mardi 6 septembre 2016

La culture tiki

Le tiki, vous connaissez? Ah, sûrement! Ce que l'on appelle ainsi «tiki» désigne, de façon générale ces restaurants-bars qui exploitaient la thématique polynésienne et hawaïenne. Si le style empruntait beaucoup à la mythologie tiki, la connexion était plutôt ténue et résolument stylisée à la sauce «Americana». Cela a été assez important comme mouvement durant les années 40, 50 et 60 et à son apogée c'était un phénomène culturel très en vogue qui n'avait rien de marginal. 

Petit historique d'un phénomène. 

Commençons d'abord par faire la rencontre d'un type tout à fait original; Ernest Raymond Beaumont-Gantt, né en 1907 au Texas. Son père est propriétaire d'un hotel à la Nouvelle-Orléans et un jour ce dernier amène son fils avec lui pour un voyage en Jamaïque, un voyage qui va avoir un profond impact sur le jeune Ernest. En 1926 il effectue lui-même quelques voyages tant dans les Caraïbes que dans le Pacifique sud et il s'imbibe alors des magnifiques vues, des sons tropicaux ainsi que de toute une foule de saveurs exotiques. il aimerait bien pouvoir profiter de son savoir nouvellement acquis sur quantité de boissons mais malheureusement pour lui la prohibition bat son plein aux États-Unis et ne prendra fin qu'en 1934. Après avoir été «bootleger» durant une courte période de temps Ernest peut maintenant donner suite à ses ambitions et ouvre, peu de temps après son propre restaurant-bar qu'il nomme «Don the Beachcomber’s Cafe». 

L'affaire est un succès et Ernest ouvre, tout juste en place «Don the Beachcomber’s». Il en profite pour décorer avec des souvenirs tropicaux ramenés de ses voyages; des lances, des masques, des tiges de bambou et plein d'autres choses. Il devient tellement identifié à son commerce qu'il change légalement son nom pour Donn Beachcomber puis encore une fois pour Donn Beach. 

Maintenant faisons la rencontre d'un autre original; Victor Jules Bergeron. Né en 1902, Victor est rapidement terrassé par la scarlatine, la fièvre typhoïde ainsi que la tuberculose, cette dernière lui coûtera éventuellement ses deux jambes. Les options d'emploi sont assez limitées pour le jeune Victor mais son oncle lui offre de venir l'aider à l'arrière du bar qu'il ouvre en 1934 juste en face de chez lui. Victor se découvre une passion pour préparer différentes boissons il ramasse ses économies et ouvre son propre débit de boissons qu'il nomme «Hinky Dinks». Si les choses vont tout de même bien il ne peut s'empêcher de penser qu'il pourrait offrir tellement plus à sa clientèle.

Tout comme Donn Beach avant lui, Victor voyage dans les mers du Sud ainsi qu'à Cuba où il étudie les méthodes et recettes des meilleurs barmans. À son retour, en 1937, il décide de changer le nom de son bar pour «Trader Vic», un surnom que sa femme lui avait donné. Inspiré encore une fois par Don Beach, il agrémente son décor d'éléments polynésiens et des îles du Pacifique. Il agrémente alors son menu de boissons qu'il a lui-même mises au point, dont le célèbre Mai-Tai qui, faut-il le souligner, n'a rien d'Hawaïen et encore moins de Polynésien. Mais justement, parlons-en un peu de ce Mai-Tai. Retour en 1944 où Victor Bergeron se trouve derrière le bar de son Trader Vic. L'idée lui prend comme ça de crééer un nouveau drink. Comme base, il prend une bouteille de rhum jamaïcain de 17 ans d'âge auquel il ajoute un sirop épais, du jus de lime, de l'orange ainsi que de l'orgeat afin de donner à la boisson un p'tit goût d'amandes. Il ajoute une bonne quantité de glace pilée, il mélange toute la patente bien vigoureusement qu'il verse ensuite dans un verre de 15 onces qu'il finit par agrémenter d'une tranche de lime et de quelques feuilles de menthe. À ce moment l'ami Bergeron reçoit la visite d'un couple d'amis de Tahiti et il leur sert sa nouvelle concoction. La dame déguste et s'exclame en tahitien «Mai Tai-Roe Ae», ce qui se traduirait par quelque chose comme «...absolument hors de ce monde, c'est le meilleur!». La boisson a donc été créée en même temps qu'elle a reçue son nom. 

Lors de la Seconde guerre Donn Beach, quant à lui, sert comme colonel dans l'Armée de l'air, mais trouve son retour plutôt amer alors que son ex épouse en a profité pour n'ouvrir pas moins de 16 nouvelles succursales de «Don the Beachcomber». Et pour en rajouter une couche, les stipulations l'empêchent de prendre part aux opérations. Il s'exile à Hawaï (lequel ne deviendra le cinquantième état américain qu'en 1959) et ouvre Don the Beachcomber's, en 1954, à Waikiki où se produit alors régulièrement Martin Denny et son orchestre. On va revenir sur ce dernier un peu plus tard.

La Seconde guerre, justement. Cette dernière se termine en août 1945 alors que retentissent les effroyables explosions atomiques qui ont très soufflé Hiroshima, puis Nagasaki. Le Japon capitule et devient alors, pour un certain temps, un pays occupé par les américains. En Amérique du Nord, c'est le retour des soldats et des marins qui ont survécu au sanglant conflit. Parmi eux se trouvent ceux qui ont servi dans le Pacifique et qui, malgré tout, ont ramené avec eux des histoires et souvenirs des îles du Pacifique sud. James A. Michener en sortira une histoire, en 1947, «Tales of the South Pacific» et qui va mériter le prix Pullitzer. On tirera de ce livre une pièce qui sera jouée sur les planches de Broadway, «South Pacific, en 1949 et qui sera jouée 1,925 fois, rien de moins.

Nous voilà maintenant dans la période de l'après-guerre. Finies les privations, le rationnement des matériaux, des tissus et de la nourriture. L'économie de guerre est remplacée par une économie de paix. C'est la période du baby-boom bien entendu mais aussi celle où la classe moyenne devient une force économique colossale. 

Je vous présente maintenant un autre type intéressant, Stephen Crane. Doté d'une belle gueule et d'un savoir-faire certain avec la gente féminine, Crane déménage à Hollywood en 1939 pour y travailler comme acteur.

Crane ne jouera finalement que dans trois films mais va tout de même rencontrer et épouser Lana Turner (que l'on aperçoit sur la photo ci-haut) en 1942. Il divorce deux ans plus tard va faire les yeux doux à Ava Gardner, Rita Hayworth, et Mamie Van Doren, pour n'en nommer que quelques unes. En 1953 il trouve finalement sa vocation alors qu'il se porte acquéreur du restaurant The Tropics à Beverly Hills et qu'il renomme rapidement The Luau, dont on voit ici plus bas une photographie de l'intérieur. 

Comme je le mentionnais au début de l'article, la fièvre Tiki s'empare de l'Amérique du Nord durant les années 50. Le design polynésien s'infuse alors dans l'esthétique visuelle autant dans l'architecture que dans la décoration que dans les accessoires. On voit apparaître ici et là des maisons, des complexes d'appartements et même des centres commerciaux largement inspirés de la culture tiki. Les Américains tombent alors littéralement en amour avec ces versions romancées de cet exotisme et Stephen Crane entend bien en profiter. Il s'inspire directement de Don the Beachcomber et de Trader Vic avec des décors typiquement Polynésiens et Hawaïens. 


Toutefois il est important de mentionner que ces restaurants bars n'avaient rien de kitsch, bien au contraire. Il s'agissait d'établissements réputés et très fréquentés tant par la classe moyenne que les stars d'Hollywood. Par exemple, en 1948, Trader Vic avait établi le prix d'un Zombie à $3, ce qui équivaut à presque $30 aujourd'hui. Non, il n'y avait rien de kitsch dans ces restaurants.   




Durant ce temps Victor Bergeron a conclu une entente avec les hôtels Hilton où Victor opère une série de restaurants-bars appelés Outriggers. Stephen Crane décide alors d'utiliser la même stratégie en concluant aussi une entente mais avec les hôtels Sheraton afin que plusieurs soient dotés de restaurants d'inspiration polynésienne qui vont porter le de Kon Tiki. On en retrouve à Portland, Chicago, Cleveland, Cincinnati, Boston, Honolulu ainsi qu'à Montréal où le restaurant à pignon dès 1958 sur la rue de la Montagne, directement dans l'hôtel Sheraton Mont-Royal. Parmi les employés du Kon Tiki se trouve un certain Douglas Chan dont je vais vous reparler plus loin. 





Couple attablé au Kon Tiki et se faisant servir un repas exotique par un serveur vêtu de la traditionnelle chemise hawaïenne. 

Le Kon Tiki, sa décoration et son menu sont tous élaborés et étroitement supervisés par Stephen Crane et ses associés. Le décor est typique des restaurants-bars de ce type; mobilier en bambou, treillis tissé, globes colorés suspendus, luminaires de coquillages et sculptures tiki à profusion. Le Kon Tiki n'est toutefois pas le premier restaurant de style Tiki à Montréal puisque le café Hale Hakala, qui se trouvait au 626 Notre-Dame ouest, pas loin de McGill, fut ouvert de 1950 à 1963 et les gens pouvaient y entendre de jouer nombreux orchestres et artistes. Toujours en 1963 le fameux Bill Wong ouvre son restaurant sur Décarie et où on va retrouver le Hawaii Kai Lounge, lequel va fermer en 1998 et plus tard, le restaurant lui-même en 2007.

Le fameux restaurant Tic Toc, sur la rue Sherbrooke dans l'Est, avait aussi son lounge tiki, le Hawaiian Lounge, qui était situé au deuxième étage. À l'extérieur de Montréal aussi la fièvre tiki faisait rage, comme en témoigne le Coconut Bar situé à Trois-Rivières, toujours ouvert depuis 1963 et dont voici une photo de l'intérieur. Pas mal non?

Mais comme je viens de parler d'orchestres et que j'ai mentionné Martin Denny un peu plus haut, il me faut ici faire un détour obligé dans le monde de la musique dite exotique. En 1948, la compagnie Columbia Records introduit un nouveau genre de disque appelé à succéder au bon vieux 78-tours: le 33-tours (mais qui en réalité effectue 33 1/3 tours par minute). Il permet des enregistrements de longue durée ce qui sied parfaitement à un type que je vous présente à l'instant; Les Baxter. 

Baxter est un véritable prodige du piano et durant les années 40 il joue dans différents clubs de jazz de Los Angeles et devient même arrangeur musical et chef d'orchestre pour des chanteurs comme Mel Torme, Frank Sinatra et Nat King Cole, entre autres. En 1950, il fait ses premiers pas dans le monde de la musique et est étranges alors qu'il sert d'arrangeur et chef d'orchestre pour l'album Music Out of the Moon, de Harry Revels. Peu après il signe un contrat avec Capitol Records, ce qui lui permet d'enregistrer sa propre musique. Et c'est ici que Baxter prépare le terrain à la musique exotique avec l'album Ritual of the Savage, lequel sort en 1951.

Martin Denny est un autre musicien étroitement lié à la musique exotique. Né en 1911 à New York, il entreprend des études en piano classique. Vers les années 30 Denny s'embarque avec le Don Dean Orchestra pour un tournée en Amérique du Sud où il devient fasciné par les rythmes latins. Il collectionne d'ailleurs des instruments de partout dans le monde dont il se sert pour agrémenter ses spectacles. 
En 1954, à la demande de Donn the Beachcomber dont je vous ai parlé au début, Martin Denny se rend à Honolulu où il signe un contrat pour jouer de la musique au Shell bar du Hawaiian Village. C'est au Shell bar qu'est survenu une particularité qui est pratiquement devenu une marque de commerce pour Martin Denny. Le Shell bar était très exotique dans son décor, ce qui incluait un bassin près de la scène. Dans ce bassin barbotaient des poissons et quelques batraciens. Or, durant les performances, Denny s'est rendu compte que les ouaouarons l'accompagnaient pour cesser dès la musique terminée. Coïncidence? Pas tant que cela puisque les ouaouarons continuaient le même manège dès que la musique reprenait. Puis les musiciens se sont mis à imiter des oiseaux tout en jouant de leurs instruments. Cette fantaisie est demeurée et a été incorporée dans l'enregistrement de Quiet Village.



Le style exotique fait boule de neige et bientôt les albums de ce genre provenant de multiples artistes et orchestres se retrouvent en quantité chez les disquaires et se vendent comme des petits pains chauds. 


Toujours durant les années 50, la grande popularité du phénomène tiki amène plusieurs personnes à vouloir recréer chez eux cette ambiance paradisiaque des îles du Pacifique et des restaurants thématiques. Le fameux bungalow, type d'habitation alors très en vogue aux États-Unis, permettait aux propriétaires d'utiliser le sous-sol afin d'y aménager des bars tikis, soit achetés en prêt-à-monter soit fabriqués avec des matériaux qu'ils se procuraient eux-mêmes. Pour la décoration, pas besoin d'aller bien loin, quantité de commerces vendaient tout le nécessaire pour recréer chez soi un petit bout de paradis à l'air climatisé. Les fameuses tasses tiki pouvaient s'acheter pour une bouchée de pain et quantité de restaurants tiki en offrent aussi en vente. 

Alors que la culture tiki battait son plein, le marché des souvenirs polynésiens et hawaïens ont eu le vent dans les voiles. Quantité de gens qui voyageaient dans les îles du Pacifique ramenaient avec eux bon nombre d'objets dont les fameuses sculptures de lave noire comme cette vahiné dont j'ai un exemplaire.

Un autre article très populaire a été les bustes Marwal, une compagnie qui a débuté dans les années 40 pour disparaître vers la fin des années 60. On retrouvait des bustes de différentes nations mais les vahinés, avec leurs fleurs d'hibiscus de différentes couleurs dans les cheveux ont été parmi les plus populaires et peuvent aujourd'hui commander des prix intéressants. Ces bustes de vahinés, d'environ une dizaine de pouces de hauteur étaient d'une grande qualité et finement peints. Ce sont aujourd'hui de très belles pièces de collection et c'est avec grande fierté que je vous présente mon buste de vahiné que j'ai nommé Leilani. 

On a aussi eu droit à une étonnante variété de figurines tiki, certaines en résine et d'autres en bois, formats tout aussi populaires. Les voyageurs ramenaient aussi des cendriers, des lampes en bambou, ces fameuses chemises hawaïennes aux motifs colorés, des tirelires faites en noix de coco, des serviettes de plage, des verres, des paquets de cartes à jouer, des objets de décoration faits avec des coquillages et sans oublier la fameuse danseuse hula à fixer sur le tableau de bord de la voiture.

Les années 60, on le sait, ont été le cadre de grands changements socio-culturels et la fascination pour le tiki s'est peu à peu estompée pour finalement perdre énormément de popularité durant les années 70 où il est alors devenu un phénomène relativement marginal. Le Kon Tiki du Sheraton Mont-Royal a fermé ses portes en 1981 et dans les années 90 ce fut au tour du Tiki Doré ainsi que le Hawaii Kai Lounge du Bill Wong. Plus près de nous c'est le Jardin Tiki, dernier tenant montréalais de cette culture qui a fermé ses portes. 

Toutefois, on assiste actuellement à un regain de popularité du tiki aux États-Unis et même ici au Canada où le bar tiki The Shameful Tiki possède deux succursales, l'une à Vancouver et l'autre à Toronto. Peut-être n'est-ce qu'une question de temps avant que l'on en voie un ouvrir à Montréal? En attendant, il y a toujours cette merveilleuse nouvelle à l'effet qu'il y aura un nouveau restaurant-bar tiki à Montréal en 2017, le Snowbird Tiki Bar, dont on peut suivre le compte Instagram ici. Aucune mention encore de l'endroit où il sera situé mais on nous avise d'ores et déjà que l'endroit sera d'un kitsch assumé. Quant au Coconut Bar, à Trois-Rivières, et comme je le disais plus haut, il tient la barre depuis 1963 et vaut le détour.




Le saviez-vous? Le mot «Tiki» n'est pas un mot hawaïen.  «Tiki» est plutôt en référence au mythe Maori d'Aotearoa (Nouvelle-Zélande) qui raconte que le premier Homme a été créé par Tane. 



En terminant cet article je vous offre, en bonus, la recette du Mai Tai original de trader Vic. Vous allez voir, c'est simple à faire pis c'est pas mal bon. En passant, cette recette sert quatre (4) personnes. 

Ce qu'il vous faut:


  • 8 onces de rhum (préférablement du vieux jamaïcain)
  • 2 onces d'orgeat
  • 2 onces d'orange Curacao Holland DeKuyper
  • 1 once de sirop épais (mélangez deux parts de sucre, 1 part d'eau, faites bouillir puis laisser mijoter pendant cinq minutes. Enlevez du rond et laissez refroidir.)
  • Le jus de quatre (4) limes.
Mélangez tous les ingrédients et brassez ça comme s'il n'y avait plus de lendemain. Ajouter de la glace, l'écorce d'une demi lime et garnissez d'une feuille de menthe. Ta-daa!!

vendredi 15 juillet 2016

La belle d'Hawaï

Hawaï 5-0 est une série policière de télévision créée par Leonard Freeman, produite par le réseau CBS et qui a été diffusée de 1968 à 1980 ce qui, pour une série télé, est très long. Elle mettait en vedette Jack Lord, qui jouait le rôle d'un policier à la tête d'une équipe et qui comprenait entre autres Danny Williams, Chin Ho Kelly ainsi que Kono Kalakaua. 

La série a apporté son lot de clichés populaires dont le fameux «Book 'em Danno!» mais c'est surtout la séquence d'ouverture sur une musique de Morton Stevens qui est demeuré dans la mémoire populaire et qui en a fait un des génériques les plus reconnus de l’histoire de la télé. De l'avis de certains il s'agît du meilleur générique de l'histoire de la télé, que voici d'ailleurs:



On se souvient bien sûr de la fameuse vague du début (dont la séquence apparut aussi dans le film Surfari en 1967). Ce type de vague, parce qu'il y en a plusieurs soit dit en passant, s'appelle un «Banzaï Pipeline». S'ensuit un enfilade de séquences aériennes où l'on peut voir les plages qui s'étendent de Honolulu Harbour jusqu'à Waikiki et qui se termine par une vue de la tour Aloha. Puis vient l'apparition de l'acteur principal, Jack Lord, lequel se tient en haut de l'hôtel Hilikai. Cet hôtel, qui existe encore, a partiellement été converti en unité de condos. Ensuite, quelques séquences de voitures  en mouvement ainsi qu'une magnifique vahiné qui court sur la plage en enlevant son chapeau. La statue que l'on voit ensuite porte le nom de Lady Columbia et surplombe encore aujourd'hui le National Memorial Cemetery of the Pacific. Quelques plans de la belle vahiné, un jeune garçon (Mel Kinney) et ensuite une énergique danseuse hula (Helen Kuoha-Torco) dont la séquence est tirée d'un segment plus long qui fut tourné pour le pilote de l'émission. S'ensuivent les autres acteurs de la série, James MacArthur, Zulu et Kam Fong. Mais au travers tout cette séquence un personnage en a fasciné plus d'un, soit cette magnifique vahiné qui court sur la plage en ôtant son chapeau et que l'on revoit un peu après se tournant vers la caméra avec un regard à faire fondre. Mais qui est-elle au juste?





Il s’agit d’Elizabeth Logue, de son vrai nom Elizabeth Louise Malamalamaokalini White Logue est un hawaïenne née en 1941 et dont le nom hawaïen veut dire «soleil qui se lève au paradis». En 1959, alors qu'elle est âgée de seulement 18 ans, elle est couronnée Miss Air Force. En 1961 elle joue dans le film Odissea Nuda, du réalisateur italien Franco Rossi où un homme épuisé par la vie moderne se réfugie à Tahiti. Là, il fait la rencontre de magnifiques vahinés, dont la charmante Elizabeth, et le bonhomme en viendra à se demander s’il sera capable de quitter cette île que Gauguin trouvait si envoûtante. On a tiré de ce film la bande sonore et que l'on a publié en album 33 tours où Elizabeth figure sur la pochette.



En 1965 Elizabeth se retrouve sur la page couverture du magazine LIFE qui fait la promotion d’Hawaï dans son édition du 8 octobre alors qu’elle est photographiée sur l’île de Kauai, elle a alors 24 ans. Elle paraît de nouveau sur la page couverture de LIFE International dans son édition de novembre qui fait également la promotion des îles.

Un an plus tard elle renoue avec le métier d’actrice alors qu’elle  joue dans le film Hawaï et qui met également en vedette Julie Andrews, Max Von Sydow, Gene Hackman et Richard Harris.
Alors qu’elle travaille comme agent de réservation pour Hawaiian Air Lines, le journal à vocation touristique The Hawaiian Tourist News la fait paraître en première page d’une édition de 1967. D'ailleurs, lorsque le Hawaii Visitors Bureau fait produire un film promotionnel afin d'inviter les gens à venir visiter Hawaï, c'est de nouveau la belle Elizabeth qui y tient la vedette. Cette dernière était décidément la «poster girl» d’Hawaï. Ce n’est probablement pas pour rien qu’on l’a fait apparaître au générique d’Hawaï 5-0.





Autrement, peu de choses sont connues sur Elizabeth. Selon une ancienne collègue de l'université d'Hawaï et Manoa où elle a connu Elizabeth en 1959, elle la décrite comme étant très gentille et aussi très humble tant de sa personne que de sa beauté. Elle aurait éventuellement marié une certain George Logue pour ensuite aller vivre à Tahiti mais le mariage n'aurait pas duré. Par contre il y a eu cette rumeur qui longtemps circulé à l’effet qu’Elizabeth était décédée du cancer en 1988. Il s’agit d’une erreur, c’est tout simplement qu’on l’a confondue avec une actrice et danseuse du même nom qui se produisait souvent sur Broadway, Elizabeth Duggan, née Logue en 1932. Cette information a été confirmée par l'une de ses filles. Quand à la charmante jeune fille qui fait l'objet de cet article elle aurait décidé de se retirer de la vie publique et de vivre dans le plus strict anonymat.



Le saviez-vous? L’île de Kauai, où fut photographiée Elizabeth en 1967, a servi à tourner de nombreuses scènes extérieures du film Jurassic Park. Kauai présentait une géographie et un climat très similaire à l’île fictive d’Isla Nublar telle que décrite par Michael Crighton dans le roman.

mercredi 4 mai 2016

Le jour de La guerre des étoiles

Le 4 mai, et c'est comme ça depuis un bout, c'est la journée du film La guerre des étoiles. Aux z'États ils disent «May the fourth be with you», jeu de mot sur la célèbre phrase «May the force be with you». Le jour suivant, le 5 mai est désigné comme étant «Revenge of the fifith.». Dans un article précédent je vous ai raconté toute la frénésie qui englobait parfaitement le gamin de presque onze ans que j'étais lorsque j'ai vu le film sur l'écran du cinéma Champlain en 1977. Évidemment, comme tous les gamins qui avaient vu le film et qui avaient encore des étoiles dans les yeux, il avait été assez décevant de constater que les figurines des personnages du film étaient introuvables dans les magasins. Il y avait bien des trucs de la Guerre des étoiles; des livres d'histoire, à colorier, un disque narré qui racontait le film et autres choses du genre mais toujours pas de figurines. À Noël 1977 tout ce Kenner avait à offrir aux enfants était le fameux «Early Bird Certificate Package». 

Ce n'est finalement qu'au printemps de 1978 que les premières figurines sont arrivées sur les crochets des grands magasins. J'étais fou comme un balai lorsque je les ai enfin aperçues pour la première fois à l'immense Woolco du Centre Langelier, dont la section des jouets était très impressionnante. Pas besoin de dire à quel point j'en ai voulu de ces figurines-là! Ma mère avait bien du mal à saisir tout ce charabia de science-fiction où Star Wars, Star Trek, Cosmos 1999 et autres se ressemblaient tous à la fin mais toutefois elle est très bien parvenue à saisir toute l'excitation qui m'habitait en voyant les fameuses figurines qui, tranquillement, faisaient aussi leur chemin dans les chambres de mes amis. Et, peu à peu, elles sont arrivées dans la mienne où, on le devine, je n'ai pas perdu de temps à passer du temps avec. Plus tard, à mon anniversaire, le Jawa et l'Homme des sables sont venus s'ajouter à celles que j'avais et, au début de 1979 j'avais la collection complète des vingt figurines. Je me suis acheté ultérieurement deux autres figurines en 1980, soit Bossk et Boba Fett et ont été les dernières. À ce moment-là mes intérêts avaient commencé à changer et les jouets de La guerre des étoiles cédaient lentement leur place à autres choses, comme les jeux vidéos et le dessin, que je commençais alors à prendre un peu plus au sérieux. 

Par contre j'avais pris soin de placer mes figurines tant convoitées dans une boîte avec d'autres bébelles et cette boîte s'est retrouvée enfouie dans mes affaires pendant de nombreuses années. Aujourd'hui mes figurines trônent dans mon salon où elles ont visiblement bien endurées les affres du temps, sauf R2-D2 et R5-D4 dont les étiquettes papier avaient eu la vie dure, et que j'ai restauré à leur apparence d'origine. 












Le saviez-vous? Certaines figurines de La guerre des étoiles peuvent aujourd'hui transiger à des prix assez élevés. De quelques centaines à plusieurs milliers, tout dépendant de la figurine, de sa rareté et de son état. En 2015 une figurine de Luke Skywalker a trouvé preneur pour $25,000 dans un encan Sotheby's. Pas mal pour des figurines qui se vendaient quelques dollars seulement à l'époque. 

mardi 29 mars 2016

Les jouets en fer blanc

Les jouets en fer-blanc ne datent pas d'hier. Ils sont apparus au début de le seconde moitié du 19è siècle en Allemagne et, une fois fabriqués avec ce matériau ils étaient peints à la main par des artisans. Pas besoin de dire que le succès a été instantané. Un peu plus tard on a installé dans certains de ces jouets des petits mécanismes qui permettaient alors des petits mouvements mécanisés quelconques qui faisaient la joie des enfants. 

Un peu avant le 20è siècle on a élaboré une nouvelle technique permettant d'imprimer des motifs directement sur la tôle en utilisant le procédé lithographique dit «offset». Un fois les motifs imprimés sur les plaques, celles-ci étaient envoyés sous une presse qui leur donnait leur forme finale. Il ne restait plus qu'a assembler les composantes, à l'empaqueter et ils étaient prêt à partir pour les boutiques de jouets. L'Allemagne a été un très grand producteur de jouets en fer-blanc avec des compagnies solidement établies comme Bing, Fleischmann, Ghuntermann, Marklin et Lehmann, laquelle exportait plus de 90% de sa production. 

Un des pays où étaient expédiées ces exportations était le Japon et l'arrivée massive de jouets allemands de grande qualité a motivé certaines compagnies japonaises, comme Meiji et Taisho, à emboîter le pas. Il a toutefois fallu un certain temps pour l'industrie japonaise parvienne à un rythme de production appréciable mais un fois la cadence atteinte, le Japon a carrément éclipsé l'industrie allemande et la liste de compagnies japonaises qui fabriquaient des jouets en fer-blanc s'est rapidement allongée. Les États-Unis n'étaient pas en reste puisque leur production de jouets en fer-blanc a décollé au moment où des mines en Illinois on alors fourni aux compagnies des quantités phénoménales de matière première. Les jouets américains n'ont toutefois pu connaître leur essor qu'après la Première guerre, alors que le sentiment anti-Allemand était très fort. La plus grosse et la plus populaire des compagnies américaines dans ce domaine était bien entendu Louis Marx & Co., compagnie importante sur laquelle je reviendrai un jour. 

La Seconde guerre, comme on le sait, a temporairement mis un frein à toute cette industrie mais dès le conflit terminé le Japon a repris la production, offrant cette fois des catalogues extraordinairement variés qui comprenaient des camions, des trains, des fusées, des robots, des bateaux et bien d'autres. Ceux qui étaient destinés au marché américain portaient cependant la mention «Foreign» afin de rendre les relations commerciales plus aisées. L'inscription «Made in Japan» est arrivée plus tard. Au milieu des années 50 les jouets en fer-blanc japonais ont commencé à intégrer des petits circuits électroniques modestes qui permettaient de produire des sons et des jeux de lumières qui, on le devine, passionnaient les enfants. Quelques années plus tard près de 60% des jouets exportés par le Japon étaient en fer-blanc et dont voici quelques exemples.










Tout enfant ayant grandi dans les 50 et 60 a certainement eu en ses mains au moins un de ces jouets japonais. Aussi, ils n'étaient pas vraiment dispendieux et on pouvait les trouver à peu près partout. Ici à Montréal on pouvait compter sur les gros joueurs comme Simpson's, Zellers, La Baie, Eaton et autres mais aussi dans ces magasins de jouets de quartier comme le Bric à Brac sur la rue Ontario et qui existe encore. D'autres magasins, comme les fameux 5-10-15, ancêtres des magasins à $1, en tenaient toujours une bonne quantité en inventaire. Tenez, me voici durant les années 60, sur le balcon arrière et visiblement heureux de pouvoir m'amuser avec une voiture de police Cadillac motorisée avec gyrophares clignotants. 


Les années 60 ont cependant marqué le glas de l'industrie japonaise des jouets en fer-blanc, motorisés ou non, en raison de l'arrivée massive des jouets en plastique, plus durables et surtout, beaucoup moins coûteux à produire, sujet dont il sera également question un jour. Par contre ce n'est pas parce que l'industrie japonaise du jouet en fer-blanc s'est tournée vers autre chose que le créneau est demeuré vide pour autant. En fait c'est la Chine qui s'est alors mise à produire des jouets en fer-blanc. Un autre sujet que je creuserai éventuellement. 

Il y a de cela quelques années, au hasard d'une vente de garage découverte sur mon chemin, je suis tombé sur un petit bijou de jouet en fer blanc, en occurrence une magnifique locomotive motorisée de dimensions appréciables. Elle avait préalablement achetée aux États-Unis lors de la fermeture d'une vieille boutique de jouets et la locomotive faisait partie d'un lot demeuré invendu, c'est donc dire que la locomotive n'a pratiquement jamais été sortie de sa boîte, sinon très peu. Le monsieur a vu mon émerveillement et mon enthousiasme me la gentiment laissée pour quelques dollars seulement. 

En revenant chez-moi j'ai évidemment admiré cette magnifique prise et je n'ai pas pu m'empêcher d'y insérer trois piles "D" pour ensuite faire glisser le bouton de mise en marche. Quelle n'a pas été ma surprise de constater que la locomotive fonctionnait parfaitement. elle avançait, reculais et tournait de façon aléatoire tout en faisant un bruit de sifflet. quant au mécanicien il se dandinait de gauche à droite comme pour voir où il allait et la chaudière s'allumait d'un rouge vif. 

Regardons-y de plus près.

Comme on peut le constater, les couleurs appliquées sur le métal sont encore bien vives.  

Les roues ne tournent évidemment pas, elles ne font figure que de décoration. L'agencement des roues imprimées, soit deux roues de guidage avant, huit roues motrices ainsi que quatre roues porteuses arrières nous indique qu'il s'agit d'une locomotive de type «Berkshire», une locomotive au design ingénieux qui a connu un très bon succès sur les rails. Google Images en donne de très bons exemples. Toutefois, on a opté de peinturer la locomotive de couleurs vives et éclatantes, ce qui n'est pas sans rappeler, par exemple, la fameuse locomotive à vapeur «Daylight». On aperçoit toutefois, en-dessous, les deux roues qui sont montées sur un pivot et qui permet à la locomotive de tourner dans un sens comme dans l'autre. Elles servent également de roues motrices pour faire avancer.  

On note des détails intéressants comme les rampes de chaque côté. Sur les vraies locomotives ces rampes permettaient au mécanicien et autres de pouvoir s’agripper lorsqu'il devait monter sur la locomotive. Le devant de la bouilloire comprend également une belle reproduction imprimée des nombreux écrous ainsi que des gonds qui permettaient d'ouvrir le devant de la bouilloire. Ce qui n'est évidemment pas le cas sur ce jouet.  

Ah, et voici le mécanicien de la locomotive bien penché pour voir où il s'en va. En réalité, le mécanicien était celui qui opèrait la locomotive et sa place était à droite. À gauche se trouvait le chauffeur, soit celui qui faisait «chauffer» la chaudière soit avec du charbon ou de l'huile lourde dite «bunker». Le trme «chauffeur» est toutefois demeuré pour identifier ceux qui conduisent des autobus et des camions. Ici toutefois notre mécano semble assez compétent et expérimenté pour tout faire toute seul. Faut dire aussi qu'il n'a pas à se promener sur les rails ni à obéir aux nombreuses restrictions ferroviaires. Un salon ou une chambre d'enfant c'est beaucoup plus simple. Et plus sécuritaire aussi.  

Modern Toys aurait pu se contenter d'une simple cheminée imprimée mais on a opté d'en faire une plus vraie. Sur une locomotive à vapeur c'est de cette cheminée que s'échappent les gaz de combustion provenant de la chaudière ainsi que la vapeur expulsée des piston, cette dernière produit un effect de succion qui aide à aspirer les gaz de combustion en question. On l'a ici peinte d'un beau rouge attrayant. 

Comme mentionné plus haut, voici la chaude lueur de la chaudière. Lorsque le jouet est en fonction la lumière à l'intérieur clignote afin de véritablement donner l'impression d'un feu qui brûle. 


Ce que l' on voit ici sont les tuyaux qui sont connectés à un réservoir de sable. Ces tuyaux descendent vers le bas et s'arrêtent devant les roues motrices. Si les rails sont mouillées ou enneigées ou que la locomotive nécessite une traction supplémentaire, le mécanicien activait un levier qui faisait jaillir du sable devant les roues motrices, aidant ainsi ces dernières à mieux saisir les rails et à moins glisser. La véritable locomotive Berkshire possédait généralement six de ces tuyaux de chaque côté. 

Et voici la boîte originale où la locomotive est bien reproduite, incluant le mécanicien qui se penche. C'est au coin inférieur droit qu'apparaît le logo du fabricant soit Modern Toys. sur le côté, qu'on ne voit pas ici, se trouve l'étiquette de prix; $4.97. Voici d'ailleurs un petit vidéo que j'ai tourné et où on voit la locomotive en action. faut excuser le mouvement un peu lent, les piles que j'ai insérées approchent l'âge de la retraite. 




Le saviez-vous? Aujourd'hui si la Chine continue toujours de produire des jouets en fer-blanc et de les vendre à prix raisonnable, ceux fabriqués au Japon durant les années 50 et 60 sont ceux que les collectionneurs pourchassent avec beaucoup d'énergie et, selon la condition, certains items peuvent commander des prix assez surprenant, allant de quelques dizaines pour ceux ayant du «vécu» à plusieurs centaines et parfois plus pour les modèles rares encore intacts dans leurs boîtes. 

   

samedi 20 février 2016

Une chambre d'époque


Voici ce qu’il conviendrait d’appeler une chambre typique de garçon de l’époque. À peu de choses près cette chambre aurait pu être la mienne, mis à part les partitions de musique et les murs parfaitement blancs. Sur cette photo le garçon semble fort occupé à regarder quelque chose dans un microscope, comme je le faisais souvent avec le mien. Un bout de tissu, une pièce de monnaie, un bout de cheveux ou encore les spécimens sous lames de verre qui étaient compris avec le microscope. Il se trouve aussi sur le bureau des soldats de plomb que le garçon a peut-être peinturluré lui-même. Personnellement je préférais ceux tout en plastique, moins coûteux et plus faciles à remplacer en cas d'accident. On y voit aussi un kit de chimie de Gilbert’s, très populaire dans ce temps-là.

Sur la tablette du haut on peut voir un sous-marin ainsi qu’un destroyer de la Seconde guerre, fort probablement de la compagnie Revell. Plus à droite il se trouve un squelette de dinosaure (mauvaise posture anatomique) ainsi qu’une figurine Marx, possiblement de la série Nutty Mad. C’est toutefois sur la tablette du milieu que les choses deviennent intéressantes; l’œil attentif aura tout de suite remarqué quatre modèles de monstres Aurora soit, de gauche à droite, la Momie, Dracula, Doctor Jekyll and Mister Hyde ainsi que King Kong. Sur la tablette du bas règne le roi des monstres, Godzilla. Et comme on ne voit qu’une partie de la chambre on peut certainement supposer qu’il se trouve d’autres monstres ailleurs, peut-être Frankenstein, le Prisonnier oublié ou encore la Créature des marais. 

C'était bien entendu une autre époque, celle où l'internet, les consoles de jeux et les ordinateurs étaient encore bien loin d'envahir nos demeures. Jouer, découvrir le monde dans des encyclopédies, échanger des Matchbox, s'inventer des mondes avec une simple boîte de réfrigérateur vide était notre quotidien. C'était aussi la plus belle période de notre vie, sans que l'on ait la sagesse de s'en rendre compte. 




Le saviez-vous? Les modèles Aurora, qui ne sont plus sur le marché depuis longtemps, continuent d’être très populaires pour les hommes de ma génération et les modèles encore scellés dans leur pellicule de plastique peuvent parfois commander plus de cinq-cents dollars et parfois même au-delà.


mardi 19 janvier 2016

Monsieur Tranquille

Est-ce que monsieur Tranquille, Lesley de son prénom, (la poignez-vous?) a encore besoin de présentations? Bon, pour le bénéfice des plus jeunes générations allons-y donc avec une brève introduction. Allons-y tout de même, si vous le voulez bien. 

En 1975 donc, Télé-Métropole (canal 10 au cadran ou 7 sur le câble et ancêtre de TVA) diffuse une émission pour enfants appelée Patof raconte et créée par Gilbert Chénier, Patof étant bien entendu ce clown russe interprété par l’excellent Jacques Desrosiers. Agissant à titre de bruiteur se trouve, hors-caméra, Roger Giguère et que Patof désigne comme étant monsieur Tranquille.


Un an plus tard Éric Mérinat et Daniel Tremblay créent la marionnette de monsieur Tranquille, représenté comme un vieux monsieur à lunettes et à la calvitie galopante. La marionnette est bien entendu manipulée par Roger Giguère qui lui prête aussi sa voix. Monsieur Tranquille enregistre alors pour endisquer un 33-tours; Faut pas m’chercher, lequel se vend à plus de 40,000 exemplaires. On y retrouve entre autres des chansons qui sont devenues très populaires comme Madame Thibault, Ça va pas dans l’soulier, Faut pas m’chercher, ces deux dernières devenant même des expressions qui sont entrées dans le patois des Québécois.


En 1977 on en profite aussi pour lancer sur le marché une marionnette à l’effigie de monsieur Tranquille, un peu comme l'avait fait Radio-Canada quelques années auparavant avec Bobinette ainsi que Nic et Pic. La fabrication est confiée à l’entreprise taïwanaise Entreprises NSB et les Promotions Atlantique s’assurent de la distribution. Il y a de cela un certain temps j’ai eu la chance de dégoter une de ces marionnettes dans une brocante. En parfait état et ne montrant pratiquement aucun signe d’usure, je n’ai pas eu besoin de me faire prier pour l’acquérir.






Le saviez-vous? Malgré le grand succès du personnage, la carrière de monsieur Tranquille aura tout de même été de courte durée. En 1978 son émission Le monde de monsieur Tranquille, loin d’obtenir du succès, est retirée des ondes à la mi-saison et monsieur Tranquille disparaît alors du paysage. 

vendredi 25 décembre 2015

Du hockey pour Noël 1972

Veille de Noël 1972. Cette journée-là, assez brumeuse au demeurant, pas d’école forcément puisque c’est un dimanche. La température, assez douce, a fait que j’ai passé pratiquement tout mon temps dehors, dans la cour à me creuser un fort dans l’épaisse couche de neige. Lorsque je suis rentré à l’heure du souper mon «suit» de ski-dou à lui seul pesait une tonne tellement il était mouillé.


Ça, c'était avant de sortir dehors.

J’étais assez fébrile, et pour cause, puisque je savais que j’allais déballer tous mes cadeaux à minuit (ou aux environs) en présence de la parenté. Malgré tout, pas d’exception pour le dodo et à huit heures j’étais sous la couette. Je ne sais pas comment j’ai pu faire mais je me suis finalement endormi. Clac!

Puis, je me suis fait réveiller par mon père. Parfaitement dans les vapes, j’avais quelque peu oublié l’occasion pour laquelle on me sortait comme ça de mon sommeil, et surtout, de mon lit bien chaud. Tout m’est revenu lorsque j’ai entendu tout le brouhaha provenant du salon. Mon père m’a pris dans ses bras en me disant qu’il y avait une surprise qui m’attendait. C’est vêtu de mon pyjama Patof et les cheveux tout à fait ébouriffés que j’ai découvert cela à l’entrée du salon :


Évidemment mon style parfaitement hirsute détonnait quelque peu d’avec toute la parenté, bien endimanchée qu’elle était mais moi, pour être bien honnête, ça faisait fichtrement mon affaire. Donc, voilà, j’avais sous les yeux un magnifique jeu de hockey Coléco que mon père et mon oncle avaient patiemment assemblé pendant que je ronflais. Fallait le faire. Pas besoin de dire que j’étais content. Quel gamin ne l’aurait pas été. Le jeu, dans son ensemble, avait de quoi impressionner et pour cause. Si la plupart des jeux de hockey se jouaient sur une table, le mien possédait ses propres pattes. Au-dessus de la patinoire, une arche supportait le panneau de jeu dans lequel il fallait glisser la rondelle pour les mises au jeu. Les côtés étaient décorés des équipes de la LNH de l’époque, alors beaucoup moins nombreuses qu’aujourd’hui. Il y avait même une baie vitrée qui, sans avoir de réelle utilité, ajoutait une petite touche de réalisme. Même la boîte avait un petit quelque chose d’excitant avec ses illustrations dynamiques. Ce sont là des cadeaux que l'on n'oublie pas de sitôt au point où on leur laisse encore une place d'honneur au salon.






Coléco, fabriquait à l’époque toute une série de jeux sportifs qui comprenait aussi le basket-ball et le football. Certains de ces jeux se jouaient sur table et d’autres, comme le mien, étaient montés sur leurs propres pattes. Ces jeux étaient tous fabriqués à partir de l’usine qui se trouvait alors au 4000 de la rue St-Ambroise, dans le quartier St-Henri, tout juste sur les abords du canal Lachine. Même si Coléco n’existe plus depuis 1989 le bâtiment quant à lui est toujours là et semble avoir majoritairement conservé son apparence d’origine.



Le saviez-vous? Coleco a commencé son existence en 1932 en tant que Connecticut Leather Company et commercialisait à l’époque des kits d’artisanat pour le cuir. Le plastique et les jeux ne sont arrivés que plus tard, durant les années 60.