samedi 22 novembre 2025

 

Publicité Kodak, 1953 (Collection personnelle)

Y'a t-il quelque de plus agréable lorsque l'on est en vacances ou entre amis que de prendre des photos? Vous vous souvenez de cette glorieuse époque des appareils à film où l’on s’amusait à se prendre nos pieds dans le sable en photo ou encore tous les repas que l’on mangeait pour se les montrer par la suite? Non? Moi non plus.

Trêve de plaisanterie facile. Retour en 1953 avec cette publicité pour la compagnie bien connue Kodak où l’on vante les mérites de la photographie pour se rappeler de bons souvenirs. Si la publicité apparaît un peu décalée c'est parce qu'il s'agit d'une publicité en deux pages située en plein milieu d'un numéro du Reader's Digest donc pas facile à recoudre les deux parties.

L’appareil utilisé par ces deux amis pêcheurs est un Kodak Duaflex II dont la première version a été mise sur le marché en 1947. L'œil non averti pourrait facilement confondre cet appareil avec le fameux Rolleiflex, ce qui n'est évidemment pas le cas. Le Duaflex était ce qu’on appelait un pseudo TLR (Twin Lens Reflex) qui imitait à cet égard les vrais TLR de l'époque. D’autres utilisaient la même principe comme le Voigtländer Brillant, Rolleiflex, Olbia ou encore l’Ensign Ful-Vue. Le pseudo TLR était en vogue dans les années 50 et 60 parce qu’il imitait les caméras pro.

L'appareil était tout de même intéressant parce qu'il comportait certaines fonctions utiles comme un petit mécanisme qui empêchait de prendre deux photos sur le même bout de film. Le Duaflex n'était toutefois pas un appareil haut-de-gamme, loin de là mais permettait à monsieur et madame tout-le-monde de pouvoir prendre des photos sans trop se casser la tête tout en s'amusant. Un peu l’équivalent des téléphones d’aujourd’hui.

Je possède, dans ma petite collection tout à fait insignifiante de caméras un de ces appareils et qui a appartenu jadis, naguère à mes grands-parents. Il s'agit du Duaflex III équipé d'une lentille Kodet et qui est en assez bonne condition. Cette caméra utilise du film de format 620, lequel fut introduit en 1932 et discontinué en 1995. Bien que le 620 ne soit plus disponible le format 120 quant à lui l'est toujours, quoique de plus en plus difficile à trouver, et la seule différence entre le 120 et le 620 est la bobine, celle du 620 ayant un moyeu plus petit ce qui rend l'utilisation du Duaflex possible avec du 120 moyennant un peu de bricolage.




On trouve que Pluche aurait pu l'épousséter un peu avant mais ça c'est juste nous autres, hein?



Et où pouvait-on se procurer des caméras en 1953? Tous les grands magasins du temps comme Eaton, Simpson’s et Dupuis Frères en vendaient de même qu'une multitude de boutiques spécialisées dont trois qui existent encore aujourd'hui; L.L. Lozeau (1927), Caméras Simon (1930) et Photo Service (1937). Amusant aussi cette publicité de la compagnie Hollywood Foto où, en retour d’un développement dans leurs laboratoires, on vous envoyait non seulement vos photos développées mais aussi un rouleau de film tout neuf.




Le saviez-vous? La première caméra Kodak a été lancée en 1888 avec le slogan «Vous pressez le bouton, nous faisons le reste.» Elle coûtait $25 et il y avait dans l’emballage assez de film pour une centaine de photos. Quant au nom Kodak, il a été choisi par son fondateur, George Eastman, d’abord parce qu’il aimait la lettre K, parce qu’il était impossible de mal prononcer le mot et finalement parce qu’il ne ressemblait à aucun autre mot existant.



Et que se passe t-il au Québec en 1953? 

L'affaire de l'usine de textiles de Louiseville qui se fait affronter la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC, aujourd'hui CSN) et Duplessis. Ce dernier va même accuser le syndicat d'être à la solde des communistes. Une situation qui ne manquera pas de faire parler et de faire couler beaucoup d'encre. La grève prendra fin avec une augmentation de 12 sous de l'heure mais qui fera ultimement dire au syndicat; tout ça pour ça. 

En février on assistera dans les salles de cinéma à la grande première du film Tit-Coq du grand Gratien Gélinas, film dans lequel il tient toujours le rôle-titre et qu'il produira avec René Delacroix.

En mai on annonce que Radio-Canada va se doter d'une seconde station de télévision et qui ne diffusera qu'en français. Ce sera le fameux canal 2. Le 4 novembre on assistera à la grande première de La famille Plouffe de Roger Lemelin. On y verra Émile Genest, Paul Guèvremont, Amanda Alarie, Pierre Valcour et Jean-Louis Roux. 

En décembre on écoutera une toute nouvelle chanson de Félix Leclerc qui deviendra légendaire dans son répertoire: Moi, mes souliers.


Sous mes yeux:


Un magnifique condensé de l'histoire de la province par l'historien Jacques Lacoursière. Une œuvre achevée et concise qui devrait, selon moi, être une lecture obligatoire au secondaire parce que quand on ne sait pas d'où l'on vient on ne peut pas savoir où l'on s'en va. 

Devant mes yeux:


L'on connaît Michael Crighton pour Jurassic Park mais il a été aussi l'auteur d'autres oeuvres dont celle-ci: Westworld, où des gens visitent un parc d'amusement dernier cri et animé non pas par des employés costumés mais bien par des androïdes bouleversants qu'il est facile de confondre avec de véritables humains. James Brolin et Richard Benjamin jouent les rôles de visiteurs dans une thématique du far-west mais ils auront maille à partir avec un certain robot détrqué et incarné à la perfection par Yul Brynner. 

Dans mes oreilles:


Une grande parmi les grandes, Ella Fitzgeralt dont la voix donne parfois le frisson. Cette collection remastérisée nous offre les douzes meilleures chansons de cette légende de la chanson. À réécouter pour ceux qui connaissent et à découvrir pour les ceuzes qui ne la connaissent pas. Vous me remercierez plus tard.  



dimanche 16 novembre 2025

Les bougies Champion en 1921

 


Voici l'une des publicités que l'on pouvait apercevoir dans un journal d'ici en 1921. J'ai aussi parlé des bougies Champion ici et . Il s'agit, on l'a reconnu, des fameuses bougies d'allumage Champion. Des publicités comme celles-ci, que ce soit pour des bougies, des pneus ou tout autre accessoire pour automobiles devenaient de plus en plus fréquentes car le nombre de voitures augmentait alors considérablement. Ainsi, dans la seule ville de Montréal en 1921 on comptait 13,000 voitures alors qu'en 1907 l'on en comptait que 162. 

D'où viennent les bougies Champion?


Albert Champion était un coureur cycliste français qui pilotait également des motos et, occasionnellement, des automobiles. Après un accident en 1903 qui l'obligea à être hospitalisé, Champion profita de sa convalescence pour se former à la mécanique automobile. Ces nouvelles connaissances menèrent à la création de la Champion Ignition Company, et on lui attribue généralement la démocratisation de la bougie d'allumage (bien qu'il ne l'ait pas inventée à proprement parler – c'est un tout autre débat). Ses bougies utilisaient un isolant en céramique pour protéger l'électrode des intempéries et des courts-circuits.

Lorsque Champion fut recruté par General Motors en 1908, des problèmes juridiques l'obligèrent à utiliser ses initiales pour sa nouvelle entreprise – c'est ainsi que naquit AC Spark Plugs, aujourd'hui AC Delco. Champion Ignition continua donc à commercialiser son produit sous le nom de son fondateur.

Champion est ensuite devenu un leader du secteur, ses bougies étant utilisées dans la Ford Model T en 1908 et par l'équipe victorieuse des 24 Heures du Mans en 1978. Sa gamme de produits actuelle comprend des options en iridium, platine, double platine et cuivre — toutes fiables, à prix raisonnable et arborant l'un des logos les plus connus dans le secteur des pièces automobiles.

Que se passait-il en 1921? En janvier le gouvernement Taschereau dépose à l'Assemblée législative le projet de loi devant créer une Commission des liqueurs. Elle est adoptée le 18 février.  En avril, dans une lettre pastorale de l'archevêque de Montréal, Paul Bruchési, dénonce le cinéma, le théâtre, la danse et la mode comme des moyens de perdition pour les catholiques. En octobre, le Musée McCord ouvre ses portes à Montréal dans l'édifice que l'Université McGill a mis à sa disposition et qu'il occupe toujours aujourd'hui. Et en octobre toujours, Médéric Martin remporte les élections municipales de Montréal par une majorité de 30 000 voix sur son adversaire Luc Rochefort. 


Le saviez-vous? Le nombre de voitures à Montréal passe de 13,000 en 1921 à 65,000 en 1930. Les Ford étant fortement majoritaires dans le décor automobile de Montréal. Aujourd'hui en 2025 le nombre approche le million (présentement estimé à 983,000) et continue d'augmenter d'environ 15% à tous les cinq ans. 


Dans mes oreilles:

L'album Love Deluxe par Sade. J'avoue d'entrée que j'ai toujours eu un faible pour cette grande chanteuse et ce, dès son premier album Diamond Life sorti en 1984. Love Deluxe est apparu en 1992 et cet album extraordinaire nous fait explorer différentes gammes émotionnelles à travers les différentex chansons que l'album propose comme No Ordinary Love et Cherish the Day. La voix on ne peut plus envoûtante et éthérée de Sade Abu avec un accompagnement minimaliste et résolument sophistiqué ont ensembles créé une œuvre intemporelle qu'il fait toujours bon de revisiter.

Devant mes yeux: 

Après avoir vu la série 1882 j'ai continué la série en écoutant en rafale les deux saisons de 1923, la suite et qui met en vedette Harrison Ford, Helen Mirren, Brandon Sklenar, et l'extraordinaire Julia Schlaepfer et qui raconte l'épopée de la famille Dutton durant l'entre-guerre. Le jeu des acteurs, la photographie et les (trop) nombreux rebondissements tragiques malmènent nos émotions mais la fin, possiblement trop tragique, et dénuée de logique, m'a résolument laissé un goût amer. 

Sous mes yeux: 

Après la section Playboy Advisor, la section des entrevues de mes vieux numéros du magazine Playboy des années 60 est ma préférée car ce sont de véritables fenêtres sur un monde lointain mais qui, en même temps, ne l'est pas autant que ça. Je viens de terminer la lecture de l'entrevue qu'a accordé Mark Lane à Playboy. Il est l'auteur d'un livre qui a pourfendu la fameuse Commission Warren aux États-Unis et qui devrait faire tout la lumière sur l'assassinat du président Kennedy. Lane tire à boulets rouge sur ce rapport qu'il démolit de long en large. Une lecture certainement passionnante parue dans le numéro de janvier 1967. 

vendredi 7 novembre 2025

L'accident de tramways de 1921

Nous sommes le lundi  31 octobre 1921 aux petites heures du matin. Les gens se préparent à aller travailler. Ils sortent de leurs maisons en remontant le collet de leurs manteaux et sont accueillis par un brouillard épais qui, selon les dires, fait qu'on n'y voit rien au-delà de dix pieds. Pour pouvoir transporter plus de gens en même temps, on voit apparaître ici et là des tramways doubles, essentiellement deux voitures couplées ensembles mais dont seule la première est motorisée.

Que se passe t-il donc ce matin-là? Alors voilà, notre histoire se passe sur le circuit St-Denis/Ahuntsic qui relie le terminus Craig dans le Vieux-Montréal jusqu'au terminus situé à Ahuntsic. C'est un trajet assez simple qui ne dure en général qu'une heure, tout dépendant bien entendu des conditions climatiques. Or ce matin-là, comme mentionné plus haut, la ville est recouverte d'un épais brouillard. La prudence est donc de mise.

Du terminus Craig part le tramway double des voitures 1575 et 1663 en direction nord sous les commandes du garde moteur Alphonse Buron. Se trouvent aussi à bord le conducteur Alphonse Verret et environ une cinquantaine de passagers. Le circuit comporte une ligne double mais à la hauteur de Crémazie la ligne bifurque vers l'est et devient simple pour remonter le chemin Millen jusqu'au terminus situé plus loin au nord. Ce chemin était en plein champ car le quartier n'était absolument pas développé à ce moment-là.

Pour éviter que deux tramways ne se retrouvent face à face sur ce tronçon on avait aménagé une voie d'évitement qui permet à un tramway de s'y ranger afin de laisser passer l'autre. Un concept qui existe aussi dans le monde ferroviaire. 

Le garde moteur Buron arrive à la hauteur de Crémazie et tourne à gauche prudemment afin d'aller emprunter le chemin Millen. Buron emprunte la voie d'évitement et attend que le tramway double composé des voitures 1573 et 1628 arrive. Mais il se fait attendre. On utilise donc le téléphone situé à un poteau situé tout près afin de communiquer avec la centrale.

Sur la photo ci-haut on peut voir la voie d'évitement ainsi que le poteau où se trouve le téléphone ains que le signal sémaphore en haut complètement. Ce dernier ordonne un arrêt. 

Après quelques minutes Buron est autorisé à emprunter la voie mais avec prudence. Il rembarque à bord de son tramway et s'avance sur la voie. Mais à peine commence t-il à rouler qu'il aperçoit, surgissant de la brume, le tramway retardataire avec à bord le garde moteur Moise Dauphin et les conducteurs Alexis Joly et Emile Théorêt. il est environ 6:30 quand les deux tramways se fracassent l'un contre l'autre dans un fracas métallique épouvantable.

Peu de temps après l'impact, Emile Théorêt, l'un des conducteurs du tramway qui se dirigeait vers le sud parvient à sortir par l'arrière et se dirige le plus rapidement possible au poste de sémaphore afin de demander de l'aide au poste de secours situé au coin des rues St-Denis et Jean-Talon. Médecins et ambulanciers sont alors dépêchés sur place. Les secours arrivent et on se demande bien s'il se trouve quelconque malheureux qui a perdu la vie mais miraculeusement, tout le monde est vivant, quoique certains soient blessés sérieusement dont le garde moteur Buron qui souffre de lésions au dos et d'une jambe fracturée.

Certains des voyageurs ne souffrant que de blessures mineures sont soignés dans le dispensaire et peuvent regagner leur domicile alors que d'autres sont envoyés à l'hôpital Royal Victoria. Les équipes de la Montreal Tramways Company déblaient rapidement et efficacement la voie, si bien qu'a huit heures les tramways peuvent emprunter de nouveau le circuit.

On a pu évidemment savoir, en écoutant les témoignages de gens qui furent blessés dans l'accident, que les tramways allaient très vite. C'est ce que déclara M. St-Louis qui avait dit à son ami, Alphonse Paquette, que ca n'avait pas de bon sens de rouler aussi vite dans une brume pareille. Honoré Jolicoeur, un autre blessé, abonda dans le même sens et d'autres passagers dirent aussi la même chose.

Le garde-moteur Buron, hospitalisé à l'hôpital Général, accorda une courte entrevue où il affirma qu'il n'allait pas à plus de 12 ou 15 milles à l'heure mais que l'autre tramway allait très vite. Buron dit que lorsqu'il vit l'autre tramway arriver à toute vitesse il tenta de renverser le moteur mais que ce fut à toute fin pratique inutile.

Cet accident fut essentiellement dû au tramway double opéré par Moïse Dauphin qui, accusant un retard sur son horaire décida de reprendre le temps perdu en allant plus vite. Il est facile de comprendre qu'une telle manœuvre dans un épais brouillard n'était pas exactement l'idée du siècle et c'est ce qui provoqua la collision. La Montreal Tramways Company conclut aussi que de n'avoir qu'une seule voie pour le tronçon Millen était quelque chose à corriger (ben tiens!) et de ce fait, quelques six mois plus tard, elle fut doublée, éliminant ainsi les risques d'une autre collision.

Quant à l'ancienne ligne Millen elle suivait essentiellement ce qui est aujourd'hui l'avenue Millen, une rue résidentielle bordée de maisons d'un côté comme de l'autre et sur laquelle on retrouve les parcs Saint-Alphonse et Ahuntsic. Il serait bien difficile de déterminer exactement à quel endroit s'est produit l'accident.

Plusieurs années plus tard alors qu'il était à la retraite, le conducteur Émile Théorêt raconta le souvenir qu'il avait de ce terrible accident et, soulevant son chapeau, montra une bosse à la tête qu'il s'est faite ce jour-là et qui n'était jamais partie.



Le saviez-vous? La Montreal Tramways Company a été formée en 1911 afin de regrouper la Montreal Street Railway, Montreal Park & Island Railway and le Montreal Terminal Railway. En 1950 une législation est passée afin de créer la Commission de transports de Montréal, une entité publique, qui engloberait la Montreal Tramways Company. La Commission de transport de Montréal (CTM) est ensuite devenue la Commisison de transports de la Communauté Urbaine de Montréal (CTCUM) ensuite la Société de transport de la communauté urbaine de Montréal (STCUM) pour finalement devenir la STM que l'on connaît aujourd'hui. 



Dans mes oreilles: 
Time Out du Dave Brubeck Quartet (Dave Brubeck au piano, Paul Desmond au saxophone alto, Eugene Wright à la contrebasse, et Joe Morello à la batterie), est un album sorti sorti en 1959 et qui se trouve à être un album de jazz novateur qui a marqué l’histoire par son exploration audacieuse des signatures rythmiques inhabituelles comme le 5/4 et le 9/8. Porté par des morceaux emblématiques tels que Take Five et Blue Rondo à la Turk, il mêle sophistication rythmique et mélodies accessibles, devenant l’un des premiers albums de jazz à connaître un immense succès commercial tout en élargissant les horizons du genre.

Devant mes yeux: 
Je n'ai jamais suivi la série Yellowstone, mais un jour j'ai vu le DVD de 1883 et qui se trouve à être la genèse de la famille Dutton. Merveilleusement bien écrite par Taylor sheridan et mettant en vedette Tim McGraw, Faith Hill, Sam Eliott et Isabel May, cette série suit le périble de la famille Dutton qui parcourt le trajet entre le Texas et le Montana alors qu'un tel périble était extraordinairement dangereux. La direction photo, sublime, de Christina Voros et Ben Richardson ajoutent au magnifique de cette série avec de superbes plans du midwest américain.

Sous mes yeux:
Je me souviens de ce livre comme lecture obligatoire au Cégep. La littérature existentialiste  ne faisait pas exactement partie de mes lectures. J'en avais donc commencé la lecture un peu de reculons pour ensuite m'y laisser glisser dedans. "L'Étranger" d'Albert Camus est un roman publié en 1942, centré sur Meursault, un homme indifférent aux normes sociales, dont l’apathie face à la mort de sa mère et son meurtre d’un homme sur une plage le conduisent à être jugé plus pour son manque d’émotion que pour son acte. À travers ce personnage, Camus illustre sa philosophie de l’absurde : dans un monde dénué de sens, Meursault incarne une forme de lucidité et de liberté en acceptant l’inévitabilité de la mort. Ce roman a été le premier que Camus ait écrit. 



vendredi 31 octobre 2025

La station Henri-Bourassa au début des années 80

(Photo: Henri Rémillard)

Nous voici sur le bord de la rue Berri, tout juste à une vingtaine de mètres du boulevard Henri-Bourassa. Une photo prise, selon moi, au début des années 80. Ce qui est intéressant de noter ici est le tout petit édicule de la station de métro. Il y en avait plusieurs comme ça; modestes et sans grande prétention, comme les stations Sherbrooke, Crémazie, Berri, et Guy-Concordia, pour n'en nommer que quelques unes. Au moment où la photo a été prise, de grands travaux étaient déjà en cours afin de moderniser et agrandir ces petits édicules et dans certain cas les intégrer à des bâtiments alors en construction par-dessus. L'édicule que l'on voit ici a simplement été reconstruit plus grand et sous une toute nouvelle facture architecturale.

L'autobus est le modèle New Look de General Motors qui a fait son apparition sur le réseau en 1959. Contrairement aux vieux modèles de la Canadian Car les New Look arboraient une facture moderne avec de large fenêtres. S'ils ont progressivement disparu du paysage montréalais pour être remplacés, la Société de transport de l'Outaouais a continué de les utiliser jusqu'en 2015. Certains de ces autobus ont été non seulement conservés mais aussi restaurés à leur apparence d'origine. Quant à la ligne Gouin #69 elle est toujours en service.

À l'arrière on peut voir le bâtiment qui se situe de l'autre côté du boulevard Henri-Bourassa et qui abritait, au rez-de-chaussée, Babin Automobiles, un concessionnaire Dodge/Chrysler. En 1979 la corporation Chrysler s'était retrouvée acculée à la faillite lorsque Lee Iacocca, un homme d'affaires visionnaire de 55 ans, à peine un an après sa prise de fonction à la tête de l'entreprise, a convaincu le gouvernement de la renflouer et de lui accorder 1,5 milliard de dollars de prêts garantis par l'État fédéral. Il est parvenu à redresser Chrysler, en commençant par la gamme K, composée de voitures compactes et de taille moyenne, en 1981. Les Reliant K et Aries K ont permis alors à la compagnie d'éviter le pire. L'espace est aujourd'hui occupé par une succursale de la Banque Nationale. Quant à l'école de judo elle a plié bagages depuis fort longtemps. 

Quand à la station Henri-Bourassa (ainsi que le boulevard) elle a été nommée en l'honneur, on l'aura deviné, d'Henri Bourassa, ce journaliste et politicien qui est aussi connu pour avoir fondé, en 1910, le journal Le Devoir et dont la devise était "Fait ce que doit!".  

Henri Bourassa, en 1917. 




Le saviez-vous? Le personnage a laissé son nom à bien plus qu'une station de métro et à un boulevard puisque l'on retrouve son nom attaché à circonscription électorale fédérale, une autre provinciale, une avenue, 2 autres boulevards, 2 parcs et 11 rues. 




Sous mes yeux: 
Ordures! un magnifique petit bouquin écrit par Simon Paré-Poupart, lui-même vidangeur, nous raconte le quotidien de ces gens invisibles aux yeux de la société et qui font pourtant un travail des plus essentiels dans notre société. À lire! 

Devant mes yeux: 
J'ai revu avec grand plaisir Bienvenue à Bruges, avec Collin Farrell, Brendan Gleeson, Ralph Fiennes et Clémence Poésy. L'aventure rocambolesque de deux criminels qui doivent se terrer dans la ville de Bruges après un bavure. Un film plein de rebondissements et d'allégories sur le ciel, l'enfer et le purgatoire. 

Dans mes oreilles: 
Je suis parvenu à obtenir une copie de l'album Error du groupe mexicain The Warning formé des jeunes sœurs Daniella, Alexandra et Paulina Villareal. Du rock qui cogne dur et qu'il fait grand bien à écouter. Je recommande fortement.  

vendredi 24 octobre 2025

D'hier à aujourd'hui: la station de pompiers Van Horne

 

La station de pompiers numéro 4, appelée la station Van Horne, est la troisième incarnation de cette station. La première à porter ce numéro a été construite en 1857 au square Chaboillez. On la démolit en 1884 pour la reconstruire sensiblement au même endroit et elle est inaugurée en 1885 et ferme en 1934. Elle est alors démolie à son tour sauf qu'on ne la reconstruit pas. Pendant un bout de temps il n'y aura pas de station numéro 4 jusqu'à ce que l'on inaugure la nouvelle station Van Horne en 1952, au coin de l'avenue du même nom et de l'avenue Trans Island, à un jet de pierre de l'autoroute Décarie. Elle se verra attribuer alors le numéro 4. 

Le bâtiment offre une facture architecturale simple, moderne et épurée, caractéristique de l'époque de sa construction, et qui inclut bien entendu une fameuse tour pour y faire "chesser" les boyaux après une intervention. À l'époque où la photo a été prise, en 1953, il se trouve une station-service Esso. 

Pour les lecteurs plus jeunes, les stations d'essence d'autrefois offraient le service. On arrivait avec sa voiture et au sol, près des pompes, se trouvait un tuyau pneumatique en caoutchouc qui s'en allait jusqu'à l'intérieur de la station. En roulant dessus le changement de pression activait une cloche à l'intérieur, signifiant qu'un client venait d'arriver. Le pompiste arrivait alors et s'occupait à mettre dans la voiture la quantité d'essence tel que demandé par le client. Il vérifiait aussi la pression des pneus, la quantité de liquide lave-glace ainsi que le niveau d'huile à moteur. Au besoin, il remplissait l'air dans pneus et mettait les liquides à niveau, non sans avoir pris la peine d'avoir nettoyé le pare-brise.  Dans le film Retour vers le futur, à 35 minutes et 50 secondes, on peut voir le personnage de Marty McFly qui, arrivé en 1955, est complètement abasourdi de voir, justement, une station-service du temps en pleine action avec des employés de la station Texaco qui accourent vers la voiture qui vient d'arriver. Au moment où le film a été tourné en 1984 il ne restait plus beaucoup de stations-services, ces dernières ayant migré vers le modèle libre-service.

Capture d'écran, Retour vers le futur. Crédit et copyright: Universal Pictures

Aujourd'hui la station de pompiers Van Horne existe toujours sans que le bâtiment n'ait vraiment changé d'apparence. La station d'essence Esso est disparue et l'espace est maintenant un terrain vacant. 




Le saviez-vous? le nom de l'autoroute Décarie, qui jouxte cette station de pompiers, doit son nom à Jean Descarries (ou Descaris) dit le Houx, l'un des premiers européens qui s'établit à Notre-Dame-de-Grâce. La famille Décarie y possédait autrefois une ferme et de grands jardins où l'on faisait pousser le fameux melon de Montréal. 


lundi 20 octobre 2025

Petite fricassée et autres histoires

Et voilà! Un insecte quelconque dans la plateforme Blogger m'a empêché de publier et ce, depuis mon dernier article en juillet. Comme on le sait, les services de soutien, peu importe le genre, ne sont pas exactement une promenade dans le parc. Il m'a fallu jouer une bonne partie de tennis avec le soutien Blogger pour qu'une solution puisse être trouvée. Et maintenant, tout re-fonctionne à nouveau. Ô joie. 

Moi, qui hurle "Représentant!" pour la troisième fois avec le service à la clientèle automatisé. 

Ainsi donc l'été de 2025 a tiré sa révérence pour laisser sa place à l'automne. Me semble que ça ne faisait pas si longtemps que la belle saison ne venait que de commencer. En lieu d'une chronique sur un seul sujet donné j'ai opté de rattraper le temps perdu en écrivant une couvrant différents sujets qui ont capté mon attention ainsi que quelques petites aventures ici et là. Histoire aussi de faire un petit peu différent. 

La place Versailles

La nouvelle est tombée au printemps; la place Versailles telle qu'on la connaît va disparaître dans quelques années pour laisser sa place à un immense projet qui va comprendre, entre autres, des condos luxueux (quoi d'autre), une petite poignée de logements dits "abordables", un parc et une école. 


La place Versailles est arrivée dans le décor de l'est de Montréal en 1963 alors que la paysage du coin était fort différent. Pas d'autoroute 25 à côté, pas de pont tunnel Lafontaine et aussi pas de métro Radisson. En fait, juste au sud, y'avait encore le village de Longue-Pointe, une vielle municipalité fondée en 1845. 

La place Versailles, j'en ai parlé dans cet article, n'est pas le premier centre commercial à voir le jour au Québec, de loin s'en faut. La palme revient au centre d'achats Boulevard, au coin de Jean-Talon et Pie-IX. Par contre, et ça faut le mentionner, les centre d'achats de l'époque ne sont qu'une enfilade de commerces et pour aller de l'un à l'autre faut passer à l'extérieur. Il en existe encore de ce genre là. Le centre d'achats Van Horne, sur la rue du même nom, en est un bon exemple. La différence avec la place Versailles c'est qu'il s'agit d'un centre commercial entièrement recouvert! Tous les commerces, trente au total, sont tous à l'intérieur. On peut donc flâner et faire ses emplettes beau temps, mauvais temps, hiver comme été. Vive la modernité! 


Le cinéma Versailles, qui faisait partie des Cinémas Unis était pas mal apprécié parce qu'il se trouvait tout juste à côté du centre. En '75, quand on a quitté Hochelaga pour s'en aller dans Rosemont, c'était là mon cinoche de choix et j'y ai vu quantité de films. Le bâtiment est disparu vers la fin des années 80 lorsqu'on a construit la nouvelle extension de la place Versailles. On a aménagé un nouveau cinéma de trois ou quatre salles mais ça n'a pas fait long feu, incapable qu'il était de rivaliser avec les gros super-maga-giga plex qui ouvraient un peu partout. C'était bien dommage. 


Le magasin Pascal, où j'ai bossé quand j'étais encore étudiant, était une bannière populaire dans le centre d'achats. Il occupait un emplacement important qui allait de l'allée jusqu'au stationnement et comportait un étage accessible par escalier mécanique, lequel est toujours là aujourd'hui. C'est celui que vous prenez pour aller chez Fabricville. Une bonne partie de la devanture est encore là et c'est un Bureau en Gros qui occupe une partie de l'espace. Le centre d'impression qui s'y trouve était autrefois occupé par la section de la coupe des matériaux. 

Les plus vieux vont se souvenir de Miracle Mart, le grand compétiteur de Woolco et des ses journées à $1,44, du restaurant la Caserne, de La Baie, de la librairie Ducharme, du Distribution aux Consommateurs, de Discus et de Toy World, entre autres. La plus vieille bannière encore sur place est le restaurant Place Tevere où l'on sert encore et toujours de la pizza à la pointe et autres mets minute. Tevere, en italien, signifie le Tibre, le troisième plus long fleuve d'Italie après le Pô et l'Adige.

Du reste, il n'y a plus grand chose de l'époque qui a subsisté hormis les sculptures d'Augusto Escobedo qui ont été installées en '64 et je suis bien curieux de savoir ce qui va en arriver. Une partie de moi ne serait pas exactement surprise que ces œuvres se ramassent au dépotoir, parce que le Québec est pas mal, malgré sa devise, un cancre quand vient le temps de gérer son patrimoine, ne serait-ce que des sculptures de centre d'achats... On verra. 

De la visite

Au début de l'été je me préparais a aller faire quelques emplettes à vélo. J'étais à déverrouiller mon cadenas quand j'ai entendu un drôle de "glouglou". Je me demandais d'où ça venait. Était-ce ma voisine du haut qui digérait son merlot? Puis encore ce "glouglou". J'ai souris en pensant à Obélix dans l'album La grande traversée où Astérix et Obélix aperçoivent des dindes pour la première fois et ce dernier les appelle tout simplement des "glouglous". Je sors de la cour avec mon vélo et qu'est-ce que je vois ti-pas le long de l'immeuble où j'habite?

Une belle grosse dinde, un magnifique glouglou qui se pavanait comme ça. Je savais qu'il y avait des dindes qui se promenaient en ville, parfois seules mais plus souvent en p'tit groupes, mais là, devant chez moi? c'était une nouveauté. Pas agressive pour cinq sous, même un brin peureuse, elle a continué de picosser le gazon pour ensuite traverser la rue. Elle s'est en allée dans une ruelle au grand étonnement des enfants qui jouaient là. 

Chaude et humide


La température ne nous a pas donné de répit l'été dernier. Cette capture d'écran démontre bien a quel point il fait chaud. Et en plus, presque pas de pluie, ce qui cause maintenant bien des soucis à nombre de municipalités qui dépendent de l'eau de lacs et rivières pour s'approvisionner en eau et aussi de résidents qui voient leurs puits presque à sec. Et pis là, y'a des entrepreneurs qui se spécialisent dans le forage de puits et qui sont débordés d'ouvrage. 

Je ne me souviens pas du tout d'un seul moment durant mon enfance où l'on avait à endurer de telles températures. Je dis pas qu'il ne faisait pas chaud, mais du 45 Celsius ressenti? Nenni. 

Un résident pas content

Appareil utilisé: Canon 90D + sigma 150-600mm)

Ce p'tit duc maculé s'est trouvé un logement pas cher et abordable (le chanceux) dans un trou qu'avait creusé le grand pic. Mais voilà, le monsieur ne semblait pas content que je lui tire le portrait comme ça, même au bout de ma lentille de 600mm. Son faciès et sa binne maussade m'ont fait penser à ces vieux messieurs qui, de sur leurs balcons, fouettent l'air de leur canne en disant aux jeunes de ne piler sur leur gazon. Ça se passait au Jardin botanique à la fin de juin. 

Parlant de logements...

Au début du mois de juin j'étais sur le trottoir face à l'immeuble où j'habite et je jasais avec ma voisine d'en haut lorsqu'une dame âgée est arrivée près de nous pour nous d'abord s'excuser puis de nous demander si on ne connaissait pas de logements à louer dans le coin. Y'en avait un dont j'avais vu la pancarte mais c'était un grand cinq pièces, trop grand pour ce dont la p'tite dame avait besoin. Elle avait épluché les annonces; Marketplace, Kijiji et autres sans n'avoir pu trouver quoique ce soit. C'était vraiment désolant à voir, tout spécialement avec le premier juillet qui s'en venait. 

La crise du logement qui sévit présentement est certainement grave, mais pas sans précédent. En '57 la Ville de Montréal avait enclenché le Plan Dozois, afin de lutter contre les taudis mais dans le fond c'était davantage un prétexte pour raser des pans de quartier entiers et de se débarrasser de ce que la ville appelait des bidonvilles où se ramassait la saleté, la prostitution, la vermine et toutes sortes de maladies. Certes, y'avait de ces bâtiments qui faisaient dur, de vieilles bicoques qui tenaient de debout avec de la broche à poule mais c'était loin d'être la majorité. Il se trouvait quantité de bien belles bâtisse, solidement construites. 

Un petit restaurant de quartier où l'on prépare des mets chinois avec son architecture caractéristique de ces commerces avec l'entrée située au coin tronqué du bâtiment. Il va bientôt disparaître. 

L'épicerie Marsolais où le côté du mur affiche une magnifique publicité peinte de Coca Cola. Les amateurs de tabac Buckingham devront bientôt trouver un autre endroit pour s'en procurer car le bulldozer s'en vient. 


Ce jeune couple curieux pose pour le photographe de la ville qui a déposé au sol, au bas de l'affiche Kik Cola, le numéro de référence. Ils n'avaient pas loin à faire pour se procurer plusieurs produits alimentaires dont ils avaient besoin puisque l'épicerie Lebeau se trouvait juste en dessous. Les deux tourtereaux devront bientôt se trouver un autre nid douillet, mais où?


Une autre épicerie qui va disparaître, celle de m'sieur Duval où l'on vent le fameux Kik Cola et le thé Salada. Un passage permettait d'accéder à la cour arrière. C'est un bâtiment qui semble bien solide mais pas pour l'administration municipale. 


Ces deux dames en train de jaser observent le photographe de la Ville de Montréal. Le commerce de T. Lessard et Fils, tout juste derrière elles, semble avoir été déjà vidé, tout comme l'épicerie juste un peu plus loin. On remarque un beau Chevrolet Belair 1957 stationné sur la rue. 

Tout comme le jeune couple et les deux jaseuses plus haut, un homme curieux oberse le travail du photographe. À ma connaissance il n'existe plus d'architecture de ce genre où les gens accèdent à leurs logements via un escalier central. Les fenêtres grillagées du rez-de-chaussée servent à protéger les fenêtres et les vitraux des balles perdues des enfants jouant dans la rue. Toutes ces photos sont du Service des archives de la Ville Montréal.  

Mais le plan Dozois ne sera pas le seul travail de démolition à grande échelle. La construction de l'autoroute Ville-Marie, qui va débuter en 1965, va nécessiter  l'expropriation de quantité de résidents et où l'on verra pas moins de 850 bâtiments se faire jeter par terre. Tous ces gens se retrouveront à la rue. La question se pose encore: où ces gens sont-ils allées. Montréal n'est pas encore développée comme elle l'est aujourd'hui, surtout dans le nord. 

La construction de la tour de Radio-Canada, brune et banale, va obliger la destruction de tout le quartier qui s'y trouvait. Ironiquement, Radio-Canada y allait d'un reportage en 1970 sur la crise du logement qui faisait rage à ce moment. L'élargissement du boulevard René-Lévesque (anciennement Dorchester) avait lui aussi mis à la rue quantité de résidents plusieurs années plus tôt. La rue Notre-Dame, à partir du pont Jacques-Cartier jusqu'à l'autoroute 25 qui connecte avec le pont-tunnel Lafontaine, a aussi été décimée de ses habitations et commerces afin de la changer en voie rapide. Avant cette démolition sauvage la rue Notre-Dame ressemblait en tous points à la rue Ste-Catherine à la même hauteur. Les gens qui se sont retrouvés sans logis ont dû peiner pour se trouver un nouvel endroit pour vivre. À l'est la construction de l'autoroute 25, justement, à requis la démolition d'une bonne partie du village de Longue-Pointe. Même le cimetière jouxtant l'église y a gouté. On a au moins pris soin de déménager les dépouilles à l'entrée du Repos St-François-d'Assise, connu autrefois sous le nom de Cimetière de l'est, et avant ça le cimetière des pauvres. Si vous entrez par la rue Sherbrooke vous y verrez le monticule et le monument qui marque l'endroit où les corps ont été ensevelis. 

À la fin des années 80 les promoteux immobiliers ont cessé de construire des immeubles locatifs pour se consacrer presqu'exclusivement aux condos, qui vient du mot latin signifiant surfacturé sans aucune raison, comme disait le regretté Robin Williams. 

Mais à cette époque les loyers étaient abordables. Lorsque je fréquentais le cégep du vieux il y avait des amis dans la classe qui habitaient un vaste logement sur la rue St-Denis et qui ne payaient que 350$ par mois. C'était avant que le quartier devienne à la mode, précipitant le coût des loyers dans la stratosphère. Idem pour le quartier de Mercier-Hochelaga, qui avait toujours été un secteur refuge pour les gagne-petit, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, malheureusement. 

À mon avis, la solution réside dans la construction de logements sociaux et abordables, protégés de la spé-cul-cul-lation. À ce titre, les paliers de gouvernements doivent accessoirement agir ensembles pour le bien-être d'une société qui a bien besoin, et de façon urgente, de ces logements, mais là, ça prend de la volonté politique et c'est là, bien malheureusement, du domaine des contes de féées... 

Les chanceux!

Appareil utilisé: Canon 90D + sigma 150-600mm)

Ils sont chanceux les ratons. Comme le petit duc maculé plus haut, il ne suffit que d'un trou dans un arbre pour se loger. Dans celui-ci y'a une petit famille; la mère et ses trois rejetons, dont celui dans la photo et qui semble tout fier de prendre la pose pour moi. Il est plutôt rare de les voir en plein jour comme ça puisque les ratons laveurs sont davantage nocturnes que diurnes. 

L'Halloween en août et Noël en septembre

Avant, à cause des changements de température, on disait "Y'a pu de saisons!". En entrant dans un Dollarama, j'ai vu des nouilles de piscine, des décorations d'Halloween et de Noël. Y'a plus de saisons, c'est bien vrai. Au début du mois d'août des magasins ont commencé à mettre sur leurs tablettes des cossins d'Halloween et au début de septembre, des bébelles de Noël. 

Mais bon, on va pas se décourager. Les patentes de la St-Valentin vont sûrement débarquer d'ici quelques semaines.

Quand j'étais gamin les truc d'Halloween sortaient durant la première, sinon la deuxième semaine d'octobre. Et Noël? pas avant le mois de novembre dans la deuxième semaine, au plus tôt. En '73 ma grand-mère et moi avons visité le magasin Eaton des Galeries d'Anjou car elle voulait remplacer son arbre de Noël en aluméum, qui n'était plus à la mode. C'était au début de novembre. Arrivés dans le magasin on a été surpris de ne rien voir de Noël, même pas une décoration. 

Z'êtes arrivée trop tôt ma chère dame, lui avait lancé le vendeur. Ils vont arriver la semaine prochaine. Au grand désespoir de ma grand-mère. Mais bon, nous ne sommes pas allés pour rien puisqu'une petite visite impromptue chez Toy World m'a valu une bien belle nouvelle voiture Matchbox. 

Et pour finir

Comme vous le savez la page Facebook du blogue n'est plus active. J'ai délaissé cette plateforme y'a bien longtemps (geste que je ne regrette absolument pas) et la radieuse Noa (Jessica) a tenu le fort pendant un petit bout avant qu'elle aussi quitte le navire. Ceci pour dire que je n'ai pas de présence sur le ouèbe que ce blogue-ci. Pas de Facebook, pas d'Instagram, pas de TikTok, bref, rien pantoute. Si vous voyez quelque chose qui prétend être moi ou avoir un lien avec moi sachez que ça ne vient pas de moi et que je n'ai rien autorisé à cet effet. 




Le saviez-vous? Ce blogue a vu le jour le premier janvier 2010! 


samedi 12 juillet 2025

Souvenirs de la rue Ste-Catherine

Ah, la rue Ste-Catherine! Durant les années 80 cette rue était presque ma deuxième maison tellement je la fréquentais. Je l'ai arpentée de long en large si souvent. Parfois seul ou avec des potes. J'y ai travaillé aussi; d'emplois d'été étudiants à d'autres emplois plus permanents. C'est aussi un rue qui a connu une transformation absolument incroyable; de rue résidentielle paisible avec jardins et vergers à une rue commerciale où s'enfilent des centaines de commerces. 

Sur cette rue où j'ai valsé de la galoche d'innombrables fois sans compter les pas, m'ont amené à avoir ces petits endroits préférés que j'aimais bien fréquenter de temps en temps. Sans autres tambours ni trompettes, je vous amène avec moi sur la rue Ste-Catherine des années 80 et mes p'tits coups de cœur.

Les arcades de jeu  

Si les arcades de jeu ont commencé à faire leur apparition durant les années 70, notamment dans certains centres commerciaux, c'est dans les années 80 qu'elles ont connu leur essor. En effet, durant cette période on a vu le nombre de ces salles exploser. La rue Ste-Catherine d'alors était la vétitable Mecque de l'amusement puisque l'on en retrouvait un nombre assez important et ce, d'un bout à l'autre. 

Ces temples de la machine à boules et du divertissement pixelisé étaient, surtout la fin de semaine, bourrées de jeunes qui s'amusaient devant tel ou tel jeu, tentant de battre le meilleur pointage. J'y ai certainement investi quelques trente sous dans ces arcades. 

Le restaurant Le Tramway 

Les plus vieux vont se rappeler de ce restaurant qui se trouvait près de Stanley. C'était un bon endroit, à mon avis, pour déguster un bon hamburger cuit à notre goût avec une bonne bière bien fraîche. L'aspect unique de ce restaurant était la thématique du tramway (vous l'aurez deviné) avec des décorations allant de grandes photos encadrées jusqu'à différents artéfacts issus de cette époque. Toutefois, il n'a pas survécu contrairement à son plus proche compétiteur; Mister Steer situé non loin de là. dommage, car j'aimais bien. 

Les Terrasses 


Situé à un jet de pierre de l'ancien grand magasin Eaton, Les Terrasses était cette espèce d'expérience architecturo-commerciale et dont l'intérieur était composé de différent paliers où l'on retrouvait tout plein de boutiques et restaurants où il y avait prédominance de béton et de verdure. J'aimais bien aller bouquiner à la librairie qui s'y trouvait ou encore aller prendre un bon repas au restaurant The Magic Pan. Cet espace a disparu et aujourd'hui une partie du centre Eaton occupe l'endroit. 
 
Mars
 

Mars était un commerce assez unique en son genre. Si quelque chose se publiait ou s'était publié c'était presque garanti que Mars l'avait. Quelque part par là. Ou peut-être là-bas. Il se trouvait un quantité impossible de boîtes de bois, un peu à la façon des disquaires, où l'on retrouvait des magazines et revues d'ici mais surtout d'ailleurs sur tous les sujets imaginables. Il y avait des disques aussi et des bédés de tous les genres. J'ai d'abord visité pour la curiosité de la chose mais lorsque je suis devenu étudiant en arts graphiques en 1982 j'ai revisité très souvent. Tous ces magazines représentaient une véritable mine d'or en matière de design. Je m'en procurais aussi pour y découper des photos que j'utilisais dans certains travaux. Mars était un véritable capharnaüm où l'on pouvait facilement se perdre pendant des heures. 
 
Sam the Record Man
 
Sam the Record Man était pour moi l'endroit de choix pour acheter des disques. La photo ci-haut, prise durant les années 60, montre l'emplacement original mais dans les années 70 Sam a occupé les deux bâtiments à gauche et ce, jusqu'au coin de la rue St-Alexandre, où se trouvait alors l'entrée. Des disques et des cassettes de tous les genres, souvent des éditions spéciales à pressages limités, il y en avait. Suffisait de chercher un tant soit peu. Autrement, les employés pouvaient répondre à toutes vos questions. J'ai acheté une quantité non négligeable de disques à cet endroit, dont Pink Floyd: The Wall en 1980 et quantité d'autres. 
 
Restaurant Dunn's
 

Je me souviens des moments où, quand j'étais gamin au début des années 70, ma grand-mère m'amenait au centre-ville. On y allait en métro, évidemment. Plus rapide mais aussi plus pratique. On passait par Eaton, Simpson's et autre commerces et on aboutissait presque toujours chez Dunn's pour un bon repas. On allait toujours au deuxième étage et c'était toujours particulier pour moi de manger un sandwich à la viande fumée avec ma grand-mère alors que pas très loin un pianiste se faisait aller les doigts sur un piano à queue. Durant les années 80 c'est avec des amis que j'y allais, souvent tard en soirée après avoir été voir un film au cinéma. 
 
Le cinéma Palace
 

 Ouvert en 1921 sous le nom de cinéma Allen, il prend le nom de Palace en 1923. Il n'y avait à l'époque qu'une seule salle. C'est en 1980 que le cinéma ferme temporairement et que d'importants travaux sont réalisés puisque l'on passe d'une salle à six. D'autres cinémas faisaient la même chose comme le Parisien ou le Loews. Mais pour moi, le Palace était mon endroit préféré pour y voir des films, parfois en matinée mais la plupart du temps en soirée avec des amis et il arrivait souvent que l'on y reste pour voir un second film. Le bâtiment a par la suite abrité le Mirafloria, puis un restaurant Five Guys qui a par la suite fermé ses portes. Aujourd'hui il n'y a plus rien de ce cinéma. Chose certaine, les portes du cinéma Palace que vous voyez sur la photo, eh bien je les ai passées plus souvent qu'à mon tour!
 
Omer DeSerres
 

Lorsque j'ai commencé ma formation en arts graphiques en 1982 il s'est vite avéré qu'Omer était un commerce inévitable pour tous le matériel requis (quoique Dessie, qui se trouvait en face, avait de très bons spéciaux). Il y avait aussi le Pavillon des arts, mais ça c'était sur St-Denis près d'Ontario donc ça ne compte pas. Que ce soit pour table à dessin, les pinceaux, l'encre, l'acrylique, les plumes techniques de type rapidographes, rubilith, mallettes de transport et autres, c'était la place. J'ai de bons souvenirs de mes visites à cet endroit dont ce jour où j'ai acheté de grandes feuilles cartonnées de 50 pouces par 50 pour un projet et où ventait à écorner les bœufs... 
 
Le Spectrum
 

(Crédit photo: La Presse)

Ah le Spectrum! Ouvert il y a de cela fort longtemps sous le nom de théâtre Alouette, l'espace a été reconverti en salle de spectacles qui a connu un immense succès pendant des années. Combien de fois suis-je allé voir de spectacles à cet endroit, allant de Paul Piché à Slayer en passant par quantité d'artistes des Francopholies, The Police, Primus, et combien d'autres! Le dernier spectacle que j'y ai vu a été celui de l'humoriste JiCi Lauzon. La disparition et subséquemment la démolition de cette salle mythique et certainement intimiste, a fait un trou dans le cœur, c'est certain. 

Le forum de Montréal
 
(Crédit photo: Archives de la ville de Montréal)
 
Que ce soit pour des parties du Canadien ou pour assister à différents concerts de grande envergure le Forum était un incontournable! Ouvert en 1924 sous sa forme architecturale initiale, le bâtiment s'est vu se moderniser en 1949 puis sous sa facture moderne telle qu'on la voit sur la photo, en 1968. Je me souviens avoir assisté à des spectacles de Rush, Queen, Black Sabbath, Madonna, David Bowie, Bryan Adams, Metallica et plusieurs autres. Quels souvenirs impérissables! L'ambiance de hockey y était aussi imcomparable; de la clameur de la foule, aux bruits de rondelles bien frappées et des employés se promenant dans les gradins en annonçant à haute voix "Bièèèère froide coooold beer!!". Sa fermeture en 1996 en a attristé plusieurs. Les fameux fantômes suivraient-ils jusqu'au centre Bell? Les avis sont encore partagés. 


 

Le saviez-vous? On ne connaît pas avec certitude l'origine toponymique de la rue Ste-Catherine. Il se peut que'elle ait été nommée ainsi par Jacques Viger en l'honneur de sa fille Catherine Élizabeth comme il se pourrait que la rue, qui aussi porté le nom de Ste-Geneviève et St-Gabriel, ait été nommée pour commémorer la fête de la Ste-Catherine. 

 
Dans mes oreilles: Le décès récent de Serge Fiori m'a fait ressortir de ma collection de disques ma copie de l'Heptade, un disque phare non seulement dans l'histoire musicale du Québec mais aussi du rock progressif. 
 

Sous mes yeux: J'ai ressorti un classique de la littérature, The Grapes of Wrath de John Steinbeck, et qui nous replonge dans l'Amérique des années 30 durant le tristement célèbre "dustbowl". C'est un livre que j'avais lu durant mes cours de philo au cégep dans sa version française. Cette fois c'est dans sa version originale.