Pendant de longs mois, qui nous semblent parfois interminables, Montréal est un ville d'hiver avec tout le lot d'inconvénients qui vient avec; froid parfois arctique, neige, gadoues, glace et bien entendu, le fameux déneigement. Il faut bien s'y faire.
Jusqu'à l'arrivée de la souffleuse dans les années 30, invention d'Arthur Sicard, déneiger était tout un travail et l'enlèvement de la neige n'avait rien à voir avec ce que l'on connait aujourd'hui. Chacun était responsable de déneiger le devant de sa maison ou commerce.
On voit dans l'image ci-haut une scène de déneigement en 1924. Une remorqueuse semble travailler dur à tirer une voiture dont la roue avant semble être endommagée. Derrière on remarque un tramway qui attend patiemment étant donné que le chemin est bloqué par la remorqueuse.
Nous voici en 1971 près de l'intersections des rue Gilford et Papineau, où deux chenillettes de trottoirs s'affairent à tasser la neige vers la rue pour la seconde souffleuse qui va passer bientôt. On peut voir la première au loin. À droite on remarque aussi la bannière Gulf, laquelle n'existe plus au Québec. L'endroit est aujourd'hui occupé par un bâtiment.
La même intersection photographiée à quelques minutes d'intervalle. À l'arrière on remarque la boutique Daytona on l'on vendait des motocyclettes. La quantité de neige nous indique que la première souffleuse s'en vient.
Nous sommes ici en 1969, face au 4733 rue Papineau et l'on regarde vers le sud. La chenillette, qui arbore le logo de la Ville de Montréal devance au camion de chargement. À gauche, deux piétons prennent garde dans l'entrée du salon funéraire, aujourd'hui occupé par le Kafé Bistro. Ouaip, le resto était autrefois un salon funéraire.
Toute la neige a été tassée vers la rue et la souffleuse en a pas mal à manger. Les camions de chargement se suivent les uns les autres. Une fois remplis ils s'en allaient vers le pont de la Concorde pour tout faire tomber la neige directement dans le fleuve. Aujourd'hui ça ne fait plus et la ville de Montréal dispose de 29 dépôts à neige ainsi que des chutes à neige afin d'éviter la contamination du fleuve par la neige souillée. On estime qu'environ un tiers de la neige tombée trouve son chemin dans les égouts. De là, elle suit le chemin des eaux usées et aboutit dans une usine de traitement des eaux avant d'être rejetée dans le fleuve.
S'il vous arrivait de douter du fait que la neige était autrefois balancée directement dans le fleuve alors voici les camions de déneigement, absolument pleins, et déversant la neige dans ledit fleuve. On voit le pont Jacques-Cartier à l'arrière. Cette façon de se débarrasser de la neige souillée a continué jusque dans les années 80 jusqu'au jour où l'on a réalisé à quel point tous les contaminants incluant le sel de déglaçage, le gravât et les résidus pétroliers polluaient le fleuve.
Cette fois, voici un peu de couleurs. Les plus vieux se souviendront certainement de ce modèle de chemise de chasse. Ces employés qui devancent le convoi à reculons font un travail essentiel, assurant ainsi un chargement exempt de tout ce qui pourrait ralentir voire même arrêter l'opération. Dans la neige il pouvait se trouver des débris de toute sorte pouvant briser le mécanisme de la souffleuse et aussi tenir au loin des enfants peut-être un peu trop curieux.
Nous sommes ici sur le trottoir sur le boulevard St-Laurent. L'opération de chargement tire à sa fin et les chenillettes s'affairent à mettre dans les rue ce qui reste de neige afin d'être ramassé par la seconde souffleuse. Le commerce Giovanni Clothes, de l'autre côté de la rue au 5240, est toujours en affaires sauf que l'enseigne supérieure a été enlevée. Celle du bas y est toujours, le mot "Clothes" en moins.
La niveleuse est un autre outil important durant les opérations de déneigement et font partie du décor hivernal depuis bien longtemps. Munis d'une grande pelle à orientation variable, les niveleuses peuvent déplacer de grandes quantités de neige en un seul passage. Parfois elles tassent la neige du bord de la rue à un endroit où la souffleuse va passer, parfois elles tassent la neige du milieu des rues vers le trottoir, assurant un déneigement efficace. Les roues avant inclinées servent à mieux contrer les mouvements latéraux.
Nous sommes ici en 1959 sur de Lorimier tout près de la rue Ontario. On regarde ici vers le sud. Tous les moyens sont bons pour se débarrasser de toute la neige et un tracteur muni d'une grande pelle à l'avant est certainement à la hauteur de la situation. À cette époque la circulation sur la rue de Lorimier était à double sens et avec des voies de tramway. Une conduite prudente était de mise, surtout considérant la taille des voitures du temps. De cette scène urbaine il ne reste que le bâtiment à gauche, abritant alors une pharmacie. Tous les autres à droite sont passés sous le pic des démolisseurs et l'espace est occupé par le parc des Faubourgs.
Nous sommes ici en 1970. À cette époque les camions de chargement étaient encore des camions-benne simples. Il fallait alors beaucoup de ces camions pour effectuer les voyages constants entre les rues et le pont de la Concorde. Les panneaux latéraux permettaient de charger davantage de neige.
Un peu plus tard on en viendra à utiliser des camions-remorques avec des bennes de chargement permettant d'accumuler davantage de neige. Ici, l'opération de chargement de la neige pour cette rue tire à sa fin. Bientôt les automobilistes pourront se garer de nouveau devant leurs maisons. Enfin, jusqu'à la prochaine bordée. Ne rangez pas votre pelle, c'est pour bientôt!
Toutes les images proviennent des Archives de la Ville de Montréal.
Le saviez-vous? Bon an mal an, la quantité de neige ramassée à Montréal équivaut à 300,000 camions de chargement.