mercredi 1 octobre 2014

Le shampoing Woodbury en 1953


Se shampouiner les cheveux avec du shampoing est un truc assez naturel de nos jours. Ça fait partie, presque machinalement, de notre routine. On peut assumer que le mot français «shampoing» est un dérivé du mot anglais «shampoo» lequel est une anglicisation  du mot hindi chāmpo (चाँपो) lequel serait lui-même dérivé du sanskrit capayati (चपयति), lequel veut dire «presser, pétrir et apaiser». Le sanskrit était une langue couramment parlée aux Indes durant la période coloniale et justement, les européens qui faisaient des échanges commerciaux avec les Indes dans ce temps-là avaient pris l’habitude que les Indiens avaient, soit celle de se laver le corps et les cheveux à tous les jours. En retournant en Europe ils ont ramené cette habitude avec eux. Vers la fin du 18è siècle des stylistes britanniques faisaient incidemment bouillir des filaments de savon et ajoutaient des herbes afin de donner aux cheveux du lustre et de la brillance. Par contre cette habitude n’a pas traversé l’Atlantique jusque chez-nous. Parce que voyez-vous, nos ancêtres de la Nouvelle-France ne se lavaient pas les cheveux car ils croyaient dur comme fer que le gras des cheveux donnait un lustre élégant tout en étant un indicateur de la bonne santé des cheveux. Se laver tout court n'était pas vraiment fréquent non plus et si ça se produisait, c'était assez sommaire. Bonjour les poux! Mais ça c’est une autre histoire. 

Donc l’utilisation d’un produit spécifiquement conçu au nettoyage des cheveux est quelque chose de relativement récent. Le premier shampoing commercial est  apparu en 1903 et fabriqué par la compagnie Schwarzkopf. Il portait alors le nom de «Schaumpon». La version liquide est arrivée plus tard, soit en 1927. À ce moment le savon traditionnel et le shampoing comportaient essentiellement les mêmes ingrédients. Le shampoing tel qu’on l’utilise aujourd’hui, avec des surfactants synthétiques, a été introduit dans les années 30 avec la marque Drene. Il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour qu’une multitude de compagnie en fasse bientôt le commerce sous différents noms et appellations. La compagnie qui figure dans la pub d’aujourd’hui ne fait pas exception. 

Woodbury est une compagnie qui a été fondée à Albani dans l'état de New-York en 1870 par un dermatologiste que l'on assume être monsieur Woodbury lui-même. À ses débuts ce dernier fabriquait du savon tout à fait ordinaire mais en 1901 sa compagnie a été rachetée par une autre, soit Andrews Jergen, qui a toutefois continué à commercialiser des produits sous le nom de Woodbury. À son tour Jergens a été achetée par la compagnie japonaise Kao et bien que le shampoing Woodbury soit encore disponible aux États-Unis il ne semble plus l'être au Canada. 

Le style graphique de la publicité d’aujourd’hui s’inscrit facilement dans le cadre normatif de celles d’époque; l’image qui occupe le trois-quarts supérieur de l’espace et le texte tout en bas. L’utilisation du noir et blanc plutôt que la couleur fait que la publicité était moins dispendieuse à produire dans son ensemble. Elle a tout de même de quoi faire sourire comme la façon dont la mère s’y prend pour laver les cheveux de son enfant. On peut certes s’amuser aussi du chic de la maman qui porte une superbe robe et un beau collier de perles, en plus d'être impeccablement coiffée. Mise en scène publicitaire? Mais très certainement! L’huile de noix de coco, tout comme l’huile d’amande, de maïs, d’olive, d’arachide, de sésame, fait partie d’ingrédients très efficaces pour soulager les symptômes de démangeaison du cuir chevelu. On dit vrai.  

Cette publicité est parue en septembre 1953 et que se passe-t-il à Montréal en septembre 1953? Ce qui retient l’attention est bien entendu cette importante rencontre à l’hôtel de ville alors qu’il y a conflit entre l’administration municipale et les chefs de pompiers, police et fonctionnaires municipaux. On parle même de grève, démontrant encore une fois ici que l’histoire se répète. Le maire de Montréal à ce moment? Nul autre que Camillien Houde, mais ce dernier en est à son avant-dernière année de mandat, lequel se terminera en 1954. 




Le saviez-vous? Au Moyen-âge les cheveux roux étaient associés à la dépravation morale et au désir sexuel intense. On les considérait comme des vampires, des loups garous ou des sorcières. L’Inquisition espagnole les a persécutés, croyant qu’ils avaient volé  leurs cheveux en enfer. On peut se sentir soulagé de savoir que plus personne ne croit à de vieilles superstitions religieuse, Dieu merci!

Aucun commentaire:

Publier un commentaire