mercredi 5 mars 2025

D'hier à aujourd'hui: l'hôtel de ville de Maisonneuve

 


En 1883 le village d'Hochelaga s'annexe à la ville de Montréal mais ce n'est pas le cas de la ville de Maisonneuve qui, fondée la même année, refuse l'offre. Joseph Barsalou, connu pour sa compagnie de savon originalement sise au coin de Ste-Catherine et Durham, ainsi que son gendre Alphose Desjardins (ne pas confondre avec le fondateur du mouvement Desjardins), ainsi que des personnages comme Charles-Théodore Viau (la biscuiterie renommée), William Bennett, Charles-Henri Létourneux, ainsi que Raymond Préfontaine se retrouvent à en être les promoteurs les plus ardents. 

Il y a de grandes visées pour la ville de Maisonneuve. Afin d'attirer les entreprises la ville de Maisonneuve leur offre des subventions et des congés de taxes. L'initiative fonctionne puisque de très nombreuses compagnies diverses viennent s'y installer dont des manufactures de chaussures, de matériaux, d'alimentation et toute une foule d'autres. Ces manufactures diverses attirent bien entendu les travailleurs qui viennent s'installer dans la nouvelle ville. 

Mais toute bonne ville qui se respecte se doit d'avoir un hôtel de ville et le premier se situe sur la rue Jeanne-d'Arc. Le succès de la ville est tout à fait extraordinaire et l'on convient qu'il faut la doter d'un hôtel de ville digne de ce nom. On fait donc appel à l'architecte Gajetan Dufort afin d'en dessiner les plans. Et sitôt construit, vers 1912, on y aménage les fonctions municipales la ville. Marius et Oscar Dufresne en plus de se faire construire une vaste demeure au coin de Sherbrooke et Pie-IX, décident de doter la ville de Maisonneuve de deux magnifiques bâtiments; le marché Maisonneuve et le bain Maisonneuve. 

Il y a toutefois cette bonne vieille expression bien québécoise; avoir les yeux plus grands que la panse. Les ambitieux projets coûtent pas mal cher qu'initialement estimé et les finances de la ville de Maisonneuve s'enfoncent dans un bourbier que seule l'annexion à la ville de Montréal en 1918 pourra régler. 

Le bâtiment devient en 1926, à l'initiative du docteur Joseph-Ernest Gendreau, l'Institut du  radium qui est rattaché à l'institut du même nom à Paris et qui fut fondé par Marie Curie. On y traite alors les gens atteints du cancer. Il devient par la suite l'endroit par excellence pour s'y faire traiter et c'est d'ailleurs le seul du genre dans la province. On y compte médecins et radiologistes qui sont épaulés par les Sœurs Grises. Il est important de noter aussi que la philosophie du docteur Gendreau était de soigner les gens gratuitement, peu importe leur provenance ou encore leurs moyens financiers. 

Après y avoir traité quantité de malades au fil des ans, l'Institut du radium ferme ses portes en 1967. En 1981 la vocation du bâtiment change du tout au tout et devient, sous l'administration Drapeau, une bibliothèque municipale. Dernièrement on a agrandi cette bibliothèque à l'est et à l'ouest avec de nouveaux espaces dont l'architecture détonne en bien ou en mal (c'est selon) avec le bâtiment original. 

Pour le comparatif j'ai opté de choisir une photographie contemporaine qui prédate la construction des deux annexes afin de mettre l'architecture originale en valeur. 




Le saviez-vous? Si vous désirez consulter les documents originaux de Marie Curie il vous faut  porter des vêtement protecteurs et signer une décharge car ses documents sont encore hautement radioactifs. 

dimanche 2 mars 2025

D'hier à aujourd'hui: à l'intersections de Ste-Catherine et St-Laurent

 


Nous voici à l'intersection de Ste-Catherine et de St-Laurent, qui était autrefois le cœur de ce que l'on appelait le quartier "Red Light". La photo du haut a été prise en 1976 par un matin de printemps car on voit encore un peu de neige aux abords des trottoirs. On y voit le fameux restaurant Ben Ash, un delicatessen qui a occupé cet emplacement pendant de nombreuses années. À côté c'est la maison Napoléon qui vendait des vêtements pour hommes, une boutique souvenir ainsi que Top Mart. Sur St-Laurent on remarque la grosse enseigne de Shiller's, une mercerie pour hommes. 

Au moment où la photo a été prise les travaux pour la construction du stade et du village olympique avançaient. Si le village allait être prêt, ce n'était pas exactement le cas du stade où le mât n'était même pas au quart terminé et surmonté de grues lors de l'inauguration des jeux. 

Le printemps de 1976 sera aussi marqué par l'incendie qui a ravagé l'ancien pavillon des États Unis, rebaptisé la biosphère, sur l'île Ste-Hélène. Des travaux ont déclenché un brasier qui a entièrement brûlé la coque en acrylique qui recouvrait le bâtiment, ne laissant derrière que l'ossature en aluminium. Le panache de fumée âcre était visible à des kilomètres à la ronde. 

Bien entendu, aucun de ces commerces n'a subsisté jusqu'à nos jours, remplacés depuis par d'autres mais ce qui est intéressant c'est de constater que le bâtiment original n'a subi que très peu de transformations au fil des années. La différence notable est bien entendu la présence d'arbres le long de St-Laurent, une initiative qui aide à tempérer les îlots de chaleur et procure un peu d'ombre par ces journées ensoleillées. 



Le saviez-vous? le boulevard St-Laurent tient son nom chemin qui reliait autrefois le village de St-Laurent à Montréal. Le nom a été officiellement donné en 1905. Quant à Ste-Catherine, qui autrefois porté les noms de Ste-Geneviève et St-Gabriel, son origine est plus nébuleuse; soit nommée par Jacques Viger pour sa belle-fille Catherine Élizabeth ou pour la fête de la Ste-Catherine. 

mardi 25 février 2025

Le marché Raby en 1917

 


Nous voici en 1917 devant le marché Raby, une chaleureuse épicerie de quartier sise au 522 rue Villeray. Ce commerce de quartier possède tous les atouts d'un magasin typique de cette époque. On retrouve de grandes vitrines pour y faire entrer toute la lumière, des vitraux dans la partie supérieure, une affiche publicitaire (Molson), une bonne variété d'affiches faisant l'annonce des produits en rabais ainsi qu'un auvent, très apprécié des clients lorsqu'il pleut. 

Les produits annoncés dans la vitrine sont intéressants. Outre quelques produits maison dont le ketchup Victoria, deux affiches annoncent les confitures Raymond, une compagnie bien montréalaise aujourd'hui disparue. On y voit aussi la soupe aux tomates Campbell's (deux boîtes pour 25 sous), du sucre granulé ainsi que des arachides. Au bas des vitrines on y retrouve pour plein d'autres produits dont le café, le thé, de la viande, du lait et du lard salé, entre autres. 

Sur l'enseigne en haut on peut y lire que le marché est un magasin indépendant, c'est à dire qu'il n'est affilié à aucun autre marché. C'était le cas de plusieurs marchés de quartier comme celui-ci. Toutefois, les choses vont être appelées à changer. En effet, la même année où cette photo a été prise une immigrante de Hongrie, Ida Steinberg, va ouvrir son premier marché sur le boulevard St-Laurent. Lentement mais sûrement la petite épicerie d'Ida va faire des petits pour éventuellement devenir la plus grosse chaîne de supermarchés au Québec. Aussi, il reste encore un an d'hostilités à venir avant que ce l'on appelait la Grande guerre ne se termine en 1918 alors il y a fort à parier que les prix des aliments, surtout ceux importés, reflètent cette situation. 


Aujourd'hui la petite épicerie de quartier est depuis longtemps disparue et quantité de commerces se sont succédés. Le dernier en lice en est un d'appareils électroménagers qui occupe aussi l'espace commercial à côté. Comme on peut le voir la devanture a, au fil des ans, été complètement changée. L'accès au commerce a été déplacé à gauche et les vitraux ont disparu, tout comme l'auvent. Signe des temps. 



Le saviez-vous? À l'époque c'étaient les commerçants qui avaient accès aux produits et les clients devaient en faire la demande. C'est en 1933 que Steinberg va innover en permettant aux clients d'accéder eux-mêmes aux différents produits en créant le concept du libre-service. 

samedi 22 février 2025

Carnation en 1966

 


Avec cette publicité pour le compte du lait évaporé Carnation nous sommes de retour en 1966.  Le lait évaporé, ou condensé, est du lait ordinaire mais dont on a enlevé la moitié de l'eau, ce qui en fait un lait plus crémeux et riche. Pas fait pour boire, ce lait a été mis au point pour la première fois vers 1820 par Nicolas Appert. Il est le premier à mettre au point une méthode de conservation des aliments en les soumettant à la chaleur dans des contenants hermétiques et stériles (d'abord en bouteilles en verre puis dans des boîtes métalliques en fer blanc). Mais c’est le chercheur anglais William Newton qui a stimulé la commercialisation du produit en 1835 lorsqu’il a suggéré d’ajouter du sucre au lait pour prolonger sa durée de conservation.

En 1856, Gail Borden (oui, ce Borden-là !) a mis au point un procédé de fabrication industrielle de lait concentré et a fondé la New York Condensed Milk Company, qui transformait environ 75 000 litres de lait par jour en lait concentré. C'est à Borden que l'on doit la popularité du lait concentré, en particulier pendant la guerre civile, lorsque sa marque, Eagle Brand Sweetened Condensed Milk, était utilisée comme ration de campagne. À une époque où les nutriments n'étaient pas aussi facilement disponibles, cette innovation a permis de lutter contre les intoxications alimentaires et d'autres maladies liées au manque de techniques de réfrigération et de conservation, et de réduire considérablement les taux de mortalité infantile en Amérique du Nord.

Carnation arrive dans le portrait vers 1899 et la compagnie met de l'avant une campagne publicitaire dans laquelle on affirme que le lait condensé Carnation est fait avec du lait de vaches contentées car ces vaches broutaient paisiblement sur des terres agricoles du nord-ouest américain dans des pâturages idylliques et sans stress aucun. 

Toutefois, durant les années 50, la demande pour le lait condensé commence à piquer un peu du nez en raison de l'arrivée des réfrigérateurs. Carnation ne lâche pas prise pour autant et des émissions américaines comme The George Burns and Gracie Allen Show est largement commandité par la compagnie. Plutôt que de produire des publicités télévisées, Burns et Allen, à un moment de leur émission, s'adressent directement aux téléspectateurs et vantent les mérites du lait condensé Carnation. 

Et le produit va continuer à être utilisé pour toute une foule de recettes. Et justement, dans la publicité ci-haut, Carnation offre un livret de recettes "gratis" avec l'envoi du coupon imprimé. Il suffisait de l'envoyer avec une adresse de retour et quelques semaines plus tard le livret arrivait dans la boîte aux lettres. Depuis le début des années 60 Carnation imprime à l'endos des étiquettes de lait condensé des recettes simples et rapides. 

Le lait condensé Carnation est produit que l'on retrouve encore sur nos tablettes et la présentation graphique n'a subi que quelques légères modifications. Carnation appartient aujourd'hui au conglomérat Nestlé.



Le saviez-vous? Durant les années 50 de nombreuses émissions de télévision américaines étaient commanditées par différentes compagnies. Les téléromans étaient largement commandités par des compagnies de savon, d'où l'expression; romans-savon. 

dimanche 16 février 2025

Le miel Kraft

 

Publicité pour le miel Kraft, 1966

Cette publicité pour le miel Kraft, parue en 1966, nous vante les mérites de ce nectar naturel qui fait le délice de tant de gens à travers le monde et ce, depuis la nuit des temps. La publicité ne trompe pas, le miel est une excellente source d'énergie. Même si le miel est composé essentiellement de sucre il est préférable aux autres sucres dont celui raffiné ou encore le glucose-fructose. 

On peut voir sur les deux pots une mention intéressante quand à la pasteurisation. Il s'agit d'un procédé de conservation des aliments par chauffage à une température comprise entre 70 et 100 °C, pendant une durée définie, suivi d'un refroidissement rapide. La pasteurisation tire son nom des travaux de Louis Pasteur sur la stabilisation des vins au XIXe siècle. Cette technique a pour but d'éliminer les micro-organismes afin de conserver un aliment pendant une longue période.

Le miel est un des aliments naturels les plus sécuritaires qui soit et bien des gens préfèrent leur miel non-pasteurisé à celui qui a fait l'objet d'un tel procédé. Mais alors, pourquoi le pasteuriser? 

La pasteurisation du miel a pour objectif principal de retarder la cristallisation, ce qui permet d’obtenir un produit plus homogène et visuellement plus attrayant. Cela permet au miel de rester plus longtemps sur les étagères sous sa forme liquide visuellement attrayante. En raison de la faible teneur en humidité et de la forte acidité du miel, les bactéries et autres organismes nuisibles ne peuvent pas vivre ou se reproduire dans le miel. La pasteurisation du miel (contrairement, par exemple, aux produits laitiers) n’a donc rien à voir avec la sécurité alimentaire. 

Les avantages d'un miel pasteurisé sont la durée de conservation prolongée, une texture uniforme, aspect plus lisse, se distribue facilement à partir de bouteilles compressibles ou se verse pour une mesure facile lors de la cuisson ou de la pâtisserie. Il y a quelques désavantages dont la perte de certaines enzymes naturelles et de composés bénéfiques, altérations potentielles de la saveur et de l'arôme.

Un note intéressante concernant cette publicité est celle des pots de vitre. En effet, à cette époque, le miel, les confitures, le beurre d'arachides, les gelées, marmelades et autres étaient toujours vendus dans des pots en vitre. Aujourd'hui le miel en pot Kraft est disparu des tablettes mais la compagnie continue d'en produire en petits contenants à usage unique. 

Il faut, en terminant, admirer le travail de l'illustrateur car oui, durant les années 60 être un graphiste nécessitait le savoir-faire pour reproduire avec différents médiums toutes sortes de logos et produits. La petite abeille ajoute une touche farfelue. 






Le saviez-vous? Un seul pot de de 250 grammes de miel requiert le travail de presque 700 abeilles et le butinage de plus d'un million de fleurs.


jeudi 13 février 2025

Dr Ballard

 


Cette publicité pour le compte de la nourriture pour chats Dr Ballard nous ramène en mars 1966. Pour les plus vieux d'entre nous Dr Ballard est une marque de nourriture pour animaux bien connue quoiqu'elle était davantage connue pour sa nourriture pour chiens. Il s'agit de la première marque de nourriture pour animaux à avoir vu le jour au pays.

Le docteur Ballard n'était pas un nom fictif mais bien un personnage bien réel: William George Ballard, un chirurgien vétérinaire. Il a commencé à produire sa nourriture pour animaux domestiques dans le sous-sol de sa demeure avant d'ouvrir une petite usine modeste à Vancouver en 1931. Le succès a été tel qu'il a ensuite fait construire une seconde usine en Ontario en 1933, lui permettant ainsi de rejoindre le marché de l'est du Canada.

L'usine Dr Ballard n Colombie-Britannique au début des années 50. 

En 1948 Ballard prend une retraire bien méritée et son fils Bob prend la relève et ouvre une nouvelle usine en 1950 à Vancouver sur l'île Lulu au coût d'un demi-million de dollars. Cette usine à la fine pointe de la technologie (du temps) pouvait remplir presque 250 boîtes de nourriture par minute. 

Vers la fin des années 60 la compagnie décide de produire une nourriture pour chats en conserves avec une image différente et c'est ainsi que Dr Ballrd créé la nourriture pour chats Miss Mew, laquelle sera fort populaire auprès de la gente féline. Ultimement, les deux marques ont complètement disparu, la dernière étant celle de nourriture pour chiens en 2001. 




Le saviez-vous? La première compagnie a avoir produit de la nourriture spécialement conçue pour les chats est Spratt's, laquelle a été fondée en 1860.

jeudi 23 janvier 2025

Cherry Blossom, c'est la fin

 


J'avais six ans et des miettes. Un gamin poussiéreux aux vêtements d'été tout sales s'amusant dans les ruelles d'Hochelaga. Dans mes poches il y avait quelques pièces, sonnantes et trébuchantes qui brûlaient d'être dépensé. Puis, l'idée me vient d'aller à l'épicerie du coin, tenu par des amis de mes grands-parents, la famille Chénier. C'est là que l'on m'achetait mon Pif Gadget de la semaine. J'entre à l'intérieur et je commence à reluquer l'étalage des tablettes de chocolat. Y'a des fois où je me laisse tenter par une Coffee Crisp, ou encore Aero, mais pour aujourd'hui, c'est Cherry Blossom, cette délicieuse cerise marasquin dans un sirop et enrobée d'une cloche au chocolat où se trouvent également des pépites d'arachides et de noix de coco.


 

Je dépose mon trente sous sur le comptoir et m'en vais avec la petite boîte jaune, fier de ma transaction. Je traverse à nouveau la rue et m'installe dans les marches menant au balcon de la maison pour déguster la friandise. Y'a pas à dire, c'est le gros luxe que je viens de m'offrir là. D'ordinaire, et lorsque ma couturière de grand-mère est affairée dans le sous-sol à sa machine à coudre, je m'affaire, tel un explorateur, à farfouiner dans la dépense*, recherchant l'endroit où ma grand-mère avait caché son chocolat. Plus elle travaillait fort pour le cacher à mes yeux, plus je rivalisais d'audace et d'ingéniosité pour les trouver. 

Mais pas aujourd'hui. 

Sous le soleil d'été bien campé au-dessus de ma tête, je déguste, un brin maladroitement, ma Cherry Blossom, non sans tacher mon chandail d'une quantité incertaine de sirop. Faut dire que dans le temps les Cherry Blossom étaient plus grosses qu'aujourd'hui. Si j'avais en tête de ne rien dire à ma grand-mère concernant ma petite dégustation ben c'était peine perdue. La tache de sirop m'enlevait toute forme d'alibi quant à sa présence. Puis, après avoir avalé le dernier morceau, je rebondissais dans la ruelle paré à vivre des aventures comme seuls les gamins de six ans peuvent en imaginer. 

L'histoire de Lowney est celle de Walter M. Lowney lequel a fondé, dans les années 1880, la Walter M. Lowney Company, une entreprise de confection de chocolat et de bonbons à Boston. Les affaires vont rondement pour le confiseur, tellement qu'il fait construire une usine en 1903 à Mansfield au Massachusset. La proximité immédiate des voies ferrées a grandement facilité l'entreprise tout en favorisant les ventes. 

C'est incidemment ce qui a mené Walter Lowney à ouvrir très peu de temps après une filiale canadienne en faisant ériger une usine à Montréal sise au 1015 de la rue Williams, à un minuscule jet de pierre de la brasserie Dow. Là comme à son usine à Mansfield, on y fabrique toute une variété de friandises chocolatées dont la fameuse Cherry Blossom. Une promenade dans le Montréal d'antan garantissait d'y voir à un moment ou un autre une grande publicité vantant les mérites de la création de Lowney. 


Sur la photo ci-haut, on peut voir une autre publicité murale vantant la Cherry Blossom. Cette photo a été prise alors que se préparait le plan Dozois, prévoyant une démolition massive de certains pans de quartiers et dont les demeures étaient considérées désuètes et  angereuses. La ville de Montréal y a pris une quantité assez imposantes de photos et qui incluaient toujours, comme on peut le voir en bas à gauche, une pancarte avec des numéros interchangeables servant au catalogue. 

En 1968 la compagnie Lowney est achetée par Standard Brands et du coup Lowney en devient une filiale. En 1981 Standard Brand et Nabisco (National Biscuit Company) fusionnent afin de former une nouvelle entité à laquelle appartient toujours Lowney. En 1987 Hershey Canada achète la division des bonbons de Nabisco, qui incluait évidemment Lowney. 

Depuis un bon bout Lowney avait déménagé son usine de Montréal à Sherbrooke où elle y est demeurée jusqu'en 1989, année où Hershey a décidé de fermer l'usine et de déménager la production à son usine de Smiths Falls en Ontario. 

Ce qui nous amène aujourd'hui, en janvier 2025 où l'on appris de Hershey que la compagnie allait cesser la production de la Cherry Blossom sans toutefois mentionner de raison spécifique. Ceci a bien entendu fait courir les gens, à la recherche de quelques boîtes de la friandise qui a marqué l'histoire du Québec. 

Une récolte échelonnée sur environ deux semaines. Dans le dernier dépanneur où je suis allé il ne restait que la boîte vide, que le commerçant a bien voulu me donner. 



Le saviez-vous? Le sirop à l'intérieur n'en est pas réellement puisqu'il s'agit d'invertase, une glycoside hydrolase qui catalyse l'hydrolyse du saccharose alimentaire (sucre) en fructose et en glucose. Ce mélange de fructose et glucose est appelé sucre inverti, d'où le nom de l'enzyme.

vendredi 17 janvier 2025

Le déneigement, hier comme aujourd'hui

Pendant de longs mois, qui nous semblent parfois interminables, Montréal est un ville d'hiver avec tout le lot d'inconvénients qui vient avec; froid parfois arctique, neige, gadoues, glace et bien entendu, le fameux déneigement. Il faut bien s'y faire.

Jusqu'à l'arrivée de la souffleuse dans les années 30, invention d'Arthur Sicard, déneiger était tout un travail et l'enlèvement de la neige n'avait rien à voir avec ce que l'on connait aujourd'hui. Chacun était responsable de déneiger le devant de sa maison ou commerce. 


On voit dans l'image ci-haut une scène de déneigement en 1924. Une remorqueuse semble travailler dur à tirer une voiture dont la roue avant semble être endommagée. Derrière on remarque un tramway qui attend patiemment étant donné que le chemin est bloqué par la remorqueuse. 


Nous voici en 1971 près de l'intersections des rue Gilford et Papineau, où deux chenillettes de trottoirs s'affairent à tasser la neige vers la rue pour la seconde souffleuse qui va passer bientôt. On peut voir la première au loin. À droite on remarque aussi la bannière Gulf, laquelle n'existe plus au Québec. L'endroit est aujourd'hui occupé par un bâtiment. 


La même intersection photographiée à quelques minutes d'intervalle. À l'arrière on remarque la boutique Daytona on l'on vendait des motocyclettes. La quantité de neige nous indique que la première souffleuse s'en vient. 


Nous sommes ici en 1969, face au 4733 rue Papineau et l'on regarde vers le sud. La chenillette, qui arbore le logo de la Ville de Montréal devance au camion de chargement. À gauche, deux piétons prennent garde dans l'entrée du salon funéraire, aujourd'hui occupé par le Kafé Bistro. Ouaip, le resto était autrefois un salon funéraire. 


Voici une de ces chenillettes devant un entrepôt municipal. Ces modèles SW48 ont été conçues par Bombardier tout spécialement pour le déneigement des trottoirs. À cette époque il y avait des compagnies privées qui en faisaient aussi usage dont H. Cordeau Transport. 


Toute la neige a été tassée vers la rue et la souffleuse en a pas mal à manger. Les camions de chargement se suivent les uns les autres. Une fois remplis ils s'en allaient vers le pont de la Concorde pour tout faire tomber la neige directement dans le fleuve. Aujourd'hui ça ne fait plus et la ville de Montréal dispose de 29 dépôts à neige ainsi que des chutes à neige afin d'éviter la contamination du fleuve par la neige souillée. On estime qu'environ un tiers de la neige tombée trouve son chemin dans les égouts. De là, elle suit le chemin des eaux usées et aboutit dans une usine de traitement des eaux avant d'être rejetée dans le fleuve.


S'il vous arrivait de douter du fait que la neige était autrefois balancée directement dans le fleuve alors voici les camions de déneigement, absolument pleins, et déversant la neige dans ledit fleuve. On voit le pont Jacques-Cartier à l'arrière. Cette façon de se débarrasser de la neige souillée a continué jusque dans les années 80 jusqu'au jour où l'on a réalisé à quel point tous les contaminants incluant le sel de déglaçage, le gravât et les résidus pétroliers polluaient le fleuve. 


Cette fois, voici un peu de couleurs. Les plus vieux se souviendront certainement de ce modèle de chemise de chasse. Ces employés qui devancent le convoi à reculons font un travail essentiel, assurant ainsi un chargement exempt de tout ce qui pourrait ralentir voire même arrêter l'opération. Dans la neige il pouvait se trouver des débris de toute sorte  pouvant briser le mécanisme de la souffleuse et aussi tenir au loin des enfants peut-être un peu trop curieux. 



Nous sommes ici sur le trottoir sur le boulevard St-Laurent. L'opération de chargement tire à sa fin et les chenillettes s'affairent à mettre dans les rue ce qui reste de neige afin d'être ramassé par la seconde souffleuse. Le commerce Giovanni Clothes, de l'autre côté de la rue au 5240, est toujours en affaires sauf que l'enseigne supérieure a été enlevée. Celle du bas y est toujours, le mot "Clothes" en moins. 


La niveleuse est un autre outil important durant les opérations de déneigement et font partie du décor hivernal depuis bien longtemps. Munis d'une grande pelle à orientation variable, les niveleuses peuvent déplacer de grandes quantités de neige en un seul passage. Parfois elles tassent la neige du bord de la rue à un endroit où la souffleuse va passer, parfois elles tassent la neige du milieu des rues vers le trottoir, assurant un déneigement efficace. Les roues avant inclinées servent à mieux contrer les mouvements latéraux.


Nous sommes ici en 1959 sur de Lorimier tout près de la rue Ontario. On regarde ici vers le sud. Tous les moyens sont bons pour se débarrasser de toute la neige et un tracteur muni d'une grande pelle à l'avant est certainement à la hauteur de la situation. À cette époque la circulation sur la rue de Lorimier était à double sens et avec des voies de tramway. Une conduite prudente était de mise, surtout considérant la taille des voitures du temps. De cette scène urbaine il ne reste que le bâtiment à gauche, abritant alors une pharmacie. Tous les autres à droite sont passés sous le pic des démolisseurs et l'espace est occupé par le parc des Faubourgs. 


Nous sommes ici en 1970. À cette époque les camions de chargement étaient encore des camions-benne simples. Il fallait alors beaucoup de ces camions pour effectuer les voyages constants entre les rues et le pont de la Concorde. Les panneaux latéraux permettaient de charger davantage de neige. 


Un peu plus tard on en viendra à utiliser des camions-remorques avec des bennes de chargement permettant d'accumuler davantage de neige. Ici, l'opération de chargement de la neige pour cette rue tire à sa fin. Bientôt les automobilistes pourront se garer de nouveau devant leurs maisons. Enfin, jusqu'à la prochaine bordée. Ne rangez pas votre pelle, c'est pour bientôt! 

Toutes les images proviennent des Archives de la Ville de Montréal.





Le saviez-vous? Bon an mal an, la quantité de neige ramassée à Montréal équivaut à 300,000 camions de chargement.