(Photo: Archives de la ville de Montréal - 013_VM94-Ad144-027)
Iintersection des
rues Ste-Catherine et Peel durant l’été de 1964. Au niveau de
l’urbanisme on peut noter deux choses; d’abord la rue
Ste-Catherine était encore à deux sens et l’actuelle rue Peel
portait, au sud de Ste-Catherine, le nom de Windsor d’où l’on a
évidemment tiré le nom pour l’hôtel et la gare. Comme on peut
également le constater, la rue et le trottoir sont très propres.
Non seulement il se trouvait dans le temps une petite armée de
nettoyeurs qui sillonnaient les rues mais les gens étaient habités
de fierté et d’orgueil pour leur ville.
L’absence de congestion automobile peut étonner et malgré le fait
que le métro soit en construction la rue Ste-Catherine est bien
desservie par des autobus, en l’occurrence ici les bons vieux
Brill, fabriqués par Canadian Car, l’un à gauche et un autre à
droite un peu vers l’arrière. Le brun et l’argent étaient les
couleurs de la CTM à ce moment-là. CTM pour Commission de transport
de Montréal. Elle ne deviendra la CTCUM qu’en 1970.
La voiture brune à
droite et que l’on voit de derrière est un Cadillac Fleetwood 63.
Devant, en bleu un Cadillac De Ville 1962 précédé, tout juste
après l’intersection, d’un Chevrolet Bel Air 1961. De l’autre
côté de la rue, nous faisant face, se trouve un Chevrolet Impala 61
de la compagnie de taxi Diamond et dont le chauffeur nous envoie la
main. Tout juste derrière, un autre taxi, possiblement un Chevrolet
Nomad 1960 mais de la compagnie de taxi Vétéran cette fois, une
compagnie qui n’existe plus.
Le premier commerce que
l’on a peine à percevoir à gauche est la pharmacie Berke. Tout
juste de l’autre côté de Peel se trouve la boutique de chocolats
et bonbons Laura Secord. Tout juste après c’est Nogay Tobacco Shop
suivi de Royal Linen Store. S’ensuit Hery & Co., une bijouterie
après quoi c’est la boutique de chaussures Dack’s. Ce dernier
côtoie le magasin Dobridge, puis Reitman’s, Kresge, la bijouterie
People’s Credit et finalement Le National Trust. Encore un peu plus
loin c’est Simpson’s et un agrandissement de la photo nous permet
justement d’apercevoir un camion de livraison de ce grand magasin à
rayons. À droite c’est évidemment l’édifice Drummond lequel
loge plusieurs locataires différents.
S’il faut en juger de
par la façon dont les gens sont habillés on peut facilement
conclure que c’est l’étéQuant à la journée ça risquerait
fort d’être une journée de semaine étant donné la présence
d'homme’ en complets dans la foule qui se déplace à gauche.
Ceux-ci sont fort probablement en pause-dîner puisque l’horloge
lumineuse du Montreal Trust indique 12 :19.
Et
que se passe-t-il durant l’été de 1964? D’abord les montréalais
ont un nouveau quotidien pour se renseigner sur l’actualité; le
Journal de Montréal, fondé par Pierre Péladeau et qui devra faire
concurrence à La Presse, Montréal-Matin, Le Devoir ainsi que La
Patrie. L’aventure réussira-t-elle? Seul le temps le dira. C’est
d’ailleurs dans les journaux que l’on peut apprendre, le 1er
juillet que le gouvernement fédéral vient de voter la Loi 16 sur la
capacité juridique de la femme mariée. Cette loi, parrainée par
Claire Kirkland-Casgrain, donne désormais aux femmes le plein
contrôle sur la façon dont elles peuvent gérer leur vie
professionnelle et personnelle. Puisque nous
sommes dans la musique, c’est en 1964 que tourne le fameux yaya
de Joël Denis, C’est fou mais c’est tout des Baronets,
Ton amour a changé ma vie des Classels, Splish Splash
de César et les Romains, Nous on est dans le vent de Pierre
«Choubidouah» Lalonde et Doo Wah Diddy de Tony Roman,
pour n’en nommer que quelques-uns. De l’outre-flaque nous
proviennent deux succès de la sémillante France Gall; Sacré
Charlemagne et Laisse tomber les filles. Et justement,
parlant de la gente féminine, Roy Orbison fait un tabac avec Pretty
Woman. Par contre l'évènement marquant en musique au Québec sera sans aucun doute celui-ci:
Dans les nombreux
cinoches de la rue Ste-Catherine qui se trouvent dans la région
immédiate où la photo a été prise les cinéphiles ont l’embarras
du choix. Pour les amateurs d’action il y a Goldfinger avec
Sean Connery. Ceux qui préfèrent les westerns, même à saveur de
spaghetti, il y a A Fistfull of Dollars avec Clint Eastwood. Pour ceux qui préfèrent les comédies musicales The Sound of Music avec Julie Andrews est évidemment un rendez-vous tout comme My Fair Lady avec Audrey Hepburn et Mary Poppins avec Julie Andrews. Dans un registre plus large on retrouve aussi Doctor Strangelove avec Peter Seller, ainsi que Viva Las Vegas avec Elvis Presley, pour n'en nommer que quelques uns. Du côté du cinéma québécois on retrouve La terre à boire, de Jean-Paul Bernier avec Geneviève Bujold et Pauline Julien ainsi que Trouble-Fête de Pierre Patry et mettant en vedette Jean Duceppe, Louise Remy et Lucien Hamelin.
1964 marque aussi l'avancée des travaux de construction du métro de Montréal, lequel avance à grand pas. Sur Berri, Ste-Catherine, Ontario. Mont-Royal et quantité d'autres rues il y a quantité de véhicules de construction qui s'affairent. L'ouverture est prévue pour l'automne 1966 alors il n'y a pas de temps à perdre.
Un autre grand chantier qui est en branle également en 1964 est celui d'Expo 67. Malheureusement le grandiose projet ne soulève pas les passions, au contraire, les gens haussent les épaules alors que des journalistes s'acharnent à répéter que l'évènement sera non seulement un gouffre financier sans fond mais que rien de tout ça ne sera près à temps. La direction d'Expo 67 embauche alors en 1964 un homme doté d'une très grande expérience pour les relations publiques, Yves Jasmin. ce dernier ne ménagera aucun effort pour promouvoir Expo 67. Les journées de douze et quatorze heures seront pratiquement la norme. Entretemps les travaux de construction d'Expo 67 se poursuivent.
Au moment d'écrire ceci il s'est écoulé très exactement 50 ans depuis le moment où la photo du haut a été prise. Il y a eu, bien entendu, des changements au niveau de l'urbanisme comme la transformation de Ste-Catherine en un sens unique, tout comme le changement de nom de la rue Windsor pour Peel. Et comment le secteur a-t-il changé depuis 1964? comme on dit, une photo vaut mille mots.
La différence, comme on peut le constater, est appréciable. L'édifice au coin nord-est a complètement été «rénové» avec une facade de marbre qui malheureusement ne s'agence aucunement avec le reste. Terminés aussi les beaux auvents, gracieuseté des marchands. Quant à ceux-ci, ils sont à peu près tous disparus, incluant Eaton et Simpsons, que l'on considérait alors comme de véritables monolithes. Il reste bien Laura Secord mais le magasin n'a plus pignon au coin de la rue.
Le saviez-vous? si le film Mary Poppins a laissé de merveilleux souvenirs aux enfants de 1964 il n'a été rien d'autre qu'une gifle au visage de son auteure, P.L. Travers. En fait, elle a tellement détesté le film qu'elle en a pleuré de tristesse.
Au moment d'écrire ceci il s'est écoulé très exactement 50 ans depuis le moment où la photo du haut a été prise. Il y a eu, bien entendu, des changements au niveau de l'urbanisme comme la transformation de Ste-Catherine en un sens unique, tout comme le changement de nom de la rue Windsor pour Peel. Et comment le secteur a-t-il changé depuis 1964? comme on dit, une photo vaut mille mots.
La différence, comme on peut le constater, est appréciable. L'édifice au coin nord-est a complètement été «rénové» avec une facade de marbre qui malheureusement ne s'agence aucunement avec le reste. Terminés aussi les beaux auvents, gracieuseté des marchands. Quant à ceux-ci, ils sont à peu près tous disparus, incluant Eaton et Simpsons, que l'on considérait alors comme de véritables monolithes. Il reste bien Laura Secord mais le magasin n'a plus pignon au coin de la rue.
Le saviez-vous? si le film Mary Poppins a laissé de merveilleux souvenirs aux enfants de 1964 il n'a été rien d'autre qu'une gifle au visage de son auteure, P.L. Travers. En fait, elle a tellement détesté le film qu'elle en a pleuré de tristesse.
Bonjour!
RépondreEffacerJe viens de découvrir votre blogue et je le trouve passionnant.
Montréal était si belle! Autant, sinon plus, que New York quant à moi. A moindre échelle évidemment. C'est triste d'assister à cette bruxellisation qui se poursuit toujours et de voir tout ce qui a été perdu à jamais.
Au moins, il fait toujours bon vivre ici...
Bonne journée
Louis-P. Beaulne