Photo
aérienne de la rue Sherbrooke dans l’est prise vers 1959. C’est
une photo que je trouve particulièrement intéressante parce qu’on
peut voir comment était la trame urbaine de l’époque et de quelle
façon le développement immobilier a changé le paysage. Petit tour
guidé, donc, de ce petit secteur.
A :
L’hôpital Maisonneuve. Tel qu’on le voit au moment où la photo
a été prise, cet établissement fondé par les sœurs grises, n’est
âgé que d’à peine cinq ans. Il s’y trouve une école pour
infirmières ainsi que l’Institut de cardiologie.
B :
L’hôpital St-Joseph quant à lui a été construit en 1950 par les
Sœurs de la Miséricorde. On y soigne surtout les tuberculeux. Les
deux institutions hospitalières seront fusionnées en 1971 et
prendront alors le nom qu’on leur connaît encore aujourd’hui :
l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
C :
Le boulevard l’Assomption. En 1959 cette artère débute à la rue
Sherbrooke et ce n’est que quelques années plus tard qu’elle
joindra la rue Hochelaga, plus au sud. Pour l’instant il ne se
trouve que bien de choses de part et d’autre hormis l’hôpital.
Les premières habitations débutent au boulevard Rosemont. Face à
l’hôpital toutefois on a déjà tracé et construit quelques
avenues qui portent des noms d’arbre; des Tilleuls, des Sapins, des
Bouleaux et des Saules. On y a construit certaines maisons flirtant
avec le mouvement Mid-century et dont certaines existent encore. Ce
développement fait partie d’un ensemble urbain plus large appelé
Cité-Jardin, délimité à l’est par le boulevard L’Assomption,
au nord par le boulevard Rosemont, à l’ouest par la rue Viau et au
sud par le terrain de golf. Cité-Jardin se veut un concept tout à
fait novateur où l’on mise, entre autres, sur des particularités
intéressantes comme par exemple une végétation abondante,
constituée de nombreux arbres mais aussi, comme le nom l’indique,
de jardins. Ceci dans le but de fournir un air pur à ses résidents
qui compte Jean Drapeau.
D :
Le boulevard Rosemont commence alors à se développer mais au-delà
de Lacordaire c’est carrément la campagne. À l’est ce n’est
plus un boulevard proprement dit mais on peut tout de même y rouler
jusqu’à l’actuelle rue de Carignan mais ce n’est qu’un
chemin de terre poussiéreuse à la fin duquel se trouve là un
immense boisé. Le développement immobilier de ce secteur va surtout
se faire vers la seconde moitié des années 60.
E :
Petite butte sans prétention qui fait partie du terrain de golf
municipal. Rien ne sera construit à cet endroit avant l’obtention
des XXIe Olympiades. À ce moment-là c’est cet emplacement qui va
recevoir le fameux Village Olympique, œuvre des architectes Roger
D’Astous et Luc Durand.
F :
Le terrain de golf municipal est coupé par la rue Viau mais dans
quelques années la portion ouest sera transformé en parc où l’on
va aménager un réseau de pistes cyclables, long de quelques 2
kilomètres, et que l’on peut encore emprunter aujourd’hui. C’est
le futur parc Maisonneuve.
G :
Dans ce petit ensemble de bâtiments commerciaux on retrouve le
restaurant Le Réveillon, le lounge
Le Boudoir ainsi que le motel Le Lucerne, trois établissements qui
ont connu des très belles années de gloire mais qui n’ont pas
survécu jusqu’à nos jours.
H :
Voilà la rue Dickson qui débute, loin au sud, à la rue Notre-Dame.
Elle perd toutefois son nom un peu avant le boulevard Rosemont où
elle devient alors le boulevard Lacordaire. Du côté est des
habitations de style duplex semi-détaché sont construites et les
terrains vacants que l’on voit, près de la rue Sherbrooke, vont
être occupés au début des années 70. Ces maisons encore là de
nos jours.
I :
Ce qui ressemble à un sentier-raccourci entre le boulevard
l’Assomption et Dickson est en réalité l’ancienne voie ferré
du Canadian Northern, et qui fut amalgamé au Canadien National en
1918. Au sud de Sherbrooke, à l’ouest de l’Assomption, se
trouvait là un roundhouse
pour y loger les locomotives de la compagnie. Au moment où la photo
fut prise le roundhouse
existait toujours mais la voie ferrée était abandonnée depuis un
bon bout.
J : Cité Jardin, un aménagement de maisons urbaines unique en son genre dans l'est de Montréal. Arbres, espaces verts, sentiers... C'est presque la campagne en ville. C'est aussi là qu'habite le maire de Montréal Jean Drapeau. Au moment où la photo a été prise le développement se poursuivait. Le terrain de golf va toutefois rester mais la portion qui se trouve au parc Maisonneuve sera ultérieurement éliminée.
K :
Ah, voilà le Foyer Saint-Édouard, alors construit depuis à peine
deux ans sous l’égide des Petites Sœurs des Pauvres, dont les
premières représentantes sont arrivées au Canada vers 1887. C’est
en 1967 que la résidence, entièrement vouée aux soins des
personnes âgées, prend le nom de Ma Maison St-Joseph. Le bâtiment
existe encore.
L :
Le restaurant A&W (dont je vous parlais dans
cet article) et qui était très populaire. On peut noter le
stationnement en diagonale et le terre-plein où se trouvaient les
bornes-menus.
M : Lot qui sera occupé par le concessionnaire Lepage Automobiles, alors spécialisé dans la vente
de voitures usagées. Le bâtiment avec toit en pente n’était
pas encore construit, ce qui se fera dans les années 60. Le
concessionnaire n’existe plus aujourd’hui et l’édifice est
aujourd’hui occupé par le restaurant Jardin Tiki. Par contre, au
moment d’écrire ces lignes, il semble se trouver dans la mire de
promoteurs qui, je crois, veulent le raser pour ériger une résidence
pour personnes âgées alors si vous voulez encore plonger dans
l’atmosphère exotique du restaurant, aussi bien le faire bientôt.
N :
Station-service Downing. C’était bien entendu l’époque où une
voiture qui arrivait roulait sur un tube de caoutchouc et qui faisait
sonner une cloche dans le garage, avertissant les employés. Ici, pas
question de sortir de l’auto car on s’occupait de tout; plein
d’essence, vérification de l’huile (Y
vous manque une pinte capitaine!)
et pression des pneus ainsi que «nettoyage» du pare-brise.
O :
Résidence des pères Montfortains dont le sactuaire
Marie-Reine-des-Cœurs, que l’on ne voit pas, vient tout juste
d’être construit sur la rue Sherbrooke.
P :
Pépinière publique qui couvrent une superficie appréciable. Elle
est bordée au sud par le rue de Jumonville, à l’ouest par le rue
Duquesne, au nord par le futur boulevard Rosemont et à l’est par
la rue de Carignan. Vers la fin des années 60 la portion nord sera
aménagée du par cet de l’école secondaire Louis-Riel. La partie
sud demeurera une pépinière jusqu’au début des années 80 alors
qu’on va y construire un ensemble d’habitations dotées de beaux
espaces verts. On retrouve, tout juste au sud, l’avenue et la place
de la Pépinière, lesquelles rappellent l’ancien jardin
communautaire.
Q :
Futur emplacement de l’école secondaire Louis-Riel. Bien qu’elle
fasse partie du réseau public de la CECM (actuelle CSDM) elle
imposait le port de l’uniforme à tous les étudiants, lesquels
étaient régis par un code de vie strict. L’uniforme a été
retiré vers le milieu des années 70 mais l’interdiction du port
de pantalons jeans et souliers de course a été maintenue pendant
bon nombre d’années.
R :
Cimetière de l’est, dont le terrain va de Sherbrooke à Beaubien.
Il était alors considéré comme le cimetière des pauvres. On le
connaît aujourd’hui sous le nom de Repos St-François-d’Assise
et comporte plusieurs mausolées. À la fin des années 60 on y a
accueilli les corps provenant du cimetière du village de
Longue-Pointe que l’on a exproprié, entre autres choses, pour la
construction du pont-tunnel Lafontaine.
S :
Future rue Beaubien. Le tracé est là mais il ne s’y trouve encore
rien. Par contre, au milieu des années 60, ça va se développer à
la vitesse grand V; habitations, petits centre commerciaux et
restaurants.
T :
Future rue Bélanger qui elle aussi va connaître un boom immobilier
important au tournant des années 60-70. Par contre, à cet endroit,
le tracé du boulevard Lacordaire sera quelque peu changé et va
bifurquer vers l’ouest.
Pour
le reste, comme on peut le voir, le paysage n’est que boisés et
plaines. Au niveau du développement urbain tout est à faire mais,
plutôt que d’y aller de façon posée et réfléchie avec la
qualité de vie des citoyens en tête, on va assister à une
urbanisation agressive. Au nord-ouest de la photo, et parfaitement
invisible, cette abomination qu’est le boulevard Métropolitain est
presque terminé mais ne se rend pas très loin, pour l’instant,
dans l’est. Ça se fera en 1966 lorsque l’autoroute se rendra
jusqu’à Langelier. S’ajouteront peu après les Galeries d’Anjou
ainsi que les réseaux d’autoroutes et le parc industriel. Beaucoup
de changements pour un secteur qui, peu de temps avant, était une
véritable campagne d’air pur et de fermes.
La
photo, comme on peut le constater, a visiblement été prise durant
l’été or, qu’est-ce qui retient l’attention à ce moment-là?
Tout d’abord il y a l’inauguration de la Voie maritime du
St-Laurent par la reine Élizabeth II ainsi que le président
américain Dwight Eisenhower. L’ouverture de cette voie sonne le
glas de Montréal comme terminal portuaire, celui-ci se trouvant
dorénavant à Toronto. Durant l’hiver de ’59 il y a eu une grève
des réalisateurs à Radio-Canada qui ont alors été fortement
appuyés par le journaliste René Lévesque. Or, au mois de juillet,
ce dernier voit son émission, Point de mire, être cavalièrement
retirée des ondes. Plusieurs y voient une forme de vengeance de la
part de la Société d’état. Moment d’émotions fortes pour les
plus vieux car le 30 août on retire définitivement les tramways du
réseau de transport en commun. Plusieurs seront tout simplement
brûlés et le métal sera récupéré pour la revente. À plusieurs
endroit on s’active à retirer les voies mais pour faire plus vite,
et pour que ça coûte moins cher, on va décider de tout simplement
paver par-dessus. Et puisqu’il a été question de Jean Drapeau
plus haut dans cet article, il publie en 1959 un livre, Jean Drapeau
vous parle, dans lequel il dévoile ses opinions politiques. Moins
d’un an plus tard il va fonder le parti Civique et remporter
haut-la-main les élections municipales de 1960, délogeant ainsi
Sarto Fournier.
Le
saviez-vous? À l’origine, Jean Drapeau est tout à fait contre
l’idée de tenir une exposition universelle à Montréal mais peu
de temps après, entrevoyant tout le potentiel d’un tel événement
pour la visibilité de la ville, il va changer son fusil d’épaule
et devenir l’un de ses plus ardents promoteurs. Cet événement
sera, bien entendu, Expo 67.
LE REPERE J NE CORRESPOND PAS A CE QUE VOUS DECRIVEZ, MAIS PLUTOT A CITE JARDIN OU DEMEURA JEAN DRAPEAU
RépondreEffacerPremièrement la netiquette concernant les échanges sur internet stipule clairement qu'écrire entièrement en majuscules équivaut à crier.
Effacerhttp://www.memoclic.com/1566-netiquette/11637-regles-netiquette-internet.html
Deuxièmement, la section J décrit Cité Jardin. Peut-être avez-vous confondu ce point avec un autre?
En fait , en plein sous le '' J '' c'est le petit parc cité-jardin . Johny Flag , il habitait sur des Plaines limite gauche de la photo mais très exactement à 45.569488,-73.5640404 . Je me rappelle de ce 29 septembre en fin de nuit ou ca avait sauté chez eux .
Effacer'' Face à l’hôpital toutefois on a déjà tracé et construit quelques avenues qui portent des noms d’arbre; des Tilleuls, des Sapins, des Bouleaux et des Saules. On y a construit certaines maisons flirtant avec le mouvement Mid-century et dont certaines existent encore '' Ce secteur se distinguait de Cité Jardin non seulement par ses maisons Mid Century qui existent tous encore ( contrairement à cité jardin ou c'était de petit cottage 1 étage et demie avec les 4 murs en bloc de béton et ou 2 ou 3 ont été démolies .) mais aussi par son nom : Terrasse Maisonneuve ... J'ai habité sur des Sapins 25 ans , de '61 au année '80 . Bcp de notable , médecin entre autre , y habitait . Ils n'avaient qu'a traverser le blvd l'Assomption pour aller bosser .
RépondreEffacerOui, c'est un très beau coin qui a gardé un certain cachet.
EffacerPluche
''E'' ce n'est pas une butte mais un trou . J'y allais tout les hivers avant '75 ( construction du village olympique ) y faire de la traine sauvage . La côte Morgan ... c'était trop loin .
RépondreEffacerMais en 1959, comme on le voit sur la photo, c'est encore une butte.
EffacerPluche
Le tracé du ruisseau Molson qui longeait le bas du talus de la terrasse en bas du bois des pères et vous avez raison la canadian northen railroad y avait une track jusqu'en 1913
RépondreEffacerLe Canadian Northern va être amalgamé au Canadien National en 1918. Il ne subsiste plus aucune trace de cette voie ni du «roundhouse» qui se trouvait au sud de Sherbrooke.
EffacerPluche
La rue Sherbrooke en 1959 offre un regard captivant sur le développement urbain. C’est fascinant de voir comment les besoins en électricité ont évolué avec l'expansion des bâtiments et des services dans la région.
RépondreEffacer