L’astronomie est un truc qui m’a toujours fasciné. J’étais un p’tit proutte qui ne savait même pas lire que j’avais toujours le nez fourré dans les encyclos que mon grand-oncle me laissait «consulter». Heureusement y’avait dedans tout plein d’images fascinantes; j’y voyais des planètes lointaines aux teintes surprenantes, des lunes étranges, des nébuleuses, des constellations d’étoiles et combien d’autres choses tout aussi mystérieuses et, en tournant les pages, j’étais toujours un peu déçu de ne jamais apercevoir la fusée XL-5 quelque part.
À la télé, je voyais les reportages sur les missions Apollo, lesquelles à ce moment-là tiraient à leur fin. Et un jour, en voyant les astronautes gambader sur la Lune j’ai osé la question : ils sont où ces astronautes? Mon grand-oncle m’a alors amené sur le balcon d’en arrière et a pointé du doigt le disque blanc dans le ciel. Ils sont là-bas, m’a-t-il dit. Ils doivent porter des combinaisons parce qu’il n’y a pas d’air sur la Lune.
Et c’est loin comment la Lune? Que j’ai demandé. Très loin m’a-t-il répondu. Ah? D’accord, mais loin comment? Bien qu’il aurait voulu m’expliquer le concept de l’énorme distance qui sépare la Terre de la Lune je n’aurais absolument rien compris parce ce que lorsque l’on va à la maternelle, aller au supermarché c’est presque le bout du monde alors imaginez la Lune!
Cette Lune nous l’avons foulée depuis bien longtemps et c’est bien malheureux que nous ayons cessé. Nous avons aussi envoyés des sondes ainsi que des robots un peu partout dans notre système solaire, lesquels nous ont retransmis des images et des données extraordinairement précieuses. Je me souviens des premières images de la surface de Mars retransmises par les sondes Viking ou encore celles de Vénus par les sondes Venera. En 1977, l’année de Star Wars, on a envoyé deux sondes jumelles, Voyager 1 et 2 explorer les confins du système solaire. Encore aujourd’hui les deux vétérans poursuivent leurs chemins et, incroyablement, parviennent toujours à nous transmettre des informations. Plus près de nous la NASA a envoyé sur la surface de Mars deux véhicules; Opportunity se ballade depuis maintenant onze ans et Curiosity, lequel est beaucoup plus gros et aussi plus complexe. Les données, tant scientifiques que visuelles qu’il nous retransmet sont rien de moins que fascinantes et, avec les moyens techniques d’aujourd’hui, on peut accompagner Curiosity grâce au web. Plus récemment nous sommes parvenus à se faire se poser sur une comète une autre sonde, Rosetta. Imaginez un peu toute la science et la mathématique requise pour réaliser un tel exploit! Et bientôt ce sera au tour de la sonde New Horizons, laquelles’approche, au moment d’écrire ceci, de la mystérieuse Pluton.
Mais malgré toutes les fois où l’on entend parler de Mars, Jupiter ou Pluton, nous ne parlons toujours que de notre système solaire, cette petite arrière-cour avec laquelle nous sommes aujourd’hui plutôt familiers. Toutefois, avons-nous réellement une idée de la taille de notre système solaire et de ce qui se trouve au-delà? À cet effet je vous propose donc dans l’article d’aujourd’hui un petit exercice comparatif qui vous aidera à mieux saisir les dimensions de notre univers.
On va commencer par notre
bonne vieille Terre. Celle-ci fait approximativement 40,000
kilomètres de diamètre. C’est une bonne distance. Si cela était
possible, faire le tour de la Terre à son équateur en voiture à
une vitesse de 130 km/h prendrait quelque chose comme douze jours et
quelques heures à parcourir. Ça donne une bonne idée de la taille
de la Terre. Maintenant on va s’amuser avec les proportions afin
mieux définir la taille de la Terre par rapport au système solaire.
Réduisons le Soleil à une taille un peu plus petite, disons un
énorme ballon de plage de 26 pieds (8m) de diamètre et plaçons-le,
disons, pif-poil au milieu de l’intersection des rues Sherbrooke et
St-Laurent. Voilààà. Histoire de conserver les proportions on va
maintenant réduire la Terre à la même échelle, soit une bonne
vieille balle de baseball. Et où place-t-on cette balle de baseball?
Sur la rue Sherbrooke mais à l’intersection de la rue
St-Christophe dans l’est. Ce qui veut dire que son orbite l’amène
aussi loin à l’ouest qu’à la rue Union, au nord à la rue
Napoléon (pas loin du restaurant Chez Moishes) et au sud dans les
environs de la rue de la Gauchetière. La Lune quant à elle est une
balle de ping-pong qui orbite la balle de baseball à une distance
d’environ 6’7 (2m). Maintenant je vais vous étourdir un
peu.
L’étoile la plus
proche de notre système solaire est Proxima du Centaure, une naine
rouge située à quelques 4.2 années-lumière de nous. Une
année-lumière étant une unité de mesure définie par la distance
que parcourt la lumière en une année à la vitesse de 350,000 km/h.
Ça veut donc dire que si vous partez de la Terre dans une fusée et
voyagez à cette vitesse vers Proxima du Centaure il vous faudra 4.2
années avant de l’atteindre (2.1 années pour accélérer et 2.1
années pour déccélérer). Mais encore là, c’est une distance
qu’il n’est pas facile à conceptualiser. Reprenons notre Soleil
et cette fois ramenons-le à la taille d’une orange navel puis
déposons-la, encore une fois, à l’intersection des rues
Sherbrooke et St-Laurent. Maintenant, à quelle distance se trouve
Proxima du Centaure? Essayez la pointe ouest de Vancouver, en
Colombie-Britannique. Et ça, c’est l’étoile la plus proche.
Bon, avec ça nous avons une meilleure idée des proportions mais
amenons ça une coche plus haut. Notre galaxie, la Voie Lactée,
compte une quantité absolument gigantesque d’étoiles de toutes
sortes. Combien? On ne peut répondre précisément à cette question
mais on a avancé des estimés allant jusqu’à approximativement
100 milliards. Mais voilà, notre galaxie n’est pas la seule dans
l’univers, de loin s’en faut. Il y en a beaucoup d’autres mais
combien? Encore ici, c’est difficile à dire avec exactitude.
Toutefois nous disposons d’un outil très utile pour nous donner
une idée approximative : le télescope spatial Hubble. En
orbite autour de la Terre, les instruments optiques de Hubble ne sont
pas gênés par la pollution lumineuse et autres distorsions
atmosphériques, permettant d’avoir des images très claires et
très nettes de notre univers. Un jour on a pointé un de ces
instruments dans une région très précise en direction de la
constellation du Fourneau. Une région pas très grande toutefois, quelque chose comme une petite fraction de la taille d'une pleine lune. C'est le Extra Deep Field, ou, si vous préférez, XDF. Regardez l'image ci-bas et notez le petit rectangle. Il s'agit de l'endroit précis que Hubble a longement observé.
Avec un temps d’exposition très long, permettant ainsi de
pouvoir capter des sources de lumière très éloignées et très faibles, on a colligés les résultats et et assemblé l'image finale. Ce qu'on y a découvert dépassait l’entendement.
Le petit rectangle? voici ce qu'il contenait. À part quelques étoiles
de chez-nous, reconnaissables à leurs pointes, presque chaque point
lumineux que vous voyez sur cette photo est une galaxie. À partir de
cette image, qui compte des milliers de galaxies, on a estimé qu’il
se trouve, dans l’univers observable, quelque chose comme 200
milliards de galaxies. Multipliez maintenant cela par le nombre
d’étoiles qui se trouve dans chacune d’entre elles, soit 100
milliards. Le résultat de cette multiplication donne un 2 suivi de
24 zéros. Le regretté astronome Carl Sagan avait avancé l’idée
qu’il se trouvait dans l’Espace autant d’étoiles sinon plus
que tous les grains de sables de toutes les plages sur Terre.
Commencez-vous à avoir le vertige?
Mais voilà qui est
amusant, même lorsque l’on dit qu’une galaxie peut contenir 200
milliards d’étoiles il n’est pas facile d’avoir une conception
visuelle bien précise parce que 200 milliards, c’est tout de même
beaucoup. Or nous vivons à une époque où les percées
technologiques nous permettent de plus en plus d’apercevoir des
choses incroyables. Dernièrement la NASA a utilisé la caméra ACS
(Advanced Camera for Surveys) d’Hubble pour prendre plus de 411
images de notre galaxie voisine dont j’ai parlé plus haut,
Andromède et qui est estimée être assez similaire à notre bonne
Voie Lactée. On a ensuite rapiécé les 411 images pour en faire une
sorte de courtepointe tout à fait incroyable. On peut d’ailleurs
admirer le résultat en cliquant sur ce lien. Le site propose d'explorer un coin d'Andromède un peu à la manière de Google Maps, on peut zoomer et,
à chaque fois que l’on zoome, l’image se précise et ainsi de
suite jusqu’à atteindre une profondeur tout à fait étonnante. Et
comment Andromède est éloignée? Si la Voie Lactée et Andromède
étaient des bacs de sable d’environ 20 pieds de diamètre elles
seraient éloignées de 2000 pieds l’une de l’autre.
Fascinant, n’est-ce pas? Maintenant dites-vous que chacun des
points lumineux dans l’image est un soleil autour desquels orbitent
possiblement des planètes. Se pourrait-il que des formes de vies,
potentiellement intelligentes, se soient développées? C’est sur
cette question que s’est penché le professeur Frank Drake en 1961
et qui l’a amené à proposer ce qui est devenu l’équation de
Drake, laquelle, avec un savant calcul, estime le nombre de
civilisations intelligentes dans la galaxie et qui se lit comme
suit :
- N est le nombre de civilisations extraterrestres dans notre galaxie avec lesquelles nous pourrions entrer en contact
- R* est le nombre d'étoiles en formation par an dans notre galaxie ;
- fp est la fraction de ces étoiles possédant des planètes ;
- ne est le nombre moyen de planètes potentiellement propices à la vie par étoile ;
- fl est la fraction de ces planètes sur lesquelles la vie apparaît effectivement ;
- fi est la fraction de ces planètes sur lesquelles apparaît une vie intelligente ;
- fc est la fraction de ces planètes capables et désireuses de communiquer ;
- L est la durée de vie moyenne d'une civilisation, en années.
Résultat? Dans notre galaxie seulement on
estime le nombre de civilisations intelligentes entre 1,000 et 100,
000,000 et on estime qu'il se trouve possiblement 200 milliards de galaxies dans l'Univers.
Le
saviez-vous? Le nom de « Voie lactée »
(Galaxías en
grec) trouve son origine dans
la mythologie
grecque : Zeus,
désirant rendre Héraclès immortel,
lui fit téter le sein d’Héra alors
endormie. Celle-ci essaye d'arracher Héraclès de son sein, et y
parvient en laissant une giclée de lait s'épandre dans le ciel,
formant ainsi la Voie lactée.
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