mercredi 17 juin 2015

James Last

C'était au début des années 70 alors que je mesurais deux pommes et quart. Jouer dehors était bien plus qu'une simple occupation, c'était une vocation. Dehors au lever du soleil et presqu’impossible à faire rentrer le soir. S’il pleuvait alors je me réfugiais sous le balcon où, assis sur ma petite balançoire, je demeurais immobile à regarder et écouter la pluie qui tombait. J’étais pluviophile sans le savoir. Mais parfois la pluie était accompagnée d’une chute de température et à ce moment, plutôt que de me les geler, je préférais rentrer.

Toutefois, à l’extérieur comme à l’intérieur, le mot ennui ne faisait ni partie de mon vocabulaire ou de mon quotidien. Une de mes occupations favorites durant ces longues journées d’averses était de m’asseoir au milieu de ma chambre et de jouer avec mes Lego. Avec la quantité que j’avais je pouvais me permettre de construire à peu près n’importe quoi. Mais ce que j’aimais bien aussi était d’accompagner mes sessions de constructions massives avec de la musique. Pour ça je disposais d’un petit tourne-disque un peu vieillot dont la sonorité était un brin au-dessus de celle d’une boîte de conserve, détail amusant mais qui ne me dérangeait guère.

À cette époque ma collection de disque était certainement modeste; quelques livre-disques de Disney, La Souris Verte, Babar et, je crois bien aussi, Bobino. J’aimais bien mais je savais néanmoins apprécier un peu de changement et ce changement provenait de la grosse pile de 33-tours qui appartenaient à ma mère et qu’elle avait en grosse partie achetés durant les années 60 et comme elle ne les écoutait presque plus… Avec le temps j’ai commencé à apprécier certains albums plus que d’autres. Puis, un jour en regardant les différentes pochettes, je suis tombé sur celle-ci :

J’ai retiré le disque de sa pochette et placé l’aiguille sur le disque. En écoutant la première chanson j’ai trouvé que le chanteur, un dénommé James Last, en prenait du temps pour commencer à chanter. Ah non, c’était une pièce purement instrumentale. Peut-être chanterait-il à la deuxième? Non plus. Ben coudonc! Puis, en écoutant ses autres disques j’ai finalement réalisé que le bonhomme ne faisait que de l’instrumental. Mais quel instrumental!
James Last, Hans de son vrai prénomréarrangeait les partitions de chansons existantes pour qu’elles soient jouées par son orchestre avec emphase sur la basse et les cuivres. Certaines pièces étaient jouées séparément mais pour d’autres il préférait les enfiler les unes après les autres avec une sorte de trait d’union musical entre chacune d’entre elles. Certains puristes ont souvent décrit Last comme le roi de la musique «quétaine» d’ascenseur ou de bouillie musicale mais pour mes petites oreilles ces tounes joyeuses, vivantes et rythmées contrebalançaient parfaitement la grisaille de dehors et faisaient mon plus grand bonheur. Même à l'adolescence, durant les années 70, je continuais parfois d'écouter du James Last et si ce n'était pas via les 33-tours de ma mère c'était de par les cassettes que mon père achetait à ce moment-là.

De dire que James Last a connu une prolifique carrière est un euphémisme. Dans les années 60 et 70 sa musique était l’archétype de n’importe quel party et au moment de sa dernière tournée il était évalué que Last, ou Hansi pour ses fans, avait vendu plus de 100 millions d’albums de par le monde. Au fil des ans je n’ai jamais vraiment cessé d’écouter James Last parce sa musique m’a toujours fait le même effet et du même coup me rappelle ces journées d’enfance à jouer dans ma chambre. J’ai toujours aimé aussi dégotter de ces vieux albums de James Last dans les marchés aux puces et autres brocantes. Dernièrement, alors que j’étais de passage chez Beatick, un de mes antres préférés de disques usagés, j’ai trouvé un autre album de Last datant des années 60 et m’est alors passé en tête l’idée de finalement écrire un article sur le personnage qui, il n’y a pas si longtemps, continuait de faire des tournées avec son band. Bien assis avec ma Bobinette sur les genoux, j’ai commencé à rassembler mes notes pour la rédaction de l’article lorsque je suis tombé sur une nouvelle qui a complètement passé sous mon radar et qui m’a terriblement peiné; James Last est décédé le 9 juin dernier à l’âge vénérable de 86 ans, soit peu de temps après son concert d’adieu qui a eu lieu le 26 avril 2016 à Cologne. Salut Hansi, et merci pour toute ces années de belle musique!





Le saviez-vous? James Last a aussi composé des chansons qui ont été très populaires dont Happy Heart interprétée par Andy Williams ainsi que Fool, interprétée quant à elle par Elvis Presley.

1) Le prénom de James lui a été donné par la compagnie de disques Polydor qui considérait que «James» était plus approprié pour le marché international.  

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