Quelque
part au mois de juin. Peut-être 1972 ou 1973. L’école est finie.
Plus de classes, plus de devoirs ni de leçons. Devant, y’a le
grand tapis des vacances qui se déroule comme ça jusqu’à la fin
de août. Deux mois et des poussières où chaque journée est une
nouvelle aventure, où chaque sandwich avec chips est un banquet, où
chaque moment passé avec les amis dehors est précieux comme l’or.
Pas de farniente par contre, ça non. Se lever plus tard que sept
heures du matin relève du pur gaspillage de temps de vacances. Du
temps qui ne reviendra pas. Toutefois, les vacances sont pour les enfants car les adultes eux, doivent continuer d'aller travailler.
Cet
avant-midi-là, pendant que les parents bossent, je me trouve chez mes grands-parents dans la cuisine alors que ma grand-mère a les
deux mains dans le lavabo et je l'observe avec attention. De dehors y’a cette brise chaude et
agréable qui souffle alors que l’on entend le bruit
caractéristique des cordes à linge qui se font aller et l'écho des voisines qui s'échangent les derniers potins. Une fois la vaisselle terminée ma grand-mère s’apprête
à jeter la bouteille de savon vide aux poubelles.
Non
non non!! Que je dis à ma grand-mère en la suppliant, la main tendue. Son
regard résolument dubitatif passe de moi à cette bouteille vide
puis me regarde encore. Elle réalise alors que c’est pour ça que
je me tenais là près d’elle mais ne comprend pas ce qui peut être
digne d’intérêt. Il ne s’agit, après tout que d’une vulgaire
bouteille de savon à vaisselle vide. Toujours sans trop comprendre
le pourquoi du comment elle me la tend et moi je la prends comme si
c’était un lingot d’or pour ensuite disparaître dehors dans un
nuage de boucane avec ma précieuse dans la main. En-bas dans la cour, j’ouvre le robinet auquel est vissé le boyau d’arrosage et
entreprend de bien rincer la bouteille. J'en profite pour prendre quelques bonnes gorgées.
Dans la cuisine ma grand-mère ouvre la porte d’armoire, prend une
nouvelle bouteille et la regarde en se demandant bien ce que son
bizarre de petit-mioche peut bien trouver d’intéressant là-dedans.
Pour
mes amis et moi la question c’était autre chose. Est-ce que
c’était leur forme? Les couleurs pastel jaune, rose ou turquoise
dans lesquelles elles étaient moulées? Le relief? Les motifs? Leur
design particulier? Qu’importe. Ce qu’on savait pour sûr c’est
que contenir du savon à vaisselle n’était qu’une fonction bien
temporaire qui n’avait que bien peu à voir avec les multiples
usages que l’on réservait à ces bouteilles-là!
Ainsi,
par exemple, elles complémentaient parfaitement les boîtes de
réfrigérateur vide qu’on avait le bonheur de trouver dans la
ruelle et qui, une fois bariolées de cadrans et de hublots crayonnés
au feutre, devenaient des capsules spatiales. Les bouteilles de savon
se transformaient en réserves d’eau potable pour nos lointaines
explorations car les mondes lointains en étaient dépourvus, on le
savait bien. Les rudes prospections de planètes étranges ça
donnait soif. Les éructations à saveur de savon à vaisselle
étaient simplement dues à l’atmosphère.
À
d’autres occasions, lors de chaudes journées d’été, même les
dernières que l’on tâchait d’étirer avant le retour en classe,
elles servaient simplement à nous arroser mutuellement. Pourquoi
prendre des pistolets à eau anémiques qui ne tiraient pas plus loin
que le bout de notre nez et qui se vidaient en deux coups alors que
l’on pouvait compter sur une pleine bouteille. C’était aussi
bien pratique pour faire de la bouette dont on se servait pour faire
des pâtés comme à la plage. Pour nettoyer les Matchbox aussi
c’était pratique.
Après
moult usages elles se retrouvaient ensuite dans le fin fond de la
cour ou sur le rebord de la fenêtre de la cave, attendant que l’on
s’en serve encore. Et si elles se brisaient au point où elles ne
pouvaient plus contenir d’eau on les alignait sur une planche de
bois soutenue par quelques briques et devenaient alors des cibles
pour nos fusils à ventouses de caoutchouc. Ce n’est qu’après
tout cela qu’elles se retrouvaient aux poubelles. C’est à ce
moment-là que ma grand-mère, en faisant la vaisselle, se retrouvait avec
un petit-fils à ses côtés et qui demandait s’il en restait encore
beaucoup dans la bouteille.
Exemple présentoirs Mir que l'on retrouvait dans certains marchés d'alimentation. C'est tiré d'une publication destinée aux marchands afin de promouvoir et mousser (...) les ventes. On pouvait les acheter à l'unité, en paquet de deux, quatre ou six.
Puis
est arrivé le jour où ces fameuses bouteilles sont complètement
disparues sans que l’on ne sache trop pourquoi. On s’est bien
trouvé autre chose pour remplacer mais ce n’était pas la même
chose. Si vous avez grandi dans les années 60 et 70 alors les
chances sont bonnes pour que vous puissiez vous rappeler ces fameuses
bouteilles, disparues du marché depuis bien longtemps. J'ai la chance d'en avoir quatre dans ma petite collection, chacune de couleur différente et je crois que c'était les couleurs disponibles.
On note les couleurs encore très vibrantes ainsi que le modèle en jaune qui prédate les trois autres. Je l'utilise quotidiennement comme bouteille de savon à vaisselle, d'où la présence d'un peu de savon sur le bouchon. Autre fait intéressant, elles ont toutes un bouchon différent.
Le
saviez-vous? Il existe en Europe une marque de savon à vaisselle
Mir, laquelle est détenue par Henkel mais qui n’a aucun lien avec
le Mir qui fut vendu au Québec car celui-là était fabriqué par Myriad
Détergents.
Comment une simple bouteille de savon à vaisselle peut devenir un souvenir qui reste à jamais. C'est vrai..toujours quelque chose d'intéressant.
RépondreEffacerN'est-ce pas? :)
EffacerMerci beucoup!
Pluche
Vous semblez avoir sensiblement le même âge que moi (je suis né en 1967) et moi aussi j'ai le même souvenir nostalgique de ces bouteilles puisque mes amis et moi on faisait la même chose. Merci de m'avoir fait replonger dans mon enfance.
RépondreEffacerStef
Heureux de vous avoir aidé à patauger de nouveau dans ces merveilleux souvenirs de notre enfance.
EffacerPluche
MIR!!! On cherchait justement le nom de cette marque de savon la semaine dernière durant un repas. Merci!!!!!
RépondreEffacerIsa
Le hasard fait parfois de bien drôles de choses alors bien content que ce petit article ait pu vous aider!
EffacerPluche
Il se vendait en paquet de 2 bouteilles. J'allais faire le marché avec maman et elle me laissait choisir mon emballage favori!!! Quelle chance d'en avoir un exemplaire!
RépondreEffacerJe me souviens très bien de ces paquets «duo», en turquoise, jaune ou rose. Je me compte effectivement chanceux d'avoir pu en retrouver une si ce n'est pour tous les souvenirs rattachés après.
EffacerPluche
Est-elle a vendre?
RépondreEffacerMalheureusement non. Désolé.
EffacerPluche
oui moi a vendre rose
EffacerMoi aussi j'en ai une...Son bouchon est craquelé...Je lui ai trouvé un autre usage...
RépondreEffacerhttps://www.facebook.com/photo.php?fbid=10154059862204518&set=gm.1015738611839387&type=3&theater
Dommage, votre lien Facebook ne fonctionne pas.
EffacerPluche
Bonjour
RépondreEffacerJe possède deux de ces bouteilles avec bouchons, une blanche et une jaune. Mon père à été une des premiers représentants de la compagnie Myriad détergent (Savonnerie Bourbeau)à Québec. J'ai grandi avec Mir, j'en ai de très bons souvenirs
Jacques
Et si vous voulez les vendre, ne m'oubliez pas! :)
EffacerPluche
Quel beau souvenir!
RépondreEffacerMerci!
En France Mir est toujours dans les magasins mais sous la forme des bouteilles jaunes Vim ici.
RépondreEffacerDe mon côté, je cherche tout ce qui se rapporte à Savon Majestic de Montréal. Le savon à vaisselle s'appelait Jet (bouteille rose) Et Mir était un compétiteur féroce loll. . Majestic fondée par mon grand-père en 1916. Si vs en avez, faites moi signe, merci bcp. Les marques de commerces étaient principalement: Jet, Majestic, Venus, Vedette, Lav-Net et Joker. denis.2061@hotmail.com
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