile de Montréal. Aujourd'hui en 2025 le nombre approche le million (présentement estimé à 983,000) et continue d'augmenter d'environ 15% à tous les cinq ans.
vendredi 7 novembre 2025
L'accident de tramways de 1921
Nous sommes le lundi 31 octobre 1921 aux petites heures du matin. Les gens se préparent à aller travailler. Ils sortent de leurs maisons en remontant le collet de leurs manteaux et sont accueillis par un brouillard épais qui, selon les dires, fait qu'on n'y voit rien au-delà de dix pieds. Pour pouvoir transporter plus de gens en même temps, on voit apparaître ici et là des tramways doubles, essentiellement deux voitures couplées ensembles mais dont seule la première est motorisée.
Que se passe t-il donc ce matin-là? Alors voilà, notre histoire se passe sur le circuit St-Denis/Ahuntsic qui relie le terminus Craig dans le Vieux-Montréal jusqu'au terminus situé à Ahuntsic. C'est un trajet assez simple qui ne dure en général qu'une heure, tout dépendant bien entendu des conditions climatiques. Or ce matin-là, comme mentionné plus haut, la ville est recouverte d'un épais brouillard. La prudence est donc de mise.
Du terminus Craig part le tramway double des voitures 1575 et 1663 en direction nord sous les commandes du garde moteur Alphonse Buron. Se trouvent aussi à bord le conducteur Alphonse Verret et environ une cinquantaine de passagers. Le circuit comporte une ligne double mais à la hauteur de Crémazie la ligne bifurque vers l'est et devient simple pour remonter le chemin Millen jusqu'au terminus situé plus loin au nord. Ce chemin était en plein champ car le quartier n'était absolument pas développé à ce moment-là.
Pour éviter que deux tramways ne se retrouvent face à face sur ce tronçon on avait aménagé une voie d'évitement qui permet à un tramway de s'y ranger afin de laisser passer l'autre. Un concept qui existe aussi dans le monde ferroviaire.
Le garde moteur Buron arrive à la hauteur de Crémazie et tourne à gauche prudemment afin d'aller emprunter le chemin Millen. Buron emprunte la voie d'évitement et attend que le tramway double composé des voitures 1573 et 1628 arrive. Mais il se fait attendre. On utilise donc le téléphone situé à un poteau situé tout près afin de communiquer avec la centrale.
Après quelques minutes Buron est autorisé à emprunter la voie mais avec prudence. Il rembarque à bord de son tramway et s'avance sur la voie. Mais à peine commence t-il à rouler qu'il aperçoit, surgissant de la brume, le tramway retardataire avec à bord le garde moteur Moise Dauphin et les conducteurs Alexis Joly et Emile Théorêt. il est environ 6:30 quand les deux tramways se fracassent l'un contre l'autre dans un fracas métallique épouvantable.
Peu de temps après l'impact, Emile Théorêt, l'un des conducteurs du tramway qui se dirigeait vers le sud parvient à sortir par l'arrière et se dirige le plus rapidement possible au poste de sémaphore afin de demander de l'aide au poste de secours situé au coin des rues St-Denis et Jean-Talon. Médecins et ambulanciers sont alors dépêchés sur place. Les secours arrivent et on se demande bien s'il se trouve quelconque malheureux qui a perdu la vie mais miraculeusement, tout le monde est vivant, quoique certains soient blessés sérieusement dont le garde moteur Buron qui souffre de lésions au dos et d'une jambe fracturée.
Certains des voyageurs ne souffrant que de blessures mineures sont soignés dans le dispensaire et peuvent regagner leur domicile alors que d'autres sont envoyés à l'hôpital Royal Victoria. Les équipes de la Montreal Tramways Company déblaient rapidement et efficacement la voie, si bien qu'a huit heures les tramways peuvent emprunter de nouveau le circuit.
On a pu évidemment savoir, en écoutant les témoignages de gens qui furent blessés dans l'accident, que les tramways allaient très vite. C'est ce que déclara M. St-Louis qui avait dit à son ami, Alphonse Paquette, que ca n'avait pas de bon sens de rouler aussi vite dans une brume pareille. Honoré Jolicoeur, un autre blessé, abonda dans le même sens et d'autres passagers dirent aussi la même chose.
Le garde-moteur Buron, hospitalisé à l'hôpital Général, accorda une courte entrevue où il affirma qu'il n'allait pas à plus de 12 ou 15 milles à l'heure mais que l'autre tramway allait très vite. Buron dit que lorsqu'il vit l'autre tramway arriver à toute vitesse il tenta de renverser le moteur mais que ce fut à toute fin pratique inutile.
Cet accident fut essentiellement dû au tramway double opéré par Moïse Dauphin qui, accusant un retard sur son horaire décida de reprendre le temps perdu en allant plus vite. Il est facile de comprendre qu'une telle manœuvre dans un épais brouillard n'était pas exactement l'idée du siècle et c'est ce qui provoqua la collision. La Montreal Tramways Company conclut aussi que de n'avoir qu'une seule voie pour le tronçon Millen était quelque chose à corriger (ben tiens!) et de ce fait, quelques six mois plus tard, elle fut doublée, éliminant ainsi les risques d'une autre collision.
Quant à l'ancienne ligne Millen elle suivait essentiellement ce qui est aujourd'hui l'avenue Millen, une rue résidentielle bordée de maisons d'un côté comme de l'autre et sur laquelle on retrouve les parcs Saint-Alphonse et Ahuntsic. Il serait bien difficile de déterminer exactement à quel endroit s'est produit l'accident.
Plusieurs années plus tard alors qu'il était à la retraite, le conducteur Émile Théorêt raconta le souvenir qu'il avait de ce terrible accident et, soulevant son chapeau, montra une bosse à la tête qu'il s'est faite ce jour-là et qui n'était jamais partie.
Le saviez-vous? La Montreal Tramways Company a été formée en 1911 afin de regrouper la Montreal Street Railway, Montreal Park & Island Railway and le Montreal Terminal Railway. En 1950 une législation est passée afin de créer la Commission de transports de Montréal, une entité publique, qui engloberait la Montreal Tramways Company. La Commission de transport de Montréal (CTM) est ensuite devenue la Commisison de transports de la Communauté Urbaine de Montréal (CTCUM) ensuite la Société de transport de la communauté urbaine de Montréal (STCUM) pour finalement devenir la STM que l'on connaît aujourd'hui.

































